Je franchis pour la troisième fois désormais l'entrée du haras de Pado. Je n'avais plus rien à faire chez moi et je trépignais d'impatience de revenir, alors pourquoi attendre ? On est en début d'après-midi, le soleil est haut dans le ciel et chauffe agréablement mes épaules nues. Je laisse mon matériel dans mon coffre -je ne compte pas m'occuper de Karnaval tout de suite- et me dirige vers des prés que j'avais aperçus en visitant rapidement mais dont je ne m'étais pas approchée.
En arrivant, je passe devant plusieurs paddocks dont certains semblent vides et d'autres dont les occupants fuirent en lançant des ruades en me voyant approcher. Je me souviens qu'on m'a parlé de certains pensionnaires ayant eu un passé traumatisant qui étaient recueillis par une association... Comment s'appelle-t-elle, déjà ? Je me creuse la tête et finit par retrouver le nom. Rescue Me.
Je continue de marcher, passant à côté de chevaux squelettiques, le regard vide, ou au contraire d'autres dont les yeux sont emplis d'une vivacité nerveuse. Des noms sont inscrits sur des plaques en plastiques à l'entrée des enclos. J'y jette un coup d'oeil distrait, et soudain un petit poney m'attire l'oeil. J'accélère l'allure jusqu'à pouvoir lire ce qui est inscrit devant la barrière : Berlioz, Pottok. Laissé à l'abandon très jeune, un peu sauvage, peureux, en sous-poids important.
Je suis instantanément touchée par le petit cheval à la robe bigarrée qui m'observe de loin, les muscles bandés, prêt à détaler au moindre geste de ma part. Je m'assis alors, en faisant attention à faire ça le plus doucement possible et en adoptant une position non agressive, tête baissée et dos courbé, jambes repliées et entourées de mes bras.
Derrière le rideau de mes cheveux lâchés, j'observe l'étalon. Il ne se détend pas, du moins au début. Après un peu moins de dix minutes passées dans la même position -très confortable, il faut l'avouer-, je le vois relâcher les épaules légèrement et avancer d'un pas hésitant en direction de son abri qui se trouve juste devant moi. Il s'arrête devant l'entrée puis tourne la tête dans ma direction. Je ne bouge pas, du moins dans la mesure du possible -essayez de rester parfaitement immobile aussi longtemps, allez-y ! xd- alors il décide qu'entrer à l'intérieur de la petite cabane est sans danger. Il s'y engouffre précipitamment et fait demi-tour, ne laissant dépasser que sa jolie petite tête. Je relève légèrement la tête et il tressaille, reculant de manière à ce que je ne puisse plus le voir. Je soupire. Je suis allée trop vite. Alors je reprend ma position initiale, non sans avoir détendu un peu mon cou qui souffre le martyre. J'attends ainsi pendant cinq minutes, dix minutes, quinze minutes à en croire ma montre à laquelle je jette des coups d'oeil discrets. Quand je redresse le regard, je vois que le cheval bicolore est sorti mais me tourne le dos, broutant devant l'abri. Je remarque qu'il arrache les brins d'herbe puis les laisse retomber, comme s'il faisait semblant, comme s'il n'avait pas faim. Il a les oreilles tournées vers moi, ce qui suppose qu'il guette le moindre bruit, le moindre mouvement que je ferai, pour s'enfuir au grand galop. J'attends encore quelques instants avant de l'interpeller d'une voix que j'espère la plus douce possible :
- Salut mon grand..
Il sursaute et relève brusquement la tête. Je grimace et continue sur le même ton :
- N'ai pas peur. C'est moi qui te parle. Tu me vois ?
En effet il s'est tourné et me regarde du coin de l'oeil, attendant toujours de voir si je vais bouger, ce que je ne fais pas.
- Voilà, c'est bien. N'ai pas peur poney, je ne vais pas te faire de mal. Ne t'inquiète pas.
Il semble se décrisper un peu, c'est un bon point. Je continue à lui parler pendant une dizaine de minutes, et il se met à brouter -pour de bon cette fois- en gardant son regard rivé sur moi. Une fois que mon flot de paroles s'est tari, j'essaie de me lever très lentement, encore une fois. Il se crispe et fait quelques pas sur le côté, la queue entre les postérieurs. Je garde la tête baissée et ne bouge plus. Pendant cinq minutes, il ne bouge pas non plus, puis lorsque je relève la tête il s'enfuit. Je soupire... J'y étais presque.
Je lance alors un dernier au revoir à l'étalon et fais demi-tour, quand même assez contente de moi et de lui. Il est resté pendant une quarantaine de minutes à seulement trois mètres de moi sans bouger. Je pense que je reviendrai voir ce petit pottok, je ne désespère pas de réussir un jour à l'approcher.
