Prendre l'air

Rhéa & Légende

C'est un peu stressée par le programme que je rejoignis mon domaine. J'avais prévu une petite balade à pied pour Légende, que je venais d'acquérir auprès de Rescue Me. Un ami avait également acquis un cheval auprès d'eux et nous avions pensé qu'une petite balade tranquille pourrait favoriser leur premier contact avec un autre être humain que le « leur ». Néanmoins, nous nous étions mis d'accord pour rester un peu en retrait par rapport au cheval de l'autre, ne sachant comment l'un et l'autre pourraient réagir. Légende avait été très contente de me voir. Je lui avais fait un bon pansage et j'avais bouclé le licol de la jument, avant de décider de prendre la longe de travail (et avoir un peu de marge si ma jument prenait peur) et d'avoir enfilé des gants (on ne savait jamais, 8m de longe, ça fait mal !).

Pour une fois, il ne faisait pas trop chaud et même si le soleil était caché, quelques éclaircies par ci par là offraient une température agréable. Les pas de Légende résonnaient dans le silence, à côté des miens. La jument pie observait tout mais comme il y avait peu de monde à cette heure là, elle ne stressait pas.

Nous arrivâmes bientôt au point de rendez-vous où mon amie nous attendait déjà avec Eirell, un bel espagnol alezan d'une dizaine d'années. Je l'avais vu plusieurs fois dans son paddock, en allant voir Légende. Et aujourd'hui, l'alezan semblait bien mieux. Plus posé, plus joyeux. Ça me fit de voir qu'il avait trouvé une nouvelle vie qui, je le savais, lui conviendrait parfaitement. Mon ami prendrait soin de lui.

Je souris à Tedrick, de loin. Légende et moi nous étions arrêtées à l'entrée de la cour. La jument fixait l'humain au milieu, sans vraiment prêter attention au cheval qui l'accompagnait. Je lui flattai doucement l'encolure en lui parlant. Elle finit par me faire confiance. Après tout, elle avait déjà vu des humains de loin, dans notre petite balade... pourquoi serait-ce différent aujourd'hui ?

Nous nous dirigeâmes à petits pas vers l'humain et le cheval. A quelques mètres, Légende se raidit et tira violemment sur la longe. Je laissai cette dernière filer entre mes doigts, sans retenir la jument. De cette manière, elle ne se sentirait ni piégée, ni acculée. Effectivement, en se sentant libre, elle cessa de reculer pour nous observer.

Sans plus tenir compte d'elle, je répondis à la salutation de mon ami, en faisant attention à ne pas m'approcher trop près de son cheval, puis je reculai de quelques pas, histoire de m'éloigner un peu. Ma jument m'observait d'un air étonné, voyant mon comportement envers l'étranger et envers l'autre cheval. Je me tournai vers elle et je lui parlai doucement. Elle fit quelques pas vers moi sans cesser de surveiller Tedrick et fit un écart pour me rejoindre sans s'approcher davantage.

Je la caressai, la félicitant, et je lui donnai un bonbon pour chevaux. Elle le mangea et me mit un coup de tête amical. Nous avancions peu à peu.

- Bon, je crois que si nous marchons côte à côté, les chevaux des côtés opposés, je pense que ça devrait bien se passer. Légende réagit plutôt bien, vu son lourd passé.

Je souris à Tedrick et donnai à Légende le signal de départ. Nous nous dirigeâmes vers l'entrée du Haras de Pado. Juste avant s'enfonçait dans la forêt un petit chemin qui, d'ici une vingtaine de minutes, si nous ne bifurquions pas, nous mènerait à la plage.

- Une promenade dans les dunes de sable, ça te va ? On ne devrait pas croiser grand monde, je pense !

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Rhéa & Légende

Si Légende avait réagi en voyant l'humain inconnu, Eirell avait réagi de la même façon envers moi. Tout comme j'avais réussi à calmer ma jument pie, Tedrick réussit à faire de même avec l'alezan. J'appréciais toujours d'observer de la complicité entre un cheval et son humain. Aussi un sourire étira-t-il mes lèvres.

Tedrick acquiesça pour la plage, nous bifurquâmes donc à l'entrée du chemin forestier qui nous mènerait à la plage. Le chemin était assez large pour que nous marchions à quatre de front. Légende gardait un œil sur l'humain inconnu mais lorsqu'elle comprit qu'il ne s'approcherait pas davantage, elle se tranquillisa. Je flattai son encolure alors qu'elle observait un oiseau sur un arbre. Elle semblait être vraiment contente d'être dehors. Je pouvais ainsi, en même temps, observer ses réactions face à l'inconnu et deviner ce qui pourrait lui faire peur. Je lui autorisai même une touffe d'herbe de temps à autre, mais ce fut rare qu'elle l'accepte, préférant observer partout avec un air curieux qui me fit plaisir.

