Balade de retrouvailles [NOTE]

Balade de retrouvailles

Let us go on and take the adventures that shall fall to us.

Ton changement d'orientation avait eu pour conséquence de devoir te faire changer de région. Si la perspective de quitter ta famille t'avait fait grincer des dents, il fallait dire que tu t'étais vite faite à ton ancienne région, car oui tu étais revenue dans les traces de ta jeunesse. C'est ainsi que tu avais pu reprendre contact avec Maritza, une amie d'enfance que tu avais perdu de vue lorsque tu avais dû déménager avec ta famille, au début de ton lycée. Lorsque ton amie fut mise au courant de ton arrivée dans le coin, elle te proposa aussitôt une sortie équestre pour renouer contact. Après tout étant cavalières toutes les deux, c'était bien plus intéressant que d'aller prendre un café en ville.

Pour l'occasion, Maritza avait accepté de te prêter l'une de ses montures, le magnifique Welcome Hammer, un jeune pur-sang. Si au début l'idée de monter un cheval de course te noua le ventre, après tout tu n'avais repris l'équitation que depuis peu, tu fus rassuré par ton amie. L'étalon se révéla être tout à fait attachant, venant quémander des caresses dès que tu te fus approchée de son box. Ton amie ayant déjà préparé les affaires de son cheval, tu n'eus pas à te perdre dans la sellerie ce qui te laissa plus de temps pour faire connaissance avec ta monture du jour. Encore jeune, Welcome Hammer était assez agité, dansant sur ses sabots, tentant de chiper une brosse. Étonnamment cela n'augmenta pas ton inquiétude car dès que tu le remettais à sa place après qu'il eut dépassé un peu trop les limites, l'étalon s'exécutait aussitôt. Malgré son hyperactivité enfantine, Hammer en restait néanmoins un cheval extrêmement bien dressé, capable d'écouter son cavalier malgré tout.

Se rendant compte que ton pansage avait duré peut être un peu trop de temps, tu accéléras le rythme. Faisant attention à ne pas brusquer Hammer, tu t'exécutas tout de même avec des gestes rapides et précis. Une fois prêt, tu ne pus t'empêcher de t'arrêter une minute pour admirer l'étalon qui avait une classe folle. Tu en étais sûre, sur les pistes de course il devait en jeter ! Nattant rapidement tes cheveux, tu fis sortir Hammer de son box, les rênes coincées dans ton coude. Arrivée dans la cour où se trouvait déjà ton amie, tu laissas échapper un sifflement admiratif en voyant la petite bombe qui l'accompagnait.

« Décidément tu as de sacré top modèles avec toi ! » Fis-tu remarquer tout en attachant ta bombe avant de ressangler et de te mettre en selle pour imiter Maritza.

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Une fois en selle, tu ne peux t'empêcher de te trouver bien haute. Cela faisait longtemps que tu n'avais pas eu de montures de ce gabarit. A peine Maritza eut donné le signal du départ que déjà Welcome Hammer se mettait en branle. A chacun de ses pas, tu sentais ses muscles se mouvoir sous toi. Il n'y avait pas de doute, cet étalon était bourré d'une puissance explosive. Toujours aussi excité que dans son boxe, si ce n'est plus il avait tendance à danser sur place, trottinant pour montrer son enthousiasme. Mais à aucun moment, il ne tenta de te prendre la main malgré le fait que tu restais rênes longues. Puis finalement, en voyant que la jument à ses côtés ne bougeait pas, Hammer se colla à son rythme et accepta de se détendre un peu en soupirant. La vitesse viendrait plus tard, pour l'instant l'heure était aux retrouvailles.

« Et bien mon parcours équestre a été beaucoup moins riche et aventureux que le tien. En entrant dans mon nouveau lycée, j'ai dû arrêter l'équitation. Le centre équestre le plus proche était trop loin et puis j'avais du mal à me séparer des écuries qui m'avaient mise à cheval. Mais maintenant que j'ai emménagé ici et que j'ai enfin pris mon indépendance, je me suis inscrite au Haras de Pado et j'ai pris le petit Edouard en demi-pension. Tu sais le noiraud dont je t'es envoyé les photos. Il est adorable, curieux et vif mais terriblement chenapan, si je ne fais pas gaffe il vole toutes mes friandises ou dévore mes brosses ! »

