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Dim 8 Jan - 12:02
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Jeu 20 Juil - 19:41
Aglaë & Gentleman

début au rond de longe...

Gentleman s'est calmé, il est immobile au milieu du rond. Tête basse et oreilles pendant presque sur les côtés, il a l'air si épuisé, si triste, si vieux, que j'en ai mal pour lui. D'où vient-il ? Que va-t-il devenir ? Tant de questions qui tournent dans ma tête... Ce petit cheval mérite tellement mieux que ce qu'il a eu jusqu'ici. Anne rompt soudain le silence :

-Le rond de longe doit être utilisé cet après-midi, et je pense que Gentleman appréciera un grand pré plein d'herbe, avec eau à volonté. Je comptais l'y emmener moi-même, mais puisque tu as l'air de l'apprécier, et qu'en plus tu as un bon feeling avec les chevaux... Si tu as le temps, bien sûr.
-Tu veux que je lui mette le licol et que je le conduise au pré ?
-Oui, si tu veux. Je serai à côté, au cas où, et pour t'ouvrir les portes. Je pense que, peut-être, Gentleman se sentira moins agressé si c'est une adolescente qui l'emmène. Ce sont sûrement des adultes qui lui ont fait vivre de mauvaises expériences...
-Bah... Pourquoi pas, alors.
-Prends tout ton temps, on n'est pas pressés.


J'acquiesce. En effet, j'aurai sûrement besoin de temps. Je prends le licol en nylon que me tend la monitrice, et je respire un bon coup pour faire fuir mon stress. Si l'étalon sent que je suis anxieuse, c'est foutu. J'ouvre le loquet et entre, avant de refermer derrière moi. L'alezan me regarde, immobile. Surtout, ne pas le brusquer. Je n'ai que quatorze ans, et pourtant, j'ai l'impression de mieux connaître et comprendre les chevaux que certains adultes qui travaillent ici. Je viens au haras une fois par semaine en plus de mon cours, et j'en profite toujours pour observer les chevaux, au travail ou en liberté. C'est ainsi que j'ai commencé à les comprendre. Et aussi, j'ai lu énormément de livres traitant des différentes méthodes de dressage utilisées par les "chuchoteurs" américains. Ça me fascine. Et, pour une fois, je vais mettre en pratique ces enseignements. Je commence à marcher, lentement, tous mes muscles détendus. Je regarde au loin, un peu de partout sauf la tête de Gentleman. Et je m'approche de lui en zigzaguant, surtout pas directement en face de lui. Ainsi, il comprend que je viens en paix. Quand je suis près de son épaule gauche, je m'arrête. L'étalon n'a pas bougé, il paraît aussi inexpressif que tout à l'heure. Lentement, très lentement et avec une infinie douceur, je pose ma main sur son épaule. La peau couvert de boue séchée tressaille légèrement, mais le mustang n'a aucune autre réaction. Toujours très doucement, je me tourne vers sa tête et je commence à lui parler, tout bas.

-Coucou Gentleman. Je viens là pour t'amener dans une grande prairie, avec de l'eau et de l'herbe, et même d'autres chevaux pas très loin. Ça va te faire du bien, j'en suis sûre. Tu vas pouvoir boire et manger à volonté et même te défouler un peu. Et te rouler dans l'herbe...