Eirell s'arrêtait régulièrement pour observer, Légende faisait alors de même, observant – ou essayant – la même chose que son collègue à quatre pattes. C'était assez ironique à voir. Néanmoins, elle continuait de garder un œil sur Tedrick... Je songeai qu'au moindre mouvement de celui-ci mal interprété par la jument, celle-ci réagirait au quart de tour.

Tedrick me demanda alors si je venais moi aussi d'avoir ma jument et comment ça se passait dans mon domaine. Je réfléchis avant de répondre.

« Ça se passe très bien, Légende semble bien s'entendre avec mes autres chevaux. Je me charge de sa nourriture et de son box par contre, elle ne supporte pas le soigneur et les palefreniers du domaine. Je ne pense pas que ça vienne d'eux par contre, elle réagissait déjà comme ça avec ceux de Rescue Me, sauf qu'elle pouvait filer à l'autre bout du pré. »

Régulièrement, je l'avais vu fuir au galop pour les éviter, et les directeurs du Haras, lorsqu'ils étaient venus me voir, l'avait empêchée de m'accompagner à la barrière comme elle le faisait régulièrement...

Je renvoyai la question à Tedrick.

« Et pour toi ? Eirell s'adapte bien à son nouvel environnement ? »

L'alezan semblait aussi intéressé que Légende par tout ce qui l'entourait. Il ne devait pas beaucoup être sur l'oeil non plus... C'était mieux comme ça. J'avais lu la pancarte de son paddock, je connaissais globalement l'histoire des cicatrices qui parsemaient son corps. Mais je ne le connaissais pas lui. En tout cas, c'était un très beau cheval. Plus encore si on comptait les épreuves qui avaient jalonné sa vie ...

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Rhéa & Légende

Le chemin se rétrécit un peu, ce qui obligea l'un de nous à passer derrière l'autre. Je passai devant, mon ami n'ayant jamais mis les pieds à la plage, tenant Légende par la longe. Cette dernière renâcla lorsqu'elle vit mon ami disparaître de son champ de vision derrière elle. Ce dernier échangea alors de plage avec son cheval afin de ne pas se retrouver derrière ma jument. Légende tourna la tête vers lui et s'écarta, sans cesser de l'observer.

Je la caressai en lui parlant doucement plusieurs minutes, mettant en pause la conversation avec Tedrick pour rassurer la jument. Je savais qu'il comprendrait que je prenne le temps pour elle en priorité. Une fois calmée, elle s'intéressa de nouveau à ce qui l'entourait. Je remarquai cependant qu'elle gardait toujours une oreille vers Tedrick...

« Eirell s'adapte très bien, il commence à s'habituer à la présence des palefreniers qui viennent le nourrir, puis il a eu un accueil chaleureux par les autres chevaux du haras, dans la semaine je tenterais de le mettre au paddock avec les autres, voir comment ça se passe, puisqu'il n'as pas vraiment eu de contact avec d'autres chevaux depuis que je le connais. »

Je fus contente pour lui qu'il s'adapte aussi bien. Il l'avait largement mérité. Le décor changea bientôt pour laisser place aux dunes de sables. La couleur du sol changeant, Légende observa le sol d'un air circonspect avant de sauter des quatre fers dans le sable. Je levai les yeux au ciel en riant. Du sable ! Je lui avais lâché un peu la longe et elle se calma toute seule. Nous traversâmes les dunes. Légende se comporta au début comme si elle avait des protections de transport, levant haut les pieds de manière comique. Puis elle finit par comprendre que le sable s'enfonçait juste un peu plus que celui des carrières. Lorsque la mer apparut, nous restâmes quelques minutes à la regarder.

Les mouettes faisaient du bruit et l'air marin était apaisant. Le soleil se reflétait sur la mer.

« Je ne sais pas si Légende a déjà vu la mer mais ça m'étonnerait. Enfin, on va voir. On y va ? »

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Rhéa & Légende

Nous approchâmes de la mer dans un grand silence. Nous nous étions un peu écartés, prenant un peu d'espace, afin que nos chevaux puissent respectivement découvrir la mer sans surveiller l'autre bipède.

