Ironie - paint horse (j)

Ironie

Don't hide your emotion You can throw down your guard And freed from the notion We can be who we are

Gabriel t'avait entraîné jusqu'aux prés des poulinières. Tu t'étais laissée faire sans comprendre où il voulait en venir, jusqu'à ce qu'il te présente Blue. En voyant les étoiles dans les yeux de ton ami, tu avais compris avant même qu'il ne le dise qu'il s'agissait là de son poulain. Tu savais la sensation que cela faisait. Avec Edouard tu avais le même air béat. Tu l'écoutas te présenter son protégé. Tu retins un rire en entendant le nom du père. Haloween Funk, et bien si Blue prenait le caractère de son paternel alors ton ami avait du soucis à se faire. Mais rapidement, l'attention de Gabriel fut toute entière capturée par le petit pie. Tu ne lui en voulais pas.

Soudain tu sursautas en sentant quelque chose contre ton bras. Te retournant, tu constatas que ton mouvement avait fait fuir la petite chose qui était venue se présenter. Avec un sourire attendri, tu t'accroupi pour paraître moins impressionnante.

« Désolée mon cœur, j'ai été surprise. Mais tu peux venir, je ne te mangerais pas. »

Tout en continuant de murmurer à la pouliche, tu étendis tes doigts, comme une invitation. La petite pie noir hésitait. Tu voyais ses yeux t'analyser tandis que son petit corps était tendu. Son poids alternait entre son avant-main et son arrière-main démontrant son mélange d'envie et d'angoisse. Toi tu ne bougeais pas, la laissant faire son choix toute seule. Finalement, sa curiosité se fit plus forte que tout. Un sourire illumina ton visage et tu continuas de rassurer la petite, l'encourageant à chaque pas. S'arrêtant à bonne distance, la pouliche étendit son encolure du mieux qu'elle pouvait pour venir frôler tes doigts. Mais comme tu ne bougeais pas, elle fit un petit pas supplémentaire et posa son nez franchement dans ta paume. Tu l'en félicitas. Rapidement, tu pus bouger tes doigts contre elle, remontant le long son chanfrein délicatement puis dessinant la courbe de ses joues. Désormais plus confiante, la petite ne s'écartait pas de ton contact, cherchant au contraire à approfondir ces caresses. Tes mains remontèrent derrière ses oreilles et les grattouilles offertes lui firent agiter la tête avec véhémence.

Soudain, la petite voulut te retourner la faveur. S'approchant, elle vint frotter sa tête contre ton torse. N'ayant pas vraiment prévu cette action, tu fus déséquilibrer et tomba en arrière. Ton dos rencontra d'ailleurs celui d'un autre humain. Tu te retournas pour voir que Gabriel aussi s'était fait renverser.

« Tu vois ça c'est le karma. Pour la fois où tu t'es foutu de moi avec Ed'.

- N'importe quoi. Moi c'était volontaire, madame !

- La bonne blague ! »

La petite pouliche te regardait, la tête penchée sur le côté. Elle ne comprenait pas pourquoi tu t'étais effondrée ainsi. Tu te relevas, faisant retomber ton ami quand il essaya de faire de même. Mais tu t'écartas suffisamment vite pour éviter toutes représailles. La pouliche fut un peu inquiétée par tes gestes brusques. Tu t'empressas de la rassurer. Cela fut plus rapide, elle avait compris que tu ne représentais pas un danger pour elle. Juste une chose étrange à comprendre. Lorsque tu lui tendis de nouveau tes doigts, elle s'approcha aussitôt, quémandant de nouvelles caresses. Tu les lui offris de bon gré. Peu à peu, tu pus aller plus loin que sa tête, descendant le long de son encolure, puis de ses épaules. Le passage de sangle fut un endroit particulièrement apprécié pour les grattouilles. De même que le garrot puis les fesses lorsque tu les atteignis. Loin d'être farouche, la pouliche se révélait simplement peu confiante mais curieuse. Il te fallait prendre ton temps et détailler tous tes mouvements mais jamais elle ne chercha à fuir. Tes mains allèrent même jusque sur ses membres. Cela la fit tiquer et elle se décala. Tu la rassuras longuement avant de recommencer jusqu'à ce qu'elle cesse totalement de bouger. Ce moment atteint, tu lui offris une friandise.

Cela changea totalement sa vision de toi. Son comportement se fit moins timide, presque plus envahissant. Il te fallut la repousser plus d'une fois pour ne pas qu'elle vienne fouiller dans tes poches. Mais finalement tes efforts payèrent et la pouliche comprit qu'elle n'avait pas d'intérêt à mal se comporter. Sinon elle n'aurait pas de friandises. Alors elle se fit plus respectueuse et se révéla être très intelligente. Pour la tester, tu avais commencé à la chatouiller au niveau du boulet pour lui faire lever le pied tout en lui demandant de donner le pied. Si au début cela ne lui semblait pas du tout cohérent, tu voyais qu'elle cherchait la meilleure façon de répondre à l'énigme que tu lui posais. Alors tu la félicitas dès qu'elle donna la bonne réponse lui offrant une friandise. Tu ne lui demandas qu'une fois de plus pour ne pas la bloquer. La pouliche leva son pied franchement, peut-être un peu trop mais tu sentais qu'elle était fière d'avoir trouvé. Tu lui offris une friandise de plus et la caressa avant qu'un sifflement dans ton dos ne te fasse te retourner.

