Furioso... Ainsi se nommait ma nouvelle acquisition, un étalon Pure Race Espagnole de robe champagne, aux yeux bleus, âgé de 6 ans. Et, il fallait le dire, d'une sacrée dose de caractère aussi ! Un « accident » comme l'appelaient ses anciens propriétaires. Né d'une jument au caractère difficile et un as de la haute école. Un étalon plein de potentiel, si ce n'est son caractère, qu'il tenait de sa mère.
Flashback
En poussant la porte du club house, comme je le faisais régulièrement pour venir me désaltérer entre deux séances ou manger un morceau – un gâteau à cause d'une chute pratiquement toujours présent vu la taille du Haras – une annonce sur le tableau d'affichage attira mon œil. Un étalon PRE de 6 ans au caractère difficile malgré ses bonnes origines, étaient à vendre une misère. Tout ce que voulait le propriétaire, c'était qu'on l'en débarrasse parce qu'il n'en ferait rien et qu'il était hors de question qu'il paye la castration pour un cheval qui, de toute façon, vu ses antécédents, garderaient au moins une partie de son sale caractère. Je relus l'annonce plusieurs fois, puis je me décidai à téléphoner. Nous échangeâmes nos coordonnées, il me donna l'adresse et me demanda si, par hasard, j'étais disponible tout de suite. Ayant tout mon temps, je pris ma voiture et me rendit à l'adresse indiquée par le propriétaire. Celui-ci semblait pressé et m'attendait en faisant les 100 pas. A peine arrivée, il m'entraîna à travers une magnifique écurie – dans laquelle je vis de sublimes chevaux – jusqu'à un box du fond. Ainsi découvris-je Furioso, l'étalon de l'annonce. Sa robe champagne et ses yeux bleus le rendaient sublime.
« Sublime physiquement, peut être, mais c'est un monstre ! » commenta son propriétaire comme s'il lisait dans mes pensées.
J'observais un peu le cheval, qui me regardait en retour comme s'il allait me bouffer. Un regard un peu méprisant. Arrogant. Tiens tiens... Je demandais à ce qu'on le sorte pour que je puisse le voir complètement. Deux soigneurs ouvrirent alors la porte du box et, pendant que le premier passait un chifney à l'étalon, le second accrocha une longe pour le tenir de l'autre côté. Ainsi fûmes-nous escortés jusqu'au manège où ils lâchèrent Furioso. Comme s'il n'avait pas couru depuis longtemps, l'étalon s'élança dans un galop relevé, la queue en panache, les oreilles en avant et les naseaux grands ouverts. Il fit plusieurs tours de manège, s'arrêtant brutalement par moment, repartant à une allure digne des plus grands chevaux de dressage, puis recommençant son manège. Plusieurs minutes, je l'observais sans rien dire. Un sale caractère, peut être, mais, malgré ça, j'étais complètement conquise par cet étalon. Le propriétaire, par contre, avait l'air particulièrement décidé à s'en débarrasser pour un rien, ce qui me convenait. Ça ne serait pas facile tous les jours mais c'était à tenter.
En deux temps trois mouvements, l'affaire fut conclue et le propriétaire accepta même de transporter Furioso jusqu'à mon domaine, ce qui m'arrangeait bien.
Aujourd'hui...
Pour aujourd'hui, ce serait un travail basé sur le respect parce que, soyons honnête, Furioso en manquait sacrément. Et uniquement dans son esprit de dominance, pas par méchanceté pure. Je me rendis donc à l'écurie avec son matériel, longe, licol et matériel de pansage. Pour aujourd'hui, ce serait céder à la pression et marcher en main sans vouloir me dominer.
J'ouvris la porte de son box et Furioso coucha les oreilles en faisant mine de mordre. Pas étonnée pour deux sous, une tape sur le nez accompagnée d'un « non » ferme le fit rentrer dans son box. Je lui passai le licol sans autre forme de procès et l'étalon releva brusquement la tête après que j'eus attaché la longe au licol. Une manière d'assurer ma sécurité. Je brossais énergiquement l'encolure de l'étalon, pleine de boue séchée. La poussière vola dans le box. Furioso étendit l'encolure, il semblait apprécier les soins. Étalon dominant, certes, mais tout de même sensible à la douceur ! Son cas ne semblait pas désespéré. Je passai ensuite à son épaule mais il était près du mur, aussi lui demandai-je de s'écarter. Il força contre moi et manqua même de m'aplatir contre le mur. Mon réflexe fut de glisser pour retourner vers sa tête pour ne pas être bloquée mais je savais que ce n'était pas la bonne solution. Je le fis bouger dans le box à l'aide de la longe et du licol jusqu'à ce qu'il soit placé dans le « bon sens » pour moi. Celui qui ME convenait, et non pas à lui. Il secoua la tête nerveusement pendant que je continuais mon pansage. Le reste du brossage se déroula sans heurt. Il était tout de même habitué à être manipulé, dans son ancienne écurie. C'était simplement un vrai problème de respect. Je devais m'attendre à pas mal de tests de ce genre, et il valait mieux pour moi que je ne cède pas. Sinon, ça en serait fini de mon autorité. Je lui curais les pieds sans aucun problème, puis je lui démêlai la crinière et la queue, là aussi sans rencontrer la moindre incartade. Je regardais l'étalon d'un air suspicieux.
