► Chevaux de Mairy

→ Fiche de Chips
Nous nous dirigions doucement vers les chemins de balade. Nous allions nous rendre vers les petites collines amenant au lac. Je n'étais une fois de plus pas très sereine car il n'arrêtait pas de bouger, il sautillait et ne me respectait pas beaucoup. Je le tenais assez court pour ne pas risquer qu'il ne m'embarque. Cette séance était bien différente des séances que j'avais l'habitude de faire avec Aga mais cela me faisait du bien, ça change et cela me fait aussi progresser. Nous avancions doucement, très doucement car j'essayais de le retenir tant que je pouvais... Dans un sens, j'avais envie de lui laisser un peu de liberté pour qu'il se défoule mais je n'avais pas vraiment envie de me faire traîner. J'adoptais un pas un peu plus rapide mais cela ne le détendait pas pour autant. J'essayais de me détourner un peu de son comportement en regardant les paysages autour de nous. L'herbe était encore humide de la pluie de la veille, les plaines étaient bien vertes, il ne cherchait pas pour autant à brouter, bien au contraire il avait la tête encore bien perchée. Il devait avoir mal aux cervicales à force. Il ne piaffait plus mais avait le pas vif et il ronflait. Ce n'était vraiment pas facile. Je gardais mon calme et me montrait très patiente.

J'appréciais les balades à pied, c'était un moment privilégié avec le cheval, en tout cas je le voyais comme ça mais ce n'était pas vraiment son cas. Malgré le fait qu'il soit très chaud il ne me marchait pas pour autant dessus. Je me disais que cela aurait pu être pire. Mais j'avais peut être parlé un peu trop vite, nous arrivions vers les petites collines, toujours au pas, et des oiseaux s'envolèrent. Il fit un important écart auquel je ne m'attendais pas, je fus déséquilibré sans pour autant le lâcher.
<< Ohlaaaaa... du calme... ce n'est rien ! >> Je me rapprochais de lui et le caressais, il était bondissant et ne voulait pas se calmer, je lui indiquais de reprendre la marche mais il était très énervé et regardait partout. Arrivée à hauteur des collines nous apercevions le lac. Je décidais de faire demi-tour à cet instant. Certes cela raccourcissait la balade mais c'était nécessaire, il chauffait trop, et commençait à être tout transpirant. Il sentait qu'il s'agissait du chemin du retour et il était un peu plus calme, ce qui était pas mal. Il soufflait toujours autant mais commençait à baisser la tête. Il soufflait toujours autant. Au loin, j'apercevais les portes du haras, et lui aussi les avait vu, il pressait le pas. J'essayais de le calmer en vain, cela ne marchait pas vraiment.
Nous étions enfin arrivés aux portes des écuries, je n'en pouvais plus et lui aussi... C'était un bon début mais beaucoup de travail restait à faire.

Aujourd'hui je conduisais mon bel Agamemnon à plage, je voulais le faire travailler sur un sol de qualité, qui ne soit ni trop dur ni trop mou, et puis un peu d'air frais ne pourrait nous faire que du bien tant à lui qu'à moi. Cette sortie serait vraiment un second souffle, et cela permettrait de travailler l'endurance de mon beau Tinker. Cela lui ferait également travailler pas mal de choses, notamment la souplesse de ses tendons et son habilité en balade. Nous sortions tous les deux des écuries et je me mettais en selle à l'aide d'un petit banc présent juste à l'entrée des écuries. Je n'avais pas suffisant sanglé ce qui me déstabilisais un peu pour monter. Une fois en selle, je prenais le temps de ressangler et je remerciais Aga de ne pas avoir bougé d'un poil. Le tapis de randonné étant plus épais que ceux que j'utilise d'habitude le sanglage était un peu plus délicat. Je commençais à le faire marcher en direction des chemins de balade et plus particulièrement en direction de la plage. Je préférais le faire marcher jusqu'à ce que l'on arrive sur un sol plus souple, le sable ne serait présent qu'à mi parcours, j'espérais donc avoir un sol moins rocailleux qu'a la sortie même des écuries, cela n'était donc pas simple. Je le marchais rênes longues et faisais attention à l'endroit où il mettait ses pieds. Il faisait parfois mine de vouloir brouter mais je ne le laissais pas faire. Bien qu'il s'agisse d'une balade plutôt tranquille nous étions tout de même là pour travailler. Au fur et à mesure que nous avancions le paysage changeait. Les grands pins laissaient progressivement place à un paysage plus dégagé et plus sec, le sol changeait lui aussi, nous passions d'un sol boueux et quelque peu rocailleux à un sol plus doux pour les sabots de mon gros. Je décidais donc de raccourcir mes rênes et d'entreprendre un petit trot de détente. Aga n'avait pas chauffé d'un poil, il était très détendu. Il prenait un trot assez lourd et pas souple pour un sou... Ce n'était pas très grave car nous étions en début de séance, je voulais qu'il s'habitue au terrain mais également qu'il ne se blesse pas. Je réajustais mes rênes après plusieurs foulées et il commençait à se placer. Le vent commençait à souffler, et l'air marin me chatouillait le nez tout en balayant les crins de mon bel étalon. J'apercevais la plage au loin. Je le refaisais passer au pas et relâchais mes rênes dans le but qu'il récupère un peu et qu'il se détende. Je ne voulais en aucun cas l'épuiser, et je le répète je ne voulais pas qu'il se blesse !