Je lui parle de tout et de rien, à voix basse. Et ce faisant, je lève ma main droite qui était sur l'épaule de Gentleman et la pose sur son encolure. De nouveau, il tressaille. Ses oreilles sont tournées vers moi, signe qu'il m'écoute. De la main gauche, je lui présente le licol à une vingtaine de centimètres de sa tête. Il ne réagit pas, aussi je l'approche un peu plus, doucement. Là, l'étalon se met à coucher légèrement les oreilles et fait un pas en arrière. Je ne bouge pas ma main, et continue de lui parler. De l'autre main, je caresse son encolure. Visiblement, le licol réveille en lui de mauvais souvenirs. Alors, toujours avec lenteur et douceur, je passe le harnachement sur son épaule, son dos, ses flancs. Il frémit, mais ne bouge plus. Après un temps certain, le mustang ne paraît plus prêter attention au licol. Je le passe sur son encolure, l'approche peu à peu de sa tête, puis le lui enfile vivement et avec fermeté. L'étalon s'écarte d'un bond, trottine, mais je le tiens. Sans cesser de lui parler, j'attends qu'il se calme. Ce qu'il fait assez rapidement, et je peux commencer à le diriger dans tout le rond de longe. Fatigué, docile, il me suit. Anne m'ouvre la porte et nous sortons, Gentleman derrière moi. Arrivé aux prairies, il redresse la tête et les oreilles. Quelques chevaux hennissent en salutations. Le mustang ne répond pas. Je le mène à un pré jouxtant celui de deux hongres poneys du haras. Normalement, il ne devrait pas y avoir de problème. Nous entrons dans le parc, avançons un peu, et je détache le licol de l'étalon. Il ne supporterait pas de le garder toute la journée. Je regarde Gentleman s'éloigner lentement au pas en direction de l'abreuvoir. Il boit à longues gorgées l'eau tiède. J'en profite pour sortir discrètement. Je rejoins Anne, accoudée à la barrière. Nous observons l'alezan qui commence à brouter l'herbe tendre. Il sera bien, là. De quoi manger, de quoi boire, et même des contacts sociaux possibles et de l'espace pour bouger. Ses besoins vitaux seront comblés. Je me détourne du cheval pour demander à Anne :

-Il vient d'où ? Qu'est-ce que tu sais de lui ?
-Offf... Justement, c'est là que le bât blesse... On ne sait presque rien de lui. Je vais te dire tout ce qu'on a réussi à récupérer, mais ce n'est pas grand-chose... Gentleman, juste avant d'arriver ici, était chez cet homme qui nous l'a amené. Il a un nom impossible à retenir, désolée. Cet homme a gardé l'étalon un mois, dans le petit espace qui lui servait de jardin, avec un peu d'eau et d'herbe. Autant dire que pour un mustang, c'était pas le top... Il l'avait obtenu par un type qui lui devait de l'argent, un certain M. SOLIN. Cet homme l'avait lui-même récupéré je ne sais comment, sans en vouloir. Qui le lui a donné ou vendu ? Là, les traces se brouillent... On pense que Gentleman est né sauvage, qu'il a été récupéré par une association américaine chargée de réguler le nombre de mustangs en liberté, et vendu aux enchères à un propriétaire possédant, si l'association a bien fait son boulot, un grand terrain et des installations nécessaires au bien-être du mustang. Voilà, tu en sais autant que moi.


De nouveau je me tourne vers l'alezan en hochant la tête. En effet, c'est peu. A-t-il été débourré ? Monté ? En équitation classique ou western ? Trop d'incertitudes sur cet étalon. Et encore une dernière question.

-Mais, du coup, si vous ne savez pas s'il a été débourré, pourquoi l'avez-vous acheté ? Vous avez besoin de chevaux montables...
-C'est à cause de moi qu'il est ici. Tu sais que j'aime les mustangs plus que n'importe quels autres chevaux, et que j'ai même pratiqué l'équitation western et appris des bases en équitation éthologique. Aussi, dès que Philippe m'a dit qu'il voulait un nouveau cheval pour le haras, j'ai immédiatement proposé de prendre un mustang. Nous en avons déjà deux, qui sont d'ailleurs appréciés des cavaliers et très polyvalents. Nous avons convenu de prendre un cheval né en captivité, malgré mon envie d'avoir un cheval sauvage. C'était plus sûr. Alors on a cherché. Il y en avait bien quelques-uns, mais débourrés seulement en western et beaucoup trop chers par rapport à ce que l'on pouvait en faire. Et puis, tu sais, quand je cherche un cheval, il faut que je trouve celui qui me fait quelque chose. On a posté une annonce disant qu'on cherchait un mustang né en captivité, etc... et on a immédiatement été contactés par le propriétaire de Gentleman. Philippe a énormément hésité : on ne connaissait rien du passé de l'étalon, et en plus on n'avait pas la possibilité de l'essayer avant, il vient de Bretagne... Vingt heures de route aller-retour pour un cheval, non merci... J'ai alors dit que je payais la moitié, ne laissant que l'autre moitié aux frais du haras. Bien sûr, il restait tous les soins, mais avec une quarantaine de chevaux, un de plus un de moins... Voilà, tu sais tout.


