De nouvelles rencontres [noté]

Ted avait l'air plutôt content qu'elle accepte d'aller à l'hippodrome avec lui, et il laissa échapper un tendre sourire avant de se reprendre et d'afficher à nouveau un air choqué et déçu. Il soupira et demanda tranquillement :

- Et du coup, tu fais quoi, tu es au lycée?

Tedrick avait semblé réflechir avant de répondre, encore perdu dans ses pensées. Après un bref instant où il fut comme déconnecté, il se réveilla en sursaut et répondit brusquement :

– Oh heu moi je travail dans un petit bar pas très loin, mais je ne bosse que le soir, de vingt heure à trois heures du matins, mes horaires sont un peu "spéciaux" mais bon, on s'y habitue.

Il laissa ensuite Milord marcher à son rythme, de manière un peu rapide mais pas non plus exagéré, il voulait en connaître plus sur cette jeune fille qu'il semblait désormais apprécier :

– Sinon, raconte moi un peu ta vie.

Teddy avait semblé réfléchir profondément. C'était vrai, que faisais-t'il de ses journées? Oh, trois fois rien d'intéressant, comme d'habitude, il restait reclus, effacé des autres, et ne donnait pas le moindre signe de vie, même à ses quelques proches, sauf lorsqu'ils faisaient le premier pas. Après un bref moment de réflexion, il baissa la tête et répondit :

– Rien de spécial, je dors toute la journée lorsque je ne suis pas aux écuries.

Il avait omit volontairement le fait qu'il buvait beaucoup et fumé un peu de tout pour effacer cette vie triste qui creusait sa tristesse. Non, le fait n'était pas qu'il n'était pas heureux, mais plutôt qu'il était en relation étroite avec la dépression. Heureusement, ses chevaux étaient là pour lui, et ses chats aussi, puisque ses parents n'étaient pas fichu de prendre soin de leurs fils unique. Ils l'avaient "abandonnés" alors qu'il avait 17 ans parce qu'il n'allait plus en cours, passant ses journées à sécher et se réfugier dans sa chambre. Mais maintenant il devait se prendre en main et les choses n'étaient plus les mêmes malheureusemement, il ne pouvait plus vivre cloitrer à ne rien faire et il devait se nourrir et nourrir ses animaux. Alors il bossait comme personne. Il secoua la tête comme pour effacer ça et sourit du mieux qu'il put :

– Rah, ta vie est largement plus intéressante que la mienne. Et comment ça se passe au lycée?

Tedrick réfléchissait rapidement, que dire à propos de ça? Dans un sens, elle ne devait pas se sentir ainsi, elle avait la chance de pouvoir étudier, d'un autre il comprenait largement parfaitement son point de vue qu'il avait partagé durant toute sa scolarité, et après un petit moment à réfléchir à ce qu'il pourrait bien réplique à ça, il lâcha un soupir et répondit en la regardant droit dans les yeux.

–  Je comprends parfaitement ton ressenti, mais ne fais pas la même erreur que j'ai faite. Enfin...si tu veux, pendant les vacances avant la rentrée en troisième, j'ai fait une dépression plutôt grosse, elle a duré environ 8 mois si je ne me trompe pas, elle a empiété sur ma scolarité, je ne faisais plus rien, je ne sortais quasiment plus de chez moi etc. même pendant les cours, j''avais deux trois amis mais rien de plus. Ma seconde c'est donc passé plutôt bien malgré mes notes ridiculement basses. Puis à mon rentré en première, j'ai fait une grosse rechute, j'ai arrêté d'aller en cours pour me cloîtrer dans ma chambre, je ne faisais plus rien, ne sortait plus, mangeait le strict minimum et lorsqu'on m'obligeait à aller en cours, une fois sur deux je séchais et faisais mine d'aller en classe pour m'éclipser dès que j'étais hors de vue des parents et professeurs. Sur un trimestre on me voyait deux semaines complètes, juste pour montrer que je n'étais pas mort.Je me droguais et me saouler jusqu'au black out aussi... Et finalement, avant la fin de l'année on m'a viré du lycée, et étant au-dessus des 16 ans et vu mes notes, personnes n'ont voulu me reprendre malgré tous les efforts de mes parents. Et comme ils ne voulaient pas s'occuper d'un sale gosse dépressif, leurs fils uniques, ils m'ont balancé du jour au lendemain que j'avais deux mois pour trouver un appart et un boulot parce qu'ils ne voulaient plus de moi. J'ai finalement commencé à bosser comme serveur dans une cafet et maintenant dans un bar, où je suis 2 jours la nuit et 3 jours le jour. Enfin c'est bizarre dit comme ça, mais j'alterne les heures, enfin, je travaille toujours autant, mais une fois sur deux je change de jours. Maintenant que je suis autonome, mes parents commencent à revenir vers moi, mais je les repousse. Je ne veux pas de personnes ayant laissé leurs propres fils, leur fils unique dans la merde sans rien faire. Enfin, moi j'ai décroché tôt, ne fais pas les mêmes conneries que moi.

