Au coeur de l’hiver
Valium et Logan
Objectif de l'évenement : Désensibiliser un poulain à la couvertureCe matin je quittais mon petit appartement au dessus de l’écurie assez tôt, je m’étais réveillé avant l’aurore mais sans savoir vraiment ce qui m’avait sorti de mon sommeil. Je m’étais préparé un café et vêtu chaudement, l’hiver cette année n’était pas tendre. Qu’elle ne fut pas ma surprise de voir tout le domaine recouvert de presque un demi-mètre de neige. Certes la météo avait annoncé de la neige mais pas dans cette proportion… Je refermais la porte et descendais les escaliers, je n’avais pas vu Kate mais sa veste était pendue à la patère elle devait donc encore dormir.
J’entrais dans l’écurie refermant rapidement la porte derrière moi pour ne perdre qu’un minimum d chaleur et éviter que le vent qui soufflait en rafale ne pousse la poudreuse dans le bâtiment. Dans mes boxes cette année il n’y avait qu’un seul poulain. Un produit d’Alléluia et d’une jument KWPN appartenant à un autre élevage. Le petit mâle qui en avait résulté était d’un alezan flamboyant, bien loin de la robe noire et blanche de son père. Au sevrage il avait donc rejoint mon écurie.
Avec la température très basse je m’inquiétais un pu pour lui. Vu l’heure je commençai pourtant par la première tâche quotidienne dans une écurie : la distribution du petit déjeuner des chevaux. J’allais chercher la brouette dans la pièce réservé aux grains, n’oubliait pas de prendre un seau avec une dose de granulé croissance de mon poulain nommé Valium.
Petit Val’ était placé au bout de l’écurie, c’est ainsi que je terminais ma distribution par son boxe. Le poulain était couché dans la paille, pas vraiment réveillé. Je l’appelais et il leva la tête sans faire mine de se lever ce qui m’inquiéta. J’attrapais mon seau et me glissais dans le boxe. Valium m’observa puis tenta de se lever sans y parvenir. Je posais la ration dans l’angle et en lui parlant doucement m’approchait. Il ne semblait pas vraiment effrayé et il me laissa l’aider à se lever. Il vacilla un instant puis se dirigea vers le seau pour engloutir sa nourriture.
Du peu que je l’avais tenu je savais qu’il était frigorifié, il allait falloir l’aider à augmenter puis maintenir sa température corporelle. Quand j’avais acheté le domaine l’élevage y tenait une place importante et je savais que pas mal de matériel utile aux soins des plus jeunes avait été stocké dans un des grenier. Je ramenais donc ma brouette dans son local et me dirigeais d’un pas rapide vers le-dit grenier. J’y grimpais et farfouillais parmi les boites, malles et cantines stockées sous ces combles. Je dénichais finalement ce que je cherchais, une couverture taille poulain ou shetland je ne savais pas vraiment mais à vu d’oeil la longueur devait correspondre pour Valium.
Je rangeais le bazar que j’avais semé et mon trésor roulé sous le bras avais dévalé l’échelle en sens inverse pour retourner au boxe. Quand j’y arrivais Valium terminait de lécher le seau que je lui avait laissé. J’entrais dans le boxe, posant le seau dans l’allée vu qu’il était maintenant vide. Maintenant il fallait convaincre l’animal d’accepter sur son dos cette couverture. Pour l’instant je la posais sur la paille et tentais de simplement le caresser. Habitué plus ou moins à ma présence depuis son arrivée il ne sursauta même pas quand ma main se posa sur son encolure. Je fis glisser ma paume plusieurs fois sur son cou puis son dos sans qu’il ne bronche, m’observant patiemment.
Valium était intelligent, j’en étais convaincu, la preuve en étant sa patience et son calme par rapport à ma présence et mes manipulations. Je repris la couverture et la lui montrais. Il la renifla curieusement puis me regarda, s’interrogeant certainement sur ce que j’allais en faire. Délicatement je la posais sur son dos, la retirant avant qu’il bouge. Je recommençais plusieurs fois jusqu’à pouvoir la laisser sans qu’il ne fasse le moindre geste. Lentement je vins alors attacher les boucles au poitrail et les petites sangles sous son ventre. Il était équipé pour le froid maintenant.
Je fouillais les poches de ma veste, il y restait presque toujours des friandises comme des morceaux de carotte. C’est de la pomme que je dénichais. Je lui offrais un premier morceau puis avec un second l’encourageai à faire un pas ainsi couvert. Gourmand comme presque tout les chevaux il tendis d’abord l’encolure puis avança un antérieur avant de marcher franchement. La couverture lui allait bien j’étais content de pouvoir lui apporter ce confort. Après une dernière gourmandise je quittais le boxe, le refermais soigneusement derrière moi et m’éloignais sans oublier de ramasser le seau avant qu’il ne traîne pour de bon.