→ Someone & Co

→ Box

Nous voilà donc dans la carrière. Je fermai mon gilet en frissonnant. Malgré le soleil, je continuais d'avoir froid. Dario lui, semblait apprécier les rayons chauds sur sa robe. La preuve, il m'ignora quand je ressanglai et que je montai sur son dos. J'étais bien décidée à ne pas retomber. Ca avait été un peu frustrant la première fois. Je pressai mes mollets sur ses flancs et nous partîmes au pas sur la piste en main droite sans problèmes pour l'instant. Quelques obstacles, pas haut du tout, environ 40 cm pour le plus haut, étaient posés. L'étalon avait les oreilles toujours en mouvement, il observait partout autour de lui. Je claquetai de la langue pour qu'il se focalise sur la séance. Il se mit plus en avant. J'avisai alors les barres au sol, que l'on franchit sans encombres, fruit de notre première séance. Avec une nouvelle pression, Dario prit le trot. Son allure était très confortable et je n'avais aucun problème à être sur le bon pied. Le bai commençait à s'agiter m'arrachant presque les rênes des mains. Je raffermis ma prise sur ces dernières. " Petit cheval, ne commence pas. " J'attendis un nouveau tour de piste avant de décider de sauter les quelques obstacles. Je tournai en H pour prendre un croisillon. Je plaçai mes mains en avant, pressai une dernière fois de mes mollets et priai pour qu'il ne se dérobe pas. Pour mon plus grand bonheur, il sauta. Je décollai mes fesses de la selle et lui flattai l'encolure en revenant sur la piste. On continua avec un vertical à 40cm. Pas de soucis. Les gens devaient exagérer sur son caractère en monte... Et soudain, sans prévenir, il s'emballa. Je me rattrapai de justesse au pommeau de la selle. " Oh ! " Je n'allais pas tenir longtemps à ce rythme là. Trop tirer sur les rênes ne mèneraient à rien. Il me fallait une autre solution. Je raccourcis la gauche, le forçant ainsi à tourner. Il eut beau se démener, il ne pourrait pas tourner à cette vitesse. Quand je sentis qu'il ralentissait, je relâchais la pression. " Tu te prends pour qui ? " Il renâcla et reprit un petit trot, fatigué de cet effort. Finalement, ça ne serait pas aussi facile que prévu. Je soupirai. Après deux tours de piste, je lui refis sauter un croisillon. Il ne pouvait plus se rebeller. Maintenant, j'attaquai le vertical. Nous étions maintenant à main gauche, pour changer. L'étalon était moins en avant qu'avant. Il sauta, sans trop de convictions. Pour capter à son attention, je fis une volt quelques foulées après en reculant bien la jambe extérieure pour qu'elle soit incurvée. Si on pouvait faire quelques figures de dressage en même tant que du saut, pourquoi se priver ? Je pressai des mollets pour qu'il accélère légèrement. Arrivé en M, il se déroba suite à une bourrasque de vent. Je le rassurai en chuchotant et flattant son encolure. " Tout va bien. C'est rien. Allez, encore un petit saut de rien du tout. " En C, Dario sauta le croisillon, mais c'était à la limite de l'enjambement. Je le fis repasser au pas et le laissai souffler quelques tours. Cette fois-ci, je n'étais pas tombée. Je mis pied à terre et lui caressai le chanfrein. Un jour, on ferait une bonne équipe, j'en étais convaincue.

