| Chevaux de Sherazade |

Papa, Hugo et moi sommes arrivés au Haras en cette fin d'après-midi de janvier. Le temps était plutôt froid et sec, assez propice à un entraînement de cross pour Step Hight. Même si je savais que ce ne serais pas la première fois pour lui, étant donné qu'il avait déjà fait plusieurs concours à un niveau élevé, j'avais quelques appréhensions. J’espérais qu'il ne ferait pas son beau et ne s'enchaînerait pas les bêtises en voyant cette étendue verte. Hugo s'en ai allé panser Step Hight qui s'est montré coopératif ( pour une fois ), puis la correctement harnaché et équipé de guêtres, de protège boulet et de cloches.

J'arrive alors terrain de cross, à côté de Step qui marche tranquillement avec Hugo sur le dos. Comme le terrain est loin, il a lui même décidé d'échauffer un peu l'étalon en route, le faisant marcher activement pour constituer une petite "pré-détente". Cependant, il n'a pas encore fini. Je me positionne à côté de mon père à un endroit stratégique du terrain, là où on pourra tout voir de la séance. Hugo comme à explorer un peu l'étendue d'herbe pour faire sentir les obstacles à l'alezan. C'est comme ça qu'il s'arrête devant une haie, et laisse Step Hight la sentir. Mais il reste impassible, ne faisant pas attention à l'obstacle, préférant tourner les oreilles dans tout les sens. Alors il se dirige vers un tronc d'arbre, mais même réaction. Il essaye de faire rentrer l'étalon dans l'eau, pour s'assurer qu'il n'en ai pas peur, et l'étalon s'exécute. Il accepte de traverser l'étendue d'eau sans rechigner et je vois Hugo le caresser affectueusement. Mon père me sourit tendrement, peut-être voulant m'indiquer que c'est déjà une bonne chose. Personnellement, je ne vois pas en quoi c'était un problème, Step Hight est vicieux, il n'a pas peur de l'eau. Hugo demande alors le trot à l'alezan et le place correctement afin de continuer la détente.

Il fait trotter mon cheval quelques minutes tranquillement, le faisant slalomer entre les obstacles pour tester ( je pense ) sa réactivité. Puis, il lui demande des transitions pour le mettre bien à l'écoute, ce qui est un des vrai problème de Step. Il n'a pas besoin de le pousser, déjà que l'étalon est bien speed, alors en plus avec la saison, l'impulsion et la vitesse ne sont pas un soucis. Il lui demande un cercle, et commence à l'arrondir pour avoir du contact sur les rênes. Il fait quelques cercles à chaque main pour l'avoir bien, puis le repasse au pas, et le ressangle d'un trou. Il vient nous donner le couvre-rein qu'il a enlever, puis le remets au trot sur une ligne droite, et s'avance vers une petite butte qu'il demande à Step de passer. Il effectue l'exercice plusieurs fois, en gardant bien une allure souple et constante. Puis, il place ses aides pour un départ au galop à gauche, et, d'une pression de mollet presque imperceptible, il demande le galop. L'alezan est dans un galop allongé, mais pas avec une cadence rapide pour autant. Je vois bien qu'il prend plaisir à galoper ainsi. Hugo se place en équilibre sur ses étriers et effectue plusieurs cercles avant de demander un changement de pied en l'air pour galoper à l'autre main. Il fait quelques cercles à main droite pour contrôler la direction, puis je le repasse au trot puis au pas, et le laisse souffler.

Il lance l'étalon au galop à gauche, puis part vers un petit tronc pour commencer. Step Hight prend un peu la main et Hugo doit se redresser d'avantage pour le rééquilibrer, sautant de ce fait un peu maladroitement. Après le saut, il repasse l'alezan au pas. Puis il relance Step au galop et le mène de nouveau vers le tronc, cette fois dans un trot bien en avant, pour le contrôler un peu plus. Il prend le galop quelques foulées avant le saut et effectue parfaitement ce dernier. Il est vraiment doué pour ça, s'aventurant comme un guerrier sur l'obstacle. Hugo caresse l'étalon avec tendresse, puis, après l'avoir fait souffler, le relance au galop à gauche vers le même tronc. Il effectue un très bon saut et se redresse immédiatement après pour le faire tourner légèrement vers la gauche. Il s'approche d'une haire barrée et comme toujours, se met en équilibre pour accompagner Step Hight dans son saut. Il n'a même plus besoin de serrer les mollets, regardant bien loin devant. Il monte tellement bien que j'aimerai atteindre ce niveau un jour. Il laisse ensuite le cheval quelques minutes, puis reprend ses rênes et lance Step au trot. Mais c'est sans compter sur celui ci qui commencer à piaffer puis à prendre soudainement le galop. Hugo, se redresse et effectue des cercles de plus en plus petit. Je suis impressionnée par son sang froid ! Une fois que Step est de nouveau en place, il l'élance au petit galop vers le premier petit tronc, effectue une courbe à gauche vers la haie barrée puis tourne à droite, effectuant alors un changement de pied . Il se redresse pour reprendre l'étalon qui prend trop de vitesse, et saute avec aisance le SPA. Il arrête Step quelques mètres seulement après l'obstacle pour l'avoir bien au ordre et le caresse. Après l'avoir laisser souffler quelques minutes, il repart sur le même parcours. En premier le tronc de 50 cm, une courbe à gauche pour sauter la haie barrée de 70 cm, et ensuite un tournant vers la droite afin de franchir le SPA de la même hauteur. Step Hight et son cavalier effectue très bien le parcours. Hugo doit reprendre l'étalon après chaque saut pour éviter qu'il ne prenne trop de vitesse, mais il franchit les obstacles avec aisance. Pour conclure la séance, Hugo se dirige au galop allongé vers un fossé. Il se redresse à l'abord pour éviter que Step ne plonge en avant durant le saut, et atterrit parfaitement. Il caresse l'étalon puis le repasse au trot et au pas. Rênes longues, il s'approche de nous. Je me met à effleurer les naseaux dilatés par l'effort du cheval. Hugo semble satisfait de la séance.
– Il était très bien ! Il a beaucoup de sang, mais aussi un très bon coup de saut et une grande franchise ! Affirme le cavalier.
– Super, tout tombe très bien, car je vous ai inscrit a un concours de Cross qui aura lieu lundi prochain, si tu n'y vois pas d'inconvénient bien sur, indique mon père.
Hugo sourit de bon cœur et dit un grand "oui" plein d'enthousiasme. C'est vrai que pour lui, c'est une occasion de sortir en concours avec un cheval expérimenté. Un sourire m'étire les lèvres alors que tout les trois, nous repartons vers les écuries. Je propose mon aide pour bouchonner Step Hight qui transpiré, puis nous lui mettons une couverture séchante et Hugo lui cure soigneusement les pieds avant d'aller remettre les affaires dans ma case. Il dépose quelques bonbons à la pomme dans la mangeoire de l'étalon et nous quittons l'écurie.