Ted avait parlé d'un air très sérieux tout le long, avec un peu de douleur dans la voix. Il n'inventait rien, tout était vrai, vrai du début à la fin. Mais maintenant, il avait Milord, puis Jamaïc et Aladdin, et ses deux chats aussi, I Am et Fred. Il soupira et enlaça l'encolure du bai qui releva un peu l'encolure mais la rabaissa doucement, juste surprise qu'on le serre comme ça. Teddy plongeait alors son regard vers clair dans les beaux yeux d'Élora :

– Que veux tu faire plus tard? Pourquoi ne pas envoyer bouler tes parents de temps en temps?

Tedrick se mit un peu à rire, amusé par la réaction de la jeune fille. Lui n'avait jamais eu peur de ses parents, il les avait toujours haïs au plus profond de lui, ces derniers ne voyant en lui qu'un élève modèle alors qu'il était en détresse. Ils voulaient d'un fils banquier ou avocat, alors que lui rêvait de liberté et de chevaux. Il tapota l'épaule de la jeune fille et lança Milord au trot, ce dernier s'élançant joyeusement,  levant haut les sabots, la tête haute, un air fier sortit de nulle part, n'ayant rien fait de spécialement glorifiant.

– Je comprends, moi je passe tout mon temps libre auprès de mes chevaux pour tout te dire, lorsque je ne larve pas chez moi avec mes chats. Dit moi, un de ces quatre ça te dirait de monter Milord? C'est vraiment un cheval extraordinaire lorsqu'on n'est pas un parfait débutant!

Il sourit doucement et flatta l'encolure de l'équidé avant de le repasser au pas, regardant la forêt aux alentours, qui maintenant était un paysage familier.

Tedrick ouvrit grand ses yeux et les referma pour reprendre cet adorable air blasé qui lui collait à la tronche. Il regarda Milord et répondit tout sourire :

– Ne t'en fais pas, je suis totalement sûre de ce que je te propose, mais tu peux refuser si tu veux, seulement je t'assure qu'avec de la bonne volonté, il peut faire des merveilles, et il peut se montrer tout doux aussi, il suffit de lui montrer que tu l'apprécie et pas seulement pour monter dessus.

Il caressa chaleureusement le petit cheval et le lança au trot :

– Le haras n'est pas loin, on y va au petit galop?

Sans attendre, il plaça ses aide et demanda le galop à l'étalon qui s'élança au petit galop sur le sentier où apparaissait le toit des écuries entre les arbres.

Milord ralentit de lui même en voyant apparaître la fin du chemin et passa au trot puis au pas pour être en botte à botte avec Midnight  qu'il n'avait pas cherché à agressé depuis le début de la balade, lui qui n'était pas des plus doux avec les autres étalons. Tedrick le félicita et répondit tout sourire :

- Eh bien, on se revoit pour une petite séance à l'hippodrome, et peut être que d'ici quelques jours tu viendras monter Lord, je suis en vacance bientôt de toute façon!

Il salua chaleureusement la jeune fille et descendit du bai avant de le caresser et ramener à l'écurie où il le débrida et lui offrit un bon pansage et un carré de sucre pour finalement le laisser après un câlin.