Travail sur l'herbe

Après avoir longtemps hésité je m'étais finalement installé dans le domaine du Valhalla, situé aux haras de Pado. C'était Tedrick, un ami et propriétaire des lieux qui m'avait convaincu de l'y rejoindre en compagnie de ma pouliche, Pain d'Epice.

Oh l'endroit était vraiment très bien équipé, les installations étaient presque neuve et très bien entretenues, une armée d'employée s'occupait activement de rendre la vie des chevaux au mieux, mais cela me changeait de mon ranch habituel, un peu poussiéreux et moins "luxueux" mais si agréable. La mentalité des gens étaient différente, ici la plupart ne juré que par les concours, les prix et tout le tralala, moi je souhaitais simplement laisser s'exprimer mes chevaux, leurs faire faire ce qui leurs plaisaient en me faisant plaisir. Beaucoup de cavalier avaient leurs propres montures et pratiquaient des disciplines classiques, moi je n'en connaissais que les bases, depuis que j'étais bébé je pratiquais la monte western et j'avais toujours aimé ça.

Chez nous les chevaux c'était une affaire de famille, chaque enfant avait un cheval avec qui il apprenait à monter et faisait ses preuves. Je n'avais pas échappé à la règle, j'avais partagé un bon bout de route avec Jumper, un paint horse pie bai brun qui m'avait tout appris, avec qui j'avais fais également mes premiers rodéos, mes premières chutes et mes premières victoire. J'avais aimé ce cheval comme un frère, un membre de la famille, jusqu'à ce qu'on me le retire, il y a de ça 1 ans, à cause d'une rupture de l'aorte lors d'une séance de longe.

Alors voilà, ce petit bout de cheval m'avait manqué pendant longtemps et mon deuil m'avait traîné, jusqu'à ce que je croise le regard de cette petite appaloosa vraiment charmante dont il ne manquait que le débourrage répondant au doux nom de Pain d'Epice, et je l'avais acheté avec l'accord de mes parents, prête à repartir du bon pied pour une nouvelle aventure équine.

Après notre arrivée au haras de Pado j'avais préféré la laisser s'acclimater avant de commencer son débourrage, mais je n'avais plus aucun cheval à monter, c'est alors que Tedrick m'avait proposé de monter sa jument vicieuse nommée Moonlight, elle m'avait beaucoup plus, lors du rassemblement de bétail où Tedrick nous avait rejoins pour nous filer un coup de main, et c'était avec plaisir que j'avais accepté.

Avec cette presque mamie j'avais voulu faire un peu de trail, l'équivalent du trec pour faire simple. La jument serait probablement contente de mettre le nez hors de sa carrière habituelle, enfin j'espérais. J'avais donc récupérer les affaires de la belle palomino et l'avais vite rejoins dans son boxe pour m'occuper d'elle comme elle le mérité!

Arrivé devant le boxe la grincheuse me tournait le dos, montrant ses fesses, tête basse. Je ne m'en étais fais qu'une formalité et m'étais glissé vers sa tête pour lui enfiler son licol avant qu'elle ne se rende compte de mon action. Presque sur le coût elle avait alors relevé la tête, oreilles en arrière, et m'avais suivit en piétinant hors de son boxe.

Une fois attaché à l'anneau j'avais commencé un bon pansage bien long afin de la détendre et de passer un petit moment privilégié avec elle, je l'avais ensuite sellé de ses affaires western et l'avais emmené jusqu'au terrain de cross et de trec du haras de pado.

Nous n'étions que deux cavaliers présents, moi et une jeune fille perchée sur un magnifique cheval noir. Ne préférant pas la déranger je m'étais contenté de ressangler en esquivant un coup de dent mesquin de la jument et me mettre en selle. Rêne assez longue je commençais par la faire marcher sur le sol herbeux de l'endroit.

Alors que je commençais à marcher sur la piste, tenant mes rênes à une main, je pouvais remarquer que l'autre jeune fille ne cessait de me jeter des regards du coin d'oeil, comme si je faisais "tâche" dans son champ de vision, que je n'avais rien à faire sur ce terrain de cross.

Je tentais de l'ignorer et commençais à faire trotter la jument tête basse, cette dernière prenait appui sur le mors et cherchais à tracter, je passais donc mon temps à lui allonger mes rênes afin qu'elle vienne d'elle même chercher le mors. Nous trottions sur plusieurs cercles pour nous étirer, ce aux deux mains avant de faire quelques transitions que je cherchais à avoir fluides. La palomino traînait les sabots mais restait assez attentive à ce que j'attendais d'elle, visiblement de pas trop mauvaise humeur.