Hier, Roméo et moi nous sommes essayé à notre premier cours ensemble, et j'étais encore sur mon petit nuage jusque ce matin. Ce poney est vraiment génial ! Mais aujourd'hui, en cette fin d'après-midi, Papa et moi revenons au terrain de Cross avec Step Hight et Hugo, pour un autre entraînement avant le concours de lundi. Le cavalier a donc équipé mon étalon, et lui a mit guêtres, protège boulet et cloches pour protéger ses membres, ainsi que le couvre-rein habituel pour la détente. Mon père et moi nous installons près du même arbre que la dernière fois, pour avoir un œil sur l'ensemble du terrain.

Hugo s'est mis en selle à la sortie de l'écurie et d'une main étonnamment légère il a guidé l'étalon jusqu'à l'étendue d'herbe. Une fois sur place, il commence par une bonne détente, au pas d'abord, avec des cercles, des variations d'amplitudes pour le mobiliser tranquillement et le mettre en place. Il répète les mêmes demandes au trot, Step se montre un peu trop énergique, mais Hugo parvient à le recadrer avec des transitions et des incurvations pour capter son attention. Il termine la détente par le galop, allongement, direction, équilibre. Il le laisse ensuite souffler quelques minutes avant de le remettre au galop. Au vu de la faible température qui régnait sur les lieux ( et qui gelait mes doigts ! ) il nous a dit qu'il laisserai de côté les obstacles d'eau. Donc pas de gué ni rien d'autre dans le genre pour cette fois, évitant le risque de le faire tomber malade.

Avec un Step Hight plutôt pressé, il commence par une première marche au galop, peu élevée. La descente se fait tranquillement, après que l'alezan ai hésité quelques instants. Il félicite et effectue une large courbe pour aller vers un tronc de 50 cm. Il arrive à canaliser le cheval à l'abord et ils s'exécutent avec aisance. Après un cercle pour ralentir le galop de Step, Hugo recommence l'exercice de la descente et du tronc, deux fois. Il s'attèle maintenant à un piano de deux marches. Il commence par le prendre en montant, avec de l'élan mais pas trop, je vois qu'il s'efforce de rester à sa place, pour ne surtout pas gêner l'étalon, et ça porte ses fruits, ils passent la difficulté d'une seule traite. Step s'est calmé un peu et est moins nerveux qu'au début de la séance. Le chemin inverse est plus compliqué, il aborde plus lentement et le cheval effectue soudain deux petits bonds pour descendre, déséquilibrant le cavalier qui reprend tout de suite le galop de l'étalon une fois l'obstacle passé. La seconde fois, Hugo anticipe et pousse un peu plus à l'abord pour que la descente soit fluide. Il caresse et laisse souffler Step.

Il stoppe là pour ce type de travail en revenant un peu plus très de nous, vers une haie barrée de 80 cm. Surpris du changement, Step rajoute une foulée de trop avant le saut et je ne peux pas m'empêcher de fermer les yeux. C'est vrai qu'en manège, une barre qui tombe n'est que banale, mais en cross, les obstacles fixes sont dangereux. Je n'ose ré-ouvrir les paupières que cinq secondes plus tard, le temps, dîtes-vous, de ne rien voir de l'horreur. Et je vois Step et Hugo galoper vers un autre obstacle. Beaucoup plus de peur que de mal. Le cavalier se redresse bien et garde le cheval dans ses jambes pour éviter que ça ne se reproduise. L'étalon prend son envol avec grâce et courage, et il réceptionne sur le bon pied pour aller vers ce qui me semble être l'obstacle suivant. Effectivement, Hugo mène Step, encore trop énergique, vers un SPA. Le saut se passe bien, et ils viennent vers nous, l'étalon trottinant nerveusement.
– Il a été super aujourd'hui, mais je pense que la prochaine fois, on devrait le défouler à la longe avant ou quelque chose dans le genre car il bâcle tout si je ne le retiens pas, affirme Hugo.
Mon père et moi hochons la tête, et Papa demande à ce qu'ils refassent un dernier passage. Ils repartent pour trois obstacles. Le parcours s'effectue très bien, et nous semblons tous satisfait de leur travail. Tout les trois, nous reprenons le chemin des écuries. Je regarde Step à côté de moi, n'osant pas le caresser, alors que j'en meurs d'envie. Mon beau, mon bel étalon... Hugo m'a capté, il sourit. Un jour peut-être que je remontrais sur Step Hight, mais pour l'instant ce n'est pas au goût du jour.

J'étais arrivée au Haras de bon matin, pressée de retrouver Délicate pour tester une nouvelle discipline avec elle : le TREC. J'en avais beaucoup entendu parlé, et ça m'avait semblé intéressant, de plus qu'il se pratiquait en extérieur et que j'avais besoin de changer d'air. Le temps était froid, mais sec. J'avais du me couvrir d'un gros manteau coupe vent, frileuse que j'étais. Je rejoignis le domaine du Galoupet et pansai l'isabelle avec soin, puis je la harnachai : un tapis couleur prune, un amortisseur en peau de mouton écrue, la selle et le filet de cuir noir, un collier de chasse ainsi que ses protections prune également. Je la muni également de vieilles cloches que j'avais trouvé dans la sellerie, et elle se trouva prête. De mon côté, j'enfilai mes gants, ma bombe et mon gilet de protection, puis direction le terrain de TREC.

