Box de Weldenvarden

La voiture s'arrête dans un crissement. La neige a recouvert le paysage. Les toits des écuries et du club-house ainsi que la cour sont ensevelis sous ce blanc manteau. Je fais signe à ma mère de me laisser et je descends de la voiture. L'air est vivifiant. Le vent hivernal mord mon nez et mes joues, laissés nus. Malgré le froid, je suis heureuse. J'ai envie de crier, de danser, de chanter ! Au lieu de ça, je me précipite vers les écuries. C'est là que m'attend l'objet de ma joie : Weldenvarden. J'ai un poney en demi-pension ! J'ai réussi à convaincre mes parents que j'étais suffisamment grande et responsable, et autonome, et raisonnable, etc... ! Je n'y crois pas ! Quand mon père m'a montré la photo du petit exmoor rouan, je l'ai tout de suite adoré. Il paraît qu'il est joueur, taquin et plein de vie. Je n'aurais pas pu rêver mieux. J'ai 17 ans, j'ai un cheval en DP ! Je pousse la porte de l'écurie. Il fait sombre, ça sent bon le cheval, le foin, et un peu le vieux, cette légère odeur de poussière que j'aime tant, qui prouve que l'endroit a vécu. Je m'avance dans la pénombre en direction du fond où je sais que je trouverai mon poney au nom quasi imprononçable.

Dernier box à gauche. Une tête sort lorsque je m'arrête devant. Une tête qui, malgré la pénombre, me paraît superbe. Je tends la main et je la pose sur la joue de l'étalon. Le temps s'est arrêté. Je suis au comble du bonheur. Ma DP, mon petit Weldenvarden tout fou a accepté que je le touche ! Et il me regarde. Je gratte doucement sa ganache. Alors il me pousse du nez, comme pour dire : "bon, ça va quand même pas durer des heures ! On va s'amuser après, non ?" J'éclate de rire et Weldenvarden me regarde avec curiosité.

- Oui, mon beau, on va sortir. Je vais te faire un pansage simple pour voir comment tu te comportes. Mais pas tout de suite. D'abord, il faut que j'aille remercier maman, que je lui dise que tu es le plus beau cadeau du monde !

Je plante un baiser entre ses naseaux et je me retourne. Je n'ai pas fait un pas que je sens qu'on tire sur mon manteau, au niveau de ma poche. Là où j'ai mis un quartier de pomme. Je souris à Weldenvarden.

- Dis donc, tu perds pas le nord, toi ! Tiens gros gourmand !

Je sors la friandise de ma poche et je la lui tends. Il n'en fait qu'une bouchée. Je gratouille une dernière fois son chanfrein, et je sors de l'écurie.

+ 2 en confiance

+ 2

Je reviens à pied au haras après avoir mangé avec ma mère "entre filles" comme elle dit. Ça me fait rire, j'ai l'impression de déjeuner avec une amie. Ensuite, j'ai insisté pour revenir aux écuries pour panser et pourquoi pas monter mon nouveau poney en DP. Maman était un peu nerveuse, donc j'ai préféré venir seule. Il est vrai que Weldenvarden n'a que 4 ans, est un étalon, un peu foufou de surcroît, mais je ne peux pas attendre ! J'ai promis à ma mère que je verrais selon comment je sens le petit cheval. Ça ne l'a pas tant rassurée, mais bon. C'est une stressée, ma mère. Et je ne compte pas vivre dans son stress ! Sur ces pensées, j'entre dans l'écurie et je me précipite vers le box. Weldenvarden est là, il me pousse du nez dès que je suis assez proche.

- Tu veux jouer petit coquin ? Je vais te sortir un peu, tu vas te dégourdir les jambes, t'inquiète !

Le licol est suspendu au crochet devant le box. Je le décroche et j'entre dans le box. Ou, du moins, je tente d'entrer. Car le petit rouan me barre le passage, il me mordille la manche et me pousse de son poitrail. Et c'est qu'il a de la force, le petit ! Mais, avec fermeté, je parviens à le repousser et à refermer la porte. Pour lui passer le licol, c'est encore toute une histoire car il se retourne et me montre son arrière-train, puis lorsque je suis à sa tête, il se retourne encore. Je me retrouve à lui courir après dans le box, puis, finalement, j'arrive à lui mettre son licol. J'ai à peine le temps de pousser un soupir de soulagement que Weldenvarden me donne un grand coup de tête, et je me retrouve étalée dans la paille. En levant la tête, je vois que si un poney savait rire, c'est ce qu'il ferait en ce moment. Je me relève et lui lance :

- Dis donc, mon petit, il va falloir que tu apprennes à respecter les vieux ! Je vais t'apprendre à me jeter dans le crottin après m'avoir fait courir un marathon !