Sans faire attention à l'autre cavalière j'avais simplement poursuivis la détente avec plusieurs exercices sur des courbes pour l'échauffer et l'assouplir, principalement sur des cercles et des serpentines, et avais décidé de terminer par un tour de galop à chaque main. Moonlight restant Moonlight elle avait finit par s'élancer, en traînant les sabots serte mais bon.

Notre détente terminé je la faisais marcher rênes longues un peu partout, cherchant encore une fois à avoir une attitude basse, ce qu'elle avait bien comprit, et une fois obtenu commençait à chercher du regard quelques obstacles de trail à passer tout en zieutant l'autre cavalière.

Je finissais tout juste la détente de la palomino lorsque l'autre cavalière, perchée sur un jeune noir, manqua de nous percuter par inattention. Rapidement la demoiselle s'était excusée en faisant un arrêt express à sa monture, monture qui fut contraint d'esquiver un coup de dent vicieux de Moonlight qui fit un bond sur le côté.

Rapidement je caressais la jument en lui chuchotant quelques mots, afin de la calmer principalement, et une fois chose faite je levais enfin les yeux vers la jeune fille. Elle était blonde, avec un air assez, je ne dirais pas snob, seulement fille de bonne famille, avec des chevaux hors de prix.

• Ce n'est rien, une erreur d'innatention ça arrive à tout le monde après tout. Hum, vous faites quoi ici? Je veux dire, vous aviez prévu quelque chose en particulier? On es seule toute les deux et être à plusieurs se montre toujours plus sympa que chacun dans son coin.

Visiblement ma proposition avait pris de cours la demoiselle, dans un sens elle avait raison, nos styles de montes étaient très différentes, les disciplines pratiquées de même, mais il y avait bien quelque chose qui était commun, seul les noms différencier, enfin à ça de près, ainsi, avec un sourire amical, je lui répondais gentiment :

• Dans ma discipline on nomme ça le trail, chez vous le trec il me semble, la discipline est la même à quelques obstacles près,  on pourrait travailler là dessus, cela sera ludique pour nos chevaux et pour nous, en plus de cela ils pourront découvrir de nouveaux obstacles, et ça ne peut qu'aider lors de balade s'ils découvrent de nouvelles choses. Oh, en fait je m'appel Lily, et tu es? Enfin si je peux tutoyer.

Au final la situation avait un poil de comique : une cavalière de classique et une cavalière de western allaient s'entraîner ensembles, main dans la main, dans une discipline commune ou presque. Lorsqu'on y réfléchissait cela promettait d'être pas mal, même si Elisabeth, tel était son nom, m'avait expliqué n'en avoir jamais pratiqué.

Je réfléchissais longuement à ce que nous pourrions faire en premier, et l'idée me vînt rapidement, il y avait tout près de nous un gué, ce qui en soit était tout bête à passer. Nous devions juste le faire traverser à nos chevaux montés. Je proposais donc l'idée à Elisabeth et m'y lançais la première.

Rênes longues je pressais les flancs de la jument qui se mettait au pas dans une attitude plutôt basse. Arrivé au bord de l'eau la jument n'hésita pas, visiblement expérimenté autant lorsqu'il s'agissait de travail dans une carrière qu'en extérieur, et en quelques foulées le gué était traversé, sans plus de pression que cela. Je la félicitais alors et attendais ma nouvelle partenaire de l'autre côté.

Après mon passage ce fut au tours d'Elisabeth et sa monture de traverser le point d'eau, ce qui ne leur posa aucun problème, au contraire, le noir semblait apprécier l'eau et avait montré beaucoup d'enthousiasme lors de sa traversée. Une fois fait je lui proposais un autre exercice, pas spécialement compliqué, il surprenait juste certains chevaux, il s'agissait de franchir un pont, tout simplement.

Par chance le terrain de cross qui faisait aussi terrain de trec était tout équipé pour ce genre de pratique, un peu plus loin il y avait un petit pont arqué en bois, sur les côtés de clôtures de protections, classique en soit, la vrai difficulté était principalement l’étroitesse de l'obstacle, un cheval de trait peinerait à y passer.

Je m'y lançais en première, en "éclaireur", je pressais les flancs de la jument qui commençait à adopter une allure un peu plus énergique, visiblement motivé par les exercices qu'on lui proposait. A une main, rêne longue, je la guidais jusqu'à l'obstacle. Elle posa un sabot hésitant, manqua de le retirer, surprise par le bruit de ce dernier sur le bois, puis après une brève hésitation le franchit dans un pas lent, préférant adopter la sûreté. Elle sembla même assez soulagée lorsqu'elle quitta le dispositif, je la félicitais alors d'une caresse chaleureuse et la mettais à l'arrêt en attendant qu'Elisabeth nous rejoindre.