J'y arrivai juchée sur la jument ayant trouvé un montoir pour me hisser en selle. Délicate marchait d'un pas actif, rênes longues, agitant les oreilles dans les sens. Elle était un peu excitée par ce changement d'environnement, et je m'attendais à devoir la contenir un peu, au moins au début de la séance. De ce fait, arrivée sur l'herbe fraichement tondue, je raccourcis mais rênes et établis le contact avec la bouche de la jument. Jusqu'à tout allait bien, Délicate se posa sur la main et trouva une bonne position. Je lui flattai l'encolure et commençait donc la détente par quelques bonnes minutes de pas, pendant lesquelles je regardais un peu les environs. On avait vraiment de la chance, nous cavalier du Haras de Pado, de posséder de telles installations ! D'une pression de mollets, je demandai à l'isabelle de prendre le trot, et ni une ni deux, elle partit au quart de tour, agitant sa tête dans tout les sens. « Oooh ! Doucement. » je dis un peu surprise. J'eus besoin d'un peu de temps pour la reprendre et obtenir un trot de travail correct, sans quoi Délicate accélérait l'allure. Je dessinai plusieurs cercles pour la garder sous mon contrôle et plaçai mes aides pour l'incurver, mais à peine avais-je poussé avec ma jambe pour l'éviter de couper le cercle, qu'elle allongea les foulées, croyant qu'elle devait accélérer. En même temps, elle s'emmêla les pinceaux et trébucha. Je fus un peu secouée avec tout ça, et la repris dans un trot calme, toujours sur un cercle, en essayant d'user le moins possible de mes jambes pour l'incurver. Finalement, elle céda et retrouva une bonne position, la tête à mi-hauteur et les postérieurs engagés. Je fis plusieurs serpentines et demi-voltes, changeai de main régulièrement et enfin, je repassais au pas.

Ayant laissé souffler un peu au pas, j'avais également ressanglé et on était reparti. Délicate semblait avoir craché son feu, du moins pour le moment. Au trot, je la plaçai sur un cercle et lui demandai de s'arrondir, puis je plaçai mes aides pour un départ au galop. Sans surprise, elle démarra rapidement et me décocha tout de suite une belle ruade. Néanmoins, m'y attendant, je restai en selle et lui demandai d'allonger l'allure pour qu'elle puisse se défouler une fois pour toute. Sur une grande ligne droite, une entama une bonne galopade, et en suspension sur mes étriers, je laissai Délicate galoper sans rien faire, afin qu'elle puisse se dégourdir les jambes. Après cela, je revins sur un cercle au petit galop et lui demandai de repasser au trot. Elle s’exécuta, et vise-versa, je redemandai le galop à l'autre main. Comme auparavant, on galopa sur une bonne distance, me mettant en équilibre sur mes étrier, puis je l'arrêtai. Je lui laissai les rênes longues et on marcha afin qu'elle retrouve un rythme respiratoire normal avant de commencer les exercices. Alors, je repris mes rênes et on se dirigea au pas vers le premier obstacle à franchir : le labyrinthe. Je conduit la jument au pas vers l'entrée et commençai à user de mon couloir de rênes et de mes jambes pour la faire tourner et garder l'impulsion. Sans grande surprise, Délicate marcha tranquillement entre les barres de bois et je la caressai à la fin. On refit l'exercice une deuxième fois, puis je me dirigeai vers la branche basse. Le contact était bien établi avec la bouche de l'isabelle, et je la lançai au galop vers la difficulté. Je me couchai sur son encolure et la jument s'abaissa d'elle même pour me faciliter la tâche. Un sourire m'étirai les lèvres, alors que Délicate accélérait vivement le galop à la sortie de la branche basse. Je la repris et lui offris quelques caresses pour la récompenser. Je refis l'exercice une seconde fois, mais je pris garde à bien garder Délicate dans une allure régulière. J'étais satisfaite de notre passage et je lançai la jument au petit galop, rênes mi-longues vers le prochaine obstacle qui nécessitait que je descende de cheval.

Je mis pied à terre et flattai l'encolure de Délicate. On était arrivée à une marche que je voulais faire à côté de la jument, pour qu'elle me suive. Cet exercice était là pour renforcer sa confiance en moi. Je lui laissai les rênes longues et claquai de la langue, marchant à côté d'elle. Je vis Délicate se préparer à faire un bond, alors je même et sautai rapidement pour franchir la petite marche. Je félicitai l'isabelle une fois la difficulté passée, et remontai sur son dos. On avait déjà bien travaillé, alors je décidai de rentrer tranquillement aux écuries. De plus, le trajet servirait bien de récupération pour la jument, tant qu'il se pratiquait rênes longues et au pas. On se dirigea donc vers le sentier qui menait au Haras.

J'arrive au terrain de cross sur le dos de mon étalon, ayant utilisé l'habituel montoir de mes écuries pour me hisser en selle. En ce début d'après-midi, le soleil est au rendez-vous. le thermomètre affiche 18°C, ce n'est pas grand chose mais ça se ressens quand même. D'ailleurs beaucoup de personnes en ont profité pour venir s'entraîner en extérieur, je ne suis pas seule à venir faire du cross. J'ai préalablement équipé Step de ses affaires habituelles (à savoir ses cuirs noirs et l'ensemble tapis/protections HV polo bleu marine) et j'ai ajouté à ça un collier de chasse et une paire de cloche. De mon côté, ma bombe sur la tête, un simple t-shirt que j'étais heureuse de ressortir du placard, ainsi que mon gilet de protection. Nous sommes alors paré pour une bonne petite séance de cross. Step avance avec confiance vers l'étendue d'herbe verdoyante, pivotant ses oreilles de droite à gauche attentif à ce qu'il se passe. Cet endroit lui est très familier, pas besoin de lui faire sentir les obstacles, nous allons alors pouvoir commencer la détente.

Je remonte sur mes rênes afin d'établir un contact léger et mène Step entre les différents obstacles, le faisant slalomer dans un pas actif. Il vient rapidement se poser sur la main et son port de tête est assez bas, pour l'instant tout est parfait. Au bout de quelques minutes à marcher, je presse mes mollets, élançant l'étalon dans un trot actif et souple. Je lui flatte l'encolure rapidement et commence à l'échauffer sur des cercles et des serpentine, régulant le pli en fonction de la direction. Step s'arrondit à merveille autour de ma jambe tout en gardant un trot régulier. Je lui demande ensuite plusieurs transitions au pas pour qu'il soit bien attentif. Il rechigne d'abord à ralentir mais à force de persévérer, j'obtient des transitions fluides et presque immédiate de sa part. Je lui flatte l'encolure machinalement et le remet sur un grand cercle au trot, lui demandant ainsi de s'incurver à gauche. Je place mes aides et Step démarre au quart de tour dans un galop allongé. Je décide de prendre une ligne droite et de le laisser se défouler pour qu'il crache son feu avant d'entamer les sauts. Je me met en suspension et Step prend plaisir à allonger les foulées, mais toujours dans une bonne posture. Je crains de perdre le contrôle à le faire accélérer ainsi, mais il reste bien au ordre et effectue une transition au trot tel que je lui ai demandé. Je lui fais faire un cercle pour le rééquilibrer et prend la direction opposée puisque nous nous sommes éloignés de notre point de départ. Je le fais galoper à l'autre main, cette fois ci avec plus de rondeur, zigzaguant entre les obstacles fixes. Je le repasse ensuite au trot, puis au pas, lui laissant les rênes longues pendant que je cherche un petit obstacle pour s'échauffer.