« Je vois que tu t'ais fait une nouvelle amie.

- Oui et elle est bien plus sympa que toi !

- Quoi ? Pas possible ! Je suis un amour ! »

Tu levas les yeux au ciel en riant. Mais il était temps de prendre congé de la petite pouliche et de Blue. Vous aviez encore du boulot avec Gabriel et malgré le charme de cette petite pause, il fallait y retourner.

Ironie

Don't hide your emotion You can throw down your guard And freed from the notion We can be who we are

Profitant de ta pause, tu avais filé au pré des poulinières. Tu y allais aussi régulièrement que possible même si certaines visites à la jolie petite pouliche ne pouvaient tenir qu'une dizaine de minutes. Cela vous avez permis de faire plus ample connaissances. Tu avais d'ailleurs réussi à apprendre le nom de la petite puce. Elle se nommait Ironie. Tu ne pouvais t'empêcher de trouver que cela ne lui allait pas tant que cela. La pie était très vraie, loin de savoir cacher ses sentiments. Très douce et timide, elle aimait découvrir de nouvelles choses mais il lui fallait du temps pour ne pas prendre peur. Mais gourmande, les friandises représentait toujours un moyen de la convaincre. Un peu trop parfois et dès que la confiance fut installée, tu dus mettre des règles pour ne pas te voir bousculé ou sentir un petit nez dans tes poches. Cela a été un peu compliqué au début mais Ironie était vive d'esprit et céder à la pression fut finalement assez vite acquis. Dès qu'elle sentait la paume de ta main appuyer un peu plus fort contre son corps, elle savait qu'il fallait se décaler dans le sens de cette pression. Tu étais très fière d'elle, d'autant plus que cela allait vous êtes très utile pour votre découverte du jour : le licol. Mais d'abord il fallait revoir les bases.

Sans crainte, Ironie quitta le giron de sa mère pour te retrouver. Toujours de bonne humeur, c'était toujours un petit rayon de soleil. Tu lui présentas tes doigts tendus comme d'ordinaire. C'était une sorte de salutation qui lui permettait de dire si elle était d'accord pour le contact ou non. Tu savais que cela la rassurait d'entrer en la matière de façon délicate. Dès qu'elle venait placer son nez contre ta main, Ironie se faisait toujours plus câline ensuite, t'indiquant les parties à grattouiller. Souvent, elle préférait le passage de la sangle, agitant sa tête en tous sens quand tu insistais sur cette zone. C'était votre petit rituel pré-séance. Puis quand tu eus caressé le petit corps bicolore dans sa totalité, tu vérifiais que tu pouvais toujours prendre ses pieds. Par rapport à la première fois que tu l'avais vu, le geste était devenu beaucoup plus fluide et elle tenait désormais ses pieds pour que tu puisses passer le cure-pied. Elle restait toujours un peu suspicieuse de cet outil alors tu prenais toujours soin de d'abord la tapoter avec puis reposer son pied avant de le reprendre pour curer le sabot. Les brosses n'avaient pas été très difficile à mettre en place. Aimant le contact et les caresses, Ironie avait trouvé que c'était fort agréable de sentir ces objets incongrus passer sur son corps. Evidemment, elle appréciait tout particulièrement l'étrille qui grattait plus fort que les autres. A chaque fois que tu arrivais au niveau de ses fesses, elle se tortillait pour te dire d'y aller plus fort. Ce qui te faisais mourir de rire à chaque fois.

Après avoir passé un dernier coup de brosse douce sur sa jolie tête, tu rangeas tes brosses dans ton sac avant d'en ressortir un licol. Evidemment, Ironie voulut sortir quelque chose aussi et elle plongea son nez à l'intérieur. L'étrille entre les dents, elle paraissait très fière d'elle. Avec un sourire attendri, tu récupéras tout de même la brosse avant que les dents de la pouliche ne l'abime plus qu'elle ne l'était déjà. Puis tu présentas le licol à la pie. Curieuse, Ironie observa l'objet avec intérêt. Elle ne semblait pas en comprendre le principe mais n'était pas franchement inquiète. La chose dans tes mains était immobile et ne bougeait pas plus quand elle frotta prudemment son nez contre. La félicitant dès qu'elle touchait l'objet, Ironie comprit que c'était là la bonne chose à faire et continua. Cela acquis, tu passas le licol contre son corps. Encore une fois, elle se contenta de te regarder. Lorsque tu déplias le licol devant elle, elle parut surprise et redressa la tête. Tu ris. Il était vrai que pour un cheval cela devait paraître étrange de voir un si petit objet devenir plus grand d'un coup. Mais bien vite, Ironie chercha à s'approcher de nouveau. Tu la laissas découvrir le licol qui lui paraissait nouveau à son rythme. Dès qu'elle cherchait à approcher son nez de la boucle où il était censé passer, tu félicitais, donnant aléatoirement une friandise ou une caresse. Peu à peu tu ne l'encourageais que lorsqu'elle mettait d'elle-même son nez directement dans la boucle.

