Misspalikoa - CARRIERE [2022]

résumé #05

Lors de la dernière séance réalisée avec Mango, Amel avait décidé d’introduire quelques obstacles voyants, et malgré une difficulté flagrante au niveau des bidets, le bai s’était débrouillé comme un chef. Après deux jours de repos pour le bel étalon, elle avait décidé de remettre le couvert. Ça ne ferait pas de mal au pur-sang arabe de retravailler cette difficulté, d’autant plus qu’elle le prédestinait à la compétition. Il avait donc besoin de s’acclimater à tous les profils d’obstacles qu’il rencontrerait, et bien que le bidet allait être une montagne à franchir pour lui, il ferait sans doute parti des difficultés qu’il aurait à franchir. Bien décidée, la jeune femme avait rejoint son favori avec détermination, lui enfilant son licol et l’arrachant à ses copains pour l’équiper d’un magnifique tapis bleu roi et de ses cuirs noirs. Une paire de protection et le voilà sur le chemin de la carrière où sa cavalière avait déjà élaboré le parcours du combattant qu’il allait devoir affronter dignement. Très vite d’ailleurs, l’arabe fixait le bidet établit au centre de la piste, le regardant comme s’il était un élément de tous les dangers, prêt à lui sauter dessus au moindre mouvement. Amel eu bien du mal à le ramener sur terre pour le diriger vers le montoir où elle pourrait enfin le ressangler et se mettre en selle en évitant un maximum de désagrément pour son pauvre dos.

Toute déterminée, la jeune femme réunissait ses rênes et pressait gentiment les flancs de son partenaire pour l’installer au pas sur la piste. Se lançant dans une allure énergique, l’étalon pressait le pas, se révélant particulièrement agité par la présence de ce fameux bidet, si bien que les autres obstacles paraissaient inexistants. Soupirant, Amel jouait avec les crins sombres de sa monture, essayant de ne pas se focaliser trop dessus pour le moment. A l’instant T, ce qu’elle cherchait, c’était d’échauffer correctement son partenaire avant de se frotter aux obstacles tant redoutés par le pur-sang arabe. Son but aujourd’hui allait être avant tout de tâcher de dédramatiser l’obstacle, mais ce ne serait sans doute pas l’affaire d’une séance. Sortant du pré, la mise en route du bai n’était pas quelque chose de très long, elle n’attendait donc pas très longtemps avant de remonter sur ses rênes, commençant à demander quelques exercices de transitions dans l’allure à sa monture pour s’assurer de sa disponibilité et de son équilibre longitudinal. Si Mango répondait présent, elle le sentait tout de même ailleurs, visiblement trop préoccupé par le fameux bidet qui accaparait toute son attention et si ce n’était presque. Tapotant affectueusement sur son épaule, la jeune femme décidait volontairement de passer à côté de cet obstacle de malheur, provoquant aussitôt un tressaillement suivi d’un écart brusque.

Tâchant d’être rassurante, elle n’usait ni de cravache ni d’éperon, encourageant simplement le bai à venir s’approcher de ce qui l’effrayait, l’essai tout de même les rênes assez lâche pour lui permettre de bouger la tête comme il le désirait. Figé, il n’osait pas s’approcher tout de suite, et il fallut plusieurs tentatives pour parvenir enfin à l’avoir à un mètre de l’obstacle. Ayant suffisamment tiré sur la corde sensible pour l’instant, Amel le relançait, cette fois-ci au trot sur la piste pour poursuivre les exercices de transition que l’étalon connaissait particulièrement bien et qui le remettait dans quelque chose de plus confortable et rassurant pour lui. Tant qu’elle ne restait pas trop à proximité du bidet, Mango se montrait plus à l’aise, et après mûre réflexion, elle décida d’axer toute sa séance sur cet obstacle en particulier. Ça ne ferait pas de mal à Mango après tout. Plaçant ses aides, elle lançait sa monture au galop, accompagnant ses foulées en cirant sa selle avec le bassin. Évitant soigneusement la zone à risque, elle parvenait à achever sa détente sur le plat sur une bonne note, et c’était déjà ça. Avant d’attaquer le bidet, elle jugea tout de même bon d’échauffer un peu l’étalon sur un petit croisillon sans prétention et sans artifice voyant, de quoi le mettre sur un obstacle confortable. Se laissant piloter, Mango arrivait bien, se propulsait convenablement et se réceptionnait sans peine derrière le petit obstacle, obtenant quelques caresses de sa propriétaire et cavalière. « C’est bien mon grand, on y retourne. » Et sur ces mots, la jeune femme guida à nouveau son partenaire sur le croisillon qu’ils abordaient à quelques reprises à chaque main pour mettre le bai correctement en jambe.

Mango finalement en place sur ses sauts, Amel décidait donc d’aller le confronter sans plus attendre au bidet. Remettant son partenaire au galop, elle décrivait un large demi-cercle pour contourner le bidet, encaissant une petite accélération de l’étalon bai qui lui, semblait bien décidé à s’en éloigner au plus vite. Lui caressant la base de l’encolure afin de le rassurer et de lui rappeler également qu’elle était présente, elle allait tout tenter pour rendre son passage plus facile, notamment psychologiquement puisque c’était le point clef de la séance. Bien face au petit bidet rond surmonté d’un minuscule croisillon, elle comptait jusqu’à trois puis glissa à l’oreille de son partenaire « Tu es prêt à y aller mon gros ? » L’oreille droite de l’animal recula, écoutant les paroles de sa cavalière avant de se redresser en direction du bidet. Le lançant au trot gentiment, elle tâchait de créer un couloir avec ses jambes et ses mains pour garder son partenaire dans l’axe, lui laissant assez de liberté pour adopter le galop si jamais il se sentait plus confortable à cette allure. La tension commença à grimper peu à peu dans le corps du petit entier, et c’est après une hésitation terrible qu’il marquait une immobilité nette, freinant des quatre fers en se reculant très vite. Lui laissant le temps, elle le remettait sur la piste, lui demandant une petite transition dans l’allure au trot afin de le ramener dans un exercice qu’il connaissait, puis elle se décida à le ramener sur ce fameux obstacle.

N'ayant pas le moins du monde envie de brusquer son protégé, Amel prenait son temps, laissant le bai analyser et se rassurer. Après trois passages sur lesquels Mango s’obstinait à refuser, c’était presque miraculeusement que l’étalon se décidait finalement à pousser sur ses postérieurs, réalisant une marge importante pour être sûr de ne pas toucher l’obstacle et se réceptionnant aussi loin que possible. S’étant attendue à un nouveau refus de son partenaire, la jeune femme ne s’était absolument pas préparée à un tel saut. Elle décolla presque de sa selle et se réceptionna lourdement, s’excusant platement auprès de Mango qui poursuivait sa galopade, commençant à transpirer gentiment. En ce moment, il faisait très chaud, et par conséquent l’effort devenait vite difficile. Tout comme l’étalon d’ailleurs, Amel n’aspirait qu’au tendre rêve de prendre une douche. Officiellement en été, elle montait en débardeur et pourtant celui-ci était déjà trempé. Si elle était dans un tel état, elle imaginait facilement celui de son petit cheval, et elle jugea donc qu’il allait être temps d’arrêter la séance sur un dernier saut. En général en cette période de l’année, lorsqu’elle ne pouvait être à cheval très tôt ou très tard, elle préférait réaliser des séances d’une vingtaine de minutes, détente comprise, et cette séance n’y échapperait pas. Alors, elle réunissait ses rênes, remettait le pur-sang arabe dans un bon rythme et le guidait vers l’obstacle. Il hésita à nouveau, manquant de s’arrêter, mais une pression des mollets de sa cavalière suffit visiblement à le convaincre de passer de l’autre côté.

Compte tenu de l’effort que ces deux sauts avaient demandé à l’étalon, et de la fatigue liée à la chaleur, elle jugea qu’il était temps de s’en arrêter là. Peu à peu, elle le ramenait donc au trot puis au pas, laissant les rênes filer pour lui permettre d’adopter l’attitude la plus confortable pour lui. Tout de suite, il étendait son encolure vers le sol, étirant sa ligne de dos par la même occasion. Sous les caresses de sa propriétaire, il soufflait fort, évitant soigneusement la zone autour du bidet. Quoi qu’il en soit, il y avait eu un énorme bond en avant, car même s’il sautait trop haut, trop loin pour éviter absolument de toucher ce qui lui faisait peur, il avait sauté et c’était déjà très bien. Alors, après quelques minutes, elle se décidait à l’immobiliser pour de bon. Lui flattant l’épaule, elle déchaussait ses étriers, se glissant au sol avant de desserrer la sangle de quelques trous. Détachant la muserolle, elle n’avait plus qu’à le ramener à l’écurie. Le temps de le desseller et le bai avait droit à une bonne douche rafraîchissante avant de rejoindre ses copains et son pré, de quoi le laisser se reposer avant leur prochaine séance.

résumé #15

Ronflant nerveusement, Beetle Juice paraissait s’impatienter, immobilisée près du montoir en bois plus ou moins contre sa volonté. Tôt dans la matinée, ce n’était pas vraiment l’horaire préféré de la grise, visiblement fâchée de devoir prendre son petit déjeuné en retard. D’accord ou non, Tedrick ne lui laissait pas le choix, dans une heure tout au plus la température serait trop insupportable pour pouvoir évoluer dans la carrière sans suffoquer. Soulevant le quartier, Tedrick ressanglait de quelques trous. Passant les doigts entre la sangle et la peau de la jument, l’allemand s’assurait que ce n'était ni trop lâche ni trop serré avant de se hisser sur le montoir. Un pied dans l’étrier et le voilà en équilibre, s’installant avec autant de souplesse que possible sur le dos de celle qu’il considérait comme l’une de ses montures préférées, mais aussi l’une des plus compliquées. Et pour cause, à peine eut-il posé son fessier dans la selle que la grise fouaillait de la queue, prenant un pas très actif, visiblement agacée de travailler. Jouant avec ses crins, Tedrick n’y prêtait plus vraiment attention depuis longtemps. Après tout, elle était une actrice hors pair quand elle voulait. Souvent, son propriétaire se demandait si elle ne répondait pas par la négative uniquement par principe. Qui sait ce qu’il pourrait arriver si la grande Beetle Juice cessait de faire ses manières ? Néanmoins pour l’instant, elle marchait plus ou moins calmement, et bientôt le couple pouvait commencer plus sérieusement sa détente.