• Au fait tu ne m'as pas dit, quel est le nom du joli noir sous ta selle? Tu es sa propriétaire?

Peut après nous passèrent l'étalon et sa cavalière, et malgré le malaise de l'animal sur cet obstacle il finit par le franchir, en rapidité certe, mais il le fit tout de même et rapidement ils nous rejoignirent. Je commençais donc à faire un peu marcher la jument palomino le temps de trouver un prochain obstacle et répondais à Elisabeth d'une voix amicale :

• Elle se nomme Moonlight et elle ne m'appartient pas, je ne sais pas vraiment s'il faudrait dire "malheureusement" vu son caractère mais bon, elle est une très bonne monture lorsqu'on s'y prend un temps soit peu bien, ce qui n'est pas aisé tout les jours, je plains son propriétaire. En fait, tu viens d'où, toi et ta monture? Je veux dire il appartient à qui, et toi, tu le monte souvent?

Les pas de nos montures respectives nous guidèrent finalement vers une "porte", un obstacle courant dans les deux discipline, il s'agissait d'ouvrir, traverser et fermer une porte matérialisé par une corde ou parfois par des bouts de bois comme ici, plus exactement un morceau de la grosse branche était accroché à l'un des piquets et était fixé de sorte à ce qu'il puisse s'abaisser et se lever à volonté manuellement, je me lançais donc la première sur le dispositif.

La jument semblait habitué, j'avais déjà vu Tedrick traverser ce genre d'obstacle en extérieur avec elle, je plaçais donc la jument près de la porte et chassais ses hanches afin qu'elle soit parallèle, et d'humeur paresseuse elle ne chercha pas à plus bouger que ça, je soulevais alors le bout de bois le plus au dessus de nous et la faisais avancer en tentant de chasser ses hanches pour la faire pivoter sur elle même, ce qui se passa, je la faisais ensuite reculé avec précaution et reposais le bout de bois, pour terminer je félicitais la jument et l'éloignais au pas, laissant la place à Elisabeth et le beau Happax.

Pour le passage de la barrière Happax montra quelques difficultés, surtout au niveau de l'immobilisation, c'était normal après tout, ils débutaient et l'étalon semblait jeune, rien de bien méchant quoi. Je proposais finalement à Elisabeth de terminer notre séance par enchaîner les trois obstacles vu précédemment.

Comme toujours je commençais alors, lançant la jument au pas vers le gué qu'elle traversa sans peine, juste un peu réticente au début à cause de l'eau froide, mais il suffit de plusieurs encouragement pour la voir le franchir sans problème, une fois dehors elle s'ébroua et nous primes le trot pour rejoindre plus rapidement le second obstacle : le pont.

Arrivé face au pont de bois je sentis la palomino se tendre un peu mais passer tout de même l'obstacle, avançant d'un pas prudent de l'autre côté, obstacle traversé je la félicitais vocalement et à l'aide de quelques caresses et lui faisait prendre le trot jusqu'au dernier obstacle où nous nous arrêtions.

Dernière étape en soit et elle n'était pas vraiment complexe, je mettais un peu de temps à chasser ses hanches pour la mettre bien parallèle au bois de bois et l'attrapais pour le lever un peu avec quelques difficulté, cette chose était relativement lourde pour être honnête, je lui faisais, à une main, du mieux que je pouvais, faire demi-tour sur elle-même en la poussant afin qu'elle se retrouve à nouveau parallèle à la porte, cette fois la tête à l'endroit où se trouvait précédemment sa croupe et vis versa, quelques pas de reculé qui furent facile à obtenir et je refermais la porte le moins brutalement possible, je la flattais et revenais à notre point de départ au petit galop avant de l'arrêter près d'Happax.

Le passage d'Elisabeth n'avait pas été si mal que ça pour un couple de débutant dans la discipline, je la rejoignais alors :

• Pour une première fois en trail vous étiez pas mal du tout tous les deux. C'était plutôt cool, on pourrait ce revoir un de ces quatre si tu veux, ça pourrait être sympa!

Après avoir et dit au revoir je retournais au domaine où je rentrais Moonlight le temps de la déselle puis de la panser. Une fois fait, bien dorloté, je la ramenais au paddock qu'elle sembla tout particulièrement heureuse de retrouver.