Vieux soins Heaven

YOU CAN HAVE SMALL LEGS AND STILL HAVE BIG DREAMS.

« Il y avait un moment que je n'étais pas passée au Haras. J'avais été débordée au travail, j'avais confié mes chevaux aux palefreniers. Ces derniers avaient passé tout leur temps au paddock, la vie extérieure leur faisant le plus grand bien. J'arrivai donc cet après-midi là avec un léger pincement au cœur. L'endroit me manquait, ainsi que les personnes qui s'y trouvait, et il faut dire que je me sentais plutôt coupable de ne pas être passée voir mes chevaux sauf pour les gaver de friandises. Une fois ma voiture garée, j'en descendis avec une boule dans la gorge.

Je croisai quelques personnes que je ne connaissais pas, probablement des nouveaux au club, et aussitôt l'atmosphère du Haras m'enveloppa de son ambiance chaleureuse. Je jetai un regard aux alentours, presque rien n'avait changé. Quelques bâtiments avaient été améliorés, mais sans plus. Je souris lorsque j'aperçu l'écurie où se trouvait mes chevaux, puis me souvint qu'ils étaient en prairie. D'un pas joyeux, je me dirigeai vers là-bas. Je passai devant quelques paddocks, où y séjournait quelques chevaux qui n'avait rien à envier à leur voisin. Ils étaient en bonne condition et leur poil reluisait. Puis, je passai devant les paddocks du Rescue Me.

Ces chevaux-là avaient moins bonne mine, mais ne semblait pas pour autant être à l'article de la mort. Sauf peut-être un. Un petit camarguais blanc, seul au fond de son paddock, attira mon attention. Ses yeux sans vie, son poil terne et ses sabots un peu trop long témoignaient de ses mauvais traitements passés. Je m'accoudai sur la barrière de son pré et je sifflai doucement pour attirer son attention. Il leva quelque peu la tête dans ma direction, braquant ses oreilles dans ses crins fournis. Aïe, pensai-je immédiatement. Pauvre poney. La présence de l'homme ne l'enchanta guère, car rapidement il se retourna, de façon à me présenter sa croupe.

J'esquissai un sourire et sans plus attendre, je m'invitai dans son paddock. Je fis quelques pas dans sa direction, avant que ce dernier ne ressente ma présence, et se sauve à l'autre extrémité de son pré. Mmmmmm. J'avais apporter avec moi quelques pommes que je destinais à Hidalgo et Bonus, mais je les disposai en un genre de pyramide à quelques pas de l'endroit où je me trouvais. Je crus presque voir l'étalon gris soulever une paupière d'interrogation, mais il ne bougea pas de l'endroit où il se trouvait, toujours en me présentant sa croupe.

Je reculai lentement, lui faisant toujours face, avant de m'asseoir directement sur l'herbe, jambe repliées sous moi. Je scrutais chaque mouvement de l'étalon, qui lui scrutait chacun de mes mouvements en retour. Nous passâmes plusieurs minutes ainsi, avant que l'étalon gris se retourne vers moi. Ses yeux montraient une incompréhension totale, mais son corps était tendu, prêt à fuir. Je restai donc là sans bouger longtemps, très longtemps, jusqu'à ce que le corps du camarguais se détende un peu. Il n'avait pas avancé, ni reculé, mais il s'était détendu. Je ne poussai pas la note plus loin aujourd'hui, j'en avais fait assez.

Je me levai en faisant des gestes lents et doux, pour ne pas lui faire peur. Je me promis de m'informer sur son nom et son passé, s'il était possible d'avoir un peu d'information là-dessus, avant ma prochaine visite. Et prochaine visite il y aura certainement. Je sortis donc de son pré et je me retournai pour l'observer encore une minute. Il avait approché l'endroit où était les pommes, mais il n'y avait pas encore touchées. À suivre ... »