Ajustant ses rênes, le jeune homme aux cheveux bleus demandait à sa monture un semblant d’attitude de travail. Plus ou moins sage, Beetle Juice luttait un instant, plus par principe qu’autre chose, avant de se poser sur le mors en engageant les postérieurs sous la masse. Félicitant de quelques compliments, l’allemand se contentait de demander à sa partenaire de déplacer ses épaules et ses hanches de manière isolée. Connaissant par cœur cet exercice, la grise se précipitait, voulant vite en finir. Elle se jetait en avant pour échapper à la jambe, levait la tête pour fuir l’action de main. Rien d’inhabituel pour Tedrick donc. Pendant quelques instants, il la laissa faire son petit caprice, et ce n’est qu’après plusieurs tentatives infructueuses qu’il décida de hausser le ton. Soufflant pour évacuer la pression, il redressait sa monture, la laissait réaliser quelques foulées sur la piste et utilisait sa jambe intérieure pour demander à sa partenaire de déplacer ses hanches. Dérapant brusquement comme pour fuir la jambe, il ne fallait qu’un instant pour qu’elle fuie vers l’avant au grand trot. Attrapant sa cravache, il tapotait son épaule sans grande méchanceté. Pilant, la grise recula de quelques foulées avant de gronder à la manière d’un dragon. Relançant la bête vers l’avant, il essuyait un nouveau refus. Tâchant de prendre la main, elle levait la tête, hors de portée, en prenant le petit galop. Décidément, cette séance allait être plus compliquée que prévue. Rebelote, il tapota son épaule pour la couper dans son mouvement. Elle recula de quelques pas et tâcha de se mettre debout, une fois puis deux.

Agrippé à l’encolure, il la laissait retomber au sol. Elle allait se remettre debout lorsqu’il réalisa une rêne d’ouverture, obligeant Beetle Juice à pivoter et par extension rester les quatre fers au sol. Fâchée, elle tâcha de l’embarquer de nouveau, et une nouvelle lutte commença entre le couple. Au final, il lui fallut plusieurs minutes pour la convaincre de réaliser l’exercice demandé, soit chasser ses hanches. Lorsqu’il put enfin obtenir gain de cause, Tedrick décida qu’il était temps de passer à la suite. Réalisant l’exercice à chaque main d’abord pas puis au trot, il ne s’arrêta que lorsqu’elle lui donna ce qu’il attendait d’elle. Il décida néanmoins de lui accorder de galoper un peu, et si elle tâcha de lui prendre la main, elle fut moins difficilement canalisable qu’au début de leur séance chaotique. Ils allaient donc pouvoir enchaîner quelques barres. Austin passant par-là au bon moment, il s’éclaircit la gorge et l’interpella « Hey, tu peux venir monter les barres ? Met les à 80 pour le moment. J’aurais besoin de toi » Hochant la tête, l’adolescente se dépêcha de monter un croisillon et un vertical conformément aux demandes de son employeur. Hochant la tête en guise de remerciement, il faisait tourner la KWPN autour des deux obstacles avant de l’envoyer au galop. Les oreilles se redressèrent aussitôt, le regard se fit des plus concentrées. Bien droite, fixant les barres, Beetle Juice approcha dans une allure d’abord modérée, puis accéléra brutalement. Elle se jeta sur le premier obstacle et avala d’un bon le suivant, tournant court à la sortie du double pour tenter de désarçonner son cavalier sans grand succès.

S’il avait été légèrement secoué, Tedrick et son équilibre légendaire avaient eu raison de sa tentative et c’était toujours en selle qu’il reprenait son souffle. Trottant fièrement, levant haut les genoux, Beetle Juice semblait prête à en découdre. Face à son cavalier ou face aux obstacles, aucune idée. Après s’être précipitée sur les petits obstacles à quelques reprises, elle sembla faire preuve d’un peu plus de rigueur et le dernier passage se déroula particulièrement bien. Un tracé propre, une allure soutenue mais régulière, que demander de plus ? Alors Tedrick osa demander à monter les barres à un mètre. Laissant Beetle Juice souffler le temps de monter les barres et voilà que le couple était prêt à y retourner. Le premier passage fut plus que propre, et la grise sembla enfin faire preuve de la concentration demandée. Attentive, elle se calait sur le tempo que lui imposait son cavalier, se propulsait sur ses postérieurs et franchissait le croisillon avec aisance, reproduisant un mouvement propre et calculé sur le vertical suivant. Afin de ne pas la lasser, le couple s’amusait à alterner l’ordre de passage, et si Tedrick était surpris du revers d’habitude de sa camarade, il n’en restait pas moins content. À cheval depuis suffisamment longtemps, il jugea bon de finir la séance par quelque chose de plus amusant. Retirant le croisillon, il fit grimper l’obstacle à une hauteur bien plus intéressante, un mètre trente. Beetle était habituée à sauter plus haut en concours, mais c’était bien suffisant pour un petit passage à la maison. Il attendit donc que son apprentie s’écarte avant d’encourager la grise à s’approcher de l’obstacle, en faisant le tour pour s’assurer qu’elle ne se ferait pas surprendre par la hauteur soudaine.

Prêt à y aller, Tedrick plaçait ses aides, incitant sa partenaire à prendre le galop. Beetle Juice s’exécuta, réalisant une boucle parfaite pour venir faire face au vertical qui se dressait devant eux. Prenant son élan comme à son habitude, à une foulée de l’obstacle, alors qu’elle s’apprêtait à prendre son appel, Beetle Juice pila des quatre fers, essayant d’envoyer au tapis son cavalier. Malheureusement, sa tentative ne fonctionna pas, et pire, elle ne réussit pas à s’arrêter à temps. Glissant sur le sable, elle s’écrasa dans le vertical, renversant les barres et un chandelier en se retrouvant sur les genoux. Surprise de la tournure des événements, la KWPN bondit en arrière, la croupe abaissée, tentant de fuir, cette fois par peur et non par volonté. Bien accroché, Tedrick réussit néanmoins à la stopper, caressant et rassurant. Elle avait certes voulu le faire sauter seule, mais elle n’avait pas planifié de voir les barres de si près. Le temps de revenir au calme, il décida tout de même d’effectuer un dernier saut, rabaissant l’obstacle à un mètre. Il ne fallait pas que la séance s’arrête sur une note si négative et qu’il perde la confiance de sa partenaire. Acceptant d’y retourner, la grise expédia très vite son saut, bondissant haut et atterrissant loin derrière. Il était temps de s’arrêter là. De toute façon à quoi pensait-il, avec Beetle Juice, ça ne pouvait jamais être facile.  

résumé #03

Le regard braqué sur la grande piste en herbe, Tedrick enregistrait le trajet dans sa tête. Particulièrement concentré, il profitait de sa position dans le classement pour analyser le parcours de ses concurrents, leurs erreurs et les options qui leur avaient permis de gagner quelques précieuses secondes sur leur chronomètre. L’avantage de Shut Up était sans aucun doute sa morphologie fine et élancée, semblable à une biche, elle était particulièrement vive et agile et était tout à fait capable de réaliser un demi-tour sur elle-même sans souffrir de perte d’équilibre durant la manœuvre. Fallait-il encore que son cavalier assure ses arrières et puisse la préparer correctement avant une telle demande. Décidé, il observait son concurrent, un homme d’âge mûr franchir l’oxer ouvrant le parcours avant de se détourner pour rejoindre sa monture ainsi que sa groom. Il était l’heure de commencer à se mettre en selle. Revenant ainsi sur ses pas, il s’engouffrait dans l’allée de boxes préfabriqués où Shut Up attendait sagement son heure de gloire. À l’intérieur de la stalle, Austin, choisi pour l’accompagner, terminait de la seller. La jolie jument baie serait donc prête en temps et en heure, de quoi satisfaire l’allemand. Après tout, c’était la première fois qu’il lui demandait de se déplacer sur un si gros événement. Habituellement, Gaby s’en chargeait, mais il avait jugé qu’elle avait suffisamment d’expérience à présent pour faire ses preuves en dehors des USA. Bien entendu, l’adolescente faisait donc de son mieux pour se montrer efficace et convaincre son employeur qu’elle était tout à fait capable.

Attrapant sa bombe, l’allemand s’équipait avant d’empoigner les rênes, guidant la jument hors de sa stabulation. Un peu inquiète, la baie regardait tout autour d’elle. Elle avait, comme ses parents, besoin d’un peu de temps avant de se sentir plus à l’aise dans un endroit qu’elle ne connaissait pas. Rien de bien méchant, il suffisait de lui montrer les recoins pour retrouver la guerrière qu’elle était. Il prenait néanmoins soin de lui caresser l’encolure, s’engageant sur le chemin qui menait sur le paddock de détente. Derrière eux, Austin fermait la marche, ayant pris dans son sac à dos tout le nécessaire pour assurer après la détente. Le temps de ressangler, Tedrick mettait finalement son pied dans l’étrier, se hissant en selle avant d’ajuster ses rênes. Tapotant l’encolure de la charmante selle française, il l’encourageait à s’avancer jusqu’à la porte où il fallut attendre qu’on lui donne l’autorisation pour s’engager. Le portail enfin ouvert, l’allemand pressait les flancs de sa monture, la laissant divaguer un peu partout afin de se familiariser au lieu. Fidèle à elle-même, Shut Up se révélait assez à cran durant les premiers instants, finissant néanmoins par se détendre sous les caresses de son cavalier. La détente en compétition était souvent plus courte qu’à la maison, alors le jeune homme ne perdit pas de temps. Rapidement, il prit soin de réaliser plusieurs exercices d’assouplissement longitudinaux et latéraux, permettant d’assouplir et de rééquilibrer la petite baie qui se pliait aux exercices avec bonne volonté.

