Box de Pandora's Box

Les choses sont allées si vite ! Tu peines encore à croire que ce que tu es en train de vivre est réel. Depuis quelques mois désormais, un vaste domaine était à vendre, non loin du Haras. Une famille en a récemment fait l’acquisition et au sein de ses membres, personne ne cache son ambition : ils veulent élever des chevaux de sport et obtenir des résultats en concours, rapidement. S’il a été acheté par son époux, redoutable homme d’affaires, c’est Robin qui se trouve à la tête du domaine des Doges. Elle montait au Haras jusque-là et apparemment, elle n’est pas restée insensible au charme de Phantom. Elle a donc approché Etienne pour lui proposer de le sponsoriser, ce que ton ami a accepté. Tu le savais, depuis toujours, ambitieux. Sa décision aurait pu t’être fatale mais il ne t’a pas oubliée et tu as été approchée à ton tour.

La discussion a été franche. Lorsque Robin est venue te voir, elle savait déjà beaucoup de choses sur toi et notamment sur ton passif de compétitions. C’est une femme franche et stratège : elle n’y est pas allée par quatre chemins. Tu as hésité : tu as tourné le dos aux compétitions. Mais cette offre était si alléchante, si porteuse de promesses … Tu as accepté. Tu as accepté à la condition de pouvoir gérer comme tu l’entendrais le ou les chevaux qui te seraient confiés, ce que Robin a accepté. Elle n’a pas même cherché à discuter. Tu as été un peu surprise et tu t’es même demandée si ce n’était pas un piège. Quand tout semble parfait, c’est qu’il y a un os quelque part. Personne ne le sait mieux que toi.

Mais les jours ont passé et aujourd’hui, tu vas enfin faire connaissance avec ta promise. Tu ne sais que peu de choses sur la jument dont tu vas pourtant devoir t’occuper. Lorsque tu arrives au domaine, tu es surprise de voir que Robin se tient sur le pas de la porte des écuries. Elle te fait de grands gestes pour te saluer. Son sourire semble sincère mais tu te méfies, c’est plus fort que toi. Tu verrouilles les portières de ton automobile et tu te hâtes de la rejoindre. Tu as déjà déménagé tes affaires la semaine passée et tu n’es donc pas très chargée.

R. « Je suis ravie de vous voir. Vous avez fait bonne route ?

C. « Bonjour. Moi aussi, j’ai hâte de rencontrer votre nouvelle jument. Et oui, il y a peu de circulation à cette heure.

R. « Suivez-moi, elle se trouve par là.

Tu obtempères. Les travaux qui ont été réalisés sont impressionnants et cet endroit, tout comme cette famille, semble presque trop parfait. Tu mets pourtant un point d’honneur à ne rien laisser paraître de ton trouble. Tu sais comment le monde fonctionne : si l’on se montre impressionnable ou tendre, l’on est immédiatement dévoré par les autres. Rapidement, l’élégante cavalière et gestionnaire s’arrête devant un large box. Elle s’écarte un peu, comme pour te laisser plus de place. Tu avances, doucement. Tu sembles redouter un peu de voir l’allure qu’aura cette jument dont on ne cesse de te parler depuis plusieurs jours.

Ton regard bleu se pose sur ta promise et ton coeur se serre. Pandora’s Box, Oldenburg de son état. Tu peines à croire que Robin ait pu trouver une telle jument en si peu de temps. La belle est juste bluffante : charismatique, elle est aussi légère qu’athlétique. Elle ne doit pas sa présence ici au hasard, tu en es convaincue. Tu t’avances encore un peu et la réaction de la belle ne se fait pas attendre. D’une seconde à l’autre, Pandora rabat ses oreilles contre son crâne et découvre une rangée de dents blanches et tranchantes. Le message est clair : vous n’êtes pas les bienvenues. Etonnamment, un sourire glisse sur tes lèvres. Robin te scrute avec intérêt et sourit à son tour : tu n’en sais rien mais elle t’a rapidement cernée. Elle sait que tu ne lâcheras rien et si quelqu’un doit conquérir le coeur de cette jument, ce sera toi.

