<Pré avec Wings - Unicorn>

Les cours, mon cauchemar qui est réalité, me prennent un temps montre et me fatiguent énormément. Déprimée par mes profs, ma classe et mon emploi du temps, ma seule raison de me réjouir avait un nom : Wings. Plus de le temps passait, plus j’avais envie de le revoir ! Ca faisait deux jours que je n’étais pas allée le voir et j’en mourrais d’envie. Mais je savais qu’au fond de moi-même, j’angoissais ; ma peur des chevaux n’avait pas vraiment disparue. J’avais fais des progrès cependant, j’en étais fière.

La cloche sonna et je laissai derrière moi les cours de Sciences Economiques et Sociales et de Mathématiques avec grand plaisir. Je pris directement le bus vers le centre équestre, plus impatiente que jamais. Alors que je m’affalai sur un siège au fond du bus, mon téléphone vibra. C’était un sms de Mathilde, ma monitrice et nouvelle amie :

«  Rendez vous au pré, une nouvelle épreuve t’attends ! »

Excitée et terrifiée à la fois, je fermai les yeux, épuisée de ma journée. Je cherchais un peu d’énergie pour tenir debout jusqu’à ce soir. Je descendis du véhicule et marchai quelques minutes à travers la campagne. Les prés étaient plus haut que le club en lui-même, j’entrepris alors une ascension en pente douce vers les carrés de verdure. Je voyais déjà la silhouette élancée de Mathilde, assise sur la barrière, comme la dernière fois. Je n’eus pas de mal à la rejoindre et la saluai, contente de la voir enfin.

- J’ai attendu ce moment toute la journée ! Tu ne peux même pas imaginer ! M’exclamai-je.

- Attends de voir ce qu’il t’attend ! Tu riras moins !

Voyant ma mine se décomposer, elle rit et ajouta :

- Je rigole, ne t’en fais pas.

J’esquissai finalement un sourire crispé. Elle ouvrit la barrière et me fit entrer dans l’enclos. J’étais sur mes gardes. Il y avait des chevaux en liberté là-dedans quand même ! Je serrai les poings, pétrifiée au bord d’une petite flaque de boue. Mathilde avança en enjambant la flaque et cria :

- Aller dépêche-toi ou je te pousse la tête dedans !

Je ris de bon cœur et pris mon courage à deux mains. Je fis le vide dans ma tête et la suivis en marchant rapidement. Je levai le nez : en haut de la pente se trouvai Wings qui avait cessé de brouter à notre approche. Il vint vers nous à ma plus grande surprise. Au pas, puis au trot. J’ouvris en grand mes yeux, il me fonçait dessus ! Au secours ! Je faillis m’enfuir à toutes jambes mais le temps que je réagisse, il s’était arrêté devant Mathilde qui lui tendait une friandise à la pomme. Je fus soulagée mais ne m’approchai pas pour autant. Mathilde me fis signe de la rejoindre et qu’il n’y avait aucun danger. J’en doutais un peu à voir les quelques autres chevaux qui avaient eux aussi levé la tête. Après tout, ils étaient à une distance correcte. Je marchais, méfiante, vers mon amie qui m’encourageait. Lentement mais sûrement, j’arrivai devant le bel étalon gris argenté. Sa beauté m’éblouissait presque. Je levai ma main timidement pour le caresser. Il eut un mouvement de recul un peu brusque qui me surprit. Je reculai aussi, effrayée. Mathilde me dit :

- Vas-y plus calmement. Il ressent ta peur.
Je hochai la tête. Je tentai une approche un peu moins tremblante, les dents serrées. Il réagit mieux et accepta ma caresse. Soulagée, je me décrispai.

- Parfait ! Maintenant, on va lui passer son licol.

- D’accord.

Je me rappelais très bien de la façon de mettre un licol. C’est une chose qu’on n’oublie pas, c’est facile. Facile, sauf quand on a une peur panique des réactions brusques des chevaux … Je pris le licol que Mathilde me tendait. Je l’ouvris en direction du nez de Wings, sans vraiment réfléchir au fait que c’était un cheval. Jusqu’au moment où il releva la tête d’un coup. Prise par surprise, je me décalai d’un pas vers l’arrière. Mais je voulais tellement y arriver, que je revins à la charge sans plus attendre. Cette fois je me calmai et respirai plus doucement. Il se laissa faire, enfin. Je passai la lanière de nylon derrière ses oreilles et attachai la boucle métallique sans y réfléchir davantage. Je n’en revenais pas. J’avais réussi encore une épreuve. Je jubilais intérieurement.

- Eh bien ! Tant d’évolution en si peu de temps ! Tu m’épates ! M’annonça Mathilde en souriant. Nous allons juste le brosser un peu et le remettre au box car il sera monté par d’autres élèves vu que tu ne l’as qu’en demi-pension.

Je hochai la tête et pris avec grande précaution la longe. Je ne savais pas si mener un cheval était dans mes capacités mais décidai d’essayer quand même. Je fis un petit pas en avant, méfiante. Il refusa de bouger. J’insistai, mais toujours avec douceur. Il se décida enfin à faire un pas. Son allure calme et lente me rassurait. Avec Mathilde à mes côtés, je ne risquais absolument rien. Je réussis avec brio à l’emmener jusqu’au bord du pré. Mathilde m’ouvrit la porte mais je ne pus pas me mouvoir davantage. La route, c’était dangereux ! Il pourrait s’emballer pour un rien. Les mains moites et le regard fuyant, je tendis la longe à mon amie en lui disant rapidement :

- Chaque chose en son temps, je ne le sens pas du tout là.

Elle accepta de terminer. Je marchais à distance de l’animal qui fut très sage jusqu’aux écuries.