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Mar 9 Déc - 13:44
« Ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait. »


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    Cela faisait plus d'une heure que je fixais silencieusement le plafond de ma chambre. La couette remontée jusqu'au menton, j'observais sans relâches les lattes du bois, quelques fois nouées, quelques fois dorées, et souvent grisées par l'humidité. J'étais un peu perdue. Et cela depuis plusieurs mois déjà. Depuis que j'avais déménagé, mon appartement était toujours silencieux. C'était comme si j'aimais être enveloppée de cette bulle de silence à la fois fascinante et troublante. Délicatement, je repoussai la couette et fis glisser mes jambes pour poser mes pieds sur la douce moquette que j'avais moi même installée sur le sol. Nous étions samedi. Je profitai généralement de ce jour pour me prélasser dans un vieux jogging usé, afin de me reposer pour attaquer le lundi d'après une nouvelle semaine de cours à la faculté. Je n'avais pas vraiment de loisirs, pas d'amis, enfin si, j'en avais mais je les avais laissé derrière moi dans mon ancienne ville, et depuis mon arrivée ici on ne pouvait pas dire que j'avais de grands efforts pour m'intégrer. Et puis, c'était un peu le côté  indépendant de la fac, si vous ne faites pas d'efforts vers les autres, ils n'en feront pas vers vous et il est possible de passer une année sans apprendre comment s'appelle cette blonde avec nous en éco, ou ce métisse dans l'amphi A. De toute manière, je m'en foutais. Je n'éprouvais pas le besoin de parler à quelqu'un. J'étais triste, et personne ne pouvait comprendre ma tristesse.J'ouvris la porte de ma grande armoire, désireuse de choisir ma tenue pour traîner toute la journée. Directement mes yeux furent attirés par une pièce de tissus plus épaisse que les autres, de couleur crème. Du bout des doigts, j'effleurai le vêtement. Je reconnu tout de suite la matière épaisse, qui m'avait fait supporté le froid de l'hivers, et cotonneuse qui m'avait tenu chaud durant ces étés ensoleillés. Sèchement, je tirai dessus et la culotte de cheval tomba au sol. 8 mois. 8 mois que je n'avais pas enfilé de pantalon du genre. 8 mois que je n'avais pas revu un cheval. Mes yeux me piquèrent. Là était la raison de ma tristesse. Des larmes roulèrent sur mes joues. Qu'est-ce-que ça me manquait, qu'est-ce-qu'elle me manquait ... Du revers de la manche de mon pyjama, j'essuyai mes larmes et ramassai le pantalon. Il se déplia de lui même. Pleine d'espoir, je collai mon nez au tissu, espérant y retrouver l'odeur des écuries, mais rien, excepté l'odeur prononcée de ma lessive. Déçue, je repliai rapidement le pantalon et le rangeai dans l'armoire. Je tournai les talons, attrapai mon ordinateur portable et me mis à chercher un centre équestre dans les environs.Nous étions le jour J. Depuis le jour où j'avais découvert le pantalon dans mon armoire, j'avais trouvé un haras qui proposait des demi-pensions à seulement une vingtaine de minutes de vélo de chez moi. J'avais sauté sur l'occasion, et aujourd'hui, en ce mercredi après-midi, j'allais rencontrer mon nouveau compagnon. J'avais déjà réglés les papiers avec la directrice, et elle m'avait attribué ce cheval, selon les critères que je lui avais confié. Je ne l'avais pas encore vu, mais nous étions seulement en période d'essai, si le cheval ne me convenait pas, je pouvais changer. J'enfourchai mon vélo avec précipitation et pédalai le long des champs de vignes, pressée. Arrivée au haras, je l'appuyai contre un poteau et y accrochai mon anti-vol. Puis d'un pas rapide et enthousiasme, je pénétrai dans l'écurie. J'avais déjà visité les lieux avec la directrice et je savais qu'ici se trouvait mon nouveau compagnon. Je déposai mon sac à dos sur le côté, pour ne pas qu'il me gêne et commençai à m'avancer dans la rangée. L'odeur de la paille et des chevaux me saisit au nez. Un sourire s'étala sur mes lèvres, ça m'avait tellement manqué .... Le premier box était occupé par un petit Camargue. Il redressa sa jolie tête à mon approche et délicatement, je glissai mes doigts sur son museau. Je n'avais pas eu de contacts avec un cheval depuis la disparition de Saga, ma jument. Je frissonnai de plaisir quand il souffla bruyamment sur la paume de ma main. Je lui adressai une dernière caresse puis continuai ma visite. Différents chevaux se succédèrent, tous aussi beaux les uns que les autres. Je n'en ratai pas une miette. Et enfin, j'arrivai devant son box. La jolie jument bicolore avait les yeux clos, elle semblait plongée dans un sommeil profond. Émerveillée, je pris le temps de la détailler : de puissants muscles se détachaient sous sa belle robe pie. Sans un bruit, je m'accoudai à la porte de son box et la contemplai. De la boue s'était collée sur ses membres, témoignant des ses récentes sorties au paddock. Dans un sourire, je soupirai de soulagement, je l'aimais déjà. Sans faire exprès, je fis grincer la porte et elle ouvrit soudainement les yeux. Son regard était d'une intensité troublante et j'y plongeai, un peu déstabiliser. Doucement, j'avançai ma main vers ses naseaux rosés en murmurant :- Salut princesse...La grande jument renifla ma paume tendue avec méfiance. Son souffle chaud chatouilla mes doigts. Puis, quand elle comprit que je ne lui voulait pas de mal, elle fourra son museau humide dans ma main. J'éclatai d'un rire joyeux et remontai ma main le long de son chanfrein pour lui prodiguer des caresses. Elle avait une très grande tête, tout chez elle paraissait énorme, sa joue, fendue en deux couleurs encore plus. Quelques minutes passèrent, je ne me lassai pas de la toucher, de passer mes doigts entre ses crins et de lisser son maigre toupet. J'avais décidé de ne rien faire de particulier avec elle aujourd'hui, j'estimai que comme c'était notre première rencontre, j'allai me contente de me présenter. Je passai le reste de l'après-midi en sa compagnie, toujours derrière la porte du boxe. Partant du principe qu'elle m'aurait trouvé trop entreprenante si j'étais entrée dans son box dès le première jour, je restai donc à ma place, dans l'allée. Nos contacts furent de plus en plus naturels, et elle accepta complètement ma présence. Au bout d'une bonne demi-heure, elle se lassa même de mes caresses et rejoignit le fond de son box pour somnoler. Amusée, je me dirigeai vers mon sac où j'avais rangé une carotte. Je la sortis rapidement et tâchai de ne pas la dévoiler aux autres poneys, qui risqueraient d'être jaloux. Arrivée devant le box de Colea, je tapotai doucement le bois de la porte de mes doigts. Ses oreilles pivotèrent vers moi et elle ouvrit les yeux. A la vue de la carotte, la jument s'empressa de venir coller son front à ma main, en agitant la tête. En bonne gourmande, elle avait reconnu que c'était le moment des friandises. En souriant, je la laissai croquer dans le légume aux couleurs attrayantes et l'observai mâcher avec délice. En deux bouchées, il n'en restait plus. M'essuyant les mains sur les poches arrières de mon pantalon, je lui prodiguai encore quelques caresses avant de me résoudre à la quitter. Forçant un peu la main, j'attrapai ses naseaux entre mes deux mains et y déposai un baiser bruyant. La jument, surprise, releva la tête et me dévisagea, pleine d'étonnement. Je lui lançai un sourire et lui dis :- Faudra t'y habituer ma jolie, moi et les bisous c'est une grande histoire d'amour ... Je ramassai mon sac, tout en lui jetant un dernier regard. Allez Colea, je te dis à très vite.

