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Mar 17 Mar - 11:06
Arlequin



Jilano
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Mer 25 Mar - 12:13
le 25.03.2020
Lui & Jilano



Le crépuscule a déposé son voile d’or sombre sur le paysage. La lande bretonne se drape silencieusement dans la nuit. Dans un pré, quelques chevaux paissent tranquillement. Au loin, les vagues qui viennent caresser le rivage habillent l’air de leur musique feutrée. Soudain, troublant l’immobilité de cet instant suspendu, un poulain se met à galoper, cabriolant avec la souplesse d’un chat et la vivacité d’une biche effarouchée. Sa silhouette claire se détache nettement dans l’obscurité. Accoudé à la barrière, immobile, détail imperceptible du paysage crépusculaire, le vieil homme sourit. Ses yeux suivent le petit cheval d’or pâle avec attention, détaillant chaque geste. Il admire la fougue de la jeunesse, cette audace naïve si éphémère. Et pourtant, il devine derrière chaque mouvement hasardeux du petit étalon l'esquisse d'un pas de danse.

Le poulain, calmé par ses cabrioles, trottine calmement. Il a vu l'homme et, curieux, il s'en approche. Il s'arrête tout contre la barrière. Ses grands yeux sombres contemplent l'humain, pleins d'interrogations et pourtant si sereins face à l'immensité de ce qu'il ne sait pas. L'homme n'esquisse pas un geste. Il se contente de rendre au petit être clair son regard calme. C'est pour tout cela qu'il l'a choisi. Pour ses yeux expressifs, pour ses gestes déliés, pour cette facilité qu'il a, tout jeune déjà, à capter l'attention sans que l'on sache pourquoi. La raison ne comprend pas, mais le cœur a envie de battre au rythme de ces petits sabots portés par des membres grêles. Ce charisme, cette aura, il ne les a pas trouvés souvent. Et chacune de ces rares rencontres lui a laissé l'impression d'un songe, chacune a changé sa vie. Il se demande ce que le poulain curieux qu'il a sous les yeux va lui apporter, mais il sait que ce sera fort.

Lentement, il s'accroupit pour être à la hauteur du petit cheval. Puis, très délicatement, il pose ses doigts sur la fine encolure. La peau du poulain tressaille à peine.

- Jilano, souffle la voix rauque de l'homme.

L'intérêt dans l'œil du petit être grandit, mince flamme dansante. Il n'a vu cet homme qu'une fois de loin, plusieurs heures auparavant. Ils avaient alors échangé un long regard. Le vieil homme avait fini par tourner les talons et, quelques instants plus tard, on venait le chercher pour l'emmener ici, dans ce pré au bord du monde. Il ne sait pas que cet homme détient son avenir entre ses mains calleuses, il ne sait pas que des rêves reposent sur ses frêles épaules. Il regarde simplement les événements se dérouler, appréciant les nouveautés qui s'offrent à lui. Il se satisfait pleinement du vaste pré, de l'eau claire de la rivière, de la compagnie des autres chevaux et de la tendresse des soigneurs. Il n'a besoin de rien de plus, si ce n'est de découverte. Et cet homme qui lui fait face, avec ses yeux gris insondables et son sourire sage, semble incarner la découverte. Alors, en quelques secondes, l'homme devient le dernier besoin de Jilano.

Il retire sa main de l'encolure et se relève lentement, comme pour ne pas rompre le charme silencieux de ce lien nouveau. Il se retourne et s'éloigne, sans même faire bouger l'air autour de lui. Tout est à nouveau immobile, sauf l'ombre qui s'éloigne, un sourire confiant toujours posé sur ses lèvres. Jilano. Comme un point final.
Misspalikoa
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Mer 25 Mar - 13:45
C'était un très beau résumé!

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Sam 28 Mar - 16:27

le 28.03.2020
Lui & Jilano



Il s'est éveillé tôt ce matin. Il aime s'asseoir sur le perron de sa petite maison, une tasse de café noir brûlant dans les mains, et regarder le soleil se lever. Il écoute le chant des oiseaux à leur réveil, il s’emplit de la naissance du jour et se laisse renaître, lui aussi, éternellement. Quand sa tasse est vide, il se lève et va la laver à l’évier. Puis, serein, il enfile ses vieilles bottes de cuir râpées et met son chapeau de feutre. Dans les prés, dans les écuries, le voile lourd du sommeil se lève doucement. Les palefreniers s’activent déjà, autour des chevaux encore endormis. Il passe parmi eux, les salue d’un hochement de tête. Ses yeux se posent sur chacun d’entre eux, sur chaque cheval aussi. Il s’assure ainsi de la santé de chacun. Puis, tranquille comme une lionne assurée que ses petits se portent bien, il rejoint celui avec qui il a rendez-vous ce matin.