Je hoche la tête, perdue dans mes pensées. Ainsi, Gentleman est ici grâce à Anne. Définitivement, j'adore ma monitrice d'équitation. Les yeux dans le vague, je me sors brusquement de ma rêverie en entendant un bruit sourd. Le mustang vient de se laisser tomber à terre et il se roule avec délices dans l'herbe. Nous éclatons de rire en l'observant frotter son dos sur le sol. Il se relève, s'ébroue, nous regarde un instant puis se remet à manger. C'est alors que je sens mon portable vibrer dans ma poche. Un SMS de ma mère qui me demande si je suis bien à la maison. Oups... Il est quatorze heures... Je lui réponds que je rentre bientôt et préviens Anne que je vais partir. J'aurais aimé rester avec elle et l'étalon, mais ma mère ne plaisante pas avec les horaires. Je soupire, regarde une dernière fois Gentleman et me retourne. La voix de ma monitrice m'arrête.

-Aglaë, attends deux secondes s'il te plaît. J'ai une proposition à te faire. Tu sais que j'ai un mois pour voir ce à quoi Gentleman a été habitué, et l'habituer à ce qu'il ne connaît pas. Et... seule, je ne sais pas si je pourrai tenir les délais. En plus, j'ai l'impression que tu l'aimes plutôt bien cet étalon, n'est-ce pas ?
-Oui, il me plaît...


J'ai peur de ce qu'elle va me demander. J'ai peur, et en même temps j'ai l'impression que c'est ce que j'attendais. Sa proposition est facile à deviner. Mes doigts se crispent légèrement, et j'attends de connaître la suite pour être sûre.

-Et en plus tu n'as pas de demi-pension... Donc ce que je voulais te proposer, c'est de m'aider à travailler Gentleman. Si tu en as envie, hein, sinon ça ne sert à rien, et si tu as le temps.

Ça y est. J'ai l'occasion, peut-être unique dans toute ma vie, de travailler un mustang. Peut-être de le débourrer, s'il ne l'a pas été auparavant. J'en ai envie, bien sûr. C'est une chance incroyable. Et surtout, Gentleman a suscité en moi un intérêt que je n'avais jamais ressenti. Oui, je veux aider Anne. Mais ai-je le niveau ? Après tout, je ne suis qu'une gamine avec un galop 4 en poche, et d'après ma monitrice un niveau galop 5. J'ai quatorze ans, je ne monte que depuis huit ans. Je prends une grande inspiration et murmure :

-Je ne sais pas si je serai capable de t'aider...
-Bien sûr que tu en es capable ! Aie confiance en toi, Aglaë ! Ce que tu as fais, tout à l'heure, en lui passant le licol et en l'amenant ici, c'était déjà un grand pas.
-Alors... Je veux bien essayer. Mais il faut que j'en parle avec mes parents, je ne peux pas décider seule. Et je ne sais pas si je serai disponible tous les jours...
-Oui, je comprends. De toute façon, tu as mon numéro, donc appelle-moi dès que tu as une réponse de tes parents. Et tu n'es pas obligée de venir tous les jours, ne t'inquiète pas ! Déjà, si tu m'aidais deux fois par semaine, ce serait top ! Je ne compte pas travailler Gentleman tous les jours. On verra ça par téléphone si tu veux ! Je ne te retiens pas plus.
-D'accord. Et... Merci Anne ! C'est vraiment un beau cadeau que tu me fais !
-De rien ! File vite avant de te faire engueuler !


