► Chevaux de Mairy

Arrivés dans la carrière je mettais en selle, il y avait un petit montoir à l'entrée de la carrière de dressage ce qui me facilitait la tâche, Aga ne bougeait pas, il était un peu mou. Cela n'était pas étonnant avec la séance de la veille qui avait été riche en émotions et très intense, nous avions réellement bien travaillé. Pour commencer, je le laissais marcher rênes longues, tout en longeant la lice, il avait la tête en bas et semblait être un peu rouillé, très probablement des courbatures, j'en avais aussi. La première partie de la séance serait dirigée vers de la récupération, je voulais que la détente soit la plus souple possible et la moins contraignante. Il fallait que ses muscles se relâchent. J'allais pouvoir travailler sur ses descentes d'encolure. Après quelques tours à main droite, j'ajustais mes rênes et me redressais. J'essayais d'adopter une posture adéquate également. Je baissais mes talons, ajustais la position de mes jambes et relevait le menton. J'essayais de regarder au loin et de ne pas être trop concentré sur la tête de mon gros poney. Je le tenais dans mes jambes pour lui demander de prendre un pas un peu plus actif. Il s'exécutait, sagement. Il était toujours un peu tendu, je jouais dans mes doigts pour qu'il se détende et qu'il cède, il mit un petit peu de temps à comprendre ce que je lui demandais mais finit par céder. Il résistait un petit peu, il avait une bouche en béton aujourd'hui. Ses précédents propriétaires étaient très rudes avec lui, ce qui pourrait également expliquer que sa bouche soit assez dure. Il cédait pendant plus d'un tour, je relâchais mes rênes pour lui laisser de l'amplitude puis je passais à l'autre main. Il était tout aussi conciliant de l'autre côté. Nous travaillions toujours en faisant le tour de la carrière, cela pourrait paraître anodin ou encore même peu productif mais cela me permettait de le travailler en ligne droite et donc de faciliter ses descentes d'encolure. Une fois le pas acquis je décidais de le faire passer au trot, je commençais au trot enlevé à main gauche, je n'étais pas très à l'aise et je ne mettais pas d'emblée sur le bon diagonal, je dus me rasseoir pour me retrouver sur le bon pied. J'avais tendance à me focaliser sur la tête d'Aga, ce qui n'était pas bon car cela faisait changer ma position, c'était un gros défaut que j'avais et que j'avais toujours eu, je le savais bien. Aga se montrait très à l'écoute comme à son habitude. Il était également plutôt bon élève et comprenait très vite ce que je lui demandais. Il cédait, presque immédiatement lorsque je le lui ordonnais. C'était presque trop facile, je changeais de main en prenant la prochaine diagonale, m'asseyais au milieu de celle ci pour changer de pied. Je continuais le même exercice à main droite puis une fois satisfaite du travail effectué je m'asseyais dans ma selle et lui demandais la même chose. J'essayais de trouver ma place, ce n'était pas évident. Aga sentait mon malaise et était moins docile une fois que j'étais assise, mes jambes ballottais un petit peu. Il était important que je travaille en ce sens lors des prochaines séances. Je changeais de main et faisait de même, il cédait beaucoup moins, normal n'étant pas très à l'aise... C'était cependant un bon début, tant pour lui que pour moi. Je décidais de repasser au pas et de relâcher les rênes, histoire qu'il se délie un peu. Il avait la tête en bas ce qui démontrait bien qu'il était détendu, pas un poil stressé. C'était parfait. Le gogue était une aide précieuse et j'en étais consciente. J'essayerai de l'utiliser de moins en moins souvent, cependant pour commencer l'entraînement je trouvais cela assez judicieux. Et puis nous pouvons bien avoir un peu d'aide parfois n'est ce pas ?