C'est parfait, tu vas doucement, c'est ce qu'il faut
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Invité
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Jeu 27 Déc - 0:29
Berlioz & Aloy : première rencontre
Cela ne faisait que peu de temps que j’étais arrivé en ville, je ne connaissais que très peu le haras. J’avais donc décider de prendre le temps de le visiter, en parcourant chaque allée, regardant dans chaque paddock. Je découvrais ainsi les différentes installations, ainsi que les domaines, ou encore les différentes écuries du haras. J’étais émerveillée devant la beauté de certains chevaux, mais aussi du Haras. Je pensais finalement avoir fait le tour quand je distinguai une petite pancarte accrochée à côté d’une grille en fer forgé que je n’avais jamais vu auparavant. Je m’approchai donc et pus lire ce qu’il y avait écrit : « Rescue Me, accueil et sauvetage de chevaux ». Cela piquait ma curiosité, et comme la grille était légèrement entrouverte, je me permis de m’introduire à l’intérieur. Il y avait un petit bâtiment, ce qui devait être les bureaux de personnes qui travaillaient ici, puis un nombre incroyable de paddocks. Je continuai timidement ma route, en observant les chevaux à l’intérieur, et je fus frappée de voir l’état de certains d’entre eux. J’en eu presque les larmes aux yeux de voir ces chevaux, très maigres pour la plupart, recouverts de plaies pour d’autres. Ce qui me marqua le plus, c’était leur regard. Certains était complétement vide, perdu. On pouvait voir la peur chez les autres, une peur qui les poussait à se montrer violent. Parfois, c’était même de la terreur.
Un nombre incalculable d’émotions s’entremêlaient en moi. Je ne savais pas si j’avais envie de crier, de pleurer, ou de fuir à toute allure. Ses chevaux avaient tous vécus des choses terribles, et leur peur était si présente qu’elle m’envahissait peu à peu. J’aurais voulu me réfugier dans l’encolure de chacun d’eux, mais je savais bien qu’aucun ne me laisserait les approcher. J’étais vraiment bouleversée, et je ne savais plus vraiment ce que je devais faire. Je me sentais seule, au moins autant que ses pauvres équidés, pourtant, je continuai ma route, les jambes tremblantes. J’aurais voulu tous les sauver, tous leur rendre la vie qu’il mérite, mais je n’en étais pas capable, il y en avait malheureusement beaucoup trop. J’étais pourtant décider d’en sauver au moins un, il le fallait. C’est alors que j’aperçu, dans le paddock près de moi, il petit poney pie. Il était si maigre et paraissait si fragile. Il était collé au fond de son abri, tous ses sens en alerte. Il était terrorisé, prêt à déguerpir à toute allure au moindre danger, et pourtant, on avait l’impression qu’il était à bout de force. C’était à se demander comment ses frêles petites jambes arrivaient encore à supporter son poids. J’avançai alors doucement de la petite plaque vissée à son abri, et vis alors que son nom était Berlioz. Il y avait également sa race, son âge, et un bref résumé concernant son histoire. Visiblement, on ne savait pas grand-chose sur lui.
J’observais alors le poney qui faisait vraiment mal au cœur. Le pauvre petit, comment avait-on pu être aussi cruel avec un petit bonhomme comme lui. Je jetai alors un petit coup d’œil à son paddock, et je vis alors qu’il y avait quelques seaux renversés. Je m’approchai, piquée par la curiosité. Tous les seaux étaient encore remplis de granulés. Le poney ne devait toucher à aucune de ses rations, ce qui expliquait qu’on voyait ses côtes à ce point. Mais, pourquoi refusait-il de se nourrir ? Il préférait se laisser mourir de faim, mais pourquoi ? Cela m’intriguait au plus haut point, alors j’avais décidé de rester là à l’observer. J’étudierai son comportement afin de découvrir les raisons et je pourrais alors trouver des solutions, du moins je l’espérais. Je m’accoudais alors un moment sur la barrière. Le poney m’avait bien remarqué, et il ne détachait plus son regard de moi. Il était très stressé, ses muscles étaient tendus au possible et on lisait la peur dans son regard. Je ne bougeais pas. Je restai là, sans rien faire. J’espérais qu’au bout d’un moment, le poney se détendrait un peu, mais c’était loin d’être le cas. J’avais presque envie de partir le plus loin possible, mais je savais que ça ne résoudrait pas le problème, et que le poney ne se calmerait pas. Je réfléchissais alors à des techniques pour qu’il arrive à se calmer.
Je commençai alors à lui parler. Au début, ça empirait la situation, mais comme je gardai une voix très douce et très calme, j’espérais que ça allait l’aider. Je me mis alors à chanter doucement une petite chanson. Je me souvenais que c’était celle que me chantait ma mère quand j’étais petite, afin de m’endormir. Après quelques minutes, le poney paraissait se détendre légèrement. Son regard s’apaisait légèrement, et son corps était moins tendu. Je continuai ainsi un petit moment, et Berlioz semblait s’habituer un peu à ma présence. Je décidai alors d’entrer dans le paddock. Je pris un peu de paille sèche que je déposai par terre, à peu près au milieu, puis je m’assis dessus. Evidemment, tous ses mouvements avaient stressé l’étalon, mais je repris alors mon chant, et il se détendit légèrement. On pouvait toujours lire la peur dans son regard, mais il y avait aussi une extrême douceur. Berlioz était un bon poney, ça se voyait. Il n’y avait aucune once de méchanceté en lui et j’étais certaine qu’avec beaucoup de patience et d’amour, il serait un fantastique poney, et c’était ce que j’allais lui apporter, j’en fis la promesse. Un bruit me sortit d’un coup de mes pensées. J’observais les alentours, et vis alors un palefrenier s’approcher, un seau à la main. J’allais peut-être pouvoir découvrir pourquoi le poney ne s’alimentait pas, et j’étais très curieuse.