Jilano est allongé sur l'herbe, ses membres grêles repliés sous lui. Il a des airs de félin, ainsi blotti. L'homme s'avance lentement et s'immobilise à distance respectueuse. Il laisse le temps au poulain de s'arracher au sommeil, sans le presser. Les secondes s'égrènent, goutte-à-goutte. Tranquillement, le petit cheval redresse sa tête. Ses grands yeux sombres se posent sur celui qui est venu le voir. Alors il cligne une dernière fois des paupières pour chasser la nuit et se lève. Il s'ébroue dans un nuage de poussière et de petits brins d'herbe. Puis il reste là, face à l'homme, dans l'attente. Quelques autres chevaux s'approchent, une jolie grise vient même quêter des caresses. Le cavalier pose brièvement une main sur son encolure, sans lâcher Jilano des yeux. La jument s'éloigne.

L'homme fait alors un pas vers le poulain. Puis un deuxième. Le jeune étalon ne le quitte pas de son regard curieux. Il s'avance à son tour, jusqu'à être tout près de l'objet de son intérêt. L'homme s'accroupit. Puis, comme la veille, il tend une main pour la poser sur le col crème. La peau tressaille à peine. Jilano est paisible, détendu. Il ne craint rien de cet homme lent et calme. Déjà habitué à la compagnie des hommes, il a été sevré et il a même voyagé dans un van pour venir jusqu'ici. Du haut de ses quelques mois, il a vu beaucoup. Le cavalier sourit. Doucement, il se relève. Ses mains se posent l'une après l'autre sur le petit corps clair. Il les passe sur l'encolure, les épaules, le dos, les flancs. Immobile, le poulain se laisse toucher par les mains calleuses si précautionneuses. Même quand elles viennent caresser ses ganaches, son chanfrein. Il cligne à peine des yeux.

Puis les mains s'éloignent, l'espace de quelques instants. L'une d'elles revient se poser en haut d'un antérieur. Elle descend tranquillement jusqu'au paturon et là, tout doucement, elle tire le membre mince. Jilano tourne une tête intriguée vers l'homme. Cette demande-là, il ne la connaît pas. Désireux d'apprendre, il laisse les mains fortes soulever son antérieur. Aussitôt, toute pression cesse. Il peut reposer son petit sabot dur sur le sol et reçoit même une caresse sur l'encolure, accompagnée d'un mot dit d'une voix rauque.

- Bien.

L'homme passe de l'autre côté. Lentement, il effectue les mêmes gestes. De nouveau, le poulain répond. De nouveau, la main vient caresser son col et les lèvres le félicitent laconiquement. Il recommence pour les postérieurs. Jilano comprend vite. Il sent ce que veut l'homme, et il le lui donne. Il se laisse guider. Les yeux gris se posent une dernière fois sur lui, les doigts viennent se poser sur son front, brièvement. Puis l'homme s'éloigne.
Rouxine
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Sam 28 Mar - 16:30
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Dim 5 Avr - 13:33
le 05.04.2020
Lui & Jilano



Une pluie fine couvre la Bretagne de son voile translucide qui étouffe le son des voix et de la mer au loin. Les chevaux paissent, indifférents à cette légère ondée de printemps. Le vieil homme est comme eux, insensible aux aléas météorologiques. Il s'avance vers le pré de son pas serein. Les chevaux tournent une oreille vers lui, conscients de sa présence et attentifs à ses gestes. Mais cette présence pour eux familière ne les inquiète pas. Les puissantes mâchoires continuent de mastiquer l'herbe tendre et les crins légers de s'agiter dans l'air humide. Lui, il semble errer sans but entre ses bêtes, laissant son regard se promener au hasard. Et pourtant, tout son être est concentré sur un point en particulier. Le poulain à la robe d’or pâle le sent. Il s’est arrêté de paître. Lui aussi est tout entier tendu vers l’homme. Tranquillement, il prend le pas. Ils s’avancent l’un vers l’autre, comme attirés par cette aura qui les enveloppe. Ils ne s’arrêtent qu’à quelques centimètres l’un de l’autre. L'homme tend la main, lentement, et la pose sur l'épaule du petit cheval. Le regard sombre de l'être frêle se fait paisible et curieux. Il a vu la boîte qu'a apportée son humain. Il sent qu'aujourd'hui, il va découvrir de nouvelle chose. Alors il attend patiemment.

