Njörd, islandais (é)

"Ça va te prendre vingt minutes, ne t'inquiète pas" Ça va me prendre plus que ça je pense maman.

Je regarde mon poney dépitée. Forcée de venir aider à m'occuper des chevaux, je me retrouve face à Njörd qui attend sagement que je continue de m'occuper de lui. Mon regard passe de l'étrille remplie de poils gris à l'islandais. Maman, les vingts minutes vont plutôt se transformer en trente voir quarante, merci ! N'ayant aucune envie d'être là, j'enlève les poils de l'étrille et recommence à la passer sur le corps immobile du gris. Ma mère me connaît et sait à quel point je n'ai pas envie d'être dans les écuries, pas depuis l'accident d'il y a deux ans. Pourtant, elle trouve à chaque fois un bon prétexte pour me faire passer du temps dans l'endroit que je déteste le plus. Et vu qu'on a déménagé il y a quelque temps, on s'est retrouvé près de chez ma cousine qui monte dans un domaine. Ma mère m'a donc envoyé là-bas pour que j'aide et m'occupe de nos chevaux placés au domaine, ceux de ma mère et ceux que mes parents n'ont pas eus le courage de vendre. Elle se dit que je finirais par retrouver goût à l'équitation, mais comment retrouver goût à quelque chose qui nous a fait perdre notre meilleur ami ? Un petit coup sur mon épaule me sort de mes pensées et je découvre Njörd qui me regarde avec ses grands yeux noirs. Je lui souris doucement en lui caressant le chanfrein pendant qu'il m'observe comme pour s'assurer que je vais bien. C'est à ce moment-là que je me rends compte que des larmes coulent sur mes joues. Je les sèche vite, ne voulant pas que quelqu'un me voit pleurer et retourne au pansage de Njörd en remettant mon masque sans expression. Ça fait deux ans que je suis comme ça, froide, distante et je me protège toujours, ne souhaitant pas laisser quelqu'un prendre de l'importance dans ma vie, sachant qu'elle pourrait disparaître à tout moment. Voilà qui je suis depuis ce jour.

En passant l'étrille encore une fois sur la robe de Njörd, je comprends que cela ne sert à rien. Il perd trop de poils. Je range alors l'étrille dans mon bac et pars à la recherche d'un peigne à mue pour que ça aille plus vite. Après quelques minutes de recherche de je trouve la brosse et retourne auprès du gris qui n'a pas bougé d'un centimètre. Très calme et patient, il attend sagement que je finisse son pansage avant de retourner au pré. De retour à ses côtés, je lui caresse vite l'encolure, comme pour le remercier d'être patient, puis reprends le pansage. Grâce au peigne à mue, je vais bien plus vite pour faire partir tous ses poils morts. Au plus je passe sur son corps, au plus un grand coussin de poils gris se forment sur le sol. Je continue pendant une bonne dizaine de minutes avec le peigne à mue avant de passer à la brosse douce. Je commence à la passer sur sa robe, faisant tomber les derniers poils, crasses avant de passer sur ses jambes, ventre. La robe de Njörd propre, je continue de le panser en faisant ses sabots puis ses crins. Une bonne vingtaine de minutes plus tard, j'ai enfin fini de le brosser. Je me recule un peu pour l'observer et constate que sa robe est vraiment belle, tout comme lui. Aveuglée par l'envie de rentrer au plus vite chez moi, je n'avais même pas fait attention à Njörd qui est réellement adorable. Un peu déçue de moi-même, je lui caresse le chanfrein et l'encolure en lui donnant un morceau de pomme pour m'excuser.

Le pansage finit, je détache le gris et le ramène dans son pré dans lequel ses amis l'attendent. Respectueux, Njörd me suit sans jamais me bousculer ni me dépasser, il reste à côté de moi avec un petit écart entre nous. Une fois dans son pré, je le lâche et le laisse retrouver ses compagnons pendant que je rentre au plus vite chez moi pour être loin des écuries.

Objectif : En cette saison de mue vous n'esquiverez pas l'impressionnante perte de poils de votre cheval. Étrille, racloir en caoutchouc...Comment allez-vous vous y prendre?
Récompense : 5 points à miser