Prenant le temps de réaliser les différents exercices aux trois allures, Tedrick était particulièrement ravi de la disponibilité de sa partenaire, il se décidait à achever sa détente sur l’obstacle. Repérant un vertical légèrement sous-coté, il prévenait de ses intentions aux autres cavaliers avant de placer ses aides, demandant un départ du pas à sa monture qui, aussitôt, s’élança en direction de l’obstacle. Gardant une trajectoire bien droite, il la laissait se gérer sur son saut, accompagnant le mouvement et la redressait à la réception en caressant. Ravi de l’énergie et de l’envie d’y aller de sa jument, il ne pouvait s’empêcher de sourire, profitant de ce moment. Ils effectuèrent le même saut aux deux mains à quelques reprises, suffisamment pour se mettre correctement en jambe avant de franchir l’oxer présent le temps de quelques passages. Détente achevée, il lui rendait les rênes, la laissant marcher un instant avant de quitter le paddock de détente pour rejoindre l’entrée de piste. S’immobilisant près de la grande carrière en herbe, Tedrick se laissait glisser à terre. Prenant les rênes pour tenir son partenaire, il laissait Austin prendre les pieds de sa partenaire un à un pour y visser des crampons qui permettraient à la jument d’avoir plus d’adhérence sur l’herbe qui pouvait être glissante. À la manière d’un footballer, elle aurait moins de difficulté à se déplacer ainsi. Le temps de boucler la manœuvre et voilà qu’il allait être grand temps de commencer ce parcours tant attendu. Le temps de se remettre en selle, d’ajuster sa sangle et ses rênes et voilà qu’ils étaient partis.

Poliment, Tedrick saluait la cavalière qui quittait elle-même la piste tandis qu’il s’engageait sur le terrain en herbe. Gardant la jolie bai au petit trot sur quelques mètres, Tedrick la guidait sur la piste, zigzagant entre les obstacles et tâchant de lui présenter ceux qui pourraient être un peu plus voyant. Compacté, sous tension, Shut Up paraissait frêle à première vue, mais son partenaire avait conscience que dès que la cloche retentirait, elle serait un véritable gladiateur, combattant farouche qui ne se laisserait pas impressionner par des obstacles de pacotilles. Et ce moment ne tarda pas. Lançant sa protégée au galop, il jouait dans ses doigts pour la garder disponible et dans un galop suffisant avant de contourner une longue haie afin de venir se confronter au premier obstacle, un imposant oxer or et blanc dont les chandeliers évoquaient le nom de Hickstead, à la fois nom de cette étape, mais également d’un grand cheval qui avait marqué sa génération avant de s’éteindre brutalement à la fin de son tour quelques années auparavant. Pas de quoi impressionner Shut Up pour autant qui prenait sa battue d’appel et se propulsait de l’autre côté de l’obstacle sans difficulté apparente. Retombant sur les épaules, son cavalier la redressait aussitôt, avant de la laisser galoper deux foulées, effectuer un demi-tour serré et venir franchir l’obstacle suivant, un vertical vert foncé et blanc assez étroit donc elle ne se préoccupait pas plus que ça. Après une petite galopade s’en suivait un oxer rouge et jaune qu’elle survolait sans encombre. Bondissant presque sous la selle à chaque foulée de galop, mais pas de quoi déstabiliser son propriétaire qui restait sérieux et concentré. Une petite courbe sur leur droite leur permettait de se remettre droit pour venir chercher la rivière presque parallèle aux deux premiers obstacles.

Arrivant à l’approche de l’oxer, Shut Up se montra plus que jamais battante, prit sa battue d’appel et se propulsa dans un saut en longueur vertigineux, se réceptionnant dans l’herbe quelques centimètres à peine de la fin de l’obstacle aquatique. Pas le temps de le caresser, quelques foulées droites devant se profilait un oxer blanc, rouge et noir qu’elle survola d’un grand bon. Un trois quart de cercle vint les confronter à un mur vert foncé qui ne laissa pas de place à l’hésitation. Pas le temps de se déconcentrer, un triple approchait très vite et il fallait à tout prix rentrer correctement pour ne pas se faire avoir par cette combinaison d’obstacles bleu foncé et blanc. Shut Up franchit le premier oxer sans encombre, poussant sur ses postérieurs pour passer au-dessus du vertical suivant. Profitant des deux foulées entre les deux derniers obstacles, elle accéléra pour prendre son élan et franchir l’oxer finalisant le triple. Toujours sans faute, Tedrick restait particulièrement concentré sur son parcours. Un vertical de palanque rouge aux chandeliers voyant se rapprochait et il contraignit sa partenaire à se compacter pour faire un saut haut et propre sans risquer de toucher les barres plates si facile à mettre à terre. Fermant presque les yeux, il fut soulagé de voir la selle français se réceptionner sans encombre dans l’herbe et pivoter vers leur gauche pour venir faire face à un oxer rouge aux chandeliers représentant des tours grises. Confiant, il accompagnait le saut prodigieux de sa partenaire qui, toujours sans une barre derrière elle, poursuivait son tracé telle une lionne.

Prochain obstacle sur leur tracé, un double représentant une clôture blanche, autant au niveau des chandeliers que des palanques remplies et ressemblant vraiment une fine barrière. La belle survola le premier sans difficulté, mais le deuxième...Un rond rouge rappelant un panneau stop au centre de cet ensemble de palanques la prise de court et elle pila dans l’obstacle. Aussitôt, la palanque en forme de clôture s’effondra au sol et Tedrick fut projeté entre les deux chandeliers.  Dans sa chute, Tedrick s’était accroché à la rêne qu’il n’avait donc pas eu le réflexe de lâcher. Seulement Shut Up, se sentant bloquée dans son mouvement de recul, paniqua et jeta la tête en arrière. Son propriétaire lâchant la rêne, elle se retrouva d’abord projetée sur les fesses puis roula sur le flanc. Aussitôt à terre aussitôt relevée, elle se coinça l’antérieur dans la rêne. Dans sa manœuvre pour se remettre sur ses pieds elle arracha son filet, toujours attaché par le collier de chasse duquel il pendait. Entreprenant de fuir au petit trot, elle fut rapidement rattrapée par Austin et le staff en bord de piste qui purent la canaliser. Tandis que l’adolescente lui enfilait son licol, une autre personne détachait le filet du collier de chasse pour la libérer et éviter qu’elle ne trébuche dessus. D’abord surpris et sonné, Tedrick restait assis un instant entre les chandeliers avant de se relever et de marcher aussi vite que possible vers sa jument dont il récupérait la longe. Lui caressant le chanfrein, il s’excusait, profondément persuadé que cette chute était de sa faute, ayant mal préparé ou pas suffisamment rassuré la selle français à l’approche de cet obstacle. Bien entendu ce parcours était décevant pour lui, le chronomètre était excellent, la jument exceptionnelle et cette chute venait tout gâcher. Seulement à présent la priorité était de faire venir le vétérinaire disponible sur cet évènement pour s’assurer qu’elle allait bien, et ensuite peut-être Tedrick prendrait le temps de s’occuper de lui.

résumé #16

→ objectif collectif #1 : votre cheval se trouve dans un très mauvais jour et décide de n'en faire qu'à sa tête durant votre séance d'entraînement quotidien. Racontez-nous quels sont les défis auxquels vous faites face et comment vous gérez le tout.

La chute avec Shut Up quelques jours plus tôt avait été difficile à digérer pour Tedrick, qui outre la défaite, se sentait assez coupable de l’arrêt brutal de sa jument. Désormais, il était courant que les compétitions soient diffusées en direct puis rediffusées sur internet, et il s’arrangeait toujours pour que sa groom film le passage afin de pouvoir analyser ses passages. C’était ainsi qu’il s’était persuadé que s’il avait été plus présent, plus rassurant auprès de la selle français, elle aurait franchi la difficulté sans piler, ce qui leur aurait évité de la chute. Et puis il avait ensuite eu à gérer les journalistes équestres qui avaient tous voulu l’interviewer pour connaître ses impressions à chaud après cette cuisante défaite, une humiliation supplémentaire pour l’allemand. Malheureusement, ce qui était fait était fait, et par chance ni la baie ni lui n’avaient été blessés durant la chute. Shut Up ne semblait d’ailleurs pas particulièrement perturbée par les événements récents et se portait très bien. Elle profitait tout de même d’une semaine de repos particulièrement mérité après ses efforts ainsi que ses émotions. Si son propriétaire avait lui aussi souhaité un break, il avait des chevaux à travailler, la baie n’étant pas la seule de son piquet, et pour bien commencer la matinée, c’était Beetle Juice qu’il devait sortir pour une séance de plat assez simple, rien de bien méchant à une heure si matinale.

Dehors, le ciel se faisait menaçant. De grands nuages gris assombrissaient le ciel et il pleuvrait sans doute d’un moment à l’autre. Seulement, pas de quoi faire peur au jeune homme qui était bien déterminé à mener à bien la séance du jour. Après avoir préparé la bête sauvage qui lui servait de jument, il l’avait donc guidé en direction de la carrière. Tenant sa monture immobile comme il pouvait près du montoir, il entreprenait de la ressangler de quelques trous, esquivant un coup de dent de la belle bien placé. Décidément, ça ne serait pas une séance très facile. De toute façon, était-ce vraiment possible avec Beetle Juice ? Une tape sur le nez ainsi qu’un « non ! » ferme suffirent à assagir la jument, du moins, le temps de mettre le pied à l’étrier et de s’installer en selle avec autant de légèreté que possible pour préserver un maximum son dos. Confortablement installé, il avait donc entrepris de la lancer au pas, ne lui demandant rien d’autre que d’avancer. Ça, c’était dans les cordes de la KWPN qui pour le moment ne protestait pas plus que ça. Et en effet, elle se montra raisonnable jusqu’à ce que son propriétaire ne remonte sur ses rênes pour lui demander d’adopter une attitude plus propice au travail. Mais ce n’était visiblement pas du goût de la jument grise qui décida de protester en jetant la tête en air, fouaillant de la queue en ronflant. Il tenta tant bien que mal de la mobiliser au pas puis au trot, demandant à la jument de déplacer ses hanches ainsi que ses épaules, mais rien à faire, elle protestait fermement.