Je remarque un petit tronc d'une cinquantaine de centimètres, idéal pour commencer. J'attend néanmoins encore un peu le temps que mon étalon retrouve un rythme respiratoire correct, et une fois qu'il respirer normalement, je remonte sur mes rênes et envoie Step sur un cercle à main droite au galop pour le remettre en jambe. Step s'équilibre avec facilité, je quitte alors le cercle et le guide tout droit vers le petit tronc. Je reste bien à ma place pour ne pas devancer son saut et me met en équilibre quelques foulées avant. Nous le franchissons avec souplesse, mais c'est un tant soit peu facile pour l'étalon que je voudrais pousser un peu aujourd'hui. Je décide de repasser le tronc à l'autre main, et le saut est d nouveau correctement effectué. Je caresse l'encolure de l'alezan, cherchant alors un nouvel obstacle. J'aperçois quelques choses d'intriguant, un genre d'oxer anglais d'environ quatre-vingt dix centimètres et avec une bonne largeur. Il me paraît très bien pour continuer la séance. Je place correctement Step Hight au galop à gauche sur un cercle puis le mène vers l'obstacle. Nous avons une assez bonne distance pour y arriver, je garde l'étalon dans les jambes et me redresse, attendant son saut bien à ma place. Il pivote ses oreilles en avant, soulève ses antérieurs et fait un saut assez conséquent pour couvrir l'obstacle. Je l'accompagne bien en équilibre mais me retrouve tout de même légèrement secouée, le caressant en prenant un virage à gauche après le saut. Je reviens sur cet obstacle en agitant de la même manière que la première fois, me préparant cette fois à un saut assez gros. Nous franchissons l'oxer avec aisance, et je le félicite pour son joli saut, le repassant ensuite au pas. Je décide d'enchaîner le petit tronc, l'oxer anglais et un petit obstacle directionnel semblable à un puis. Je mène alors Step au galop à droite vers le petit tronc que nous passons avec facilité. Je relance légèrement l'étalon pour retrouver une bonne impulsion et effectue une courbe à droite pour aller sauter l'oxer anglais. Pas de problème de changements de pied pour l'instant , nous restons à main droite. J'aborde le saut avec confiance et Step semble le sentir. Je le laisse accélérer à quelques foulées de l'obstacle puis accompagne son saut en me penchant légèrement sur son encolure. Il atterrit de l'autre côté sur le pied gauche, c'est parfait ! Je lui caresse rapidement l'encolure puis le dirige sur une courbe à gauche, visualisant le petit directionnel. J'arrive parallèlement au puis et encadre l'étalon avec mon couloir de rênes et mes jambes. Je me redresse, compte le nombre de foulées dans ma tête puis m'envole avec l'étalon au dessus de obstacle un peu plus bas que le précédent. Je félicite bien Step pour sa bravoure et le laisse souffler au pas le temps de trouver autre chose à faire.

Le temps est adéquat pour passer le gué, de plus qu'il me tente depuis quelques temps. Je mène pour l'instant Step au pas vers la partie de gauche du terrain où se trouve l'installation à proprement parlé. Je continue de faire marcher mon étalon pendant quelques minutes autour du gué, puis l'approche de l'eau sur la partie plate en sable et il entre sans poser de question, mouillant ses jambes jusqu'au genoux. Je le félicite amplement puis ressors et le lance au trot. Je lui fais faire un cercle afin de lui demander le galop dans le calme, et une fois qu'il est bien en jambe, je le guide vers le contre-bas pas très grand qui nous fera atterrir dans l'eau. Je garde mes jambes et mes mains au contact pour lui rappeler qu'il n'est pas seul, et le pousse un peu pour ne pas qu'il m'y laisse y aller seule. Sans hésitation, Step lance ses antérieurs en avant et je me penche en arrière pour ne pas être basculée en avant. L'étalon passe la difficulté avec franchise, continuant de galoper dans l'eau qui fait un sacré bruit lorsqu'elle est remuée par les jambes du selle canadien. Je félicite Step de la voix, n'ayant pas le temps de le caresser, en vue du contre-haut. Je me redresse et attend le saut du cheval. Il passe celui-ci sans difficulté et nous nous retrouvons sur l'herbe. Je caresse bien fort l'encolure de l'étalon trempée de sueur puis le repasse au pas rênes longues, me remettant tout juste de ces émotions que me procure la bravoure de mon cheval.  

Step commence à fatiguer, nous allons bientôt finir la séance, alors je décide d'enchaîner le petit tronc, l'oxer anglais, le directionnel puis une grande galopade pour rejoindre le gué que nous franchirons ensuite. Une fois que mon alezan a bien soufflé, je le relance au trot puis au galop vers le petit tronc. Il règle ses foulées seul et nous passons l'obstacle sans encombre. Je trace une courbe à droite et m'engage dans une ligne droite vers l'oxer anglais. Je me prépare à un saut plus conséquent et mon étalon aussi. Ses oreilles pointent vers l'avant, il accélère un peu et se rapproche le plus possible de l'obstacle naturel avant de s'élancer dans les airs. Je suis son mouvement et nous atterrissons souplement de l'autre côté, Step Hight ayant changé de pied tout seul. Je le félicite rapidement et le relance à gauche vers le directionnel. J'encadre l'étalon avec mes jambes et le garde bien en avant. Il passe le puis avec aisance, et voilà que maintenant une grande galopade nous attend pour arriver au gué. Je me met en suspension et laisse l'étalon allonger les foulées. Il tend son dos et souffle assez fort pour couvrir l'effort. Je le félicite à la voix, puis me redresse à la vue du contre-bas. Je rassemble son galop et lui rappelle que je suis là pour qu'il soit en confiance. Malgré tout il s'élance vers le bas en tendant ses antérieurs et amortit le choc. Nous galopons dans l'eau jusqu'au contre-haut et je presse un peu mes mollets pour ne pas qu'il s'arrête. Un fait un petit bond en avant et nous parvenons de l'autre côté sur l'herbe. Je laisse glisser mes rênes et caresse généreusement le cheval, me penchant sur son encolure. Je le repasse au trot et le fais trotter tranquillement rênes longues afin qu'il récupère de ce gros effort. Je suis vraiment fière de lui et de ce qu'il m'a donné aujourd'hui. Nous empruntons de nouveau le sentier qui mène au domaine où je le desselle, le bouchonne dans son box avec de la paille pour qu'il sèche, et lui offre quelques friandises avant de partir.  