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Jeu 11 Déc - 11:20
« Jamais deux sans trois. Jamais toi sans moi. »


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    Le réveil ne fut pas difficile ce matin, je bondis du lit, le coeur battant. Aujourd'hui était prévu ma deuxième visite à Colea, cette sublime jument que j'avais rencontré avant-hier. Pressée, je fis un rapide tour dans la salle de bain, nouant mes longs cheveux clairs en une queue de cheval bien haute. J'enfilai une tenue assez chaude, les températures au Haras ne dépasseraient pas les 8 degrés, et il allait me falloir être bien couverte pour ne pas finir enrhumée. Après avoir avalé un petit-déjeuner rapide, je me dirigeai vers le garage en bas de ma résidence pour récupérer mon vélo et mes affaires. J'y trouvai mon sac à dos, dans lequel hier, j'avais rassemblé mon matériel de pansage que je n'avais pas utilisé depuis quelques mois. Depuis al disparition de Saga pour être exacte. Je vérifiai d'un coup d'oeil professionnel que tout était à sa place puis jetai le sac par-dessus mon épaule. Je réglai les sanglons pour ne pas qu'il me gêne lors de mon trajet en vélo. J'enfourchai ce dernier et en n'oubliant pas de fermer la porte, pris le chemin du Haras.

    Un petit quart d'heure après, et quelques orteils glacés en moins, j'arrivais au Haras. Je laissai mon vélo dehors et m'empressai de retrouver la chaleur des écuries. Une fois à l'intérieur, je retirai blouson, écharpe et gants afin de me mettre à l'aise et accrochai le tout sur un porte manteau. J'empoignai mon sac et me dirigeai à pas de loup vers le boxe de la jument bicolore. Celle-ci semblait parfaitement réveillée, malgré l'heure. Elle m'observa, les oreilles pointées vers l'avant, ravie d'avoir un peu de visite. Son accueil, aussi amical soit-il, me fit chaud au coeur. Je fis glisser la fermeture de mon sac tout en parlant :

    - Salut beauté. On va apprendre un peu plus à se connaître ce matin ...