La détente fut un calvaire, et bien heureusement la séance du jour ne comporterait pas de galop. En fait, la séance du jour était orientée sur la mobilisation de la ligne du dessus, un exercice qui ne ferait pas de mal à la grise. Il commençait donc par lancer sa partenaire dans un trot de travail, mais celle-ci ne l’entendait pas de cette oreille et dès qu’il tâcha de l’orienter sur un cercle de vingt mètres, prit la fuite et s’élança dans un galop chaotique. D’un coup sec sur la rêne intérieur, Tedrick la bloquait dans sa manœuvre, abattant sa cravache sur son épaule pour lui rappeler qu’il existait et qu’il valait mieux marcher droit. Plaquant les oreilles en arrière, elle obtempéra subitement, mais pour combien de temps ? Trois tentatives furent nécessaires pour parvenir à installer Beetle Juice sur un cercle de vingt mètres dans un véritable trot de travail, mais elle ne s’avérait pas vaincue pour autant. Lorsque l’allemand tâchait de l’encourager à se poser sur le mors, elle balançait la tête, levait les fesses, tout pour ne pas travailler entre autres. Tant pis, lorsque l’attitude fut satisfaisante, il rallongeait progressivement les rênes pour la pousser en avant avec le bassin afin qu’elle allonge franchement sa foulée. Bizarrement, elle obtempéra, ce qui surprenait agréablement son propriétaire. Après un tour complet à main droite, il tentait donc de raccourcir peu à peu ses rênes pour la compacter de nouveau. Mais Beetle ne l’entendait pas ainsi et coupa brusquement le cercle pour prendre le grand galop, bondissant en levant haut le garrot et réalisant un écart prodigieux pour envoyer son cavalier au tapis. Sa tentative échoua et Tedrick parvient à rester assis dans sa selle, un vrai miracle.

Raccourcissant nettement ses rênes, il ramenait sa cravache dans une main et l’abattait sur la croupe de la jument qui rua en guise de protestation. Et puis quoi encore ! Comme s’il allait laisser cette petite peste faire ce dont elle avait envie ! Il était tombé une fois, mais pas deux cette semaine, et sincèrement cette situation commençait à l’agacer fortement. Il la relança donc sur son cercle, et réitéra l’exercice à chaque main. Bien entendu, Beetle Juice luttait pour fuir ses responsabilités et envoyer son cavalier au tapis, en vain. Il était plus borné qu’elle et n’était décidément pas prêt à lui lâcher la grappe. Véritable accordéon, quand elle voulait, elle pouvait se déployer et se compacter à loisir, fallait-il encore qu’elle accepte de le faire. Mais son propriétaire était aussi borné, et même si réaliser seulement trois passages corrects à chaque main prit une heure, il obtenait gain de cause. C’est donc essoufflé et en sueur que le couple arrivait au terme de leur séance. De quoi ravir Tedrick qui sortait vainqueur de cet affrontement. Ne manquait plus qu’à faire marcher la jument grise. Est-ce qu’un jour au moins elle saurait se montrer agréable ? Il l’espérait de tout son cœur, mais ce n’était décidément pas prêt d’arriver.

résumé #03

Depuis qu’elle avait entrepris sa rééducation, April n’avait cessé de fantasmer le moment où elle pourrait enfin se remettre en selle. Elle s’y voyait déjà, mettant le pied à l’étrier et reprenant sa vie là où elle l’avait laissée. Les sensations qu’elle avait longtemps éprouvées et qui étaient si familières lui manquaient. Seulement, la réalité était bien loin de ses attentes, elle angoissait. Tant de questions la tourmentaient, notamment sur sa capacité à évoluer en autonomie avec cette prothèse. Articulée au niveau du genou et de la cheville, elle était conçue pour marcher et pour monter à cheval. April avait conscience du prix qu’elle avait coûté à sa famille pour lui permettre de reprendre sa vie où elle l’avait laissé, mais elle ne cessait de se demander si ce sacrifice financier en valait la peine. Que se passerait-il si elle ne parvenait pas à l’utiliser correctement ? Il avait fallu un long moment pour apprendre à marcher à nouveau, à monter des escaliers, à se déplacer normalement. Et s’il fallait plusieurs semaines encore pour simplement évoluer aux trois allures sur le dos d’un cheval. Et si elle ne parvenait plus à sauter, à dresser comme avant ? La panique l’emparait, mais le regard si doux du gentil géant gris la rassurait beaucoup. Ses yeux emplis de tendresse suffisaient à l’envelopper d’un voile de sécurité réconfortant. Il semblait lui dire « tout vas bien se passer, tu verras. » et quelque part, elle avait envie d’y croire. En attendant, son oncle l’attendait déjà, et elle ne pouvait de toute façon plus reculer. Elle passa donc les rênes par-dessus la tête, prête à emmener le shire jusqu’à leur destin.

Empoignant sa bombe qu’elle avait gardé dans un coin, elle l’enfonçait sur sa tête, l’attachant d’une main habile avant de guider le trait à l’extérieur de son box. Sage comme une image, Taegen suivait sa nouvelle propriétaire sans faire d’histoires, s’extrayant du box afin de traverser l’écurie en direction de la carrière sans remarquer le stress donc April était victime. Lorsque la porte de l’installation se referma derrière eux, l’angoisse d’April se mit à grimper, mais c’était une angoisse mêlée d’excitation. Elle tâchait tout de même de faire bonne figure, passant les rênes par-dessus les oreilles du gris avant d’entreprendre de le ressangler. Se laissant faire docilement, il était particulièrement immobile, attendant que l’on s’installe en selle. Cela soulageait quelque peu April, qui allait pouvoir se servir de cette prothèse à double usage pour la première fois. L’idée de la mettre en pratique, c’était exaltant en fin de compte. Fallait-il encore que les choses se déroulent comme elle l’espérait, c’est-à-dire bien. Le moment était de toute façon venu de sauter le pas, elle prit donc une grande inspiration et enfouit son pied dans l’étrier pour s’installer en selle. Ce n’est que lorsque les deux pieds furent dans les étriers qu’elle expira enfin. Perchée sur le dos de cet immense cheval, elle se sentait d’ailleurs vraiment bizarre. Une part d’elle avait l’impression d’être à nouveau à sa place, l’autre était terrifiée à l’idée que, suite à la perte de sa jambe, ce qu’elle aimait le plus au monde ne serait plus jamais pareil. Il n’y avait qu’une seule façon de le savoir, et c’était bien de tenter le coup de toute façon. Elle ne voulait pas rester sur des suppositions.

Ajustant ses rênes, elle fermait les yeux, savourant la simple sensation d’être assise sur le dos d’un cheval. Soudain, la voix de son oncle lui parvient, l’encourageant tout en posant une main sur l’encolure du géant gris. « Prends ton temps, on va à ton rythme. » La brune était particulièrement reconnaissante, et tout en jouant avec les crins du shire, elle souffla « Je pense que je suis prête. » Elle pressa alors les flancs de Taegen, enfin surtout le flanc droit, et sans broncher, le shire se lança à l’allure demandée. Son rythme était calme, détendu, tout bonnement hermétique aux ressentis de la jeune fille sur son dos. Au moins, l’un des deux était confiant, c’était un bon début. Soulagée, elle le remerciait intérieurement d’être un si brave cheval, et de lui permettre de sentir à nouveau les sensations qui lui avaient tant manqué. Elle aurait tout le temps d’apprendre à utiliser sa prothèse à nouveau. Après tout, elle n’avait que 19 ans et une vie devant elle. De plus, qui sait ce que cette nouvelle situation, et son nouveau partenaire, lui offriraient comme expériences ? Rien n’était perdu, et plus le gris évoluait sur la piste, plus elle en était certaine et reprenait en assurance. Elle se redressait à nouveau, le montant bien droit, décidée à faire face à son avenir et le regard empli de fierté de son oncle, Louis, lui faisaient entièrement plaisir. Il avait d’ailleurs dégainé son téléphone dans le but de partager l’évènement avec ses parents qui avaient eux aussi attendu ce moment avec impatience. Soudain, un sourire se dessina sur ses lèvres, elle se sentait vivre pour de vrai à nouveau.

De nombreux tours de pas plus tard, April se décida, déjà plus confiante, revigorée, elle se tournait vers son oncle avec beaucoup d’enthousiasme « Tu penses que je pourrais trotter ? » Il n’eut pas à réfléchir longtemps avant de rétorquer « Si tu le sens, vas-y championne. Tu peux même galoper, si tu t’en crois capable ». Alors elle lança son partenaire à l’allure supérieure. Son trot était bourru, et maîtrisant mal sa prothèse, elle évoluait au trot assis. Heureusement pour elle, son assiette n’avait pas disparu durant sa convalescence et si elle encaissait quelques rebonds sous l’allure particulièrement lourde de Taegen, rien de quoi la mettre au sol. Elle tenta bien de trotter enlever, mais pour le moment elle n’en était pas capable. Il lui faudrait sans doute quelques séances avant de contrôler plus ou moins correctement sa jambe métallique. Mais ce n’était pas important, pour le moment, elle trottait et une demi-heure auparavant, elle l’aurait pensé impossible. Le géant gris avait un effet sécurisant malgré sa haute taille, et décidément, il l’aidait beaucoup. Elle le repassait au pas, plus pour souffler elle-même que pour le laisser se reposer. Après tout, le shire semblait ne pas vraiment être fatigué de balader sa cavalière qui, en comparaison de poids, paraissait une plume. Le remerciant d’une caresse et d’un baisé déposé sur l’encolure, elle l’envoyait au trot à l’autre main. Pour l’instant, difficile de faire plus que des transitions, elle ne maîtrisait pas assez sa prothèse pour demander de vraies actions, et sans doute, si elle décidait de reprendre le travail, n’aurait d’autres choix que de s’équiper d’un stick, mais pour l’instant, ce n’était pas ce qui primait. Si elle pouvait marcher, trotter et galoper, c’était déjà bien.