Premier TREC – Jet Pride
(PDV Eloïse)

Le temps avait prévu de se gâter d'ici quelques jours, on annonçait des fortes précipitations ainsi que de l'orage, mais j'avais déjà pu remarqué ce matin en sortant de chez moi que le sol était légèrement mouillé. Ainsi, j'imaginais l'état des pâturages et des chemins de balade lorsque la pluie allait détrempé le sol pour en faire de la boue à perte de vue. Mais, jusque là le temps me paraissait encore apte à une sortie en extérieure, pourvu que le ciel ne décide pas de me tomber sur la tête au moment où j'allais mettre le pied dehors avec Jet. De plus, mis à part l'hippodrome qui avait été une rude épreuve pour mon jeune étalon, le gris n'avait encore jamais était monté dans de tells circonstances. J'avais l'intention de lui faire découvrir les joies de la nature, et bien plus encore. Nonchalamment, je traversai l'allée des écuries où j'avais trouvé refuge quant à l'atmosphère étouffante qui régnait à l'extérieur. Tout compte fait, ce n'était peut-être pas une bonne idée de, mais je refusais de l'admettre, en toute âme et conscience. J'arrivai rapidement au box du gris qui somnolait dans un état de quiétude que je lui découvrait alors, lui qui d'habitude manquait d'arracher la porte de son habitat dans un élan de folie. Avait-il trouvé le repos et la sérénité d'un cheval bien adulte dans sa tête ? J'en doutais, c'était peut-être une sorte de stratagème pour éviter le travail. D'un revers de main, je chassai cette idée farfelue de ma tête et claquai de la langue pour prévenir Jet Pride de ma présence. Il ouvrit les yeux, se tourna vers moi pour m'identifier et enfin il vint à ma rencontre, effleurant ma veste de ses naseaux. Sans trop m'attarder, je commençai mon pansage à l'extérieur du box puis le sellai. Jet Pride avait changé de comportement et comme j'en avais l'habitude, il eu du mal à se tenir tranquille, feignant même de lever les postérieurs lorsque je le sanglai. Je passai les rênes par dessus son encolure et fit le trajet à ses côtés, marchant d'un même pas vers le terrain de trec.

J'étais plutôt confiante, du moins c'était ce que je voulais faire paraître. Jet Pride commença à se crisper lorsque le plein air l'appela d'une vive voix, et cette étendue d'herbe à perte de vue lui semblait comme un océan infranchissable, se mouvant avec régularité. La brume du petit matin n'arrangeait rien, elle se faufilait entre les arbres d'une marche lente et semblait nous créer un passage, une haie d'honneur à chaque fois que nous avancions un peu plus. Enfin, la présence de quelques cavaliers me rassura. Je tenais les rênes fermement et m'arrêtai lorsque je distinguai une première installation de trec, un petit slalom de plot rouge qu'il n'était pas difficile de remarquer. Jet se tendait sous ma main, ses muscles se contractaient, ses yeux roulaient et il respirait bruyamment, prêt à partir d'un moment à l'autre, mais se contenant tout de même, tel une bombe à retardement. Je chuchotai à son oreille, usant de ma voix qui jusque là avait été ma plus grande alliée, et le caressai. Il était immobile, aux aguets, les oreilles se perdant entre tout ses bruits venant d'ici et d'ailleurs.

- Du coup calme mon beau, je suis là.

Il m'écoutait désormais moi et moi seule. J'étais parvenu à capter son attention et il me regardait avec  peine, ses yeux semblant me demander ce que nous faisions là. Je souris et vint descendre mes deux étriers avant de chausser celui de gauche pour me hisser sur son dos. Il resta de marbre, je le flattai tendrement. Dans le plus calme possible, je l'installai au pas, rênes mi-longues, sur un cercle large que je dessinai avec précision. A vrai dire, l'installation n'était pas délimitée dans l'espace et je n'avais pas l'intention de me retrouver perdue. Jet Pride se grandissait et se tendait sous la selle, la tête bien haute et les oreilles fusant de tout les côtés. Il lui fallut quelques minutes pour se détendre et faire mine de baisser son encolure, essayant même de m'arracher les rênes des mains pour gratter une bouchée d'herbe. Je le caressai tout de même, lui qui se montrait courageux, et qui attendait mes instructions, je ne voulais pas non plus le livrer à lui même, il fallait l'occuper. Je raccourcis mes rênes et créai un contact avec sa bouche, ce qui le mit en alerte, il avait compris que nous allions commencer le travail. Il accéléra le pas, voulant anticiper mes demandes, mais hop hop jeune garçon, nous restions à la marche pour l'instant. Il poussa un lasse soupir et se laissa diriger sur le cercle que je rétrécissais légèrement, lui demandant de s'incurver pour épouser la forme de la figure. Il s'appliqua à la tâche, alors je demandai le trot. Il trouva rapidement un certain confort qui donnait à son allure toute sa souplesse et sa légèreté. Je jouai docilement dans mes rênes de façon à ce qu'il vienne encore plus se poser sur la main et mon regard se portait en avance sur la direction à prendre. Il se mit donc en main et en jambe avec application et engagea les postérieurs un peu maladroitement, ce qui me valut quelques foulées d'inconfort que je rectifiai alors sur le champs. Je changeai de main en effectuant une diagonale dans le cercle et travaillai équitablement de l'autre côté. Sagement, il s'arrêta sous mes ordres avisés et je gardai l'arrêt durant cinq secondes qui parurent interminable pour le jeune cheval, il lui tardait de reprendre le trot, allure où il se sentait remarquablement bien. Je cédai à ses désirs une fois qu'il avait gardé l'immobilisation pendant le temps imparti et reprenait le trot avec engouement. Il se faisait à présent plus énergique, il bouillonnait désormais sous la selle, impatient de pouvoir passer à l'allure supérieure. Je dus résister pour qu'enfin il reprenne le pas, mécontent, mais le flattai tout de même.