R. « Rassurez-moi : elle ne vous fait pas peur, au moins ?

C. « Peur ? D’aucune façon. C’est un mot que je ne connais plus.

Tu insistes. Tu sais que Robin est intelligente et vive : elle comprendra ce que tu entends par là. Elle sourit d’ailleurs et prend congé. Aujourd’hui, vous allez travailler sur des directionnels fixes. Tu es étonnée : tu ne la connais même pas et elle veut déjà que vous sautiez ? Tu fronces les sourcils : elle foule au pied les termes de votre accord. Mais Robin est ta patronne désormais et tu sais qu’une telle chance ne se représentera pas. Tu serres les dents. Ainsi soit-il.

Tu t’absentes quelques minutes pour ramener l’ensemble de tes affaires. Tu les poses près des stalles de pansage. Etant donné le caractère de la délicate jument baie, l’attacher à deux longes ne sera sans doute pas de trop. Tu reviens vers elle et tu susurres son nom. Si elle tend une oreille dans ta direction, l’autre est résolument couchée sur son crâne. Tu souris : s’en faire une alliée ne sera sans doute pas une mince affaire. Mais tu n’as pas le choix.

Tu rentres enfin dans son box. Pandora n’a pas froid aux yeux : elle se redresse et prend un air agressif. Elle n’hésite pas à fondre droit sur toi, les dents en avant. Tu ne cilles pas : avec assurance, tu hausses le ton et te rend plus impressionnante, les épaules largement ouvertes pour prendre plus de place. La belle fait claquer ses dents mais t’évite soigneusement. Elle se veut impressionnante mais elle semble avoir néanmoins conscience de ce qui peut ou non être admis. C’est un début froid. Tu ne perds pas beaucoup de temps pour lui mettre son licol : tu sais que la caresser ne ferait que l’exciter un peu plus. Pour l’heure, les boxes du domaine des Doges ne sont pas tous remplis. Cependant, Pandora’s arrive à ruer plusieurs fois, manifestement agacée par la présence de ses congénères. Tu soupires : tu n’as jamais été très jument et celle-ci en est un sacré prototype.

Tu attaches rapidement les longes et tu commences à la panser. A chacune de tes actions, la brune enfonce un peu plus ses oreilles sur sa nuque. Tu ne t’en préoccupes pas : tu choisis de faire comme si tu ne prêtais nullement attention à ses démonstrations d’agressivité. Peut-être qu’elle finira par se lasser, en constatant que les positions qu’elle campe ne changent en rien ta façon d’être ? Tu n’en sais rien et ce n’est pas la question. Tu en veux à Robin : tu as l’impression qu’elle pense que cette séance sera un test décisif. Tu trouves cependant que c’est une décision irresponsable. Tu n’aimes pas l’idée de demander à Pandora’s Box d’aller au-devant de fixes alors même que tu ne sais pas comment elle saute.

Il faut pourtant que tu passes à autre chose : les cartes ont été distribuées et tu n’y peux rien changer. Tu finis de la panser et tu commences à lui poser cloches et guêtres. L’opération est un peu délicate : Madame est une forte tête. Mais elle te juge mal. Tu souris : elle va vite comprendre qu’elle n’est pas tombée sur un cavalier impressionnable, du genre à se taire et à se laisser marcher sur les pieds. Tu lui poses ensuite tapis, amortisseur, selle et filet. Comme tu en as l’habitude avec Phantom, tu lui offres un sucre. Pandora’s tend ses oreilles dans ta direction, plus qu’intéressée par la friandise. Elle l’attrape en vitesse et à peine la tient-elle dans sa bouche que son attitude se rembrunit. Les habitudes ont la vie dure. Tu hausses le ton et la belle se grandit. Vous êtes deux fortes têtes. Tu attrapes alors ton pot de vaseline. Tu plonges tes doigts dans la pâte et, généreusement, tu viens en étaler sur les faces antérieures des quatre membres de la jument. Tu fais en sorte que la couche soit un minimum épaisse. Ainsi, en cas d’accroc, il y aura plus de chance que la jument glisse plutôt qu’elle ne s’accroche fort.