Avant de descendre, l’idée de galoper la prit de nouveau. Son oncle lui avait dit que si elle s’en sentait capable, alors elle pourrait. Était-ce une bonne idée ? Elle se sentait assez en sécurité pour le faire, alors elle le lança, le poussant avec le bassin en pressant ses flancs. Le départ ne fut pas très gracieux, Taegen tombant plus dans l’allure que se propulsant réellement, mais elle galopait. Elle cirait la selle, s’aidant de sa jambe valide pour conserver son équilibre en tentant d’amadouer sa jambe bionique, si on pouvait l’appeler ainsi. Elle ne fit que quelques foulées à chaque main, mais c’était un moment délicieux qu’elle savourait pleinement. Seulement, mieux valait ne pas trop pousser le plaisir et elle décida de s’arrêter là-dessus. Ramenant peu à peu le géant gris à l’arrêt, elle le félicitait, l’encerclant de ses bras pour lui faire un énorme câlin. Elle ne cessait de lui répéter « Merci, merci. » Qui sait, avec un autre cheval, peut-être les choses se seraient passées différemment. Mais il avait pris soin d’elle autant qu’il pouvait, et il avait été si doux et généreux, elle ne savait comment le remercier. Ni comment remercier son oncle qui lui avait fait rencontrer ce cheval en or. En attendant, il était temps de descendre, et cette étape fut la plus dure et ridicule qu’elle ait vécu. Elle déchaussa ses étiers, passa sa prothèse par-dessus la croupe et se laissa tomber au sol. Seulement le genou plia tout seul et elle se retrouva à quatre pattes à côté de Taegen qui baissa la tête, se questionnant sur ce qui venait de se passer. Alors que son oncle accourait, l’adolescente se mit finalement à éclater de rire. « Décidément, j’ai besoin d’un peu d’entraînement ». Et sur cet éclat de rire elle se releva pour guider le shire jusqu’à son box. Il était temps de prendre soin de lui, et de chercher une solution pour descendre sans se casser la figure.

résumé #06

Si Amel avait toujours eu pour ambition de faire des compétitions d’endurances, la présence de Mango dans sa troupe lui offrait la possibilité de faire quelques compétitions de sauts d’obstacle. Ce projet lui tenait beaucoup à cœur, et pourtant, il y avait encore énormément de travail avant que le bai ne soit apte à fouler ses premiers terrains de concours. Le couple travaillait beaucoup sur les différents profils d’obstacles, afin de rendre banales les rivières, sous-bassement et barres colorées qui pouvaient rendre fébrile un cheval un peu sur l’œil ou vert dans le travail. Et c’était une notion particulièrement importante, il ne fallait pas en oublier la technique, qui était primordiale. Elle l’avait assez négligée ces derniers temps et avait décidé de s’y remettre auprès de Mango. Cela lui ferait du bien, lui qui avait passé de nombreuses séances à faire face à de terrifiants bidets jusqu’à ce qu’il les considère comme un élément du décor et non pas un démon prêt à le manger s’il s’approchait de trop. Beaucoup plus soft, la séance du jour porterait sur une petite ligne de gymnastique, rien de très méchant en soit, mais qui permettrait de mécaniser un peu Mango et de le rendre un peu plus autonome. Ainsi, comme à son habitude, c’est de bonne humeur qu’elle allait récupérer son partenaire dans son pré, l’enlevant à ses copains contre leur volonté pour l’emmener dans l’écurie où elle prenait le temps de bien le panser avant de le seller, n’oubliant pas une paire de guêtres et de protège boulets sur ses membres. Le pur-sang arabe et sa cavalière équipés, le couple rejoignait alors la carrière où la séance aurait lieu.

En pénétrant dans la carrière, le regard de l’étalon se braquait aussitôt sur les petits obstacles montés au préalable. Il avait visiblement bien compris ce qu’il allait faire aujourd’hui et ça ne paraissait pas du tout le contrarier. Un petit sourire aux lèvres, Amel lui caressais l’épaule, s’il était motivé, la séance s’annonçait déjà plus agréable pour tout le monde. Comme avant chaque séance, elle prenait le temps d’étirer ses antérieurs avant de ressangler de quelques trous. Une fois fait, elle plaçait alors son pied dans l’étrier, sautillant un peu afin de se donner l’élan nécessaire pour s’installer dans sa selle, restant quelques secondes en suspension afin de s’asseoir le plus délicatement possible sur le dos de son partenaire. Dans sa selle d’obstacle, les étriers étaient déjà réglés courts, lui évitant une manœuvre supplémentaire, elle ne s’embêtait donc pas et invitait le pur-sang arabe à s’installer au pas sur la piste. Vivant au pré, il n’y avait pas besoin de prendre un long moment pour qu’il puisse échauffer ses muscles, elle n’attendait donc pas longtemps avant de commencer quelques exercices. Sachant qu’ils allaient sauter et ne voulant pas blaser son cheval, Amel lui demandait principalement des transitions dans les allures. Mango semblait avoir bien compris le principe et ajustait sa foulée sans trop de peine, bien que rassembler lui paraissait bien plus dur qu’allonger étant donné l’énergie qu’il avait. D’abord au pas puis au trot, le couple enchaînait, coupant avec quelques figures de manèges. Bon élève, le bai s’impliquait dans l’exercice, de quoi satisfaire sa propriétaire qui décidait d’achever leur détente par un peu de galop. Tout content, le pur-sang arabe s’élançait avec plaisir, mais ne se braqua pas au moment de revenir au trot, de quoi obtenir quelques caresses avant de se lancer dans le vif du sujet.

Approchant des différents obstacles, Amel commençait par rejoindre un petit vertical isolé, pas plus haut que soixante centimètres, mais largement suffisant pour se mettre en jambes. Une fois bien présentée au bai, elle décrivait une boucle pour le guider bien droit. Adoptant le galop rapidement, Mango poussait sur ses postérieurs, marquant une petite marge non-nécessaire, qu’il apprendrait bien vite à diminuer afin de s’adapter à l’obstacle. Sauter trop haut fatiguait inutilement les chevaux, et c’était bien souvent à force de répétition qu’ils apprenaient à ne pas faire un effort inutile. Néanmoins, il était bien arrivé de l’autre côté, ce qui méritait bien entendu quelques caresses qu’il semblait apprécier. Le repassant au trot puis au pas, elle le laissait marcher un peu avant de le relancer au galop pour venir sauter de nouveau cet obstacle. Ils le franchirent au total deux fois à chaque main, un effort pas si terrible mais nécessaire avant d’attaquer la petite ligne qu’ils allaient sauter. Avant de s’y frotter, elle rendit les rênes au pur-sang arabe, prenant soin de le laisser souffler un temps. Mango n’y voyait pas d’inconvénient, mais remontait en pression dès qu’ils s’approchaient trop près d’un saut. Elle profita d’ailleurs de ce moment de pause pour guider le bai jusqu’à la petite ligne formée de trois croisillons. Afin que Mango ne se fasse pas surprendre, elle prenait soin de lui montrer chaque obstacle, s’arrêtant à proximité pour bien lui laisser le temps de voir. Loin des dispositifs voyants qu’il avait affrontés durant les précédentes séances, il y avait peu de chances qu’il ne se fasse pas peur là-dessus. Elle décida donc de se mettre sur la ligne de départ, prête à commencer l’exercice.

Prenant son temps, elle plaçait sa monture bien droite face à la ligne avant de l’inciter à prendre le galop. Dès que la demande fut formulée, Mango s’élança sur le premier obstacle. Prenant son élan, il poussait sur ses postérieurs pour passer par-dessus le premier obstacle. Encadrant son cheval avec ses mains et ses jambes qui formaient un couloir, Amel le guidait bien au centre, le laissait réaliser sa foulée puis accompagnait son second saut. Il se réceptionna un peu trop loin du croisillon et eu quelques peines à prendre un appel correct sur le dernier obstacle, mais rien de très catastrophique. Elle le félicita d’une caresse, le gardant droit derrière le saut avant de l’autoriser à reprendre le trot en soufflant. Après quelques secondes, le couple repartait sur le dispositif, et cette fois-ci, Mango fit plus attention à son saut, de sorte à ce qu’il puisse franchir la ligne sans se mettre en difficulté comme il l’avait fait précédemment. L’avantage de cette ligne de croisillon, c’était bien qu’elle pouvait se réaliser aux deux mains, et c’est ce qu’ils firent. Suivant la direction imposée par sa propriétaire, Mango s’en sortait sans trop de peine. Si bien qu’après plusieurs passages, elle décida de le laisser se gérer tout seul, se contentant d’accompagner le mouvement. Seulement ce ne fut pas aussi facile. Arrivant à main droite, le pur-sang arabe visait correctement le centre du premier croisillon, puis se déporta peu à peu sur la droite, de sorte à ce que le second soit sauté légèrement de côté, quant au dernier saut, il fut chaotique, visant le point le plus haut de la barre, Mango fut obligé de fournir un effort assez fort et manqua de trébucher en se réceptionnant.