Légende observa la mer, tête basse. Lorsque les vagues venaient vers elle, la jument reculait de plusieurs pas, et lorsqu'elles étaient à nouveau aspirées par le large, Légende avançait en les suivant, comme hypnotisée. Je la regardai faire avec un sourire, tandis qu'elle découvrait l'immensité de l'océan. Je la caressai puis je retirai mes chaussures et les jetai un peu plus loin. J'entrais dans l'eau, relâchant la longe de Légende afin de ne pas obliger cette dernière à me suivre. Cependant, la jument pie estima que si j'y allais, il n'y avait pas de danger. Levant exagérément les jambes, elle me suivit. Mais arriva un moment où elle tapa dans l'eau et s'éclaboussa. Aussitôt, elle releva brutalement la tête, oreilles en arrière, membres enfoncés dans le sol. J'éclatai de rire. Sa tête était comique.

« Tu sais que tu es censée être au courant ? L'eau, ça mouille ! Et si tu tapes dedans, c'est normal que ça t'éclabousse ! »

Légende me lança un regard qui semblait vexé, ce qui redoubla mon rire. Elle s'enfonça un peu plus dans l'eau et baissa à la tête. La vague qui arrivait, un peu plus grosse, lui recouvrit les naseaux et elle releva un peu la tête, sa langue léchant ses lèvres comme si elle était un chien. Elle goûtait le sel. Je ne pus résister à l'éclabousser un peu avec l'eau. Oreilles en avant, elle se tourna vers moi. Son regard exprimait vengeance. Elle frappa l'eau avec son antérieur, nous trempant toutes les deux. Je recommençai. Elle aussi.

Nous sortîmes de là plusieurs minutes plus tard, aussi trempées l'une que l'autre, mais contentes de l'expérience. Je remarquai qu'Eirell et Tom étaient déjà sortis de l'eau. Le premier se roulait délicieusement dans le sable chaud. Légende observa son camarade et se rapprocha de lui. Je lui donnai la longe au fur et à mesure qu'elle se rapprochait. Elle gardait cependant un œil sur Tom mais elle s'était tout de même un peu rassurée, voyant que ce dernier ne cherchait en rien à l'approcher. Elle tendit le nez vers Eirell, toujours au sol. Elle restait hors de portée des jambes de l'étalon qui s'ébattait dans le sable. Tom précisa qu'il croyait que la plage plaisait à son cheval. J'en était également persuadée. Et je crois que Légende n'était pas non plus en reste, elle semblait apprécier l'endroit également.

La jument pie gratta le sable avec son antérieur droit. On aurait dit qu'elle appelait son camarade au jeu, alors que celui-ci continuait à se rouler dans le sable chaud.

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Rhéa & Légende

Alors que Légende invitait Eirell à jouer, l'étalon espagnol se releva et s'ébroua. La jeune jument recula un peu afin de lui faire de la place. Il tendit sa tête vers elle et leva un peu les antérieurs. La jument pie recula encore de quelques pas, mais plus joyeuse qu'intimidée par son camarade. Je relâchai un peu la longe afin qu'elle soit le plus libre de ses mouvements possible.

Les mouettes survolaient la mer et la plage, ailes tendues. Tandis que Légende s'amusait avec Eirell, j'observai leurs montées et descentes. Elles jouaient gracieusement avec le vent, ce que je trouvai beau. On aurait dit une danse.

Nous discutâmes un petit moment tranquillement avec mon ami, puis nous décidâmes d'un commun accord de rentrer tranquillement au Haras. Je tirai sur la longe de Légende afin d'attirer son attention, qui se fixa immédiatement sur moi.

« On y va, ma grande. »

Je flattai son encolure puis nous prîmes la direction du Haras.

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Rhéa & Légende

Nous quittâmes la plage, Eirell et Tom se trouvant cette fois-ci en tête. Je caressai Légende. Le chemin du retour fut plus calme qu'à l'aller, ma belle jument étant bien plus à l'aise maintenant. Je me doutais qu'Eirell y était pour beaucoup. Elle n'était pas rassurée mais n'avait plus aucun geste de peur tant que Tom ne s'approchait pas, ce qui était un progrès énorme. Bientôt, je pourrais la sortir avec d'autres personnes. Mais chaque chose en son temps.

Une fois rentrés, nous nous séparâmes dans la cour et je reconduisis Légende au domaine. Je la douchai afin de ne pas m'embêter pour tous les grains de sable. La chaleur s'y prêtait bien. Une fois la jument prête, je l'emmenai brouter dehors, afin qu'elle sèche au soleil, avant de lui donner plusieurs friandises et de la laisser tranquille, dans son box. Elle profita de sa ration au moment où je la quittai.

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