J'attendis qu'il eut bien soufflé tête basse pour le relancer au trot. Il retrouva un équilibre naturel en s'incurvant sur le cercle, je plaçai mes aides, et enjoué, il démarra au quart de tour, agrandissant les foulées progressivement. J'avais bien senti qu'il avait besoin de se défouler, alors je pensai d'une ligne droite ne pouvait que lui faire du bien. Je patientai tout de même pour retrouver le contrôle, les épaules redressée et agissant par bride sur les rênes, il retrouva un galop tranquille non sans fouailler de la queue. Je lui ouvrais alors une porte en décalant ma rêne et le menai sur un chemin droit. Il avait compris et profita de cette occasion pour donner un coup de dos avant de foncer tête relevée vers l'endroit que je lui avais indiqué. Je m'efforçai de garder le contrôle et me mis en suspension sur mes étriers, regardant l'horizon de mes yeux plissés, et me prenant des masses de vent sur le visage. Une fois que j'estimai m'être assez éloigné de l'endroit de départ, je le remis au trot pour rejoindre l'emplacement et le slalom auquel j'avais pris repère. Je le flattai et demandai le pas. Il dégoulinait de sueur mais continuait de trottiner sur place, décidément pas prêt de s'arrêter. Comble de malheur, un oiseau prit son envol à quelques mètres de nous, je retrouvais Jet Pride affolé, piaffant pour ensuite m'accorder un saut de mouton. Je le grondai fermement et attendis qu'il s'arrête complètement pour réfléchir au prochain exercice. J'étais bien en âge moi aussi, et l'air était toujours aussi étouffant et lourd. Trêve de bavardage, je dirigeai Jet au pas sur le slalom, ouvrant bien mes rênes pour lui indiquer le chemin. Il flâna quelques secondes pour inspecter l'objet puis reprit son chemin l'air de rien. Le premier passage se fit évidemment sans soucis, je décidai de le faire au trot. J'abordai le premier plot avec sérénité, gardant les mains bien basses et ouvrant mes épaules pour accompagner l'étalon dans la bonne direction. Il semblait se prêter au jeu et s'appliqua à la tâche, bien qu'un peu mou sur le moment, il avait l'air de s'être bien calmé. Je repassai le slalom une seconde fois au trot puis flattai le gris, me rendant compte que ma main était alors maculée de sueur. Je grimaçai. J'aurais bien tenté de faire l'exercice au galop, mais l'heure tournait et j'avais d'autres priorité. Je menai calmement Jet au pas vers le second obstacle : le fossé. Je mis pied à terre et passai les rênes par dessus l'encolure du jeune cheval, lui octroyant une caresse sur le chanfrein en passant. Je lui montrai alors la difficulté qu'il vint renifler sans prendre peur, c'était déjà un bon point. Je lui laissais une grande liberté de mouvement et m'assurais de ne pas le gêner. Il prit son temps, effleura de ses naseaux, tapa du pieds puis me regarda de ses yeux innocent. Bien. Je le caressai et fis demi-tour. Les séances de 'stick to me' me servait bien, il suivit sans broncher. Arrivée devant l'obstacle, je sentis une pression dans les rênes, il s'était arrêté. Je lui parlais calmement et claquai de la langue pour l'encourager. Je m'y repris à plusieurs fois, il n'était pas décidé à passer de l'autre côté et ses yeux roulaient à chaque fois que nous nous en approchions trop. Finalement, avec une petit tape sur la croupe, il fit un bond disgracieux au dessus du fossé et s'en éloigna le plus possible une fois de l'autre côté. Je souris et vint immédiatement le caresser. Il était là béat, il m'avait l'air de prendre conscience de sa peur irrationnelle. Il me suivit pour retrouver le bon sens et une seconde fois je l'invitais à me suivre. Il savait comment cela fonctionnait, et son saut fut bien meilleur, mais toujours un peu précipité. Je le récompensai d'un appel de voix et restai là dessus pour cet exercice.

Tel deux amis de longues dates, nous marchions côte à côté vers l'endroit plus boisé si je puis dire du terrain. J'avais décidé de m'attaquer à un exercice classique du trec, la branche basse. J'étais restée à pied, pour une première fois je trouvais ce système plus prudent. Je lui montrais l'obstacle de bois mais bien vite il se désintéressa. Je l'invitai à me suivre et sans rechigner, il avança. Par contre, il avança même trop, surpris par cet objet au dessus de sa tête qui semblait vouloir l'attaquer, il prit la fuite au trot, m'entraînant avec lui. Le souffle court, je le caressai tout de même, reprenant mes esprits. Que d'aventures ! Je fit le chemin inverse et lui parlant constamment, et cette fois fut plus... reposante. Je le flattai généreusement, outre les gouttes de transpiration qui perlaient sur son poil gris. Tout de même, il avait été courageux. Je terminais le chemin des écuries à pieds et de retour au domaine, je pris soin de le sécher avec un couteau de chaleur puis avec de la paille. Je curai soigneusement ses pieds et vérifiai qu'il se présentait aucune blessure sur les membres ni autre part d'ailleurs. Épuisée, je le rentrai au box avec quelques carottes dans sa mangeoire, j'étais bien fière de lui.

Véritable gravure de mode avec son modèle croisé et peu commun, Jet Pride était encore un tout jeune cheval et qui plus est, il se découvrait par moments émotif. Pourtant, j'avais toujours eu confiance en lui et en ses compétences et maintenant qu’il avait bien progressé en saut comme en dressage, j'avais envie de lui faire découvrir les parcours plus éprouvants de cross. Montée sur le beau mâle, j'étais donc partie vers le terrain de maniabilité. Il serait bientôt impraticable à cause du mauvais temps, alors il me tenait à cœur de lui faire découvrir ce qui serait notre terrain de jeux. J'avais d’abord pris soin de l’entraîner au manège, l'ayant au préalable équipé de guêtres fermées et de cloches qui lui étais toujours nécessaires, puis nous nous étions  aventurés à l’extérieur. Il semblait heureux de cette sortie et il tenait son encolure bien droite. J'avais choisi un terrain relativement plat et là, je lui demandai de prendre le trot, serrant mes jambes sur ses flancs. Je me levais un temps sur deux, m’appliquant à garder mes mains bien fixes et basses, qu’il vienne se poser sur la main. Je savais que c’était là le seul moyen d'avoir attentif ce jeune animal.

Au bout de quelques minutes, l'encolure du bel étalon dessinait une jolie courbe et il se tendait tout entier, avançant avec entrain et volonté. De loin, on aurait pu penser que nous avions fait cela toute notre vie. Je le mis au galop et toujours sur la main, Jet Pride conservait une belle incurvation, n’hésitant pas à se remettre droit quand je demandai de doubler. En équilibre sur mes étriers, je décidai alors d’agrandir mon cercle et de là, je lui intimai une allure plus vive encore. Jeune et près du sang, comme ses origines arabes lui permettaient, il tenta de s’échapper mais vigilante, je parvins à réagir à temps. Je fis de nouveau quelques transitions et comme il m’écoutait bien, je choisis de le diriger vers un obstacle qui se trouvait là.