    Alliant le geste à la parole, je sortis un licol flambant neuf que j'étais allée acheter le samedi de notre rencontre tout de suite après avoir quitté les écuries. J'avais pris une taille XL, vu la largeur de ses ganaches. Longuement j'avais hésité entre un marron très pâle aux bordures mauve et un bleu turquoise aux lisières noires. C'est finalement ce dernier que j'avais choisi, j'aimais la fraîcheur de ces couleurs. Précautionneusement, je posai ma main sur le loquet du boxe et le fis glisser avec lenteur. La jument me fixait, impassible. Elle ne semblait pas bien agitée. Je me faufilai rapidement à ses côtés, sans oublier de refermer la porte pour éviter qu'elle ne s'échappe. Une fois à côté d'elle, au niveau de son épaule, je pu me rendre compte -une nouvelle fois- qu'elle était réellement géante. Son garrot m'arrivait au niveau du nez, et je faisais bien 1m65. Un sourire s'étala sur mon visage, j'aimais les grands chevaux ! Ils m'avaient toujours passionnée et impressionnée. J'en avais eu un en demi-pension il fut un temps, son nom était Sometimes. Il était encore plus grand que Colea et je me rappelle que comparé à Saga, les sensations au travail étaient littéralement différentes, pas meilleures, simplement plus décuplées du à ses foulées bien plus amples et prononcées. Doucement, je posai ma main sur le haut de son encolure. Sa peau frissonna au contact de mes doigts qui frottèrent son poil brun foncé. Tout en lui parlant, je pris le licol et le glissai le long de son chanfrein. Je passai le morceau du haut derrière ses oreilles et bouclai les deux parties. Je ne serrai pas trop, de peur que le tissus, neuf, irrite sa robe. Une fois le licol installé sur sa tête, je vérifiai que la longe ne pendais pas et poussai la porte du box. La jument me suivis, docile. Je l'amenai vers un anneau en fer, accroché au mur et l'attachai en réalisant un noeud de marin. Je rapprochai mon sac et pris l'étrille, afin de débuter mon pansage. Je me positionnai au niveau de sa croupe, toujours sur le côté pour éviter un éventuel coup de sabot et commençai mon pansage en réalisant de larges cercles sur sa robe. La poussière se décolla très rapidement, créant des petits nuages gris chargés de particules. Son poil était bien épais, elle avait ce qu'on appelle "un poil d'hivers". L'étrille fondit sur toutes les parties charnues de son corps, décollant la saleté, les poils secs, et les peaux mortes de son corps. Je troquai mon étrille contre une brosse un peu plus agréable pour elle, le bouchon. De là, je commençai à le passer et repasser sur tout son corps, excepté sa tête afin de retirer ce que je venais de décoller avec l'étrille. Colea ne bougeait pas, le museau appuyé contre le mur et les yeux clos, elle semblait apprécier le moment. Je reposai le bouchon, cela faisait déjà un quart d'heure que j'étais à la tâche, brossant et nettoyant la jument, si bien que je commençai à transpirer avec la chaleur de l'écurie. Je retirai mon gros pull. Alors que j'avais encore la tête dans le vêtement, je sentis que l'on tirait sur la manche. En rigolant, je terminai d'enlever mon pull et découvris Colea, la manche de mon pull coincé entre les dents, agitant sa tête de bas en haut. J'éclatai de rire avant de récupérer mon sweat.

    - Coquine va !

    Me retournant vers mon sac, je saisis un cure pied. J'avais toujours une certaine appréhension lorsque je curais les pieds, car quand j'étais jeune j'avais pris un coup par un poney un peu trop énervé. Lentement, je laissai glisser ma main le long de son antérieur droit et tirai légèrement sur ses fanions. Instinctivement, la jument leva la patte. Tout de suite, je m'occupai de débarrasser la sole de toute la saleté. La fourchette apparu très vite. Je passai un petit coup avec la brosse qu'il y avait derrière le cure pied. Puis, je reposai délicatement son pied. Je fis de même avec les trois autres. Colea ne bronchai pas, m'observant avec ses yeux doux. Je terminai mon pansage armé d'une petite brosse de tête. De ma main gauche, je maintins son front et de l'autre passai la petite brosse douce entre ses oreilles, sur son toupet afin de la lisser et le long de son chanfrein. Sa robe luisait. Colea m'apparaissait sous un nouveau jour, rayonnante et quelque peu complice avec moi. J'avais le coeur léger de cette matinée passée avec elle. Lentement, je défis le noeud et menai la jument à son box. Elle y pénétra sans difficultés et je détachai le licol avec regret. Je déposai un baiser sur sa joue et plongeai mon regard dans le sien. Elle me manquait déjà ...
    Après un dernier regard, je tournai les talons, pressée de revenir la voir rapidement. Nos progrès se faisaient doucement mais sûrement, et j'en étais ravie.




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