Gardevoir - selle français (j)

Elle s'assit sur le bord de la fenêtre. Le regard perdu à chercher les silhouette si familières. Elle voit la silhouette alezane d'une jument, cachée derrière un arbre. Une jument plus toute jeune, marquée par les années. Autour d'elle, elle voit un poney, qui mange de l'herbe tranquillement et au loin, un autre cheval, et un autre. Voici ce qui habite son quotidien, son domaine. Et dire que tout cela a commencé par une histoire, un devoir. La femme, les cheveux strillés de gris repousse une mèche en arrière de son oreille, découvrant les rides qui parsèment son visage. Son regard, vitreux se perd dans l'étendue verte alors qu'elle recherche la matriarche du troupeau, si chère à son coeur. Apparaît derrière une bute une jument qui est de loin l'aînée. Son pas est las et lent. Les yeux de la femme s'embuent de larmes alors qu'elle pousse un soupir. La jument, comme si elle l'avait entendue, lève la tête et la regarde d'un air curieux et sage. L'étincelle de la jeunesse est disparue, remplacée par celle de la sagesse. Ses oreilles sont pointée vers la femme et on voit ses naseaux frémir. Puis, elle baisse la tête pour se mettre à marcher. On voit clairement une hésitation dans la manière qu'elle dépose sa patte. Les années ont laissées leurs traces. Et dire qu'avant, elle était jeune et fringante.  Curieuse, voir un peu téméraire.

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-Alors, pour aujourd'hui, le devoir : vous allez dessiner un animal, un animal que vous aimez, celui que vous désirez, dit la professeur tout en regardant sa classe.

Devant elle se trouvent des étudiants d'une quinzaine d'année en cours spécialisé d'art plastique. Certains ont le regard perdu, bien plus concentré sur l'horloge qui annoncera la fin des cours que sur la prof.  Et quand, enfin (!) sonne la fin des cours, la masse d'étudiants quittent le local. Une jeune fille aux traits fins se mélange à la masse. On reconnaîtra peut-être en elle la femme aux chevaux mais pour l'instant, elle n'a eut que peu de contact avec ces bestioles. Elle se fond, discrète, à travers la foule jusqu'à ce qu'une fille court la rejoindre et lui prenne la main de manière joueuse et taquine.

-Allez! Viens, on va à l'écurie pour faire le devoir!

La phrase, la jeune fille l'a entendu des centaines de fois. La petite bouille blonde qu'est son amie, adore les chevaux. Et sans l'ombre d'un doute, elle planifie de dessiner son cheval préféré. La jeune fille esquisse un sourire contraint. Les chevaux, c'est pas trop son truc. Ces bêtes sont vraiment trop grandes et imprévisibles pour elle. Pourtant, elle se laisse guider, la jeune blonde a toujours eut le dessus sur elle.

-Doucement Liddy, pas besoin de courir, les chevaux ne se sauveront pas.  

Liddy, c'est son amie. Et elle, c'est Ambre. Comparses depuis le début du high school, elles sont presque inséparables. Enfin, Liddy ne lui lâche jamais les baskets, et Ambre suit dans son sillage. Par la force des choses. Par la force de Liddy.

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Elles sont enfin à l'écurie. Les chevaux sont dans les boxes. C'est là que normalement se dirige Liddy pour préparer son cheval et prendre des leçons d'équitation. Mais aujourd'hui, c'est vers les pâturages qu'elle se dirige.  C'est beaucoup mieux pour dessiner les chevaux, dans la nature, sans restrictions, les chevaux libres comme l'air. D'un pas forcé, Ambre suit Liddy, son cahier à dessin à la main avec quelques crayons de plomb.  Et Liddy s'arrête devant les pâturages pour se coucher sur le ventre, mâchouillant le bout de son crayon et regardant attentivement les chevaux. Le regard d'Ambre se porte, lui aussi, sur les pâtures et, à sa grande surprise, y voit des mères et des poulains  jouer en manger tranquillement.

-Alors, lequel tu vas dessiner?

Liddy est, vous l'aurez deviné, un vrai moulin à parole que personne ne peut arrêter. et Ambre est plutôt silencieuse. Sur ce point, le duo s'entend à merveille. Pourtant, le silence s'éternise et lentement, Ambre réalise que Liddy s'attend à une réponse. Mal à l'aise, Ambre pointe quelques poulains un peu plus loin. Des poulains qui se reposent.  

-Allez, Va! dit Liddy tout en prenant son cahier à dessin, pour lui donner la permission.