Bien en équilibre sur mes étriers et pas trop penchée en avant, les jambes serrées sur son corps et les rênes au contact, je le laissai trouver lui-même son allure, veillant pourtant à ce qu’il n’aille pas trop vite et ni une ni deux, nous effaçâmes le tronc qui avait été couché sur le sol. Puissant bien que léger, Jet pride n’eut pas de mal à retrouver sa cadence bien qu’une légère pente se faisait sentir. Il ne semblait pas non plus gêné par ces obstacles peu courants et je le sentais encore volontaire. Sourire aux lèvres, je le laissais donc au galop et l’emmenai vers un obstacle de bois qui devait représenter une petite maison, plus impressionnante. Elle attira d'ailleurs l’œil de l’étalon qui se montrait soudain regardant et tendu, mais habituée, je le laissai regarder l’obstacle, l’accompagnant du mieux possible et finalement, il le passa sans trop de problème.

Bien sûr, ces obstacles ne présentaient pas de réelles difficultés : ils n’étaient ni trop hauts ni trop larges, ils n’étaient pas non plus dans des virages ni dans des endroits exigus mais j'étais tout de même contente. Nous repassâmes ensuite un toit de bergerie où l'entier eu encore plus la possibilité de s'articuler. Il s’en tirait plutôt bien et contente de lui, je le caressai alors qu’au galop toujours, je le dirigeai de nouveau vers d’autres sauts, allant de la haie au tronc, jusqu'à un bon quatre vingt centimètres. Je ne voulais pas monter trop haut, manquant d'expérience, il aurait pu se faire peur ou même pire et c'était à éviter. Une longue galopade de profila et Jet Pride soufflait fort mais régulièrement. Il avait pris du muscle durant toute nos séances et je le sentais plus vigoureux, plus endurant. Nous franchisâmes un dernier saut puis je restai là dessus, caressant bien fort mon compagnon, et nous rentrâmes aux écuries.

Dans la matinée, Lucy

Après avoir équipé Marquise de tout son attirail pour le cross, c'est à dire un tapis kaki, un amortisseur en mouton, ma bonne vieille selle ainsi que des guêtres fermées et des cloches, je la dirigeai vers l'immense terrain vert. La neige a fondu depuis une semaine alors j'ai pensé que faire découvrir cela à me jument ne serait pas une mauvaise chose, d'autant plus que le sol est praticable. Ayant déjà tester les réactions de la jument à l'hippodrome il y a environ un mois de cela, je reste sur mes gardes au cas où elle viendrait à prendre peur. Elle observe les alentours, les oreilles en avant et les naseaux frémissants. Autour de nous s'étend une vaste étendue d'herbe jalonnée d'obstacle naturel, ainsi qu'une partie boisée un peu plus loin et des variations de terrains multiples. Je laisse Marquise découvrir ce nouvel environnement en l'emmenant un peu partout et une fois qu'elle a vu un peu de tout, je commence ma détente au pas. Je lui demande plusieurs flexions d'encolure, marchant en cercle là où j'ai supposé que nous serions tranquille. Il n'y a qu'un cavalier qui s'entraîne et son cheval semble expérimenté, étant donné qu'ils franchissent les obstacles les plus compliqués, supervisés par un coach qui les regarde attentivement.

Après plusieurs minutes de pas, Marquise cède dans sa nuque et se met à mâchonner son mors. Elle est appliquée dans son travail et je la félicite d'une caresse avant de la mettre au trot. La jument part sans difficulté, enroulant son encolure avec grâce pour venir tendre ses rênes. Elle est légère et ses foulées bondissantes, comme si elle ne touchait presque pas le sol. Je garde le trot enlevé en slalomant entre les obstacles, changeant parfois de main. J'effectue plusieurs transitions au pas pour la garder à l'écoute et Marquise se fait très coopérative. Je la flatte à plusieurs reprises durant notre travail, puis repasse au pas. Je lui laisse un peu de rêne et soulève le quartier de ma selle pour ressangler, puis après quelques minutes qui permettent à l'alezane de souffler, je reprend le trot. Je trace un cercle et prend d'abord soin d'incurver la jument qui se pli à mes demandes avec volonté. Je place ensuite mes aides pour le galop et elle démarre au quart de tour, lançant même ses postérieurs en l'air pour témoigner de sa joie. Je la reprend rapidement et la pousse à avancer avec mes jambes, campées en équilibre sur mes étriers. Je la galope aux deux mains pendant un court temps pour ne pas l'épuiser avant de sauter et repasse finalement au pas le temps de trouver un obstacle pour commencer.

Je l'emmène finalement au galop vers un petit tronc après le lui avoir montrer tranquillement au pas. Marquise le franchi aisément, ses muscles se déliant avec souplesse. Nous continuons sur une haie à deux reprises, puis sur un toit de bergerie un peu plus imposant. Si je sens l'alezane faiblir et hésiter un peu à l'abord, elle saute finalement avec puissance, d'un bon très long et haut. Je la caresse et recommence jusqu'au ce qu'elle fasse l'effort juste. Je finis la séance sur un tronc d'environ quatre-vingt centimètres qui me prouve une fois de plus que Marquise en a sous le sabot, elle s'envole au dessus et me donne cette incroyable sensation de voler. Finalement, nous rentrons au chaud à l'écurie pour un repos bien mérité.

Voilà un moment qu’Éloïse n’avait pas passé quelques barres Jet Pride et, puisque le temps était agréable ce jour là, elle se décida pour du cross. C’était rare qu’elle le mène sur le terrain en hiver, pour la même raison qui la poussait à ne pas trop faire de balade pour éviter qu'il ne se fasse mal, mais désormais, la jeune femme sentait l'étalon bien dans ses sabots et il était l’heure d’aller titiller les obstacles naturels.

Le couple arriva rapidement sur l’espace de cross, et la cavalière fut heureuse de voir qu’il n’était pas occupé. Elle commença alors à détendre dans la petite carrière en sable prévue à cet effet, et Jet Pride se mit immédiatement au travail. Il savait que l’heure n’était pas à l’amusement, il avait grandi depuis que sa propriétaire l'avait acheté, il était devenu plus mature. Eloïse le détendit quinzes bonnes minutes, autant au trot qu’au galop, vérifiant que son étalon répondait à chaque demande. Jet changeait d’allure, de pied et de vitesse à chaque fois qu'elle mettait ses aides pour cela. Il était très réceptif aux commandes, très fluides dans son mouvement, c’était impeccable.