→ Box

Il faisait beau, enfin, pour une journée de mai s'entend. Un peu anxieuse, Heather faisait de son mieux pour ne pas le paraître, sinon son cheval le deviendrait. Il lui donna un petit coup de museau, la sortant de ses pensées. Elle sourit et lui caressa le chanfrein. La carrière était occupée par un poney rouan juste sublime. Elle laissa à la fille le manipulant à pied le temps qu'elle voulait et en profita pour faire deux trois exercices avec Dario. Le couple s'éloigna un peu, et Heather fit trotter le bai avec elle, le fit réagir à des pressions un peu partout sur son corps. Comme par exemple le faire reculer avec un doigt sur le poitrail. Il se comportait bien, même s'il essayait quelques fois de brouter l'herbe fraîche. Mais tandis qu'ils tournaient un rond, une bourrasque les surprit. L'étalon se cabra, arrachant presque les rênes des mains de sa cavalière qui faisait de son mieux pour ne pas lâcher prise. Elle tentait de le rassurer, avec des longues syllabes, des petites caresses. Mais rien n'y faisait, il continuait à enchaîner écart sur écart. Heather soupira et lui flatta l'encolure. Le poney rouan et la fille avaient fini, celle ci lui adressa d'ailleurs un regard compatissant. Le vent finit par tomber petit à petit, et Dario reprit son calme. La cavalière lui tendit un peu d'herbe en guise de récompense, avant de se lever d'un bond pour rentrer dans la carrière. " Petit cheval, fais moi confiance, tout va bien se passer, je laisserai pas le vent te manger. " Elle lui parlait comme l'on aurait fait avec un enfant, de manière douce et protectrice. Le bai, remis de ses émotions, ne bougea pas lorsqu'elle lui monta dessus après avoir réglé les étriers et ressanglé, - il s'était bien dégonflé, comme prévu. Heather respira un grand coup, puis pressa les mollets sur ses flancs pour aller au pas. Elle inscrit alors un rond de taille moyenne, et au bout de quelques tours ils prirent le trot. Le cercle se resserrait de plus en plus et la cavalière veillait à mettre chacune de ses aides à profit pour l'incurver correctement à main droite et à être sur le bon pied. Même si ça restait brouillon, on ne pouvait pas leur vouloir, ils se remettaient doucement en route. Une fois satisfaite, elle ralentit progressivement Dario jusqu'à qu'ils soient à l'arrêt complet. Pour l'instant il était à l'écoute, ce qui était honorable au vu des événements précédents. La cavalière regarda autour d'elle, le soleil commençait à se cacher derrière les nuages, il fallait faire vite. Cependant, elle ne négligea pas la main gauche et recommença à faire tourner son cheval. Quand elle en eut fini de le détendre un peu, elle avisa le petit parcours de cso mis en place. La hauteur globale des obstacles devait tourner autour des 55cm. Ce qui était suffisant, de l'avis d'Heather, on va y aller pas à pas, rien ne sert de se presser... Elle claqua de la langue et pressa un peu plus fort sur les flancs du bai pour trotter. Elle fit quelques transitions trot-pas. Puis elle le mit dans un petit galop de travail, sur le pied gauche. Heather tentait de rassembler le cheval sur les côtés courts après l'avoir étendu sur les longs, mais on ne pouvait pas dire que ce fut un franc succès. Elle n'en voulut pas à Dario et lui flatta l'encolure. " Il est temps de sauter un peu, petit cheval ! " Au moment où elle dit ça, elle remarqua Chad, assis sur le banc à l'entrée de la carrière. Depuis quand les observait-il ? La cavalière préféra ne rien dire et continuer sa séance. Afin d'aider le bai à avoir plus d'impulsion, elle fit plusieurs fois les barres au sol, au trot, de chaque main. Il était prêt. Elle claqua de la langue et pressa un peu plus les mollets. Dario partit au galop, mais, il voulut tellement faire, qu'il gaspilla trop d'énergie à sauter l'oxer de 50cm. En soit, cela n'avait aucune incidence ici, mais en concours, cela pouvait grandement jouer sur la suite du parcours. 1, 2, 3, 4 foulées après, il fit un saut un peu de travers sur le vertical. Heather changea de main. L'obstacle qui venait avait été aménagé de telle sorte que le bai fût obligé de sauter droit un double. Chad l'avait installé, il n'était pas comme ça avant. Dario fut un peu intrigué, il bougea les oreilles, mais sauta correctement, fit une foulée, puis ressauta. " Bien ça, petit cheval ! " La cavalière fit en sorte que son cheval s'allonge de nouveau, puis raccourcit ses foulées au niveau du mur de 70cm. Elle se fit la plus légère possible sur le dos de l'étalon, de sorte à ce qu'il ne touche pas. Mais avec le coup de saut de celui-ci, il n'y avait pas trop à craindre. Maintenant, elle voulait faire que son bai saute bien au milieu du croisillon. Ses mains furent plus actives et elle fit attention à ne pas non plus déséquilibrer Dario en recherchant trop la perfection. Quand l'obstacle fut passé, Heather avait le sourire aux lèvres. Cette séance était de loin la plus intéressante jusqu'à maintenant. Le couple y dévoilait un peu de son potentiel. Bien sûr, tout ce qui était demandé maintenant serait travaillé encore plus, jusqu'à que cela en devienne naturel ou presque chez l'étalon. Elle fit un long 'oooh' et se pencha un peu en arrière pour qu'il repasse au trot. Elle s'assit dans la selle. Pour la fin, pourquoi ne pas travailler un peu son assiette. Elle franchit les barres au sol à main droite. Bien que le trot assis ne soit pas franchement agréable, cela s'améliorerait au fur et à mesure. Progressivement, elle passa Dario au pas. Elle croisa les étriers et le laissa libre de faire ce qu'il voulait. Heather en profita pour lui grattouiller les oreilles. Chad lui ouvrit les portes de la carrière et la raccompagna sans un mot aux écuries.