Une main sur les rênes, tu guides la brunette vers la sortie. Tu te sens prête à en découdre. Tu sais que tu n’as rien à prouver mais désormais, tu veux faire ployer celle qui recourt à tes services : elle aussi t’a mal jugée.

Lorsque tu arrives au domaine des Doges, le jour commence doucement à décliner. Tu dois te dépêcher : Robin veut que Pandora’s Box et toi poursuiviez vos efforts sur le cross. Elle compte bien vous engager lors de la prochaine compétition qui ne devrait plus trop tarder à venir désormais. Tu serres les dents en y pensant. Sa décision te semble complètement dépourvue de sens : la brune et toi venez seulement de vous rencontrer. Tu n’es pas sûre d’avoir signé pour cela en acceptant de t’occuper de l’allemande. Les sourcils froncés, tu te décides néanmoins à sortir de ton automobile pour rejoindre la belle. Tu t’étonnes de ne pas la trouver dans ton box. Alors que tu fais demi-tour, la silhouette de Robin surgit. Dans des vêtements blancs impeccables, la quadra te rejoint et t’adresse un large sourire.

R. « Etienne m’a informée que vous seriez sans doute un peu juste ce soir. Ils sont en train de préparer Pandora’s Box.

Tu tentes de dissimuler ton désappointement : tu n’aimes pas que d’autres préparent ton cheval. Ce n’est pas parce que tu estimes faire tout mieux que tout le monde. C’est simplement que, dans ta conception de l’équitation, c’est la moindre des choses que tu puisses faire pour le cheval que tu vas ensuite monter. Tu te forces à sourire mais tu te contentes d’opiner du chef en guise de réponse. Le regard de Robin s’allume et un étrange sourire étire ses lèvres sur la droite. Elle croise ses bras sur sa poitrine et te regarde t’en aller sans dire un mot de plus. Le message est clair : tu dois te dépêcher.

Lorsque tu arrives, les soignants ont presque terminé. Pandora n’a pas l’air de bonne humeur : elle tente plus d’une fois de refermer ses puissantes mâchoires sur les mains et les bras de ceux qui prennent pourtant soin d’elle. Tu fronces de plus belle les sourcils et ta voix s’élève, menaçante et nettement destinée à remettre la jument à sa place. Pandora semble surprise de te voir. Elle se redresse et se fige, son regard sombre se braquant sur toi. Tu ravales un sourire : pensait-elle sérieusement que tu avais déjà abandonné la partie ? Tu t’excuses auprès de ceux qui ont pris soin de la panser et de la préparer et, au passage, tu récupères le pot de vaseline. Le soigneur est un peu étonné mais tu lui adresses un clin d’oeil complice et finalement, il cède. Il doit encore s’occuper de bien des choses avant de terminer sa journée de travail.

Tu fais les choses rapidement : tu appliques en couches généreuses la pâte blanche sur les membres de la belle qui trépigne d’impatience. Tu joues avec ses nerfs, esquives deux tentatives de coup de dents. Tu n’as pas oublié l’incident de la veille et, au cours de la nuit précédente, tu as pu constater qu’elle avait imprimé la forme de son fer sur ta peau.

C. « Si tu crois que je vais céder avant toi, je te conseille de te préparer à tenir le siège durant un certain temps.

Tes mots se perdent en un murmure étonnamment enjôleur. Tout en parlant, ton regard s’allume. Pandora éveille en toi tes sentiments que tu pensais éteints. Elle te rappelle, malgré elle sans doute, ce caractère guerrier et parfois belliqueux que tu avais comme enfermé dans un coin très reculé de ton esprit.