Pour commencer, Éloïse sortit de la carrière au pas et prit immédiatement le galop à gauche sur un arc de cercle pour aller sauter un petit tronc peu imposant. Le gris semblait se plaire et il frappa d’avantage sa foulée, la tête plus relevée, comme s’il prenait les commandes. La jeune femme resta en arrière, et le mâle passa l’obstacle sans difficulté. Elle dut canaliser son énergie à la réception, et l’animal baissa la tête en montant le dos. Elle dut reprendre du galop pour le remettre aux ordres, et ne lui accorda pas de pause pour venir sauter le tronc à nouveau.

Après quelques tentatives, Jet Pride se mit réellement au travail, écoutant sa cavalière sans chercher à jouer, mais assez mécontent de ne pas pouvoir le faire quand même. Éloïse le lança alors sur une haie assez haute, et ce fut avec plaisir qu’elle sentit l’étalon faire son possible pour la satisfaire, en passant le dos sans l’embarquer par la suite. La cavalière garda alors du galop pour ressauter le tronc et, voyant que enchatonnement commencer à se faire progressivement grâce au calme retrouvé, la jeune femme entama un tour plus grand.

Elle passa sans difficulté deux petites haies à deux foulées d’écart, puis un petit toit de bergerie. Éloïse continua à galoper pour un contre-haut qui continuait par un tronc, puis un contre-bas. Jet Pride semblait être totalement épanoui, c'était un vrai cheval de complet. Il avait un bon galop, ne traînant pas sa cavalière puisqu'il se portait, mais il se faisait cependant présent sous la selle. Jet galopa rapidement vers un fossé sur lequel il ne ralentit pas du tout, habitué et courageux, il ne fit qu'un bon franc pour y entrer. Éloïse dut alors pousser l’animal pour reprendre un peu de galop à la sortie, puis elle passa un bull finch sans difficulté, Jet Pride étant largement au dessus des herbes au lieu de passer au milieu.

Les obstacles étaient assez larges et imposants, et la jeune femme prenait plaisir à mener son cheval dessus. Le gris était très confiant, et ils sautèrent sans difficulté. Eloïse passa doucement au trot, puis ensuite au pas. Elle caressa alors longuement l’animal qui gardait la tête en bas, en extension d’encolure. Elle était très contente de cette séance et elle marcha doucement sur le cross avant de se rendre aux écuries. Jet avait été formidable, comme toujours.

Cross - Evy et Neji

Cela faisait plusieurs semaines qu'Evy n'avait pas monté le jeune étalon alezan. Comme tous les cavaliers, elle se voyait attribuer une monture différente à chaque cours et Neji n'en avait pas fais partie. Mais elle avait découvert cet après-midi avec joie que c'était elle qui le montait aujourd'hui. Elle l'avait préparé tranquillement, jouant avec lui lorsqu'il chipait les brosses dans son sac et il avait été plutôt calme quand elle l'avait sellé. Elle l'avait aussi équipé de protections fermées et de cloches puisque le groupe allait se diriger cette fois vers le terrain de cross pour profiter des premiers vrais rayons de soleil. Elle se mit en selle à l'aide d'un montoir dans la cour et si Neji gigota un peu, elle le remit en place et le caressa une fois qu'elle fut bien assise. Rênes ajustées, elle suivit la reprise vers le terrain d'herbe. Neji regardait les environs d'un œil pétillant et humait l'air frais avec joie. Les oreilles en avant, il avançait d'un pas énergique. Les cavaliers se placèrent en cercle autour de Carl et marchèrent cinq bonnes minutes avant de prendre le trot.

Ils se dispersèrent un peu et Evy alla trotter en zigzaguant entre les obstacles. L'étalon était joyeux, il avançait à vive allure et semblait plus que motivé à l'idée de travailler dehors. Evy avait d'ailleurs un peu de mal à suivre son allure effrénée. Elle mit son poids du corps en arrière et joua dans ses doigts pour le détendre dans sa bouche. Carl suivait le couple des yeux et donnait des conseils à la cavalière. Neji était jeune et donc elle le félicitait souvent et demandait peu dans la mise en main. Ils trottèrent pendant dix minutes puis prirent le galop à volonté. Evy plaça ses aides et l'alezan suivit le mouvement. Elle se mit en équilibre et le cheval prit de l'ampleur dans ses foulées. Pour une fois, elle parvint à canaliser son énergie et le laissa avancer tout en le gardant sous contrôle. Il était heureux de pouvoir se défouler et se permit même de donner un petit coup de cul de joie. Evy fut un peu secouée mais se remit vite correctement et continua sur sa lancée. Ils repassèrent ensuite au pas et laissèrent les longues à leurs montures pour les laisser souffler.

Carl montra par la suite un petit tronc pour commencer et les passages s’enchaînèrent jusqu'au tour d'Evy. Elle lança Neji au galop et lui fit faire un cercle pour l'équilibrer avant de le diriger vers l'obstacle. Neji ne regarda même pas, pas peureux du tout mais il bâcla un peu son abord, voulant aller trop vite. Pris de vitesse, il sauta loin et Evy fut déstabilisée. Elle le reprit à la réception et le caressa tout de même. Pour son deuxième passage, elle décida de venir au trot et cela fut réellement bénéfique, Neji prit le galop quelques foulées avant et sauta d'un petit bond guilleret. Evy caressa et le laissa respirer un instant.

Les cavaliers se dirigèrent ensuite sur une haie un peu plus haute que précédemment. Evy s'y dirigea dans le calme et s'efforça de rester détendue. Ils sautèrent bien mais toujours un peu trop vite. Ils refirent un deuxième passage cette fois encore mouvementé, Evy planta ses mains sur le garrot de l'étalon et le laissa faire, se redressant comme elle pouvait. Carl la félicita tout de même et décida de mener son groupe sur un contre-bas.

Evy dirigea Neji dessus et cette fois il resta dans une allure correcte. Il descendit sur le sol sans hésiter et avec douceur. Fière de lui, Evy ne manqua pas de le caresser bien fort. Ils refirent deux passages comme le reste du groupe et tout se passa bien. Carl indiqua à Evy d'en rester là avec le jeune étalon qu'elle laissa marcher rênes longues avant de rentrer aux écuries avec les autres, plus qu'heureuse de sa séance avec Neji.