Je la salue d'un grand signe de la main et je pars à grandes enjambées, l'esprit plein d'images du travail avec un étalon mustang terrorisé par l'homme.
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Ven 21 Juil - 13:55
Pas grand chose à noter, mais bon résumé ! (:

+ 2 points en confiance

+ 8 trèfle + 1 vu que j'ai pas donné beaucoup de points
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Sam 22 Juil - 18:32
Aglaë & Gentleman

C'est impressionnant la vitesse à laquelle une vie peut basculer. Du jour au lendemain. Comme si, brusquement, on trouvait le sens réel de l'existence. De notre existence. Songeuse, je laisse mon esprit divaguer et mon crayon griffonner, assise à mon bureau dans la salle de Français. Le professeur débite son cours d'une voix monotone, et semble ne pas se douter qu'il parle dans le vide. J'aime le Français, j'aime écrire, lire, commenter... C'est d'ailleurs une des seules matières dans laquelle je sois douée. Mais cette année, mon professeur est ennuyant au possible, et il ne s'en rend absolument pas compte. Alors, en cours, on discute, on dessine, on écrit... Certains en profitent pour aller sur les réseaux sociaux. Moi, je n'ai aucun réseau social. Instagram, Snapchat, Twitter, Facebook... Tout ça, je m'en moque. Qu'est-ce que je pourrais bien poster, de toute façon ? Une photo de moi à cheval ? Tout le monde s'en fout littéralement... Et puis, je n'aime pas m'afficher. Je ne me trouve pas particulièrement jolie, sans me trouver laide. Disons simplement que je suis un peu... quelconque. Des cheveux châtains lisses, des yeux noisettes, un visage aux traits plutôt fins. Voilà en gros à quoi ressemble mon visage. Sinon, je suis de taille moyenne, mince, avec des formes très discrètes mais une fine musculature visible au niveau des mollets, des cuisses, des abdos, des épaules et des bras. L'équitation, quoi qu'on en dise, ça muscle. Et je cours un peu, de temps en temps, et je vais à la piscine faire quelques longueurs. Rien d'extraordinaire. Bref, je m'égare... Donc, je suis en train de dessiner sans grande conviction, en attendant avec impatience la fin du dernier cours de la journée. Avec une immense impatience, en vérité. Car ma vie, mon existence banale de collégienne cavalière, vient de basculer. Pour être exact, elle a basculé hier. Je vais essayer de faire rapide, mais me connaissant, je vais encore m'égarer et vous raconter ma vie... M'enfin, vous m'en voulez pas, hein ?

Hier, je suis rentrée chez moi aux alentours de quatorze heures. Anne venait de me proposer de l'aider à travailler Gentleman, le nouvel étalon du haras. Une chance folle s'offrait à moi, et malgré une grande anxiété, j'étais bien décidée à la saisir. J'avais attendu patiemment, moi, la grande calme contemplative, l'arrivée de mes parents. Au repas, je leur avais demandé calmement si cela les dérangerait si je passais désormais un peu plus de temps au haras. Intrigués, ils m'avaient répondu que non, tant que mes devoirs étaient faits et que je mangeais à la maison. Puis, bien sûr, ils m'ont demandé des précisions. Je me suis lancée, en minimisant au maximum les dangers de l'entreprise. Mais ça n'a pas dû suffire, vu les réticences de ma mère... Heureusement, j'ai un père qui me soutient toujours dans mes projets et sait trouver les arguments pour convaincre ma stressée de maman. Nous avons appelé ma monitrice en famille, pour déterminer tous ensemble les détails. Il fut décidé que je me rendrai cinq fois par semaine au haras : lundi, mardi, jeudi et vendredi après le collège pour travailler Gentleman, et le samedi pour mon cours d'équitation et, parfois, pour le mustang. Ainsi, j'aurai mon mercredi pour moi, pour courir ou nager, écrire ou lire. Anne me prévint aussi que je devais être en forme à chaque fois que j'y allais, et qu'elle préférait être seule plutôt qu'avec une ado exténuée. J'ai acquiescé : bien sûr, je ne négligerai ni mon sommeil, ni mes cours, ni mes autres activités, je serai prudente, etc... Et finalement, le tout était bouclé ! Rendez-vous jeudi au haras à 16h50 pour commencer le travail !