J'ai parlé avec fermeté. Quand j'ouvre la porte du box et que je sors, le rouan me suis sans protester. Je ne sais pas si c'est l'effet de mon ton un peu sévère, ou s'il a simplement choisi de me laisser du répit, mais il a l'air d'un ange. Il ne me bouscule pas, ne s'arrête pas, ne tire pas. Un amour de poney ! Je le félicite d'une tape légère sur l'encolure.

- C'est bien mon beau ! Tu vois que tu peux être sage !

Je l'attache à la barre, et je vais chercher ma boîte de pansage au casier. Quand je reviens, je trouve Weldenvarden en train de tirer avec ses dents sur le noeud. Je me précipite vers lui pour le gronder.

- Weld, non ! C'est interdit, ça !

Le diminutif est venu tout seul. Ce sera plus simple de l'appeler comme ça. Il relève la tête et me laisse refaire mon noeud d'attache. Je commence à le panser. Il bouge de temps en temps mais ne m'embête pas. Par contre, quand je tente de soulever son pied pour le curer, il s'appuie dessus de tout son poids. Je lui donne des tapes sur le membre jusqu'à ce qu'il me laisse son pied. Mais ensuite il tente de le reprendre. Il donne des coups, s'énerve et je dois me retenir de laisser là le pansage. Si je fais ça, Weldenvarden croira qu'il a gagné. Et ça, je ne le tolérerai pas. Je finis donc tant bien que mal de lui curer les sabots et je me redresse. Une séance de travail à pied me paraît plus adaptée que la monte, pour ce début. Si Weld pouvait me respecter à pied, ça m'aiderait grandement. Je le détache et il me suit calmement en direction du rond de longe.

+ 2 confiance
+ 2 soins

+ 3

Ce matin, je me suis levée tôt pour rejoindre le haras au plus vite. J'ai hâte de monter Weldenvarden pour la première fois. J'ai déjeuné en silence et je suis sortie. Tout le monde dormait encore dans la maison. Dehors, un vent glacial se glisse dans mon manteau. Je marche vite. Je saute dans le premier bus et direction le Pado ! Je vérifie une énième fois mes affaires. Tout le matériel est au haras, sauf ma bombe, que j'ai bien prise, et mes friandises pour chevaux. Et puis, j'ai aussi pris mon tapis de selle que mes parents m'ont offert pour fêter ma demi-pension. Il est bleu, entouré d'une couture dorée. Et dessus, il est écrit en belles lettres or : Weldenvarden de Pado. Ça, ça en jette ! Et puis il m'évitera d'utiliser les tapis du haras. C'est toujours bien d'avoir ses affaires. Je descends à l'arrêt du haras et je marche vite en direction du portail. Une sorte d'euphorie m'envahit à l'idée de monter mon bel exmoor. Quand j'arrive à l'écurie, je vais chercher mes affaires que je pose à la barre d'attache. Sauf le licol, bien sûr. Je vais au box de mon étalon et je le salue gaiement. Lui aussi a l'air content de me voir, et ça me fait plaisir ! Je rentre dans son grand box, tentant tant bien que mal de l'empêcher de me bousculer. C'est qu'il est câlin, le poney, mais il ne se rend pas compte de sa force. Je lui passe le licol et je le mène dehors. Il continue de me rentrer dedans parfois, mais au moins, quand je l'attache il ne bouge pas et je peux le panser et même nettoyer ses pieds sans trop de difficultés. Je le caresse doucement pour le féliciter de son calme. Puis, tout en lui expliquant ce qui va se passer, je lui mets mon tapis de selle. Il ne bouge pas. Je dépose alors légèrement la selle sur son dos. Il tressaille mais me laisse faire. Alors, j'attache la sangle sans serrer et je le félicite. Bien sûr, il a été débourré, mais on m'a dit que ce serait un peu dur avec lui, alors je m'attends à tout. J'attrape ensuite le filet. Le mors est simple, léger. Je pense qu'il n'embêtera pas trop Weldenvarden. Je retire son licol et parviens à glisser le mors entre ses lèvres avec quelques difficultés. Il lève un peu la tête, mais sans grande volonté. Je crois qu'il a compris qu'il peut me faire confiance. Je boucle ma bombe, vérifie une dernière fois l'installation de la selle et du filet, puis je détache le petit rouan qui me suit avec entrain. En raison du beau temps (car, oui, malgré le vent, il y a du soleil), je choisis de monter dans la carrière. Weld préfèrera sûrement ça au manège.

(suite à la carrière)

+ 2 en confiance
+ 2 en soins

+ 2

màj