Le gravier bruissait sous les roues de son vélo alors qu'elle s'engouffrait sur un petit sentier qui menait tout droit au Haras de Pado. Ce vendredi premier mars, en plus de marquer une entrée attendue en week-end, marquait le début d'une nouvelle vie pour Synna. La jeune franco-russe avait quitté son pays natal depuis quelques années déjà et goûtait cette année pour la première fois à la vie indépendante. Son indépendance l'avait menée tout droit à un retour aux sources qu'elle attendait déjà depuis longtemps : les chevaux. Elle avait arrêté l'équitation avant de quitter la Russie, sous la pression de ses parents qui souhaitaient qu'elle se donne à fond dans ses études mais la passion n'avait jamais quitté son esprit. Ainsi, elle avait découvert le Haras de Pado et s'était jointe à l'aventure aussitôt.
Le ciel était d'un blanc lumineux ce jour là, ce qui contrairement à un grand nombre de personnes, ne contrariait pas Synna qui appréciait particulièrement le temps grisâtre, le bruit des sabots sur le bitume mouillé ou dans les flaques d'une carrière trempée. Son vélo vert s'était retrouvé abandonné contre un mur alors qu'elle avait rejoint le bureau administratif pour régler quelques détails. Vint ensuite la partie la plus attendue de sa journée. Le bruit des talons de Synna résonnèrent alors qu'elle longea l'allée des boxes. Elle entendait ici et là des queues s'agiter, des ronflements de chevaux et quelques mâchonnements de foin. La brune s'imprégna de cette ambiance qui lui avait tant manqué, retenant un sourire apaisé alors qu'elle s'immobilisa devant le boxe qui l'intéressait le plus : celui de Vincent. Vincent étant un étalon estonien de dix ans. Elle n'en savait pas grand chose, si ce n'est qu'il était craintif, plutôt nerveux mais prometteur, surtout en obstacles.
Au fond de son boxe, Vincent semblait surpris de cette arrivée impromptue. Les oreilles légèrement en arrière, Synna pouvait le voir la jauger du regard. Elle glissa ses doigts dans sa poche pour en sortir un bout de carotte préparé à l'avance. Le cylindre orangé attira l'attention de l'étalon qui tourna enfin la tête vers la franco-russe, réfléchissant un instant avant d'avancer et de finalement happer le morceau entre ses lèvres. — Salut, Vin'. Désolée de te déranger, mais ça va devenir quotidien pendant un moment. murmura-t-elle, comme si elle avait peur de troubler la tranquillité de l'étalon. Elle pensa que l'équitation était parfois un sport assez égoïste. Un peu plus rassuré, Vincent prit l'initiative de sentir la main de la cavalière qui le laissa faire avant de s'aventurer à glisser sa main sur son encolure pour la grattouiller doucement. Leur séance aujourd'hui n'aurait rien de bien intéressante d'un point de vue extérieur, mais pour Synna et Vincent, il s'agissait de fonder des bases positives à leur nouveau lien. La cavalière lâcha son sac à dos pour le poser à terre, avant d'en sortir un licol bleu. Tout commencerait par le pansage.
Vincent s'était laissé faire, pas spécialement motivé pour autant, alors que la cavalière lui passa le licol autour de la tête, et l'avait suivi sans broncher hors du boxe. Une fois sorti de celui-ci, il leva la tête, les oreilles en avant, alors qu'il observait autour de lui. Synna en profita pour l'attacher, amusée de le voir si curieux de tout ce qui l'entourait —il ne tarda pas à s'intéresser au sac de la jeune femme, sans pour autant oser y toucher. Pour ne pas le brusquer, à chaque fois qu'elle sortait quelque chose de son sac, la brune laissait à Vincent le temps de sentir l'objet en question. C'est ainsi qu'elle commença par lui faire sentir son étrille en caoutchouc avant d'étriller les parties charnues du cheval. Il avait un corps plutôt massif et trapu, comme ce qu'on pouvait attendre d'un estonien. Synna prit le temps d'observer les réactions de l'étalon, afin de comprendre où est-ce qu'il aimait être particulièrement brossé mais elle ne détecta rien chez l'étalon et conclut qu'il était encore trop fermé à elle pour lui montrer quoi que ce soit. La confiance viendrait avec le temps. Tout au long du pansage, il resta calme ; autant quand elle lui passa le bouchon —manquant de s'étouffer avec la poussière qui volait au dessus de la croupe de l'étalon— que quand elle lui cura les pieds —il résistait parfois, pas tellement motivé à l'idée de lever les pieds mais céda bien vite. Il eut un bref écart quand Synna fit tomber un sac en plastique de son dos mais il se calma bien rapidement, il fallut quelques caresses et une dizaine de secondes de silence pour qu'il comprenne que le sac n'avait pas décidé de lui sauter dessus pour le moment. La franco-russe prit ensuite le soin de démêler ses crins qui étaient très fins, et donc rapides à démêler, ce qui arrangeait bien la jeune femme. Elle termina le pansage en goudronnant les sabots de l'étalon pour éviter l'excès d'humidité, ce serait sûrement utile puisque la météo prévoyait de la pluie pour les prochains jours. Le pansage à présent à terme, Synna détacha l'étalon pour le mener devant les écuries, là où une grande bande d'herbe permettrait à Vincent de brouter tranquillement. L'étalon n'était pas tout à fait rassuré et il passait parfois plus de temps la tête levée que le nez dans l'herbe. Aussi, la cavalière décida de parler en espérant que le geste réussirait à l'apaiser un peu. — (...) Et donc comme je te disais tout à l'heure, j'avais un chat qui s'appelait Zvezda, ça veut dire étoile, c'est mignon hein ? Bref, donc il est monté sur le rebord et (...) T'aurais du voir sa tête ! (...) Oh, et je te parle même pas de la vieille qui tenait l'épicerie à côté (...) Vincent pouvait à présent se vanter de connaître environ le tiers de la vie de sa cavalière, et alors qu'elle le remis au boxe, elle lui offrit une grattouille affectueuse sur l'encolure. — T'inquiète pas, je te raconterai la suite plus tard. Tu vas bien rire. Sur ces mots, elle lui offrit l'autre moitié de carotte qu'elle gardait dans le fond de son sac avant d'observer Vincent dans son boxe pendant encore quelques minutes, ce qui n'avait rien de bien intéressant puisque l'étalon était parfaitement immobile. Elle quitta ensuite l'écurie, réfléchissant déjà aux prochaines séances.