Dès les prochains passages, Amel décida de reprendre le contrôle de la direction, l’encadrant toujours pour viser le milieu de chaque croisillon, aligné parfaitement, tandis qu’elle laissait à Mango le choix de l’allure. Il finirait par apprendre avec l’expérience qu’il était plus intéressant pour lui de viser le centre des croisillons, mais pour le moment mieux valait que sa cavalière gère la direction au sein de la ligne. Si les débuts étaient imparfaits, les derniers passages étaient néanmoins très bien, même si imparfaits au vu de son inexpérience. Un bref coup d’œil sur sa montre confirma à la jeune femme que cela faisait déjà une trentaine de minutes que la séance avait commencé, et vu les précédents passages, ils pouvaient s’arrêter là-dessus. Elle ramena alors le bai au pas, lui rendant les rênes en le caressant. Il avait bien travaillé, et même si la technique était à revoir, ils avaient encore du temps devant eux. En-tout-cas, ça avait un excellent début, inutile de le blaser de ce genre d’exercice. Elle le laissa alors divaguer dans toute la carrière pendant quelques minutes avant de l’immobiliser pour de bons, mettant pied à l’étrier et dessanglant d’un trou. Il était grand temps de le ramener à ses copains après avoir obtenu un pansage bien mérité.

résumé #07

Lors de la dernière séance d’obstacle que le couple avait réalisé ensemble, l’étalon avait commencé à apprendre petit à petit à se gérer tout seul. L’expérience avait été particulièrement intéressante pour le couple, bien que loin de la perfection, et Amel était bien déterminée à remettre le couvert avec Mango. De plus, elle était intimement persuadée que cette séance plairait au pur-sang arabe qui montrait un véritable plaisir à sauter, et ce, malgré son manque criant d’expérience. On ressentait très bien chez lui une réelle envie d’apprendre et de s’améliorer, c’était par conséquent, très agréable pour sa propriétaire de travailler avec lui dans ce sens-là. Elle avait donc monté dans la carrière un petit dispositif sur lequel ils allaient pouvoir travailler avant d’aller le chercher dans son pré. Occupé à brouter aux côtés de Quidam, il avait mis un petit moment à se détourner de son herbe pour venir à la rencontre de sa propriétaire, très rapidement suivi de son cadet. Prenant le temps de saluer correctement ses deux garçons, elle n’avait néanmoins pas mis très longtemps avant d’enfiler son licol à Mango pour le ramener jusqu’à l’écurie où un bon pansage l’attendait. Il fallait l’admettre, tenir immobile le pur-sang arabe n’était pas toujours évident, mais une fois propre, sa propriétaire avait pu le seller en vitesse avant de l’emmener dans la carrière où il pourrait enfin mettre son énergie débordante à bon escient.

En voyant le dispositif installé dans la carrière, Mango s’excitait déjà, faisant preuve d’impatience lorsque sa propriétaire lui intimait l’arrêt le temps de ressangler et de se mettre en selle. Malgré tout, le pur-sang arabe était loin d’être un cheval méchant ou désagréable, et prit sur lui tandis qu’Amel ressanglait de quelques trous avant de se hisser sur son dos. Le récompensant d’une caresse, elle ajustait alors ses rênes, l’invitant à prendre le pas sans plus tarder. Bien content, le bai adoptait une allure énergique qui lui était familière. S’il n’était pas du genre à prendre la main, il avait tout de même une foulée ample et rapide, si bien qu’il pouvait déconcerter les quelques débutants qu’il pourrait rencontrer dans sa vie, mais en ce qui concernait sa propriétaire, ce n’était rien de dramatique, et on s’y faisait vite. Pendant un instant ils se contentèrent de marcher large, puis, lorsque la Turque le décida, ils entamèrent le vif de leur détente, composée essentiellement de transition dans l’allure et entre les allures. Au pas et au trot dans un premier temps, Mango s’en sortait comme un pro. Il avait bien compris le but du jeu à présent et se révélait très agréable, ce qui était de bonne augure pour le moment où ils rentreraient un peu plus dans le travail sur le plat. En attendant, il était irréprochable, et c’est de bonne humeur que le couple acheva sa détente avec un peu de galop à chaque main, de quoi faire plaisir à Mango qui n’était jamais contre l’idée d’aller à la vitesse supérieure.

Pour aujourd’hui, il s’agissait d’une petite ligne de gymnastique idéale pour les jeunes chevaux ainsi que ceux qui étaient verts dans le travail. Il s’agissait d’une sorte de triple arrangé qu’Amel avait trouvée sur un site internet proposant une multitude d’exercices qu’elle affectionnait particulièrement. Cette ligne comportait à la fois un saut de puce en forme de croix, un vertical et un oxer comportant une croix en premier plan, de quoi varier les profils ! Les barres au sol qu’elle avait installé au milieu aidaient également à régulariser l’amplitude et la cadence entre chaque obstacle et amélioraient la frappe, aidant le cheval à se mécaniser. Impatiente d’essayer l’exercice en temps réel, elle approchait Mango, le laissant bien voir la ligne avant de se décider à l’y emmener. Plaçant ses aides, elle lançait le pur-sang arabe dans un galop de travail correct, retenant ses ardeurs au moment de rentrer dans la ligne. Motivé, le bai franchissait une première barre au sol, rapidement suivi de deux croisillons espacés de trois mètres. Se gérant presque tout seul, il franchissait une nouvelle barre au sol avant de se propulser par-dessus le vertical, une nouvelle barre au sol puis le fameux oxer agrémenté d’un croisillon, permettant à Mango de se repérer et de sauter au milieu. Son expérience chaotique de la dernière fois lui avait bien appris une chose : viser le centre était plus avantageux, et c’était bien ce qu’il fit. Si bien qu’au final, sans avoir vraiment été guidé, Mango s’en sortait sans trop de peine.

Aussitôt félicité, le couple revenait rapidement sur le dispositif. Après un passage assez guidé, Amel laissait le pur-sang arabe se gérer tout seul dans la ligne, quitte à jouer les cavaliers clandestins. Il était seul maître de la trajectoire, et conformément aux conseils annoncés, la présence de croisillon devant l’oxer était d’une précieuse aide pour Mango. Il visait mieux le centre et bien qu’il déviât toujours un peu sur la droite, se ressaisissait rapidement pour regagner le centre du dernier obstacle. La hauteur n’était pas au rendez-vous, mais ce n’était pas là le but de l’exercice. C’était d’ailleurs très satisfaisait pour Amel de commencer à voir les progrès de son partenaire, qui après une multitude de séances à l’obstacle, commençait vraiment à montrer une évolution. Si bien qu’après une vingtaine de minutes, elle décida de s’arrêter là-dessus. Après tout, il avait bien travaillé, pourquoi lui en demander de plus ? Elle réalisa donc un dernier passage avant de le ramener au trot puis au pas, lui rendant les rênes pour le laisser redescendre en pression. Après une si bonne séance, il allait avoir droit à une bonne pause à l’obstacle. La prochaine fois, elle se promettait de l’emmener en balade, de quoi souffler et prendre un peu de bon temps sans objectif.

résumé #11

→ mot bonus événement #35 : bonbon

Frappant le sol de son antérieur, l’étalon bai s’impatientait, plantant ses yeux bleus dans ceux de son propriétaire qui s’amusait de la situation plus qu’il n’en était contrarié. Attaché correctement entre les deux poteaux d’attaches, Gucci Gang semblait presque exiger que l’on se dépêche de le préparer. De sa condition de cheval, il n’était pas réellement maître de la situation bien sûr, mais rouspéter lui donnait l’illusion de contrôler son propriétaire. Celui-ci roulait des yeux, approchant le tapis du dos de l’animal. Il déposait l’équipement vert sapin avec délicatesse, ajoutant bientôt un amortisseur à la couleur assorti. Il prenait le temps de s’assurer que tout était correctement positionné avant d’empoigner sa selle d’obstacle châtaigne. Dansant d’un pied à l’autre, le KWPN ne facilitait pas la tâche de l’allemand, qui pourtant ne prêtait que peu d’attention à ses humeurs. Il se contentait de dégarotter, comme il le faisait toujours machinalement, avant de sangler de quelques trous. S’immobilisant soudain, Gucci tournait sa tête, observant avec ses yeux bleus glaces la sangle se serrer. Il aurait bien donné un coup de nez provocateur au brun, mais les longe qui le maintenaient attaché au centre des deux poteaux l’en empêchait, contribuant à entretenir sa mauvaise humeur du jour. Nul ne savait vraiment pourquoi il était exécrable aujourd’hui, pas même lui à vrai dire. Levé du mauvais pied, il était déterminé à le faire comprendre à tous ceux qui l’approcheraient, autant humains que chevaux. Cherubin avait été le premier à en faire les frais, essuyant un coup de dent bien senti sur la croupe lorsqu’il était passé devant son box.

Le moment de le brider ne tarda plus, et bien qu’il tentât de s’échapper, le licol se referma sur son encolure trop vite, et il buta dessus en s’élançant. Surpris, il manqua même de se déséquilibrer, son postérieur s’affaissant sous lui, et il dut produire un effort pour se remettre correctement sur ses quatre membres. Contrarié, ses oreilles se reculèrent, et il leva la tête pour esquiver les rênes qu’on passait par-dessus son crâne. Inutile d’échapper au mors, Tedrick attrapait déjà sa tête qu’il collait contre son torse, l’incitant à ouvrir la bouche en chatouillant sa commissure des lèvres. Cessant un instant de se défendre, Gucci Gang décida d’autoriser son cavalier à mettre le filet autour de sa tête. De là, il put attacher la sous-gorge, la muserolle ainsi que le noseband avant d’enfiler sa bombe et de le détacher, le guidant en direction de la carrière où la séance de travail prendrait vie. Tractant son cavalier, le KWPN forçait le brun à accélérer la cadence, ne s’immobilisant qu’une fois la piste sablonneuse atteinte. Le brun poussa un profond soupir avant de prendre place face au bai. Il attrapa donc un à un les antérieurs du bai qu’il entreprit d’étirer. Connaissant la manœuvre, Gucci Gang se laissa faire, d’un côté puis de l’autre, avant de voir la sangle se serrer de deux trous supplémentaires. Il ne tenta pas de gonfler le ventre, permettant à son propriétaire d’achever sa tâche rapidement, suite à quoi le couple pu se diriger vers le montoir en bois. Tedrick s’en servait toujours afin d’éviter un maximum de tirer sur le dos de ses chevaux, et de préserver leur colonne le plus possible.

