Faisons connaissance!

J’avais rencontré Maritza au club House. Nous avions échangé quelques mondanités avant de parler d’un sujet crucial : les chevaux ! Elle m’avait longtemps parlé de ses multiples montures, de son élevage, et je l’enviais beaucoup d’avoir pu faire tant de choses avec ! Je lui avais expliqué que je n’étais là que depuis peu, et que j’avais pris une jument du club, Sunshine, en demi-pension. Elle appartenait au club, mais j’avais eu un bon feeling avec elle, et je variai beaucoup les exercices. Sun était une jument agréable, et j’avais énuméré ses nombreuses qualités. Au terme de la discussion, nous décidâmes de prendre les coordonnées l’une de l’autre pour partir en balade à la fraîche le matin.

Ce jour, c’était aujourd’hui. Je m’étais levée tôt, et à 9h j’étais aux écuries. Le temps était clément, et une douce brise faisait frémir les branches des arbres. Pas un nuage à l’horizon, cet après-midi allait être chaud !

-Sunny ! appelai-je.

La jument passa la tête par-dessus la porte du box et me regarda. Je pouvais compter sur les doigts d’une main le nombre de fois où j’étais venue le voir de si bonne heure ! Peut-être se demandait-elle ce qu’il se passait pour que l’on soit de nouveau ensemble à une heure pareille. Je ne pus m’empêcher de sourire à l’idée que Sun élaborait peut-être des hypothèses pour expliquer ma présence.

Je m’approchai et la gratouillai sous l’auge, puis je filai chercher un licol dans le casier. Je le lui passai autour du museau et fermai la têtière au-dessus de sa nuque. Elle sortit du box sans rechigner et se laissa attacher à notre anneau favori. Je sortis les brosses et entrepris de la panser. Un coup de bouchon pour enlever le plus gros, la brosse douce pour nettoyer, et l’époussette pour faire briller ! Avec une lingette, je fis également le tour des yeux de la jument. Il ne me restait que les sabots. Que pouvait bien faire Maritza ? Avait-elle oublié ? Avait-elle eu un empêchement ?

Je m’étais posée la question de ce que faisait Maritza pendant que je préparai Sunshine, mais je continuai tranquillement ma préparation. Si je n’avais pas de nouvelles, je n’aurais plus qu’à y aller seule, en balade. Mais j’espérais qu’elle me préviendrait tout de même.

Je curai les pieds de ma petite boule de poil. Il n’y avait pas grand-chose à part des copeaux et quelques crottins. J’attrapai ensuite un tapis noir, très simple, et mis l’amortisseur au-dessus. Je posai la selle et sanglai une première fois. Je mis des guêtres aux antérieurs pur protéger la pépète, puis je mis son filet et attachai la muserolle. Bombe sur la tête, je partis en quête du montoir. Je me hissai en selle, et c’est à ce moment que je croisai Maritza.

- Hello ! Ca va ? Alors, on est parties?

Nous discutâmes rapidement avant de prendre le chemin de la forêt.

- Et si on allait se balader dans les dunes ? Tu en penses quoi ?

Ravie d’avoir enfin trouvé Maritza, je décidai de partir vers les dunes. Nous lançâmes nos montures dans cette direction. Alors que nous discutions, Maritza remonta son étalon blanc à hauteur de Sunshine. Il n’avait pas l’air agressif, mais je ne connaissais absolument pas les réactions de Sunshine en balade avec ses congénères ; elle pouvait ne même pas en tenir compte, mais elle pouvait aussi ne pas supporter leur compagnie et les chasser plus ou moins violemment. Je restai donc sur mes gardes les premières minutes, mais je me détendis rapidement. Sunshine ne semblait pas dérangée outre mesure par la présence d’un autre binôme à nos côtés. Au contraire, elle allait bon train, les oreilles en avant, et j’avais un peu de mal à la tenir, comme si elle cherchait à faire la course au pas. Cependant, quand elle avait tendance à trop précipiter, je raccourcissais un peu mes rênes que je laissai détendues le reste du temps.

Maritza me demanda alors quelle discipline je pratiquai et depuis combien de temps.

- Hum, tu sais, je suis de la vieille école, éduquée en centre équestre, en équitation classique. Du coup, je pratique surtout de l’obstacle et du dressage, et du cross de temps en temps. Mais disons que je suis ouverte à beaucoup d’autres disciplines, et si je n’ai jamais eu l’occasion de faire du western (alors que j’aurais bien aimé essayer), je suis aussi très axée sur le travail à pied. Après, tout ce qui sort de mon domaine de compétence, comme le Horse Ball ou les Pony Games me pose plus de mal. Et je fais de l’équitation depuis que j’ai 8 ans. Et toi ?

Tout en discutant, je ne m’étais pas aperçue que nous étions si avancée. Bientôt, les sapins laissèrent place à la pinède, puis le sable remplaça la terre. Nous arrivions dans les dunes. Au loin, on pouvait entendre le bruit des vagues qui venaient s’échouer sur la côte.

- Petite balade tranquille dans les dunes ? Ca te dit ?

La balade se déroulait dans des conditions agréables: temps diéal, binôme sympathique, que demander de mieux? Maritza m'avait demandé, histoire d'engager la conversation, depuis combien de temps je montais à cheval et les disciplines que je pratiquais. Je lui avais répondu que je travaillais surtout les bases de l'équitation dite classique, avec le saut et le dressage mis en avant. Mais je devais avoir l'âme un peu rebelle, et il était vrai que je faisais aussi, autant que possible, du travail à pied. Les qualités de ce genre de travail étaient nombreuses, à commencer par l'écoute entre le cheval et le cavalier, la compréhension et la confiance.

Maritza quant à elle était lad-jockey et travaillait plutôt sur les terrains de course.

- C'est passionnant ! Tu penses que tu pourrais me montrer un jour ? On fera la course ! On ne dirait pas mais Sunny a un bon moteur ! Du coup, Romario est un pur-sang anglais non? Je ne suis pas très douée pour deviner les races au premier coup d'oeil!

Nous progressâmes jusqu'à l'intersection menant aux dunes. Nous prîmes cette direction et ne tardâmes pas à nous enfoncer dans le sable. Le paysage était très beau, la langue de sable s'étirait à perte de vue, coincée entre la pinède et la mer. Comme il était tôt, il n'y avait personne sur la plage, hormis un joggeur matinal. Nous montâmes et descendîmes les dunes. Je ne pouvais m’empêcher de rire de Sunshine qui avait parfois du mal à évaluer le poser des sabots. Mais au moins, elle était concentrée et appliquée, et ne cherchait plus à faire la course avec Romario.

- Qu'est-ce qu'on est bien là! Tu ne trouves pas?