Tu te rendis compte qu'un sourire fier était apparu sur tes lèvres. Il fallait qu'en peu de temps tu t'étais attachée au poulain. A tel point que l'idée de l'acheter dans un futur proche te tarauder. Mais ce n'était pas le moment d'y penser. Revenant à la réalité, tu caressas distraitement l'encolure de Hammer en prenant la parole :

« Et du coup toi tu en es où maintenant que tu as fini l'école ? Tu vas attaquer les courses en officiel ? »

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. Tu écoutes attentivement ton amie. Tu étais un peu triste pour elle de la voir mise sur le banc de touche du fait de son manque d'expérience. Mais le milieu des courses était encore plus compliqué pour les jeunes que dans le reste du monde équestre. Combien s'était lancé dans cette profession passion pour au final se brûler les ailes ? Trop pour que tu ne t'inquiètes pour ton amie. Cependant s'il y avait bien une chose que tu savais sur Maritza c'est qu'elle ne baisserait pas les bras tant qu'elle n'aurait pas fait ses preuves. Et le fait de savoir qu'elle se plaisait tout de même dans son métier te rassurait un peu.

« C'est vraiment chouette que tu puisses être propriétaire avec autant de parts de tes deux bombes. Au moins tu seras sûre de leur avenir. »

Surpris par l'envol d'un oiseau alors qu'il passait à côté du bosquet, Hammer fit un écart, percutant Attrape Moi. La jument coucha les oreilles, peu ravie de se faire ainsi bousculer. Tu t'assures aussitôt Hammer après lui avoir fait reprendre sa place. Ronflant, l'etalon resta sur ses gardes pendant quelques minutes suivants l'incident, plus vexé de s'être fait ainsi avoir que réellement traumatisé. Qu'en tu fus sûre que l'émotion du moment était redescendue, tu relanças la conversation avec un sourire de commérages.

« Et sinon niveau coeur ? Quelque chose de croustillant a me raconter ? »

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Deuxième ? Dis donc tu avais une graine de champion sous ta selle ! Instinctivement tu caressais le pelage du bai. Sensible a l'attention, Hammer tourna ses oreilles vers toi.

« C'est génial ! Bravo a vous deux ! »

Tu comprenais le sentiment de Maritza. L'approbation et le respect de ses pairs était quelque chose d'important même si on cherchait a montrer que non. Avec ton parcours universitaire atypique tu t'étais faite juger plus d'une fois que ce soit par des étudiants ou des professeurs. Ce qui était loin d'être agréable ou encourageant.

« Tu verras avec le temps ça ira encore mieux. Surtout si vous continuez de progresser a une telle allure ! »

En voyant le visage de ton amie s'assombrir, tu compris aussitôt que tu avais mis les pieds dans le plat. Si malgré la distance vous aviez continué d'échanger, vos contacts s'étaient faits de plus en plus espacés et lacunaires. A vrai dire vous parliez plus de chevaux et un peu des études que de vos vies respectives. Il n'était donc pas étonnant de te voir faire une bourde. Ton sourire s'effaça. T'es traits de firent soucieux.

« Comment ça, compliqué ? »

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Tu grimaças en entendant la voix de Maritza trahir une émotion mal contenue. Tu avais toujours trouver que les histoires de cœur étaient un sacré nid à emmerdes et tu les avais toujours évité. Ou alors était-ce ton côté trop romantique et naïf qui te faisait attendre le prince charmant ? Qui sait. Quoi qu'il en soit ton amie, elle, s'était faite prendre au piège. Tu comprenais la difficulté de sa situation malgré ton absence d'expérience amoureuse. Aimer sans savoir si on était aimé devait être terrible.

Une fois le récit de Maritza terminé, tu te mordis distraitement la lèvre, cherchant les mots les plus justes pour la réconforter. Ce n'était pas facile pour toi mais tu ne voulais pas la laisser dans cet état. Surtout qu'intérieurement tu te disais que si un type était assez con pour préférer une pimbêche à ta jockey favorite c'était qu'il était vraiment stupide et qu'il ne la méritait pas. Mais tu te doutais que lâcher le fond de ta pensée de manière aussi brute n'était probablement pas la meilleure solution. Tu soupiras.