Aigri, car il l’était en ce moment, le bai décida de prendre le pas de son propre chef. Les rênes encore pendantes, l’homme se dépêchait de remonter sur ses rênes afin de lui imposer l’arrêt. Contrarié, le KWPN jeta la tête dans les airs en signe de protestation, et recula de quelques pas. Ce n’est qu’une fois l’arrêt complet obtenu qu’on lui autorisa à reprendre le pas. Aussitôt, il s’exécuta, mastiquant bruyamment son mors en faisant preuve d’une mauvaise fois palpable. Sa majesté n’avait aucune envie de faire le moindre effort pour que la séance se déroule dans la bonne humeur, et il se mit à divaguer dans la carrière en songeant à son prochain coup. Seulement Tedrick était tout aussi malin, et rapidement, lui demanda un tas d’exercices de transitions et d’assouplissements afin de lui permettre de réfléchir le moins possible. Cette technique fonctionna puisque le bai cessa pour un temps de faire le difficile. Ainsi, d’abord au pas pus au trot, le couple enchaînait les transitions dans et entre les allures et assouplissements latéraux, d’une part pour le préparer à la séance, et de l’autre pour le tenir occupé le plus possible. Après tout, à la moindre ouverture, le bai se ferait un plaisir de faire comprendre à son cavalier qu’il n’était pas d’excellente humeur. Seulement, avant de sauter, lorsqu’ils eurent suffisamment évolué au pas et au trot, il fallait bien franchir l’étape du galop. Tedrick redoutait ce moment, et c’est donc en se méfiant qu’il lui demanda de s’élancer. Bien entendu, Gucci tâcha d’en profiter, et s’élança à toute vitesse droit devant lui, tentant d’éjecter le brun à la moindre occasion, en vain.

Après une lutte de plusieurs minutes, et parvenant finalement à le ramener au trot, l’étalon comme son cavalier étaient couverts d’une légère couche de sueur. L’effort avait été difficile, pas dans les exercices certes, mais dans la tentative de domination de l’autre. Ce n’était pas habituel chez le bai de se montrer si réfractaire, et si cela perturbait un peu le brun, il faisait de son mieux pour garder son calme et se concentrer sur l’exercice à venir. Les attentes de Tedrick étaient relativement simples, mais avec un cheval d’une humeur aussi massacrante, la chose promettait d’être sportive. Tâchant de conserver sa motivation, Tedrick guidait le KWPN en direction du dispositif au centre de la piste. Deux verticaux d’environ quatre-vingts centimètres se dressaient, espacés de plusieurs mètres, permettant à l’entier de réaliser cinq foulées naturellement. Dès l’approche des obstacles, le bai montait déjà en pression, trottant sur place et n’attendant que de s’élancer vers le couple de verticaux. D’ailleurs, à peine eut-il l’autorisation de galoper que Gucci Gang se précipitait déjà sur les sauts. Il vola une foulée et en réalisa quatre avant de se jeter sur le second vertical, qui par chance ne fut pas déstabilisé par le bond précipité de l’équidé. Il fonçait tête baissée sans même réfléchir, si bien que Tedrick jugea qu’il était inutile de travailler le retrait d’une foulée dans la ligne. En revanche, ajouter une foulée allait s’annoncer périlleux, mais rien qui ne puisse faire froid aux yeux de l’allemand, bien préparé à relever toutes les difficultés que le tempérament du jour de son partenaire lui poserait.

S’il était obstiné, Tedrick était loin d’être fou. Après plusieurs tentatives, faisant de son mieux pour contenir la bête furieuse sous sa selle, le brun devait avouer l’évidence, il ne parviendrait pas à ses fins aujourd’hui avec Gucci Gang. Il était trop pressé, trop coléreux pour lui permettre la moindre marge de manœuvre, il fallait donc abandonner l’idée de travailler les contrats de foulées ce jour-là. Mais rien ne disait qu’ils ne pourraient pas sauter. Profitant que son apprentie soit dans les environs, il lui intimait de retirer le second vertical, ne laissant qu’un seul obstacle perdu au beau milieu de la carrière. Dès qu’il eut le signal de départ, le KWPN se précipita droit sur le saut, et ne feinta pas l’étonnement lorsque son cavalier lui imposa un arrêt face à l’obstacle. Surpris, il pila net face à l’incohérence des demandes. On lui demandait de venir sauter, et finalement de s’arrêter. Le couple réalisa donc trois pas de reculer, décrivit une boucle et revient vers l’obstacle. Ils firent cet exercice de manière répété, mais stratégique. Lorsque l’entier se laissait aller à ses émotions, Tedrick lui ordonnait l’immobilité, mais lorsqu’il abordait plus ou moins calmement le vertical, il lui permettait de sauter, ni plus ni moins. L’exercice pouvait paraître surprenant au début, mais l’idée était simple : faire comprendre à Gucci qu’il ne sauterait que s’il approchait l’obstacle dans de bonnes conditions. Et loin d’être bête, le bai compris bien vite le but du jeu, si bien que le couple pu réaliser trois passages sans s’arrêter par faute d’un trop-plein d’envie de passer de l’autre côté.

En plus d’achever leur séance sur une bonne note, Gucci Gang avait semblé oublier ce qui l’avait mis de mauvaise humeur plus tôt dans la matinée. Fatiguée par l’effort fourni, mais toujours empli de la fierté dont il était pétri, il avançait au pas dans toute la piste, reprenant son souffle petit à petit. Lui tapotant l’encolure, son propriétaire lui rendait les rênes peu à peu, l’invitant à étirer son encolure vers le bas, ce que le bai ne manqua d’ailleurs pas de faire, tirant gentiment sur sa ligne de dos. Il ne sembla d’ailleurs pas dérangé lorsqu’on lui demanda de s’immobiliser pour la dernière fois au centre de la piste, permettant à son cavalier de se laisser glisser au sol. Les deux pieds dans le sable, il en profitait pour détacher le noseband, la muserolle et dessangler sa monture de quelques trous dans l’idée de le ramener en direction de l’aire de préparation. Pour le féliciter de son retour au professionnalisme malgré des débuts difficiles, il lui offrit même un bonbon, que le KWPN prenait comme une offrande qui lui revenait de droit, mais qu’il apprécia néanmoins. Avec un peu de chance, la prochaine séance commencerait aussi bien que celle-ci s’était terminée.

résumé #01

Dans un soupir, Tedrick remontait la fermeture éclair de sa doudoune jusqu’en haut. Correctement emmitouflé, il était prêt à affronter le froid qui était tombé sur le domaine. Plus possible de nier que le mois de novembre touchait à sa fin. Si les températures étaient restées clémentes pendant un temps, ce n’était plus du tout le cas à présent. Pourtant, ce n’était pas ça qui allait empêcher l’allemand de se mettre en selle, d’autant plus qu’il avait une charge de travail conséquente en ce moment. Il avait son piquet à entretenir, Hello Sunhine et Cherubin à former, sans parler des chevaux du domaine qu’il avait proposé à la vente. Ce n’était pas évident, mais il ne pouvait décidément pas garder tout le monde et cette rentrée d’argent lui ferait du bien. Quoi qu’il en soit, il ne pouvait pas fuir ses responsabilités. Ainsi, pendant que le dunalino terminait de se faire préparer par sa groom, son cavalier enfilait sa bombe, ses gants et le retrouvait dans l’aire de préparation. Ayant été tondu au préalable, il déposait un couvre-reins sur la croupe claire de son cheval avant de prendre les rênes, remerciant Austin d’un signe de tête avant de guider le jeune cheval en direction de la carrière où il prévoyait de travailler. Bien réveillé ce matin-là, c’était avec entrain que le selle français suivait son propriétaire, acceptant de s’immobiliser presque à contre-cœur au centre de la carrière. Le temps de serrer la sangle de quelques trous et le brun glissait finalement son pied dans l’étrier, se hissant en selle d’un bond.

Ajustant ses rênes, l’allemand ne perdait pas beaucoup de temps, pressant les flancs de son partenaire pour l’inciter à prendre le pas. Se mettant en route, Hello Sunshine divaguait dans l’installation dans une allure énergique. Comment pouvait-il déjà être d’attaque ? Tedrick l’ignorait, et dans un bâillement, se décida à raccourcir légèrement ses rênes en demandant du contact. Pour le moment, le dunalino était encore en apprentissage de la mise sur la main, et ce n’était pas ce que son cavalier souhaitait travailler aujourd’hui. Il le félicita tout de même d’une caresse sur l’épaule et, une fois qu’il fut certain que son cheval avait pu correctement mettre ses muscles en route, lui proposa de prendre le trot. Le concerné ne se fit pas prier, s’élançant avec enthousiasme sur la piste. Décidément insensible au froid, il suivait la piste de bon cœur, remettant tout de même son cavalier en place lorsque celui-ci faisait une erreur de main. Encore jeune et déjà exigeant, le jeune homme ne pouvait s’empêcher de penser qu’une fois arriver à maturité, il serait un sacré spécimen. Il ne pouvait de toute façon pas lui en vouloir, il fallait être beaucoup plus exigeant envers soi-même lorsque l’on montait un jeune cheval, ceux-ci ne pardonnant aucune erreur. Il se reconcentrait donc, et fit bien attention à ne plus brusquer la bouche ou les flancs de son protégé avant de terminer leur détente par un peu de galop. Hello Sunshine n’eut pas besoin qu’on lui dise deux fois, s’installant dans un galop rapide que Tedrick eut d’ailleurs quelques difficultés à reprendre.

