♦ Chevaux de Darcisse ♦

Il y avait maintenant quelques jours que j’habituais Odin à porter le mors, petit à petit. J’y allais par étape, lui laissant le mors de plus en plus longtemps. Au maximum, je le lui laissai 20 minutes. Dernièrement, j’alternai entre enduire le mors de miel ou non. Mais à chaque fois, Odin ouvrait la bouche pour le mettre. Une crème de poulain ! J’étais très contente de ses progrès. Maintenant, il était temps de passer à l’étape suivante : la longe. Avant de lui mettre une selle sur le dos, je voulais qu’il sache ce qu’était tourner en longe. Cela n’allait pas de soi, et si jamais il y avait un problème lorsque je lui mettrai la selle sur le dos, je ne voulais pas qu’il soit en plus perdu par la longe et l’action contraignante qu’elle représentait. Cela aurait pu l’affoler encore d’avantage.

Après un bon petit pansage, je mis donc le filet avec son mors à aiguilles à Odin. Pour cette première fois, je l’admets, je l’avais enduit de miel. Visiblement, il aimait bien le goût. En même temps, je commençais à me demander ce que monsieur Odin n’aimait pas. Je lui mis également des guêtres, ce qu’il ne comprit pas tout de suite. Il croyait sans doute que j’allais lui curer les sabots car il leva les membres. Je mis 5 bonnes minutes à lui enfiler les protections. Il fallait le voir se déplacer pour aller au rond de longe, c’était comique ! Les premières foulées furent épiques. Odin levait exagérément les membres, ce qui lui donnait une démarche atypique de PRE en pleine séance de dressage.

J’avais placé la longe en « col de cygne » autour de la tête d’Odin pour avoir une meilleure direction. Arrivé au rond de longe, j’attendis que la personne précédente eu fini. Nous nous introduisîmes avec Odin dans le cercle de sable couvert. Dans un premier temps, je fis le tour avec lui. Nous décrivîmes de grands cercles en changeant de main. Je commençai à main gauche puis, au bout de quelques tours, je changeais le Colbert de position et nous tournâmes à main droite. Petit à petit, je lui laissai d’avantage de mou. Il commença à tourner et je me déplaçai de moins en moins. Finalement, en faisant attention à ma position, je pris un point fixe et Odin se mit à tourner autour de moi. Avec la voix, je l’incitai à partir au trot. N’ayant aucune réaction, j’agitai la chambrière… et fis un petit tour de ski sablique. Visiblement, il ne s’y attendait pas ou j’y étais allé trop fort : Odin me traîna sur quelques mètres, plein galop et coup de cul à l’appui. Mais la longe et le mors l’empêchèrent de continuer plus loin, et il finit par se caler au petit galop sur un grand cercle autour de moi. Plusieurs fois, j’utilisai une intonation descendante pour le calmer, mais impossible de le faire repasser au trot. Je le laissai donc vider son excès de gaz en paix. Je continuai de lui inciter à réduire l’allure, et au bout d’u moment, il repassa au trot. Je pus alors constater sa locomotion : il avait le trot léger et rebondi. Je pus alors le faire repasser au pas. Je fis quelques transitions dans une optique de décontraction, mais jamais il ne voulut s’arrêter. Je dus réduire le cercle et m’approcher pour qu’il s’arrêtât. Je recommençai à plusieurs reprises, sans grand succès. Bon, il n’y avait pas les freins au pas.

Je changeai de main. Cette fois-ci, pas besoin de chambrière pour accélérer. Les freins étaient compliqués à trouver, je devais insister et m’y reprendre à plusieurs fois pour repasser à l’allure inférieure et encore une fois, je ne pus obtenir l’arrêt sur le cercle. Néanmoins, il tournait au pas et au trot sans aucun souci. Je ne le lançai pas au galop par égard pour ses jarrets : tourner sur un cercle demandait beaucoup de force à ce niveau-là. Après une dizaine de minutes, Odin céda dans la nuque et la bouche, il mâcha son mors et je le vis commencer à baver. C’était bon signe. Je voulais tenter une autre expérience.

J’arrêtai Odin (manuellement, encore une fois), et je l’invitai à me suivre. A l’entrée du rond de longe, j’avais laissé ma selle et mon tapis. Dehors, il y avait etoly qui passait à ce moment précis. Je l’interpelai pour venir m’aider. Pendant qu’elle tenait mon fauve, je lui présentai le tapis. Je le lui mis sur le dos. Aucun doute qu’il s’en fichait royalement. Je pris la selle, la lui montrai, et la posai délicatement sur son dos. En fait, si, heureusement qu’il n’avait pas plus grandi que ça. J’étais pour ainsi dire courte sur patte, et avoir un petit cheval n’était pas déplaisant. De nouveau, zéro réaction. Je vérifiai que mes étriers étaient bien coincés. Il ne fallait pas qu’ils descendissent pour ne pas effrayer Odin. Je me penchai sous son ventre et attrapai la sangle. Je la serrai d’abord au premier trou. Odin eu une réaction un peu vive, mais etoly le tenait bien. Il cessa aussitôt de bouger. Je remis un trou. Odin me regardait, se demandant sans doute ce qu’il se passait. La sangle élastique avait touché son ventre, à lui, Odin Chatouilleux, mais remettre un trou de lui posait visiblement pas de problème. Je serrai un peu plus et repris mon poulain. Il était maintenant tout équipé !

Je le remis sur un cercle au pas, puis au trot et enfin un peu de galop (pour être sûre qu'il réagisse bien aux trois allures). Cependant je ne fis que quelques tours. Il n’y eu aucune réaction violente d’aucune sorte. Odin avait la tête basse, il mastiquait son mors et attendait les instructions. Un amour de poulain ! Je fis pareil à la seconde main. Il dut porter la selle 5 à 10 minutes aux plus, mais je le voyais commencer à transpirer. C’était assez pour aujourd’hui. Je remerciai etoly, puis ramenait mon poulain à l’écurie, la selle sur le dos.

Arrivée dans l’allée, je retirai tout le harnachement, puis je douchai Odin. La fraîcheur de l’eau lui fit du bien. Je l’emmenai ensuite brouter au soleil pour sécher. Il était tout tranquille et sans doute un peu fatigué par l’exercice. Je l’emmenai ensuite au pré avec ses congénères pour le reste de l’après-midi et le ramenai le soir pour qu’il dormisse au box.