Les yeux gris entourés de fines rides esquissent un sourire. L'homme s'écarte, le temps d'ouvrir la boîte et d'en sortir une petite brosse douce. De sa main gauche, il caresse la robe pâle ainsi que le petit y a été habitué. De la droite, il tient la brosse. Jilano tend la tête et frôle l'objet de ses naseaux délicats. Il prend le temps de le sentir, de le toucher. Puis il tourne son regard vers l'homme. Il accepte en silence. Alors, doucement, la brosse vient se promener à la suite de la main. Elle caresse l'encolure, l'épaule, les flancs, tranquillement. Tout le corps mince est lentement parcouru. Chaque sabot est soulevé, un par un, et la brosse douce passe sur la corne. Pas un centimètre carré n'est épargné par ces caresses légères. Le poulain ne bouge pas. Seules ses petites oreilles s'agitent, suivant les mouvements de l'homme. Lorsque celui-ci s'éloigne, que main et brosse quittent la robe délicatement dorée, il laisse un souffle s'échapper de ses naseaux. Ses mâchoires mâchonnent calmement.

C'est bientôt une brosse dure qui effleure son corps. Elle se contente cette fois de l'épaule, du dos, des flancs et de la croupe. Jilano s'étonne à peine de ce nouveau contact sur sa robe. Il ne craint rien de ce que fait son guide. L'homme s'écarte. Sa main calleuse vient caresser l'encolure mince avec une grande tendresse. Le poulain tourne doucement la tête et ses naseaux se nichent un instant dans le coude de son humain. Lorsque celui-ci sourit, les rides au coin de ses yeux et de sa bouche se creusent légèrement. Son âme polie par les ans s'attendrit de cette douce jeunesse. Une jeunesse plus sage que la vieillesse humaine, songe-t-il. Certains pensent que le cheval est magnifié par l'homme. Lui, il sait que l'homme est guidé par le cheval sur des sentiers d'authenticité, des sentiers millénaires. Lequel des deux magnifie l'autre ?
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Dim 5 Avr - 14:04
Très beau résumé (: !

+2 en débourrage (port du licol et brosses 2/5)

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Dim 20 Sep - 19:22
le 20.09.2020
Aristide & Popcorn



    “J’ai grandi au milieu des chevaux”. Avec le temps, j’ai appris à laisser un temps de silence après cette phrase, et à observer les réactions de mon auditoire. J’ai découvert qu’elles pouvaient être classées en trois groupes.
Le premier groupe, je l’appellerais celui des joyeux naïfs. Ceux-là, ils me regardent avec envie, ils s’extasient, semblent trouver une bénédiction dans chaque implication de ma phrase. Avec eux, je sais qu’il est inutile d’argumenter. J’ai essayé, pendant des années. Puis j’ai appris à me taire, à hocher la tête avec des « hmm-hm » et des faux sourires tout en partant au plus loin en pensée.

    Ensuite, il y a le deuxième groupe, tout aussi obtus mais peut-être sensiblement moins agaçant : les incultes pessimistes. Eux, ils dissimulent (ou non) leurs grimaces de dégoût, montrent parfois un peu de compassion pour « l’odeur permanente » ou d’autres inepties. Pour eux, « cheval » rime avec « sale », aussi bien qu’il rime avec « miracle » pour les précédents.

    Enfin, le dernier groupe, le moins conséquent et de loin. Celui-là, je ne lui ai pas donné de nom, mais s’il en avait un ce serait les raisonnables compréhensifs. Les rares membres de ce groupe ne se satisfont pas de ma première phrase, et attendent la suite. Ils savent que, forcément, il y aura des hauts et des bas, et ils savent qu’ils n’ont aucun droit de préjuger de quoi que ce soit. A ces personnes, je peux parler. De tout, par petits bouts. De la pression et des claquements de sabots sur le pavé, de la douleur et du goût du sable, des médailles et de l’onirique teinte d’une robe grise au coucher du soleil. De l’odeur du cuir aussi. Et de celle de la peinture blanche qu’on étale sur les clôtures au début de l’automne.