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Ven 1 Mar - 15:44
J'ai adoré ce premier résumé et j'ai hâte de lire la suite!
+2 en soins +2 en confiance 4
Invité
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Sam 2 Mar - 18:49
VINCENT — Premiers pas, 02.03
— Hello boy ! La voix de Synna avait retenti dans le fond de l'écurie alors qu'elle s'arrêta devant le boxe de sa demi-pension. L'étalon dormait, l'encolure basse, et releva aussitôt la tête avec un air surpris en entendant la franco-russe arriver. Il sembla se questionner sur le pourquoi du comment de sa visite jusqu'à ce que Synna lui propose un bout de carotte. Vincent ne se fit pas prier et s'avança pour happer la carotte et la déguster avec bon appétit. Aujourd'hui, la brune décida de tester les réactions de l'étalon si elle le pansait dans le boxe, afin de vérifier qu'il saurait se tenir à sa place et ne pas la bousculer. Elle entra donc dans le boxe et entreprit tout d'abord une petite séance de massage pour réveiller les muscles du cheval et lui faire, tout simplement, plaisir. Avec ses doigts, et surtout ses pouces, elle fit des mouvements circulaires sur les muscles du cheval, notamment sur son dos. L'équidé, s'il ne montra pas son plaisir, se laissa néanmoins faire, l'encolure un peu basse. Il n'était pourtant pas décidé à dormir ou à se laisser aller et Synna put aisément sentir qu'il n'était pas tout à fait en confiance, mais elle était certaine que c'était une question de temps. Une fois le massage finit, elle se mit au pansage. Cette fois-ci encore, le pansage serait purement basique. Elle commença tout d'abord avec l'étrille en caoutchouc. Les poils de Vincent étaient plutôt longs et lui donnaient un air de nounours, mais étaient surtout un abri parfait pour la poussière. Des nuages de poussière s'élevaient dans les airs à chaque mouvement circulaire de la part de la cavalière sur la robe du cheval. — C'est à se demander si je t'ai pansé hier. grommela-t-elle, bien qu'elle prenait plaisir à brosser l'étalon. Elle passa ensuite au bouchon et put se rendre compte que Vincent était affreusement chatouilleux au niveau du ventre. S'il était resté plutôt immobile la veille, il tentait de se décaler de temps en temps quand Synna insistait un peu trop, ce qui fit rire la cavalière. Elle faisait exprès de le pousser avec exagération par moment, en enfonçant un doigt contre son poitrail ou contre son flanc, et s'il fallait insister un peu, Vincent finissait toujours par se pousser ce qu'elle ne manquait pas de récompenser généreusement par des grattouilles. La cavalière passa ensuite au curage de sabots, qui étaient déjà tout à fait propres, puis démêla les crins fins du cheval qui, heureusement pour elle, ne s'emmêlaient pas tant que ça.
Pour l'occasion, la cavalière avait acheté un tapis bleu marine qui allait on ne peut mieux avec la robe de Vincent. Elle s'empressa donc de le seller, de lui mettre un filet simple et de sortir l'équidé du boxe pour l'observer. — Eh ben, c'est parfait tout ça ! s'exclama-t-elle en souriant, avant de mettre sa bombe sur sa tête. Elle se pencha ensuite pour attraper sa cravache ce qui eut un effet immédiat : Vincent se recula d'un coup, les oreilles plaquées en arrière et la tête haute. Heureusement pour elle, Synna avait gardé son bras dans les rênes et put immobiliser rapidement le cheval en le calmant avec des "Ooh, doucement". La cravache lui faisait donc peur. Synna fronça les sourcils un moment, avant d'abandonner l'idée : il était encore un peu trop tôt pour se lancer dans une désensibilisation, il s'agissait d'abord de gagner la confiance de l'étalon. Mais elle mit l'idée dans un coin de son esprit. Elle quitta les écuries avec Vincent, la cravache abandonnée au sol dans l'écurie.
La séance avait été très simple mais positive. Synna en avait appris un peu plus sur sa demi-pension et elle s'était aperçue avec une grande satisfaction qu'il était un cheval agréable, bien que manquant un peu de réactivité et d'entrain par moment. Il se déconcentrait assez vite, mais ce n'était pas du tout gênant pour la cavalière qui aimait elle aussi varier les plaisirs. Une fois dans le boxe de l'étalon, elle le dessella rapidement pour lui permettre de respirer sans sa selle, qui ne devait pas être agréable à porter même avec l'habitude. Pendant qu'il mangeait une pomme qu'elle lui avait donné, Synna lui passa un coup de bouchon et lui cura les pieds. Si le pansage fut on ne peut plus basique, elle prit son temps, s'arrêtant de temps en temps pour papouiller l'étalon ou tout simplement pour l'observer. Elle quitta ensuite les écuries après avoir salué Vincent sur un ton joyeux : elle était certaine qu'ils auraient des tas des choses à apprendre l'un de l'autre et elle était impatiente de voir leur lien évoluer.