Nous étions enfin à la plage, c'était absolument magnifique, il faisait froid mais quel bonheur de voir ce magnifique paysage. Je l'arrêtais sur le sable fin qui était tout de même bien compact car humide. Je lui demandais de prendre le galop le long de la mer. Il le prit sans difficulté et se plaça immédiatement, il avait l'air d'apprécier le sol. Tant mieux, si cela lui convenait cela m'allait également. Il galopait crinière au vent, je me mettais en suspension et gardais mes aides bien présentes. Je ne voulais pas qu'il se relâche ou bien même qu'il ne se fauche. Je maintenais l'allure sur plusieurs mètres. Il ne semblait pas fatiguer. Il ne soufflait pas énormément non plus, j'effectuais un transition pour le repasser au trot et je le maintenais dans cette allure, il levait énergiquement ses antérieurs ce qui faisait voler le sable dans tous les sens. Je le repassais quelques minutes au pas et je le conduisais vers l'eau, je savais qu'il n'aimait pas bien cela, mais je l'incitais à poser ses sabots dans les petites vagues qui venaient s'échouer sur la plage. Il remuait un peu violemment, il paddockait pour me ramener vers l'entrée de la plage, je dus me fâcher et le remettre en place. Bien qu'il n'aime pas l'eau ce n'était pas un raison pour être violent. Je le ramenais vers le sac qui était plus sec, loin des vaguelettes. Je détendais mes rênes et le caressais, en quelques minutes il c'était trempé à faire l'imbécile. Je reprenais le trot en ligne droite pour qu'il s'apaise un peu mais ce n'était pas facile, je n’avais peut être pas eu une bonne idée ce coup-ci mais il fallait bien qu'il s'habitue à l'eau surtout que là ce n'était vraiment pas grand chose. Je le repassais ensuite au pas et lui faisais faire un demi cercle pour nous mettre à l'autre main. Je lui demandais de nouveau le galop et le maintenais dans les jambes. Il était encore un peu dissipé mais il finit par se calmer et à reprendre un galop de travail. J'effectuais une transition pour repasser au trot et continuais quelques mètres au trot avant de lui redemander le pas. Je relâchais mes rênes et le caressais. Je l'arrêtais et sortais une carottes de la poche de son tapis, je lui faisais signe de venir la chercher. Il était assez souple et ne mît que quelques secondes à venir me l'ôter de la main. Je lui faisais reprendre la marche sur la plage encore quelques minutes, il était de nouveau paisible. Je le dirigeais par la suite vers la sortie, direction les écuries.

Comme à l'allée je décidais de le laisser au pas, le chemin n'étant pas extrêmement propice au bien être de ses sabots. Il chauffait et sentait que l'on se dirigeait vers les écuries, je tenais mes rênes assez courtes pour ne pas qu'il s'emballe et n'essaye de m'embarquer. Il essayait même parfois de prendre le trot. Je me montrais ferme et étais impatiente d'arriver enfin aux écuries. Je voyais enfin les grands pins, nous y étions presque. Ca y est nous y étions, je me dépêchais de descendre, j'étais épuisée. Je le dessanglais une fois au sol, mes jambes étaient toutes engourdies. J'étais tout de même contente de cette séance mais il ne m'avait pas épargné. J'avais aussi été ferme avec lui, donc nous étions quitte. Nous passions la porte des écuries, j'allais pouvoir effectuer les soins de ses sabots.