La sonnerie retentit brusquement, et nous nous levons tous d'un bond. Je jette un œil au dessin sur lequel j'ai passé l'heure : le portrait d'un cheval aux crins emmêlés. Je ne le trouve pas réussi. Les yeux sont trop petits, les naseaux trop gros, la ganache trop plate... Impitoyable, je le laisse tomber dans la poubelle. Je prends à peine le temps de saluer mes amies et cours à l'arrêt de bus. Gentleman, j'arrive ! Le trajet me paraît interminable et je descends à peine les portes ouvertes. Dans l'allée qui mène au haras, entourée de paddocks, je caresse un instant le chanfrein de Lennox et je cherche Gentleman. Il est là, seul, au milieu du pré après celui de Rebel. Je presse le pas. Anne est en train de panser une jument dans la cour. Je la rejoins et la salue :

-Bonjour Anne !
-Ah, salut ! C'est déjà l'heure ?
-Ben, je crois...
-OK. Je finis ça et j'arrive dans cinq minutes. Tu peux rester en tenue de civile, ça ne pose pas de problème. Mais si tu pouvais aller chercher le licol de Gentleman et ta boîte de pansage, ça serait top ! Tu poseras la boîte à côté d'un anneau, et on se rejoindras devant le parc du monstre !
-D'accord.


Je vais à mon casier et prends ma boîte, ainsi que deux quartiers de pomme que je glisse dans mes poches. Où pourrais-je installer Gentleman ? Mes yeux glissent sur les deux barres d'attache, déjà bien occupées, le mur des écuries, truffé de fenêtres donnant sur des boxes, et s'arrêtent finalement sur l'anneau accroché dans le mur de la sellerie. Personne ne s'y met jamais, parce que l'endroit est isolé. J'y pose mes affaires et entre dans le bâtiment. Les licols des chevaux sont suspendus à des crochets, à l'entrée. J'attrape le rouge qui porte le nom du mustang et marche avec une petite appréhension vers son paddock. Il broute, entouré de mouches. Je suis désespérée de me rendre compte que sa robe est encore plus boueuse qu'hier. J'imagine qu'Anne a prévu un pansage. On va avoir du boulot... D'ailleurs, la voilà qui arrive. Ma monitrice s'arrête près de moi, regarde l'étalon un instant, puis me demande :

-Au fait, je ne t'ai même pas demandé comment tu allais ?
-Bah ça va, et toi ?
-Ça va. Tu veux attraper Gentleman où tu préfères que je le fasse ?


J'hésite. J'ai envie de participer au (re)débourrage du mustang, mais peut-être Anne, qui a plus d'expérience, aurait-elle plus d'influence sur Gentleman. Finalement, je réponds, hésitante :

-Ca ne me gêne pas de le faire... au contraire. Mais il faudrait aussi qu'il te laisse l'attraper quand je ne serai pas là.
-On a jusqu'à demain pour qu'il m'accepte. Et puis, on va le panser à deux, donc il va aussi travailler avec moi. Va l'attraper, si tu n'y arrives pas je viendrai t'aider.
-Merci !