« Effectivement, c'est compliqué. Quand tu dis qu'il apprécie ça, je ne pense pas que tu ais foncièrement tort. Tu aimes bien quand ce gars te fait des compliments et t'encourage non ? Peut être que tu devrais justement te rapprocher de lui et lui rendre un peu de ce qu'il t'a offert, non ? Oui, oui je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire. En plus je vois vraiment pas en quoi les victoires en course sont un gage de séduction. Ca serait même super nul d'ailleurs. »

Tu interrompis ton monologue en te rendant compte que tu partais un peu dans tous les sens. Grand Dieu que tu étais inutile. Un nouveau soupir passa la barrière de tes lèvres.

« Honnêtement, je suis la personne la moins bien placée pour te donner des conseils. C'est juste que si vraiment tu aimes ce gars alors faut pas te laisser faire par cette fille. Ce serait juste trop dommage. Tu es vraiment quelqu'un de bien, Maritza et si ce gars t'a encouragé et t'as poussé à continuer c'est bien qu'il a dû s'en rendre compte. Alors juste reste toi même et va le voir pour lui dire merci de t'avoir aidé. Déjà je pense que ce serait un bon point de départ et ça lui ferait comprendre qu'il a été important pour toi. »

Tu repris le silence, craignant la réponse de ton amie. Même si tu avais été le plus sincère possible, tu doutais réellement de l'impact de tes paroles ou de leur véracité. Après tout, qu'est-ce tu connaissais aux histoires d'amour ?

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Tu avais toujours eu un avis plutôt négatif sur le monde des courses. Pas que pour la violence envers les chevaux qui pouvait y régner parce que malheureusement partout dans le monde du cheval la maltraitance existait. Non ce qui te gênait c'était plutôt cette relation à l'argent et au pouvoir que tu trouvais malsaine. Déjà que la compétition en générale te rebutais, dans les courses tu trouvais cela encore pire. Probablement par préjugés puisque Maritza s'y plaisait. Mais des fois ce qu'elle t'en disait te faisait grincer des dents. Comme le fait qu'à l'entendre dire il fallait gagner pour pouvoir être vue et pouvoir trouver l'amour, cela te dépassait. Pourquoi un vainqueur serait un meilleur compagnon ? Surtout que dans ta vision des choses, la plupart était prêt à tout pour gagner, ce qui définitivement aller  a contrario de ta vision des relations amoureuses. Où était le compromis ? Le partenariat ? Mais tu n'en dis pas un mot, gardant les lèvres serrées et te contentant d'offrir un regard compatissant à ton amie. Elle n'avait pas besoin de savoir ça, elle qui aimait cet univers particulier.

De toutes façons, le sourire de Maritza écarta les nuages de la discussion et bien vite elle proposa de passer à l'allure supérieure. Tu sentis ton ventre se nouer, appréhendant un peu là chose. Maritza et sa belle jument prirent la tête de l'expédition et donnèrent la cadence. A ta grande surprise, Hammer accepta la vitesse imposée sans rechigner et il ne tenta pas de devancer sa camarade. Il semblait simplement heureux de pouvoir se défouler un peu et de profiter de l'air frais. Cela te rassura et tu te détendis, relâchant la pression involontaire de tes rênes. Une autre surprise avait été les allures du bai sous ta selle. Contrairement à ce que tu attendais, elles n'étaient pas si désagréables. Un peu particulières il est vrai mais pas désagréables.

Au moment de ralentir, Hammer respecta le poids des rênes et repassa au pas. Il sembla cependant perturber par les quelques foulées de galop de sa camarade et voulut redémarrer en croyant que cela était le signal. Mais le retour au calme d'Attrape-Moi, le fit garder le pas et reprendre une cadence de croisière. Tu le félicitas longuement à grand renfort de caresses, ce qu'il eut l'air d'apprécier. La question de Maritza te fit redresser la tête. Tes amours ?

« Moi c'est beaucoup simple. Il n'y a rien à l'horizon. »

Tu eus un rire gêné avant de reprendre.

« Disons que j'ai pas encore trouvé la bonne personne et que mon changement de vie récent a un peu tout chamboulé... Donc j'ai pas vraiment non plus pris le temps de me lier à d'autres personnes. Que ce soit amour ou amitié d'ailleurs. » Fis-tu remarquer, autant pour toi même que pour Maritza.