 

“ Calypso & Heather „

Le temps s'était adouci ces derniers jours, plus de vents glacials, de neiges et autres, et ce, pour le plus grand bonheur des cavaliers et leurs chevaux. C'est donc pour cette raison qu'il fallait en profiter, après avoir travaillées en intérieur, l'extérieur nous tendait la main. Calypso restait de marbre. Jamais elle ne me montrait un poil de sentiments. Si certains se faisaient avoir par ses prétendues démonstrations de joie, moi je doutais de leurs sincérités. J'avais encore du mal à cerner ses intentions, et plus je la côtoyais, plus je craignais ce vers quoi je m'approchais. Mais bon, comme le disait si bien Chad, qui sait combien de semaines on avait encore avant qu'elle soit revendue. Je souris et flattai l'encolure de la noire, pour l'instant je n'avais qu'à profiter d'avoir un cheval comme elle. Sa couverture bordeaux sanglée et les bandes vérifiées, je commençai par faire un tour dans la carrière avec la jument.

Elle ne connaissait pas ce lieu, et bien qu'il y avait peu de risques qu'elle explose 'pour de vrai', je tenais à les minimiser au maximum. Une fois fini, je détachai la longe. A nouveau, elle ne bougea pas. Je la vis tourner la tête vers moi comme si elle m'analysait, puis partir en trottant. C'était incroyable de voir comme elle me faisait me sentir comme une enfant à qui on cherchait à faire plaisir. Calypso fit volte face vers moi, me demandant implicitement de jouer avec elle. Même si je ne pouvais savoir si elle le désirait vraiment, je me décidai d'arrêter de me poser des questions et de juste vivre le moment présent. C'est donc avec joie que je me lançai à sa poursuite en agitant les bras. Elle roulait son encolure et fonçait au galop. Quand je la coinçais dans les coins, elle se cabrait et grattait le sable avec ses antérieurs.

J'abaissai les bras en chuchotant de longues onomatopées. Elle finit par se calmer, et pour achever de baisser la tension, je posai la main doucement sur son chanfrein. Elle ronfla bruyamment pour marquer la fin de son défoulement. La dernière fois, on avait commencé l'apprentissage de la suivie sans longe, mais que de manière linéaire. Je reprenais donc là où on s'était arrêtées et l'encourageait à m'accompagner un peu partout dans la carrière. En l'aidant au début en tenant la muserolle du licol. On faisait des ronds majoritairement, le but étant qu'à la fin on se déplace en huit avec des changements de mains. Petit à petit, je lâchai le licol. Elle prit une dizaine de minutes avant de montrer une certaine aisance. On aurait presque dit un chien à me suivre partout.

Je courrai à reculons en faisant des appels de langue. Puis quand elle fit bien face à moi, je changeai de direction le stick pour passer à droite. Calypso  suivit le mouvement, hésitante. Je la félicitai. On recommença une quinzaine de fois. La jument assimilait chaque fois un peu plus la leçon du jour, même si ça en devenait presque mécanique, carrément dans l'anticipation. Je caressai l'espagnole et lui donnai un bout de pomme. Elle sembla peser le pour et le contre dedans, puis chopa le morceau qui l'attendait au creux de ma main. Au loin, je voyais les chevaux pour le cours suivant qui commençait à arriver vers nous. Je remis la longe sur le licol et nous sortîmes. Finalement, je n'avais pas vraiment besoin de l'aide de Chad : Calypso jouait le rôle du maître en quelque sorte. Et, même si en soit, on avançait lentement aux yeux des autres, c'était le temps qu'il nous fallait à nous.