Le mot est sorti tout seul, tout comme mon sourire. Je suis heureuse d'être la première à intervenir dans la nouvelle vie de l'étalon. J'ouvre la porte, entre, la referme. Tout comme hier, j'avance en zigzag, sans regarder Gentleman dans les yeux. Je le vois lever la tête quand je ne suis qu'à cinq mètres de lui. Il me regarde, tourne ses oreilles vers moi. À un mètre de lui, je me dirige vers son épaule gauche. Alors il couche les oreilles et part au galop à l'autre bout du pré. Je soupire. Il va falloir l'amadouer. Visiblement, c'est le licol qui lui fait peur. Ou alors... J'hésite à peine un instant. Après tout, qui ne tente rien n'a rien. Je retourne à la porte, décroche le mousqueton de la longe et pose cette dernière sur la barrière. Anne, intriguée, me demande :

-Tu veux que je vienne t'aider ?
-Non, merci. J'ai une idée.
-OK, je te laisse faire. Mais ne te mets pas en danger.


J'acquiesce, et je retourne vers Gentleman. L'alezan n'a fait que quelques mètres. Il n'est pas totalement collé à la barrière du fond, il sait que je pourrais avoir envie de le coincer. Mais là n'est pas mon intention. Je pense que c'est la longe qui éveille de mauvais souvenirs en lui. Le mustang a peut-être été attrapé au lasso à plusieurs reprises, et le souvenir du noeud coulant se serrant autour de son encolure n'est pas près de disparaître. J'ai peut-être tort, mais j'espère de tout cœur que le licol ne déplaît pas à Gentleman. Je m'approche de lui plus lentement, en lui parlant et en lui montrant le licol posé dans mes mains.

-Là, mon grand, ce n'est rien. Juste un petit licol de rien du tout. Sois brave, Gentleman, je ne te veux aucun mal.

À un mètre de lui, je m'arrête. Immobiles, nous nous regardons. Le mustang paraît un peu tendu, et je le sens prêt à fuir au moindre faux pas. Je continue de lui parler, en espérant que ça va le détendre. Et, peu à peu, il redresse ses oreilles et je vois ses muscles se détendre. Je fais un pas. De là où je suis, je pourrais lui passer le licol sans problème. Mais je veux que Gentleman l'accepte. Très doucement, tenant mon licol dans la main gauche, je pose ma droite sur sa crinière emmêlée et boueuse. Il tressaille, mais ne bouge pas. Je peux caresser son encolure, son épaule, et même son dos et ses flancs. Peu à peu, je remplace mes mains qui le touchent par le licol. Et je me retrouve à caresser sa ganache de la main et son flanc du licol. J'ôte ma main gauche de la joue de l'alezan et la plonge dans ma poche de jean. Je tends la main à plat, avec la pomme dessus, et place la muserolle du licol juste au-dessus. OK, c'est un peu sournois comme piège. Mais je vais me débrouiller pour qu'il ait sa friandise juste après avoir mis la tête dans le licol. Si ça pouvait lui faire associer harnachement à récompenses, ce serait un plus. Hésitant, Gentleman flaire le piège. Mais depuis combien de temps n'a-t-il pas vu quelque chose d'aussi appétissant ? La gourmandise est la plus forte, et il passe son nez dans la muserolle. Tandis qu'il attrape la pomme, je lui attache son licol en le félicitant de la voix :

-C'est très bien, Gentleman. Tu es un bon cheval...

J'ai serré très légèrement la boucle au-dessus des oreilles de l'étalon, de manière à ce que le tout ne le dérange pas trop. Malgré tout, il s'agite et tente de me faire lâcher le licol en secouant la tête. Rien à faire, il pourrait me faire décoller du sol que je ne lâcherai pas. Très vite, il comprend que c'est inconfortable pour lui de bouger ainsi. Alors il essaie de trotter. D'une petite pression accompagnée d'un «Hooo-làà...», je le fais immédiatement s'arrêter. Il est sensible du chanfrein, visiblement. Je tente de le refaire partir.