Traversant la clôture, ambre s'avance timidement vers quelques couples de mères et de poulains. Prenant son temps pour ne pas les déranger, elle s'assit, jambes croisée dans la plus respectable des positions. Et elle observe. Alors que le cahier de Liddy est déjà pleins de dessins, elle esquisse tranquillement la première ligne. Puis la seconde. Sous le regard du soleil et du ciel se dessine tranquillement les contours d'un cheval. D'une jument baie dont le corps, bien que marqué par de nombreux poulinages, garde un aspect noble et serin. Son port de tête est haut et la jument est attentive, le regard fixé vers celle qui la dessine tranquillement.  Les lignes prennent forme sur la page blanche, devenant pâturon, canon, avant main, cheval. Puis, le regard de l'artiste se pose sur la petite chose qui bouge autour de sa mère. Si la jument baie l'a attiré au premier coup d'oeil, la pouliche est, quant à elle, au mieux, intenable. Elle joue et cours à gauche et à droite, impossible à dessiner. . Ambre attend, certaine que le manège va finir par s'arrêter. Pourtant, la pouliche semble avoir de l'énergie à revendre, ne s'arrêtant que quelques secondes avant de batifoler de nouveau. Si les ailes d'un papillon peuvent causer une tornade, alors la pouliche, elle, crée un bouillon de mouvement sur la feuille de dessin.

Siffle, alors Ambre change de tactique. Elle siffle fortement, les doigts dans la bouche. La petite chose alezane se tends et s'arrête quelques instants, frémissante. Ses yeux intelligents se fixent vers elle. Retenant son souffle, Ambre tente d'imprimer la pose dans son esprit. Mais à peine a-t-elle eut le temps de commencer son dessin que la pouliche est partie se réfugier derrière sa mère. On ne lui voit plus que les pattes. Ambre relâche son souffle, un peu deçue. Pourtant, quelques moments plus tard, quelle n'est pas sa surprise de voir une petite tête brune et blanche réapparaître derrière sa mère, mâchant un bout de sa queue. Les yeux bien fixés sur la dessinatrice, la pouliche prend la pose, grignotant un peu de poil de sa mère. Elle reste quelques instants ainsi, permettant à Ambre de fixer dans son esprit cette image et commencer à dessiner les premières lignes de son croquis pour immortaliser l'expression de la pouliche. On lit dans son visage curiosité et crainte, inquiétude et envie. Désir de découverte.

Timidement, elle s'éloigne de sa mère qui garde un oeil protecteur sur elle et elle s'approche de la jeune fille. Elle est frémissante, aux aguets, prête à détaller plus rapidement que son ombre. Elle fait quelques pas et s'arrête de nouveau, combattant cette curiosité de jeune cheval. Ambre aussi se retient. Elle qui craint un peu les chevaux, elle ne déteste pas pour autant les poulains. Ce sont de petites choses fragiles et mignonnes qui font fondre son coeur de jeune fille. La pouliche fait un pas et Ambre s'arrête de respirer. Elle aussi, tendue et excitée, attendant de voir la réaction de la pouliche. Les deux se regardent attentivement et doucement, le visage d'ambre se teinte de rouge. Retenir sa respiration trop longtemps, cela ne lui fait pas.

Alors qu'elle est sur le point d'expirer, la mère de la pouliche lève rapidement la tête et hénit. La pouliche, comme un coup de vent, fait demi-tour et file directement entre les pattes de sa mère pour se protéger. Ambre, avec soulagement, laisse l'air entrer dans ses poumons, cherchant son souffle alors que la pouliche fait elle aussi de gros naseaux. Un petit rire cristallin s'échappe de la bouche d'ambre et non loin d'elle, Liddy s'arrête de courir. C'est la première fois qu'elle entend Ambre rire, véritablement.  La jeune blonde fait demi-tour, un sourire aux lèvres, heureuse d'avoir enfin fait une faille à la carapace de sa jeune amie.


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Oui, c'était vrai, c'était bien ainsi que la dame avait rencontré pour la première fois Gardevoir, la vénérable jument qui marchait difficilement dans les prés pour venir la voir. Toutes deux n'avait plus l'innocence ni la jeunesse qu'elles avaient lors de cette première rencontre mais quelque chose de plus solide s'était développé entre elles. La vielle mère s'approche de la femme. S'arrêtant à quelques mètres d'elle ; comme elle l'avait fait lors de cette première rencontre mais, cette fois-ci, c'est Ambre qui claqua de la langue et c'est d'un pas presque franc, malgré une boiterie apparante, que Gardevoir s'approcha d'elle pour enfouir sa vieille tête aux tempes blanche sur la poitrine de la pas si jeune femme.