Mar Y Sol - pure race espagnole (j)

Charlie n'avait nulle envie de mettre les pieds dans un centre équestre, mais lorsque sa meilleure amie insista pour qu'elle vienne avec elle, elle fut bien obligée d'accepter. Elle la suivit à l'intérieur des écuries, trop aigrie pour prêter la moindre attention à ce qui l'entourait. Les deux femmes s'arrêtèrent devant un box. Lilas annonça d'un air enthousiaste: "On part en balade toutes les deux, et voilà qui tu montes. Surprise!"
Charlie tomba des nues: elle n'avait aucune envie de monter à cheval, elle l'avait répété des centaines de fois! Elle resta pétrifiée pendant quelques secondes, puis fusilla son amie du regard. Charlie était très mécontente de la situation, mais décida de ne pas faire de scène : deux cavaliers se tenaient non loin de là, et ce n'était pas son genre d'étaler ses problèmes en public. Elle lança un petit "C'est une blague?" puis lâcha l'affaire, résignée à subir une mauvaise matinée.

Charlie inspecta l'équidé à l'intérieur du box: il s'agissait d'un magnifique cheval palomino qui semblait intrigué par l'animation soudaine devant son lieu de vie. Mar Y Sol était inscrit à côté du box. Les deux femmes amenèrent l'équidé jusqu'à l'aire de pansage, l'une des deux participant nettement davantage que l'autre. Lilas en profita pour décrire de manière très complète la monture de Charlie, mais celle-ci n'écouta qu'à moitié, trop occupée à ravaler sa frustration.
Lilas conclut son monologue par: "Bon, je te laisse avec elle deux minutes, je vais chercher mon cheval!" et disparut à la vitesse de l'éclair. Charlie se retrouva donc seule avec l'ibérique. Même si elle n'osait pas se l'avouer, elle était terrifiée, et ce malgré l'attitude calme et le relatif petit gabarit de la jument. Même si elle ne redoutait pas spécialement les réactions de la jument, une certaine appréhension s'était emparée d'elle.
Masquant sa crainte, Charlie saisit une brosse et commença machinalement à panser l'ibérique. Cet acte était presque superflu, il était évident que la palomino avait déjà été brossée avec une grande rigueur avant l'arrivée des deux femmes : sa robe brillait déjà de mille feux. Bien qu'elle ne soit pas tout à fait d'accord pour être là, elle ne peut s'empêcher d'être charmée par la bouille angélique de Mar Y Sol, et son esprit est partagé entre peur et fascination.

Lilas revint avec sa propre monture, ce qui rassura Charlie. Charlie continua de brosser l'ibérique, dépitée par l'inutilité de ses actions, et laissa Lilas faire la conversation. Lorsque Lilas eut elle aussi fini son pansage, elle emmena Charlie à la sellerie pour se procurer les selles, les tapis et les filets des deux chevaux.
Seller Mar Y Sol fut une nouvelle difficulté pour Charlie: non pas que les gestes techniques lui furent inconnus, mais sa boule au ventre s'intensifia brusquement. Elle ne laissa cependant rien transparaître, refusant d'accepter cette émotion. La prochaine étape fut de s'équiper d'une bombe, qu'elle trouva aussi à la sellerie.
Le moment était arrivé de se mettre en selle. Lilas trouvait son amie bien silencieuse, et lui demanda si elle allait bien. Charlie refusa de dévoiler son jeu, et répondit par une remarque sarcastique. Elle soupira: plus tôt elle commencerait, plus tôt ce serait fini. Elle prit son courage à deux mains, arrêta la palomino à côté du montoir, mit le pied gauche à l'étrier et se mit en selle. Sa monture avait l'air si gentille, il ne pourrait rien lui arriver de mal... pas vrai?

Les deux cavalières rentrèrent à l'écurie après cette balade. Lorsque Charlie mit pied à terre, ce fut comme si on lui enlevait un poids des épaules. Cette dernière heure avait été mentalement très éprouvante, et elle était bien contente que ce soit fini. Lilas, elle, semblait enchantée par l'expérience, et était convaincue que cette séance était exactement ce dont Charlie avait besoin.
Les deux femmes pansèrent leurs montures respectives avec assiduité. Le sol, assez boueux par endroit, avait laissé des traces sur les robes des deux équidés. Charlie s'appliqua bien plus qu'à son arrivée, il serait dommage que la jument ne resplendisse pas. La cavalière devait bien avouer qu'elle appréciait particulièrement les ibériques, et que la palomino correspondait à tous ses critères de beauté.
Tout ceci, Lilas le savait bien. Elle fut ravie lorsqu'elle surprit un sourire échapper à Charlie pendant qu'elle démêlait la crinière de l'ibérique. Son plan avait fonctionné. Lilas ne croyait pas Charlie une seule seconde lorsque cette dernière lui disait qu'elle détestait l'équitation, et c'était devenu sa mission de lui faire reprendre goût à ce sport.
Lilas ramena sa propre monture jusqu'à son box et s'y attarda volontairement plus que nécessaire, laissant Charlie seule avec sa monture du jour.