-Gentleman, marche ! Au pas !

Mon ton est énergique et je tire un peu sur le licol. Le mustang se fait prier, mais il finit par par me suivre. Nous nous arrêtons à quelques mètres de la porte, et Anne me demande :

-Tu veux que je fasse quelque chose ?

En fait, je n'ai pas réfléchi à la suite. Il faut absolument que j'arrive à accrocher la longe au licol du bonhomme si je veux pouvoir le sortir. Finalement, je lance :

-Approche-toi doucement, sans la longe. Si déjà il pouvait s'habituer à toi...

Ma monitrice s'exécute. Lentement, elle s'approche de Gentleman. Il la regarde venir, sans peur apparente. Tout en lui montrant bien qu'elle n'a rien dans ses mains, elle vient tout près de lui sans soulever de réaction. Quand elle pose sa main sur son encolure, cependant, il fait un écart. Anne n'abandonne pas. Tandis que je parle doucement à l'étalon, elle parvient à toucher son épaule et son encolure. Je lui demande alors :

-Est-ce que tu pourrais le tenir pendant que je vais chercher la longe ?
-Pas de problème.
-Je te préviens, il ne va pas aimer... Tiens-le bien !
-T'inquiète pas, j'en ai vu des pires...


Je laisse la monitrice attraper le licol et je me dirige vers la porte. J'attrape la longe et reviens en parlant à Gentleman.

-C'est une longe, mon tout beau. Une longe qui ne te touchera même pas. Elle va seulement me permettre de te diriger dans le haras. Ce sera beaucoup plus agréable qu'avec juste le licol, promis !

Plus j'avance, plus le mustang se raidit. Il couche les oreilles et semble prêt à détaler. Je m'arrête à deux mètres de lui et j'attends. J'attends qu'il se calme, qu'il accepte la présence de la longe à proximité. Je reste immobile un temps infini, à lui parler de n'importe quoi. À lui raconter ce que sera sa vie ici, s'il coopère, à lui expliquer qu'il doit nous faire confiance. Ses oreilles se redressent, il m'écoute. Très lentement, je fais un pas. Je m'immobilise aussitôt. Et je continue de parler. En procédant ainsi, pas à pas, je me retrouve à côté d'Anne. Gentleman ne bouge toujours pas, mais ses oreilles sont de nouveau plaquées sur son crâne. Pas question d'attacher la longe tout de suite. Ma monitrice, très détendue, nous regarde tous deux. Ses doigts sont à peine serrés sur le licol. Je vois qu'elle fait tout son possible pour que le mustang accepte de coopérer. Et, finalement, après une longue approche en douceur, je peux accrocher le mousqueton de la longe à l'anneau du licol. Anne lâche tout. Immédiatement, l'étalon fait un écart. Je laisse glisser la corde jusqu'au bout. Intrigué de ne pas se sentir bloqué, il s'arrête et nous regarde. Je fais un pas vers lui, en lui tendant mon dernier quartier de pomme. Cette fois, pas de piège. Gentleman fait un pas vers moi, tend l'encolure et croque la friandise. Je m'exclame :

-C'est bien, mon beau, tu es un bon cheval !

Nous le regardons mastiquer en silence. Tant de temps et d'énergie pour lui mettre un licol et une longe ! Mais je sais qu'il en vaut la peine. Son regard brun doux et timide, animé par cette flamme si bien cachée, le prouve à lui seul.

suite à la douche...
Rouxine
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Dim 23 Juil - 10:11
Magnifique résumé Very Happy ! Par contre je ne sais pas trop comment te noter, alors je te mets plus de trèfles Wink

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Mer 26 Juil - 13:12
Aglaë & Gentleman