Il est encore tôt lorsque des bruits de pas résonnent dans les écuries du domaine des Doges. Quelques chevaux se redressent. Les oreilles tendues, ils scrutent avec attention la jeune femme qui passe devant eux mais ils sont déçus de voir qu’elle ne leur adresse pas même un regard. Sascha semble pressée. Ses parents ont fait l’acquisition du domaine depuis plusieurs mois désormais mais les lieux ne sont opérationnels que depuis peu. Cela ne l’empêche pas de s’y sentir chez elle. Froide sinon glaciale, c’est à peine si elle adresse un regard aux employés du domaine qui oeuvrent pourtant dur pour faire en sorte que les choses se déroulent au mieux.

Son regard s’allume enfin : elle vient de s’arrêter devant le box de la belle Oldenburg brune. Pandora’s Box la regarde de loin, les oreilles en arrière. Loin d’être proche des hommes, la jument se montre souvent agressive. Sascha le sait bien et s’en moque éperdument. Elle a dû convaincre sa mère de la lui laisser plutôt que de la confier à cette petite inconnue qui traîne d’ailleurs de trop, à son goût, au domaine. Après Phantom et Pandora’s Box, la dénommée Chloé semble avoir hérité de Krampus dont le caractère est encore plus marqué que celui de la brune.

Sascha hausse les épaules : au fond, toutes ces questions se règleront sur les terrains de concours. Un sourire un peu cruel étire ses lèvres et elle attrape le licol qui est accroché à la porte du box de la jument. Elle ouvre les loquets et se glisse à l’intérieur. Pandora se redresse et semble la fusiller du regard. Etonnamment, Sascha sourit. Tombée tôt dans l’équitation, les concours et les résultats sont devenus pour elle une obsession. Elle sait de quoi l’Oldenburg est capable et elle est donc prête à n’importe quoi. Maintenant qu’elle a exigé de l’avoir au travail, elle sait qu’elle n’a plus le droit à l’erreur.

Jument et jeune femme jouent au jeu du défi. Elles tentent de s’impressionner mais elles ont un sacré caractère et finalement, elles s’accordent le statuquo. Sascha boucle le licol sur la tête bien dessinée de la brune et la conduit jusque dans les stalles de pansage. Les soigneurs semblent s’être occupés d’elle plus tôt dans la matinée pourtant, la blonde repasse tout de même un coup de bouchon sur la robe de la jument. Elle vérifie avec attention qu’elle n’a pas blessé au passage de sangle et que ses membres sont sains. Elle sourit, satisfaite. Elle soulève ensuite ses pieds un à un. Tout semble aller au mieux de ce côté aussi.

Elle empoigne alors guêtres et protège-boulets avant de s’accroupir près des membres de l’ombrageuse allemande. Elle fixe les protections en les serrant suffisamment pour s’assurer qu’elles ne descendront pas sur les membres de l’élégante ballerine. Elle lui pose ensuite tapis, amortisseur et selle et commence à attacher la martingale à anneaux. Elle lui enlève enfin son licol, lui installe un bonnet et recouvre le tout de son filet. La jument mâche avec empressement le mors qui grince entre ses dents. Sascha fronce les sourcils mais continue : elle ouvre les rênes et en passe une dans chacune des boucles de la martingale. Elle vérifie la position des arrêtoirs.

La ballerine semble fin prête à rejoindre leur piste de danse ! Sascha fait volte-face pour attraper sa bombe mais sursaute de découvrir Marius nonchalamment adossé au mur. Il semble fatigué et la blonde devine que son aîné a dû passer la nuit dehors. Elle sourit néanmoins et ses yeux, enfin, semblent se remplir de bonté. Elle sourit et avance vers celui qu’elle idolâtre mais le trentenaire la repousse d’un geste las et dédaigneux.

M. « Ne t’emballe pas : je viens juste voir comment Barbie se débrouille de son nouveau jouet.