Le palefrenier s’approcha du paddock, et ronchonna en voyant les seaux renversés. Il les retira un à un et en déposa un nouveau à terre. Mon regard se tourna alors vers le poney. Il se tenait tout au fond de son abri, et s’il avait pu sa cacher dans sa paille, j’étais certaine qu’il l’aurait fait. Tout son corps tremblait comme une feuille, ses oreilles allaient dans tous les sens à une vitesse folle. Pauvre Berlioz. J’essayais de le rassurer en chantant doucement, mais cette fois, rien n’y faisait. Il commença à se calmer qu’une bonne dizaine de minutes après le départ du palefrenier. La raison pour laquelle il ne mangeait pas me paraissait maintenant évidente, il était beaucoup trop apeuré pour cela. Je me demandais alors sérieusement comment j’allais pouvoir l’aider à manger à nouveau. Je ne pouvais laisser ce pauvre Pottok mourir de faim ainsi, il fallait à tout prix que je l’aide et que je trouve une solution. Je sortis alors de mes poches quelques carottes et une pomme. Je les coupais en morceaux, puis je les disposai par terre. Le poney m’observait, se demandant ce que j’étais en train de faire. Je me mis alors à quatre pattes, puis je m’approchai doucement de l’abri du poney, tout en chantant. Je déposai les petits morceaux, et j’en fis rouler quelques-uns afin qu’ils atterrissent non loin du poney. Je m’éloignai alors doucement puis je sortis du paddock, tout en observant Berlioz.
Il s’était approché des morceaux de fruits, puis les sentit. Il releva la tête, hésita, et finalement, il prit le premier morceau et commença à le marcher. J’étais si heureuse, j’avais envie de sauter partout, mais je me retins afin de ne pas l’effrayer. C’était une première victoire, qui fut survit par une deuxième, et une troisième. Il n’osa pourtant pas sortir de son abri, peut-être parce que j’étais là. Je m’éloignai alors encore, jusqu’à ce que le poney ne puisse plus me voir. J’en profitai pour aller chercher un peu de foin enrubanné que je donnerai au poney, dans l’espoir qu’il le mange. Tous les chevaux du Domaine du Manoir en étaient dingues, ils adoraient ça, alors j’espérais que ce serait également le cas pour lui et qu’il ne pourrait y résister. Lorsque je revins, je remarquai qu’il n’y avait plus de morceaux de fruits à terre, et qu’il avait renversé le seau qu’avait apporté palefrenier avant de repartir sous son abri. Au moins, il avait mangé les carottes et la pomme, c’était déjà ça. J’entrai à nouveau dans son paddock et tout en chantant, je déposai le foin enrubanné près de son abri, puis je reculai et repris ma place assise de tout à l’heure. Le poney hésita à aller manger, bien qu’il était attiré par la bonne odeur qui émanait du foin. Je restai là un moment, jusqu’à ce que le poney approche.
Malgré sa peur, il finit par aller manger son foin. Il relevait la tête en vitesse dès qu’il avait quelques brins dans sa bouche, au cas où un danger surviendrait, pointant très souvent son regard sur moi. Je ne bougeai pourtant pas. Je continuai à chanter doucement, tout en observant l’étalon si peureux. J’avais envie de tout faire pour lui, il le méritait. Je devais à tout prix lui faire comprendre que je ne lui voulais aucun mal, et si j’arrivais à avoir ne serait-ce qu’un tout petit peu de sa confiance, je ferais tout le nécessaire pour le soigner, le chouchouter et faire de lui le poney heureux qu’il mérite d’être. Après un long moment, il avait quasiment fini son foin. Il avait eu l’air de se régaler et j’en étais très heureuse. Il s’était ainsi rapproché de moi, et je le sentais plus détendu qu’avant. Comme je ne voulais pas abuser de lui, je décidai alors de repartir. J’avais déjà passé plus d’une heure, peut-être deux avec lui, et je sentais qu’il avait eu un peu moins peur de moi. C’était le plus important. Je ne voulais pas bruler les étapes au risque de devoir tout recommencer. Je préférais y aller doucement et faire prendre de patience. Il avait besoin de temps pour s’habituer, et je comptais bien lui laisser tout le nécessaire. Je l’observais alors une dernière fois avant de m’éloigner finalement de son paddock. Je comptais bien venir le voir tous les jours, même si ce n’était qu’e dehors de son paddock. Tout ce que je voulais, c’était, dans un premier temps, qu’il s’habitue à moi.
Misspalikoa
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