Après mon cours d'équitation, je me rends au paddock de Gentleman. Je n'ai pas l'intention de le faire travailler, au contraire. Les deux fois où quelqu'un est venu dans son pré, c'était pour l'embêter avec un licol et une longe. Je veux, aujourd'hui, lui faire comprendre que je peux aussi venir pour son plaisir, pour lui faire quelques câlins, juste comme ça. Je ne veux pas qu'il associe les hommes avec le travail. Le mustang broute en compagnie de Rebel, le petit étalon welsh avec lequel il s'entend bien. Je pousse la porte et la referme derrière moi. Le poney a relevé la tête, imité par Gentleman. Je m'avance calmement, sans aucune intention particulière. En souriant, je vois le palomino s'approcher de moi au pas, visiblement content d'avoir de la visite. Bien entendu, mon sauvageon ne le suit pas. Je m'arrête à côté de Rebel et le caresse longuement, sur la tête, l'encolure, le garrot, l'épaule et les flancs. Il paraît ne pas se lasser, et pousse même jusqu'à fouiller mes poches à la recherche d'une éventuelle friandise. J'entends des bruits de sabot. Ha, la curiosité paraît être forte chez le mustang. Dès que le bruit de pas s'arrête, je cesse de câliner le welsh pour me tourner très lentement vers l'alezan. Il est à deux mètres de moi, et m'observe avec un mélange d'étonnement et d'anxiété. Je ne bouge plus. Épaules relâchées, souffle profond et lent, je suis tout le contraire du prédateur. Gentleman s'en rend compte et je vois peu à peu disparaître quelques signes d'angoisse. Alors, très doucement, je m'approche de lui et pose une main sur son encolure. Il me laisse faire. Je continue de le caresser avec une douceur et une lenteur infinies, et je lui parle :

-Salut mon tout beau ! Tu vois, je ne te veux pas de mal. C'est même agréable, non ? Tu aimes que je te gratte le garrot ? Ooh, oui !

En effet, l'étalon ferme les yeux tandis que mes doigts frottent son garrot. Je ne peux retenir un petit rire à la vue du mustang angoissé par les hommes et les cordes devenir doux comme un agneau dès que l'on caresse son garrot. Gentleman, intrigué par mon rire, me regarde avec étonnement. Je lui murmure :

-Désolée, mon grand, c'est juste que je repense à ce que disent les autres : que tu es dangereux, intenable... N'empêche qu'il suffit de te gratter le garrot pour que tu sois l'incarnation du calme !

Je continue de chercher les zones qu'il aime que je caresse, et je lui découvre une sensibilité particulière à la ganache. Je n'essaie pas de toucher son chanfrein. Ce n'est pas la peine de le faire fuir. Soudain, le alezan redresse la tête et ses yeux fixent un point à l'entrée du paddock. Je me tourne dans la même direction que lui et vois Anne arriver en compagnie de mes parents. Ces derniers s'arrêtent à la barrière, mais ma monitrice entre. Je vois le tube de crème dans sa main. Ah oui, la crème pour la cicatrice de Gentleman... Elle s'arrête à côté de nous et tend une main pour caresser l'encolure du mustang. Celui-ci couche les oreilles, mais se laisse faire.

-Bah dis donc, il n'est pas très sociable ton cheval, Aglaë ! Sauf avec toi... C'est déprimant... Tiens, mets-lui sa crème. Si c'est moi qui le fait, il va se barrer.

Je souris et me saisis du tube. Je suis les conseils d'Anne pour l'appliquer tout en douceur sur la cicatrice de l'encolure. Elle a certainement été causée par un lasso. Je grimace en voyant à quel point le petit cheval tremble dès que je frôle cette zone abîmée.

-Pauvre petit, je murmure. Tu es bien brave.

Je finis d'appliquer la pommade cicatrisante, puis je rends le tube à ma monitrice. Du bout des doigts, je frotte une dernière fois le garrot de l'étalon avant de le quitter. Mais je reviens dans deux jours, pour l'aider dans l'épreuve du maréchal-ferrant.
Rouxine
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