Bien qu'épuisée, Charlie était beaucoup plus à l'aise qu'à son arrivée. Elle avait traversé le plus dur, il lui semblait qu'il ne pouvait plus rien lui arriver désormais. Même si elle ne l'admettrait jamais à son amie, elle passait maintenant un moment agréable à s'occuper de Mar Y Sol. Elle avait un bon feeling avec cette jument. Sa nature calme et amicale sans être pot de colle la mettait particulièrement en confiance.
Charlie finit par remettre la palomino au box, sans se rendre compte que Lilas l'épiait au coin du mur. Cela expliqua son timing parfait lorsqu'elle vint rejoindre Charlie, mais cette dernière n'y prêta pas attention, trop bouleversée par les différentes émotions contradictoires qu'elle ressentait.

Cela avait pris plusieurs jours et de nombreux efforts, mais Lilas avait enfin réussi à persuader Charlie de revenir au club. Elle y était peut-être allée un peu fort la dernière fois, en lui forçant la main pour se remettre en selle, mais elle était certaine que malgré les apparences, Charlie ne lui en voulait pas.
Néanmoins, il n'était pas question de monter à cheval cette fois : Lilas souhaitait simplement prendre quelques jolies photos avec Mar Y Sol. La jument était particulièrement photogénique, ce qui avait sans doute poussé Charlie à accepter.

Les deux amies arrivèrent donc dans les écuries. Charlie eut un mouvement de recul en voyant l'agitation qui régnait autour d'elle. Cela ne passa pas inaperçu auprès de Lilas, qui sortit la jument de son box en un temps record, et emmena son amie dans un coin plus tranquille pour pomponner la palomino.
Charlie se sentait désormais plus à l'aise, car elle n'était plus soumise au regard des nombreux cavaliers du haras. Les deux amies purent commencer le pansage, qui promettait d'être long. L'ibérique venait d'être ramenée du paddock et avait visiblement bien profité de cette sortie pour se rouler dans la boue.

Lilas et Charlie se chargèrent chacune d'un côté, pour le plus grand plaisir de la jument qui adorait être le centre de l'attention. Les deux amies mirent beaucoup d'énergie dans leurs gestes, si bien que la poussière s'envolait de manière visible autour de l'ibérique. Plus aucun grain de poussière ne devait salir la robe reluisante de la jument!
Lorsqu'elle eut fini son côté, Charlie s'étira le dos puis souffla profondément. Son corps n'était plus habitué à ce genre de gymnastique. Satisfaite du rendu, elle flatta la palomino qui était restée parfaitement sage. D'un regard entendu avec Lilas, elle entreprit de démêler la crinière et la queue de la blondinette, tandis que son amie s'occupait de curer et graisser ses sabots.

Mar Y Sol était d'une docilité exemplaire et faisait tout pour faciliter la tâche aux deux humaines. Elle gardait la tête relativement basse pour permettre à Charlie de s'occuper de sa crinière sans le moindre effort, et anticipait les demandes de Lilas en lui donnant les sabots souhaités.
L'ibérique était à présent parfaitement propre. Il ne manquait qu'une seule chose : une belle coiffure. La longue crinière de la jument promettait un bon rendu sur une tresse collée, que Charlie proposa de faire, devant l'air dubitatif de Lilas. Charlie s'exécuta du mieux qu'elle le pouvait, comptant sur sa mémoire musculaire pour restituer des gestes qu'elle avait appris et perfectionnés des années auparavant.
Le résultat sembla convenir à Lilas, pour le plus grand soulagement de Charlie qui n'avait aucune envie de recommencer. Il fut décidée que la queue ne serait pas tressée, la jument était donc fin prête pour le shooting.

Lilas avait déjà repéré plusieurs endroits pour prendre des photos. Elle emmena d'abord son amie et l'ibérique à la lisière de la forêt, juste devant un chêne particulièrement massif. La palomino marchait avec souplesse, adaptant parfaitement son allure à celle des deux humaines. Elle tenait sa tête haute et semblait parader, récoltant quelques regards admiratifs au passage.
Charlie se prit vite au jeu et tenta beaucoup d'angles différents, sous le regard amusé de son amie. L'ibérique faisait preuve d'une concentration exemplaire et semblait poser pour la caméra. L'équipe changea de localisation plusieurs fois, si bien que lorsque tout le monde retourna à l'écurie, le téléphone de Lilas était rempli de belles photos diverses et variées.
Les deux amies défirent la tresse de la palomino, qui semblait presque déçue que la séance photo soit finie. Elles passèrent ensuite un certain temps à caresser la palomino, en discutant tout le long des photos qui leur semblaient les plus prometteuses.

Elles laissèrent l'ibérique au box avant de partir. Charlie avait passé un moment bien moins stressant que la dernière fois. Elle était de très bonne humeur et n'arrêtait pas de parler de la jument, ce qui n'échappa pas à Lilas. Cette dernière lui annonça prudemment : "Tu sais, Mar Y Sol est disponible à la demi-pension, donc vu qu'elle te plaît...". Lilas savait qu'elle allait sans doute un peu loin, mais la passion de Charlie pour les chevaux lui crevait les yeux, et elle voulait à tout prix réconcilier son amie avec l'équitation.
Le visage de Charlie se referma. La femme resta muette. Elle aimait bien Mar Y Sol, c'était vrai, mais elle ne se sentait pas prête à autant s'investir auprès d'un cheval.