    Mais pour la première fois, je vais tout raconter. Ici. Et je crois qu’il vaudrait mieux commencer par le début.



Chapitre I : La douceur sensible d’un naseau (partie 1)


    J’ai grandi au milieu des chevaux. Au milieu des chevaux de sport, pour être précis. Mon père avait été dans l’équipe de France de CSO, dans ses jeunes années. Puis il avait décidé d’arrêter de jouer les casse-cou et était devenu entraîneur. Envoyer les autres au casse-pipe, c’est vachement plus rigolo. Il avait amassé un peu d’argent durant ces années, assez en tous cas pour commencer à monter son écurie. Et quand le projet avait pris trop d’ampleur pour qu’il puisse le gérer seul, il avait cherché quelqu’un pour l’aider avec la paperasse. Par chance, l’amie d’un ami d’un de ses clients cherchait justement du travail là-dedans. La suite, vous la devinez ? Oui oui, si je vous dis qu’il l’a prise, je ne parle pas seulement de l’emploi. Romantique, hein ? J’admets que j’ai des tendances cyniques, vous m’excuserez peut-être en lisant la suite, ou pas.

    Bref, tout ce paragraphe inintéressant pour vous dire que moi, Aristide Rousseau, je suis pour ainsi dire né à cheval, et que personne ne m’a vraiment laissé le choix quant à savoir si j’aimais l’équitation. Alors je ne me suis pas posé la question non plus, pas tout de suite du moins. J’ai été posé sur le dos d’un cheval avant d’être posé sur mes pieds, j’ai su tenir des rênes avant de savoir tenir un crayon et j’ai appris à déceler une boiterie bien avant d’apprendre à séduire une fille. Pour être honnête, je ne suis pas certain de maîtriser un jour ce dernier point. Mais je m’égare. J’ai dit que je commencerai du début, et je crois que le vrai début, c’est le jour de l’arrivée de Popcorn.

    Je mentirais si je vous disais que je me rappelle le temps qu’il faisait ce jour-là, ou ce que j’avais mangé à la cantine, ou même le mois de l’année. Tout ce dont je me souviens avec certitude, c’est que j’avais quatre ans, que ma mère m’avait ramené de l’école comme d’habitude, et que j’ai à peine été étonné d’être à moitié traîné par mon père vers les paddocks dès que j’ai posé le pied dans la cour. Il avait toujours aimé me présenter les nouveaux arrivants, m’expliquer en quoi ils étaient beaux, me parler de tout un tas de choses techniques auxquelles je ne comprenais pas un mot. Pour être honnête, je ne faisais pas beaucoup d’efforts de compréhension. Le chant des oiseaux, les sauterelles dans l’herbe, tout ça était bien plus accessible et passionnant que le charabia de mon père. Mais je hochais la tête, je faisais semblant pour que ça s’arrête vite et que je puisse retourner jouer.

    Cependant, ce jour-là, ce n’est pas un énième cheval de Grand Prix qui m’attendait, mais une petite boule de poils grise à qui je n’avais rien à envier sur le plan de la taille. J’étais déjà monté à cheval quelques fois sur la vieille Xérès, l’ancienne jument de mon père, et sur Donantello, le hongre le plus docile de l’écurie, quand son propriétaire avait le dos tourné. J’avais appris à tenir les rênes avec tous les doigts, pouces vers le ciel et coudes fléchis. J’avais appris à demander le pas, l’arrêt, et à tourner. Et j’avais même trotté, en longe. Je savais qu’un jour, j’aurais un poney, et je n’étais pas vraiment surpris que ce jour soit si tôt dans ma vie. Ce qui m’étonnait vraiment, c’était l’aspect de cette petite shetland rondouillarde et poilue, si différente des chevaux que mon père admirait. Avec du recul, je me dis parfois que c’est une réminiscence de son enfance qui l’a poussé à acheter un shetland plutôt qu’un welsh A ou n’importe quel cheval miniaturisé racé. Cynique, mais plein d’espoir, vous notez ?

    Toujours est-il que Popcorn (j’appris son nom dans la minute) était bien là, shetland pleins papiers (ah, quand même) tout juste débourrée de trois ans. Apparemment, c’était une brillante idée que nous apprenions ensemble. Soit. Après tout, trois ans ça ne voulait pas dire grand-chose pour moi, j’étais juste content d’avoir un poney. Enfin, j’allais pouvoir apprendre tout plein de choses et devenir le grand cavalier que mon père voulait me voir devenir, que je voulais devenir. Même si mon aide dans l’ascension était une grosse boule de poils poussiéreuse à longue crinière.