Après l'avoir bien détendu et qu'il soit bien échauffé je décidais de commencer à travailler les autres points que j'avais prévu. J'allais donc travailler sur ses appuis, j'entends par appuis son équilibre et ses déplacements pour qu'il ai le "pas sur", dans le sens où il était bien beau de travailler les allures mais sans des bases solides concernant son propre positionnement cela me semblait compliqué. Je n'entendais pas de travailler les appuyer, mais bien sa position. Cela allait également entrer en complémentarité avec le travail de détente que nous avions effectués, c'est à dire son assouplissement. Chaque exercice de dressage s'avère en effet interdépendant, nous allions forcément travailler sur ces allures mais mon objectif était davantage orienté vers son positionnement, qu'il s'appuie, se soutienne etc... Je ne suis pas sure d'être bien claire dans mes explications, néanmoins dans mon esprit l'enchaînement des exercices que nous allions effectués était bien clair dans ma tête. Pour se faire, je décidais de le faire incurver sur un cercle, aux différentes allures, avec le gogue cela serait une véritable partie de plaisir, et cela n'était pas une blague. Je le mettais sur un cercle de 20 mètres. Au pas, il avait tendance à gesticuler un petit peu et à remuer la tête, j'essayais de ne pas trop y prêter attention, après tout ce n'était que le début du travail. Une fois qu'il était bien mît sur le cercle je lui demandais de prendre le trot, il était plus à l'aise, la cadence semblait davantage lui convenir, je restais assise et trouvais plus ma place. Je commençais à me sentir plus à l'aise. Je ne faisais que quelques cercles, puis je prenais le galop du pas bien entendu. Je faisais donc la transition avant de lui demander ce départ. Il s'incurvait assez facilement. C'était un plaisir, de belles sensations s'offraient à moi et il commençait également à bien s'équilibrer et à se soutenir sans se négliger et sans que je n'ai à forcer avec mes aides, notamment mes jambes. Je le repassais au pas et le caressais, il l'avait amplement mérité que je le gratouille un peu partout. Sans pour autant relâcher toute la pression, je lui demandais de passer à l'autre main, en changeant de cercle. Tout se déroulait pour le mieux à cette main également. Il avait toujours quelques difficultés pour le pas, ce qui pouvait être assez étonnant. Il semblait avoir l'envie d'avancer et de passer aux allures supérieures, sans pour autant tirer, peut être en gage de respect, mais il tiquait et hochait la tête. Il faudrait travailler sur ce point lors de la prochaine séance de dressage. Je passais ensuite au dernier exercice que j'avais prévu. Je le laissais marcher un petit peu rênes longues avant de terminer notre séance par un dernier exercice.

Je voulais finir par des changements de pieds au galop, sans pour autant le faire chauffer. Je lui faisais prendre le galop sur un cercle après avoir réajusté mes rênes et m'être positionnée correctement. Le changement de pied sur un cercle pouvait s'avérer risqué, glisser cela arrive vite, cependant j'étais sur un cercle bien large qui me permettait juste de le canaliser dans le but qu'il ne chauffe pas. Je changeais mes aides pour l'inciter à changer de pied. Il prit le pli assez facilement même si je dus le lui demander à plusieurs reprises. Je faisais à chaque fois plusieurs foulées avant d'effectuer un changement, pour qu'il comprenne ma demande. Je ne voulais pas rendre cette qualité en défaut. Il était très habile et me rendait très fière. Je changeais de main pour faire la même chose, on ne pouvait pas dire que cela était acquis, cependant on était sur la bonne voie et il apprenait ou réapprenait très vite. Je ne savais pas ce qu'il avait pu travailler avec ses anciens propriétaires, j'identifiais donc chaque exercice comme une nouveauté, en tout cas c'était le cas pour moi. J'avais du travailler aussi sur ma théorie pour me remettre à niveau ces derniers temps. Nous finissions la séance sur cette belle note. Je le caressais et désanglais, puis je le faisais marcher, je lâchais mes rênes et lui laissais le maximum de liberté sans pour autant lui laisser la possibilité de se rouler avec moi sur son dos... Je finissais par descendre et par le ramener vers les écuries. Je prenais soin de lui détacher les passants de son filet et enlevais le gogue que je mettais sur mon épaule, certes je ne l'avais pas beaucoup serré mais il avait si bien travaillé qu'il avait le droit de retrouver toute sa liberté...