Une fois mise en selle à la sortie des écuries, je commençais à le marcher tranquillement et j'en profitais pour ressangler et ajouter mes étriers que je trouvais un peu court pour partir en balade, j'avais envie d'être à l'aise. Il marchait droit, la tête basse sans se poser de question. Un vrai petit ange mon Agamemnon, je le guidais ensuite vers les chemins de balade et plus particulièrement celui qui mène à la plage. Le sol était vraiment détrempé, malgré les rayons de soleil qui transperçaient difficilement les épais nuages présents aujourd'hui. Je ne pouvais pas le trotter sur la première partie du chemin, il était trop glissant et cela s'avérerait rapidement dangereux. Je faisais donc extrêmement attention aux endroits où mon Aga posait ses sabots. Il était lui aussi assez vigilent et faisait en sorte de ne pas ses patounes sur les parties de la route qui s'avéraient glissantes. Au bout de quelques minutes le terrain était davantage propice à se dégourdir les jambes au trot. La terre venait se mêler au sable fin, nous arrivions sans aucun doute à proximité de la plage. Je lui demandais par conséquent de prendre un petit trot de détente, sans être pour autant en dessous du train. Un trot tranquille mais avec suffisamment d'impulsion pour qu'il soit à l'aise et moi aussi. Le terrain était relativement plat, ce qui me permettait d'être au trot enlevé. Je ne risquais pas de lui abîmer le dos, je posais mes mains et essayais de les garder le plus fixe possible pour ne pas le gêner. Certes c'était une séance détente et retrouvailles mais il était hors de question de se négliger et de faire n'importe quoi. Je sentais qu'il avait perdu en musculature, il était moins bondissant et plus raide. La séance allait lui faire du bien, cela ne faisait aucun doute. Je positionnais mais main de manière à ce qu'il détende son encolure, pour faire travailler la ligne de son dos. Je profitais de cet instant du paysage qui était de plus en plus magnifique. Je sentais l'air frais et marin, j'adorais cette sensation.
Je repassais ensuite au pas, j'essayais d'effectuer au maximum de transition, de manière à ce qu'il ne fatigue pas trop et puis cela lui faisait travailler le cardio, c'était donc assez intéressant. Au final, plus qu'une séance de détente, il s'agissait d'une réelle séance de travail. Je n'aurais pas cru, comme quoi on peut trouver du travail partout. Au trot il commençait à s'assouplir et à s'arrondir mais le manque de travail se faisait terriblement ressentir, à deux pas de la plage je repassais au pas et laissais les rênes longues, j'en profitais également pour le féliciter et pour le remercier de son calme et de sa patience. Nous apercevions la mer au loin, la grisaille du jour nous donnait l'impression qu'elle était noire, c'était impressionnant. La marée avait ramenée des cailloux sur la première partie de la plage, je l'amenais donc plus loin pour ne pas qu'il se blesse lorsque nous allions prendre le galop. Je m'y rendais au trot, en faisant attention une fois de plus aux endroits où il pouvait poser les pieds. Je me mettais en suspension afin de lui permettre d'avoir toute la mobilité dont il avait besoin pour se déplacer. Arrivés au bout de la plage je lui demandais de prendre le galop. Il parti comme une furie, pour partir en direction de la sortie de celle-ci. Je ne m'y attendais pas, j'essayais tant bien que mal de le faire repasser au pas afin de repartir dans le calme, j'étais obligée de me fâcher un peu, il fallait qu'il se rappelle que ce n'était pas lui le commandant de bord ! Il finit par repasser au pas, j'étais en sueur, il ronflait comme un vrai étalon et je peinais à lui faire reprendre son calme. Je lui demandais de prendre un petit trot, il soulevait les membres comme pour piaffer, la queue en panache, c'était chaotique ! Il avait énormément d'énergie, je ne l'avais jamais vu comme ça. La pause lui avait peut être fait un peu de bien, je ne pouvais pas le dire mais j'étais à la fois anxieuse et ravie de le voir ainsi. Il avait de la ressource et il me le prouvait aujourd'hui.

Je finis par lui redemander le galop, dans le calme, tout doucement en plaçant mes aides le plus finement possible. Il partait plus ou moins dans le calme, je gardais mes mains bien fixes pour lui tenir la tête, hors de question qu'il ne me reprenne la main comme il l'avait fait. Il finit par céder et à me faire confiance. J'avais les bras en compote, j'essayais de ne pas être trop crispée mais cela s'avérait difficile. Je repassais par conséquent au pas puis le mettais sur un cercle et effectuais des transitions. Il se calmait doucement, et commençait à être entièrement au mon écoute. Une fois qu'il était bien aux ordres je relâchais la pression repassais au pas et le félicitais vivement. Je le fis marcher tranquillement rênes longues sur la plage afin de profiter de l'air frais et pour qu'il puisse récupérer avant de se rediriger vers le Haras. Demi-tour fait, je prenais la route du retour, il le sentait, j'ajustais mes rênes mais restait paisible. Je prenais le petit trot jusqu'au terrain glissant, il était de nouveau bien sage et trottait quasiment rênes longues, je décidais de lui laisser un peu de liberté pour cette fin de séance. Arrivés sur le terrain boueux, je repassais au pas, rênes longues je le laissais me guider jusqu'aux écuries. Je descendais et le laissais brouter tranquillement avant de rentrer.