Il fallut un long moment avant qu'Ironie se laisse passer la grande boucle derrière les oreilles. Le sentiment d'emprisonnement l'effrayait. Alors dès qu'elle paniquait, tu repartais quelques étapes en arrière et introduisait plus souvent des friandises lorsqu'elle restait immobile. La technique fonctionna et tu réussis à fermer le licol autour de sa tête. Ironie se secoua vigoureusement, surprise par la sensation. Cela lui arracha d'ailleurs quelques cabrioles et une posture plutôt précaire avec la tête entre les pattes avant. Mais l'appel des câlins était toujours plus fort et elle finit par revenir vers toi. Tu repris ta routine de début de séance et caressa tout son corps, insistant sur ses passages préférés. Tu voulais la détendre complètement avant de mettre la longe et surtout lui faire comprendre que ce n'était pas parce qu'elle avait le licol que cela changeait quelque chose. Tu révisas aussi le déplacement sous la pression. Posant ta main à plat contre son poitrail, tu poussas de façon progressive jusqu'à ce qu'elle fasse quelques pas en arrière. Tu félicitas longuement même si Ironie connaissait déjà bien ce procédé. Tu fis pareil sur chacun de ses flancs et lui offrit une friandise.

La présentation de la longe fut un peu plus chaotique. Si elle ne bougea pas d'un poil quand tu la caressas avec, voir ce long serpent s'agitait autour d'elle fit beaucoup plus paniquer Ironie que tout e qu'elle avait vu jusqu'à présent. Mais contrairement au licol, tu continuas tes mouvements pour ne t'arrêter que lorsqu'elle arrêtait de bouger. Comme tu l'aurais fait chez un cheval adulte en somme. Tu dus faire preuve de beaucoup de patience et de persuasion pour réussir à avoir Ironie immobile malgré les mouvements de la longe autour d'elle. La sentant encore tremblante, tu fis une pause pour reprendre tes caresses sur tout son corps. Quand elle se fut calmée, tu réintégras les demandes pour qu'elle cède à la pression. Lors de tes visites précédentes, tu avais compris que remettre des exercices connus au milieu des découvertes permettait à Ironie de reprendre confiance en elle. Comme toi, elle avait besoin de se prouver qu'elle savait faire des choses pour pouvoir en affronter de nouvelles. Tu restas sur une réussite pour cette séance. Et la délivra.

Le lendemain, Ironie vint te rejoindre comme si la veille ne s'était pas passée. Pas du tout traumatisée, la petite pie se laissa faire. Tu repris le même schéma que la veille. Mais cette fois-ci l'épisode de la longe fut beaucoup plus facilement réglé. Tu pus donc introduire la marche en main. Votre travail sur le fait de céder à la pression te fus d'ailleurs bien utile. Si le premier réflexe d'Ironie fut de se braquer contre toi qui la tirait en avant, elle associa bien vite ce mouvement à ce que tu avais vu avec elle jusque-là. Tu pus donc travailler de plus en plus en précision, mêlant reculé et départ en avant. Tu pus même aborder un peu les flexions d'encolure avant d'en rester là pour la séance. Evidemment, tu ne la quittas qu'après lui avoir fait pleins de de câlins pour la récompenser.

Si tu ne pus pas retrouver Ironie le jour suivant, tu te rattrapas le reste de la semaine. Les jours où tu ne pouvais y aller que peu de temps, tu préférais insister sur les bases déjà acquises et les mouvements simples comme les reculers et les flexions. Mais quand tu avais plus de temps, tu lui faisais parcourir son pré en introduisant la notion de distance et d'espace vital. Ce fut très dur pour Ironie qui était très collante. Mais ce petit bout ne cessait de t'impressionner par sa vivacité d'esprit. Et en quelques semaines, elle réussit à se tenir loin de toi. Ses arrêts devinrent bien fluides et ses départs d'autant plus. Au cours des mois, tu pus l'éloigner de plus en plus de sa mère et même quitter son pré. Tu prenais toujours soin de faire des pauses régulières pour la rassurer à grand renforts de caresses et à lui proposer des exercices qu'elle connaissaient sur le bout des sabots. Peu à peu Ironie se faisait plus confiance et son indépendance grandit. Son sevrage fut d'ailleurs une formalité et les autres soigneurs purent s'occuper d'elle sans problème. Ton travail avec elle avait donc fini par porter ses fruits.