De retour au trot puis au pas, le brun accordait un petit moment de calme à sa monture, le laissant marcher rênes longues en le caressant. Il remonta ensuite sur ses rênes, se mettant gentiment en place sur la piste pour un peu d’assouplissement. L’exercice du jour faisait désormais partie des classiques de l’étalon puisqu’il s’agissait d’un huit de chiffre. Cela permettrait, en plus de l’assouplir, de revoir l’incurvation. Ainsi, il le plaça sur un large cercle de vingt mètres, jambe intérieure à la sangle, jambe extérieure reculée pour l’inciter à s’incurver sur son cercle. Mastiquant son mors, Hello Sunshine se plia à la volonté de son cavalier, et même si ses postérieurs fuyaient par moment vers l’extérieur du cercle, le premier rond fut un succès. Il ne fallait pas oublier qu’il était encore jeune après tout, et qu’il avait le temps de se perfectionner. Entre les deux boucles, Tedrick lui permettait de se redresser avant d’alterner ses aides pour l’incurver à l’autre main sur le cercle. De bonnes volontés ce matin, le dunalino se montrait bon élève, et tant que son cavalier se montrait présent, décidé et précis, alors il se donnait dans ce qu’il faisait. Et comme beaucoup de jeunes, il attendait de son cavalier que celui-ci ait des yeux partout. Un moment d’inattention et les hanches ou les épaules fuyaient, quand ce n’était pas la tête qui s’orientait de l’autre côté pour observer le passage d’un cheval qui se rendait au marcheur. Et Tedrick ne l’oubliait d’ailleurs pas, de toute façon, Hello Sunshine ne lui en laissait pas l’occasion.

Laissant quelques moments de répits à son partenaire, le couple réalisait une dizaine de passage à chaque main, si bien qu’après une trentaine de minutes de détente comprise, la séance pouvait s’arrêter ici. Ne voulant pas pousser la séance plus longtemps que nécessaire, Tedrick le ramena sur la piste. Lui rendant les rênes, il le laissait marcher dans tout l’espace, lui permettant par la même occasion d’adopter la posture qu’il souhaitait. Tout naturellement, il étendit son encolure, rapidement récompensé de son initiative par une parole encourageante et une caresse. Le temps de revenir au calme, l’allemand incita son cheval à s’immobiliser au centre de la piste. Dès lors, il mit pied à terre, desserrant de quelques trous la sangle pour finalement le ramener vers l’aire de préparation. Ainsi, il le dessella et lui accorda un bon pansage avant de lui offrir une friandise largement méritée et de le rentrer dans son box. Une chose était sûre, il était en progrès constant, et avec un peu de chance, il serait bientôt prêt pour ses premiers sauts montés.

résumé #19

Si la pluie s’était arrêtée, le froid était retombé sur le domaine. Les températures frisaient les 0 degrés et bien qu’il aurait aimé rester au chaud, Tedrick n’avait d’autres choix que d’aller travailler son piquet. La première à passer sous sa selle n’était autre que Beetle Juice, et le brun s’attendait à tout, mais surtout au pire. Déjà dans l’aire de préparation, elle s’agitait comme un démon. Il avait suffi qu’elle voie l’équipement pour comprendre tout de suite ce qui allait l’attendre, et décidément, l’idée de travailler ne lui plaisait pas. Certes, la séance de longe n’avait pas promis une journée pleine de tranquillité, mais tout de même ! Pour commencer, il avait déposé un tapis vert sapin sur son dos, n’attendant pas pour y ajouter un amortisseur brun sombre et une selle de la même couleur. Bien que Beetle Juice gonflait le ventre pour éviter l’inévitable, un petit coup de genou suffit à la faire dégonfler et à permettre à son propriétaire de serrer la sangle de quelques trous. Il rajouta ensuite une paire de guêtres de dressages brunes avant de passer à la partie la plus difficile : le filet. Attachant le licol autour de son encolure, il fit glisser la tête par-dessus les oreilles de la concernée, lui présentant son mors qu’elle refusa en bloc. Il n’eut pas d’autres choix que de bloquer sa tête, l’incitant à prendre le mors en la forçant à ouvrir la bouche en chatouillant la commissure de ses lèvres. Dès qu’il aperçut une ouverture, il enfonça le Pelham dans sa bouche et plaça le filet sur sa tête. Sans attendre, il attacha sous-gorge, muserolle et noseband, achevant le travail en passant le toupet par-dessus le frontal. Il était grand temps d’aller la faire travailler à présent.

Le temps de visser sa bombe sur sa tête et d’enfiler ses gants, puis le couple prenait la direction de la carrière dans laquelle une bonne séance de plat aurait lieu. Contrariée, la grise fouettait l’air de la queue, se montrant agaçante à nouveau lorsqu’il fallut la ressangler. Autoritaire, Tedrick parvient tout de même à ses fins, l’emmenant finalement près du montoir afin de se mettre en selle. La tenir immobile fut toute une histoire, et à peine posa-t‘il ses fesses sur l’assise de la selle qu’elle se lança au petit trot. D’un coup sec sur les rênes, il la ramena à l’immobilité, ajusta ses rênes, puis l’autorisa finalement à prendre le pas. Mastiquant son mors, la grise boudait dans son coin, faisant de grandes enjambées dans le sable humide. Seulement, l’humidité s’était transformée en givre à cause du froid, et si ni la jument ni son cavalier ne le remarquèrent sur l’instant, le sol était devenu particulièrement glissant. Au pas dans tous les cas, il n’y avait pas grand risque, et ce n’est qu’après une dizaine de minutes que le couple commença sérieusement l’échauffement avec quelques exercices de transitions dans l’allure. Quand il s’agissait d’allonger la foulée, la grise répondait présente, mais dès qu’il lui demandait l’inverse, alors elle se fâchait sérieusement. La séance promettait d’être compliquée. À la moindre contrariété, elle levait les postérieurs, et les jeta même sérieusement dans le vide lorsqu’il la sollicitait un peu trop. Le pas ne fut donc pas une partie de plaisir, mais au moment de prendre le trot, les choses ne s’améliorèrent pas pour Tedrick. La KWPN n’en faisait qu’à sa tête, n’étant décidément pas prête à céder. Son cavalier en venait même à se demander s’il allait réussir à tirer quelque chose de sa jument.

Puisque la séance du jour devait traiter du contre-galop, Tedrick décida de la laisser prendre l’allure supérieure. Il se prépara en prenant une grande inspiration, plaça ses aides et lança sa monture. Les premières foulées, Beetle Juice paraissait étrangement…irréprochable ? Elle ne se braquait pas, gardait une allure adéquate, rien à déclarer. Ce n’est que lorsque l’allemand baissa sa garde qu’elle décida de bondir en l’air, fonçant droit devant elle, la tête entre les antérieurs et donnant de violents coups de dos pour l’envoyer au tapis. Seulement, le sable givré ne lui permit pas de garder le contrôle de sa trajectoire, et elle bascula vers l’avant brutalement. Essayant de se rattraper, Beetle Juice frappa une foulée dans le vide avant de retomber sur le flanc, projetant son cavalier à quelques mètres d’elle. Un peu sonné, Tedrick se releva après quelques secondes, tandis que la grise se redressa tout de suite avant de poursuivre sa cavalcade dans un grand trot relevé. Visiblement, elle ne s’était pas faite mal, malgré le sable qui collait à son flanc. Au moins, elle n’était pas blessée. La rattraper ne fut néanmoins pas une mince affaire, mais une fois bloquée dans le coin, elle ne pouvait plus échapper à son propriétaire qui, attrapant ses rênes, l’observa sous toutes les coutures pour s’assurer qu’elle n’avait aucune plaie ou blessure à signaler. Un soupir de soulagement s’échappa de ses lèvres en constatant qu’elle n’avait rien de plus que du sable collé à son poil. Alors, il remonta dessus, décidant de se contenter de quelques transitions dans l’allure au pas et au trot avant de s’arrêter là. Au moins, sa mésaventure avait calmé les ardeurs de la KWPN qui s’était montré beaucoup plus coopérative qu’en début de séance.

Ce n’est qu’après une petite dizaine de minutes qu’il la ramena au pas, laissant les rênes filer afin de lui permettre de prendre la posture qu’elle souhaitait. Bien que ce fût dû à une malencontreuse chute, elle s’était tout de même bien comportée durant la fin de la séance, et il décida de la récompenser pour ça. Lui flattant l’épaule, il lui demanda de s’immobiliser au centre de la piste, se laissant glisser à terre avant de dessangler de quelques trous et de détacher le noseband. Sans plus attendre, il la ramena alors jusque dans l’aire de préparation, attachant le licol autour de son encolure le temps de la desseller. L’équipement était humide et plein de sable, mais ce n’était pas la priorité du moment. Il retira ensuite le filet, lui permettant de remettre le licol correctement autour de sa tête avant de la décrasser et de lui offrir une friandise, plus ou moins méritée celle-ci. Laver les affaires ne serait pas une partie de plaisir, mais tant pis. Une fois propre, il la détacha alors, l’escortant dans l’écurie jusqu’à son box où elle allait enfin pouvoir se reposer et se remettre de ses émotions. Une chose était sûre, ils ne s’étaient pas ennuyés durant cette drôle séance. Bien sûr, il regrettait de ne pas s'être dirigé tout de suite dans le manège, mais ce qui était fait était fait. Le plus important était qu'elle allait bien, et lui aussi. En tout cas, il ne referait pas la même erreur deux fois!

→ évènement 36 : Les lutins sont coquins ! Ils ont apporté l’hiver, et avec lui le givre qui s’est installé dans la carrière, et en un rien de temps, vous et votre cheval vous retrouvez le nez dans le sable !