« Qu'est-ce que tu nous prépares, toi ? »
Hésitante, je le caressai puis je lui tendis une carotte. Il faillit m'engloutir la main mais, l'ayant vu venir, je fis attention à ce qu'il n'arrive pas à la prendre.
« Non. Si tu la veux, tu vas la prendre délicatement. » ordonnai-je.
Furioso coucha les oreilles de façon menaçante, mais ne tenta pas de la reprendre. Je mis la carotte à plat et je le laissai la prendre en le félicitant gentiment. Bon !
Une fois le pansage terminé, j'ouvris la porte du box et emmenait l'étalon dehors. Il me bouscula plusieurs fois. A chacune, je m'arrêtais et j'attendais qu'il se calme. Il trottinait sur place. Mais il était strictement hors de question qu'il cherche à me doubler ou à me dominer. A la énième fois où je fus obligée de m'arrêter, je secouai la longe, ce qui eut le mérite de le faire s'arrêter net. Nous n'étions même pas encore sortis de l'écurie ! J'attendis plusieurs minutes et Furioso gratta de l'antérieur. Je l'avais à une distance d'environ un bras de moi, de manière à ce qu'il ne soit pas dans mon espace vital et qu'il reste attentif à ma gestuelle. Il n'appréciait pas que je l'oblige à s'arrêter mais il savait qu'il n'avait pas le choix. Je le fis sortir de l'écurie puis je l'emmenai brouter un peu. Une fois en vision de l'herbe, il tenta de m'arracher la longe. Je l'en empêchai et, comme au début, je l'obligeai à patienter en regardant l'herbe. Il trottina autour de moi en rond mais, avec patience, je le laissai se calmer tout seul. Quand enfin il eut accepté qu'il n'aurait pas le dernier mot, plusieurs minutes après, il se calma. Je le félicitai et je le laissai brouter un moment, avant de le rentrer au box.
Rouxine
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Mar 6 Juin - 21:32
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Je te mets le point de travail à pied pour le fait que tu aies travaillé sur le respect à la longe
Furioso & Catriona : on se décide à couper les crins
Suite à la petite balade, je songeai qu’il était peut être temps de couper les crins de Furioso. L’étalon doré allait être pénible, je le savais. C’est pourquoi je décidai de le faire maintenant. J’allai chercher le nécessaire de pansage de l’étalon dans la sellerie puis je me rendis dans son box, armée du licol.
« Alors mon grand, comment ça va ? Tu en veux toujours au monde entier ? »
Furioso m’entendit et plaqua ses oreilles en arrière. J’adorais ce cheval, malgré son foutu caractère. Malgré ou bien à cause de. Avec un sourire, j’ouvris le loquet de la porte du box. Nouvelle journée, nouveau défi. C’était toujours ça avec lui. Et même s’il était parfois épuisant, j’apprenais toujours beaucoup avec lui. Et surtout, il forçait ma détermination.
J’enfilai son licol à l’étalon qui, ni une ni deux, montra les dents.
« Ah non, certainement pas ! »
Une petite tape sur le nez le fit reculer. Bêtise, punition. Et maintenant, on passait à autre chose. Etre rancunier, avec lui, ne servait jamais à rien. Je passai la longe par la porte et l’attachai à l’anneau devant le box. Attaché long, Furioso pourrait bouger un peu, mais au moins, il n’irait pas très loin. Je donnai une caresse au cheval et entamait son pansage. Je lui passai le bouchon avec douceur, partout. Je me montrai particulièrement prudente pour ses postérieurs, n’étant jamais à l’abri d’un coup, mais je me doutais qu’il n’irait pas jusque là. Furioso faisait toujours en sorte de rendre son cavalier chèvre, mais il n’était pas méchant au point de lui faire mal volontairement. Une fois le bouchon passé, je lui curai les pieds, soin qui se passa sans heurt. L’étalon était intéressé par autre chose, c’était l’heure de la ration. Parfait ! Le fait que Maxime les donne maintenant allait probablement me servir !
Je pris la brosse à crins et entamai le démêlage de la longue crinière dorée. Mèche par mèche, alors que Furioso mâchait ses grains, puis je fis de même avec sa queue. Je pris ensuite un ciseau et raccourcis cette dernière au niveau des boulets. Ainsi, les quelques crins ne traineraient plus par terre. Puis ce fut le tour de la crinière. Je l’égalisai un peu et j’entrepris de la désépaissir un peu. Avec le peigne, j’enroulais les crins et tirai fort dessus. Peu à peu, la crinière commença à prendre forme. Et le sol du box se couvrit de mèches dorées. Furioso avait une très longue crinière qui lui descendait presque en dessous du poitrail. J’avais décidé de la couper juste en dessous De l’encolure. J’adorais sa crinière quand elle était très longue. Simplement, l’entretien nécessitait du temps et le caractère de l’étalon ne facilitait définitivement pas les choses. Merci la diversion de la nourriture, ça passait crème.
Je terminai pratiquement en même temps que le cheval doré, qui reporta son attention sur moi.
« Et ben voilà, ce n’était pas si compliqué ! »
Au moins maintenant, je savais que la nourriture pourrait être une solution temporaire au moment des soins. Je caressai l’étalon qui, oreilles en arrière, n’émit pas d’objection. Je décidai de le laisser tranquille, il avait déjà été remarquablement calme, comparé à d’habitude. A bien y réfléchir, je crois que je ne l’avais même jamais eu aussi tranquille pendant les soins. Je lui donnai deux carottes, qu’il mangea avec un grand plaisir, malgré son mauvais caractère.