    La boule de poils en question était pleine de qualités, aux dires de mon père. Jeune, mais docile. Curieuse, dynamique, réactive, manquant certes de puissance mais compensant avec une bonne énergie. Peut-être, alors, que le physique peu élancé et sportif de ma nouvelle compagne ne présageait en rien de ses capacités. Contradictoire avec les enseignements de papa, mais je n’avais pas envie de me creuser la tête sur le moment.

« - Je peux aller la voir ? »

    La barrière me fut ouverte et je m’avançai dans le pré, encadré par ma mère dont l’appareil photo était prêt à être dégainé, et mon père qui souriait jusqu’aux oreilles. La curiosité de la ponette me fut prouvée à l’instant même. Popcorn avait relevé la tête de son herbe verte au son de l’ouverture de la barrière et, me voyant avancer, vint à ma rencontre. Nous nous retrouvâmes bientôt face à face, et je fus salué par une inspection complète. Les petits naseaux gris commencèrent par toucher mon bras, puis ils vinrent frôler mon ventre, mes jambes, et terminèrent dans mon cou. Je ris des chatouilles occasionnées, faisant reculer légèrement la grosse tête dont les larges yeux sombres semblaient pleins de curiosité.

    A cet instant, je décidai que je me fichais de la taille et de la largeur de Popcorn. Elle était douce, elle était rigolote, et j’avais la sensation qu’ensemble, on allait bien s’amuser. Honnêtement, que peut vouloir un gamin de quatre ans plus qu’un poney avec qui jouer ? Et puis, en posant mes doigts juste entre ses naseaux, je découvris ce petit endroit tout particulier, là où les poils sont si doux. Et ses longs crins, ils étaient certes emmêlés, mais j’étais certain qu’une fois peignés ils seraient superbes.

    Sourire pour les photos ne fut pas bien compliqué, j’étais suffisamment joyeux pour sourire sans raison. En revanche, il fallut poser. Face à la ponette, à sa droite avec une main sur son encolure, appuyé sur son dos… Je commençais à me lasser, et la petite grise aussi. Elle nous le fit comprendre en s’écartant de quelques mètres au petit trot, sa jolie croupe ronde rebondissant au rythme de ses foulées. Je ris. Je crois que mon père aussi. Ma mère pesta un peu, elle n’avait pas eu le temps de faire toutes les photos qu’elle aurait voulues.

« - Tu en prendras d’autres tout à l’heure, quand Aristide la montera, » proposa mon père.

    « Tout à l’heure ». C’est quand, ça, exactement ? Tout excité, j’appris que « tout à l’heure » c’était en fait « presque maintenant ». Il fallait juste que nous préparions Popcorn et après, je serais sur son dos.

    Mon père me montra comment installer le licol sur la tête de ma ponette, puis il me tendit la longe. Fièrement, je guidai la petite rondouillarde à travers le pré et jusque dans la cour. Là, j’attrapai d’abord l’étrille, qu’il fallait passer en mouvements circulaires sur les endroits les plus charnus. Comme Popcorn était pleine de poussière, il me fallut beaucoup de temps et un peu d’aide de mon papa. Ensuite, je passai le bouchon, partout sauf sur la tête, pendant que mon père s’occupait des sabots. Et pour finir, avec une brosse très douce, je nettoyai l’arrière des oreilles et le chanfrein de ma petite jument.

    Elle resta immobile durant tout le pansage, même quand je m’occupais de sa tête. Je la remerciai d’une caresse sur l’encolure, tout sourire. J’aurais bien peigné ses longs crins, mais papa était plus impatient que moi et s’empressa de seller ma jolie ponette. Il serra la sangle, glissa le mors dans sa bouche et me montra comment attacher les courroies. Pendant ce temps, maman posa un casque sur ma tête et attacha soigneusement la jugulaire. Nous étions prêts, Popcorn et moi, pour notre premier entraînement.
Misspalikoa
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Dim 20 Sep - 19:42
J'ai adoré ce premier résumé avec petite Popcorn! (et ce n'est sans doute pas car c'est une de mes naissance préférées Razz )

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