Nutshell - KWPN (j)

Nutshell

ft. Swann Anderson.

Un concentré de douceur; voilà ce qu'était Nutshell, la dernière pouliche du cheptel de Swann. Une petite perle bien dans ses sabots, bien dans sa tête. Elle avait tout pour bien démarrer dans la vie, et Swann s'assurerait que tout aille dans le bon sens pour la petite alezane. Elle savait que certains poulains, bien que doux comme des agneaux au début de leur vie, pouvaient vite changer à l'âge adulte. D'autres n'avaient pas un caractère forcément malléable dès le départ et il fallait composer avec. C'était le cas d'Alcatraz, notamment. Swann s'arrachait les cheveux à cause de lui, mais elle restait persuadée que malgré tout, il en valait la peine. Matt ne comprenait pas forcément son acharnement mais d'un autre côté, il la soutenait: lui aussi continuait de se battre pour certains animaux quand les hommes lui disaient de laisser tomber, qu'ils n'en valaient pas la peine. Bon nombre de chiens qualifiés d'agressifs ou réactifs, à deux doigts de l'euthanasie, avaient pu être placés à l'adoption grâce au travail de Matt. Tout n'était pas magique, un long travail à vie restait à faire sur ces animaux, mais on pouvait toujours limiter les dégâts.
Avec Swann et les chevaux, ce n'était pas exactement pareil mais, après tout, les deux restaient des animaux. Les affinités et le travail de Matt et de Swann se rejoignaient dans un sens.
Mais pour le moment, Swann se refusait à avoir les idées noires. Nutshell démarrait bien dans la vie et elle allait s'assurer que cela continue. Comme avec tous ses poulains, la jeune femme avait commencé très tôt le travail de désensibilisation, commençant par l'acceptation de l'homme. La rouquine se montrait plutôt réservée et boudait Swann durant les premiers jours, gardant sur elle un oeil méfiant, mais pas peureux pour autant. Elle n'avait pas peur d'elle, loin de là, mais ce n'était pas pour autant qu'elle lui faisait confiance. Toute la nuance était là. Beaucoup confondaient un animal peureux d'un animal méfiant.
Mais qu'à cela ne tienne, Swann était tenace et elle savait ce qu'elle voulait. Elle savait aussi s'adapter au cas par cas, en commençant par le rythme des visites, de l'apprentissage et des "premiers pas". Brusquer la pouliche ne servait absolument à rien, ce n'était pas ainsi que Swann fonctionnait. Elle préféra la laisser venir à elle, venant parfois au paddock avec du foin ou des fruits, en en distribuant aux chevaux qui venaient la voir. Nutshell restait seule au fond du pré lors des premières fois, puis elle commença à s'approcher, sa curiosité prenant le pas sur sa méfiance. Elle resta toutefois à distance de nombreux jours encore, se contentant d'observer de loin le seau rempli de bonnes choses de Swann. Cette dernière commença alors à en déposer dans le pré dans des coins stratégiques, afin que Nutshell puisse aller les chercher, et profiter elle aussi du goûter. Ce geste de générosité venant de la femme sembla produire un déclic chez la pouliche.
Le lendemain, elle s'approcha de Swann sans crainte, les oreilles en avant, le pas sur. Elle avait enfin compris qu'elle ne voulait rien de mal. A partir de là, l'acceptation du contact et de la manipulation fut assez simple. Ce n'était pas de la main de l'homme que la rouquine avait peur. C'était simplement de lui accorder sa confiance. Ceci fait, une foule de possibilités s'ouvraient à elles.
Leur petit rituel évolua; maintenant, chaque jour, au lieu d'une simple visite, Swann touchait une nouvelle partie du corps de la pouliche, afin de correctement l'habituer à être touchée partout. A commencer par la tête, le dos, les flancs, les jambes et, plus délicat, le ventre. Nutshell ne semblait pas trop apprécier qu'on lui touche le ventre, mais Swann lui apprit à réagir avec intelligence, et à transmettre son mécontentement de façon calme. La jeune femme se faisait un point d'honneur à respecter les signaux de ses chevaux, afin qu'aucun d'entre eux ne soit poussé à aller aussi loin que mordre ou taper pour qu'on le laisse tranquille.
Après ça, la jeune femme entreprit de désensibiliser la pouliche aux brosses. Le passage du ventre était toujours un moment délicat et Swann tâcha de renforcer chaque mini tolérante ou acceptation de la part de la rouquine. Parfois, elle ne faisait rien d'autre de la journée que de venir au paddock, lui brosser le ventre, lui donner des bonbons et repartir. Parfois aussi, elle ne faisait rien. Elle se contentait de deux-trois caresses si Nut' venait la voir, ou de l'observer si elle restait à distance. La pouliche ne devait pas associer la présence de l'homme à un "on va forcément travailler".
Sur le reste du corps cependant, l'acceptation du pansage fut rapidement acquis. Swann s'attarda autant que possible sur le ventre pour augmenter le seuil de tolérance de la jument autant qu'elle le pouvait, mais elle ne poussa pas la chose trop loin non plus, bien consciente que ce point du corps de Nutshell resterait définitivement assez délicat. Ce n'était pas une fatalité.
La jeune femme lui apprit ensuite le port du licol. Devoir porter des objets n'était pas le fort de la pouliche, qui préférait les fuir d'un air espiègle et faire des cabrioles dans son pré en attendant que Swann vienne lui courir après. Ce qu'elle ne faisait jamais, d'ailleurs, histoire de ne pas donner de mauvaises habitudes à la pouliche. L'énergie de la rouquine n'était pas toujours facile à canaliser au fur et à mesure qu'elle prenait de l'âge. Cela dit, elle se montrait enjouée dans l'apprentissage, ce qui était une bonne chose.
Le travail avec le licol fut plus long que pour les brosses, et Swann opta finalement pour un licol éthologique, plus léger et moins contraignant à enfiler. Ce fut comme un accord entre les deux, comme une concession. Nutshell accepta de porter le licol à ce moment-là.
On ne pouvait pas toujours tout gagner. Mieux valait faire chacun un pas, plutôt que de devoir en faire deux ou de laisser l'autre en faire deux. Chez les humains, comme chez les chevaux.

# iwhae

SERVICE - soins

C'était dimanche, et habituellement le dimanche, Tedrick en profitait pour dormir toute la sainte journée, se reposer quoi. Mais ce jour-là, il n'en aurait pas l'occasion. Un cavalier propriétaire d'un domaine voisin avait loué les services de l'allemand pour travailler une de ses juments, une dénommée Nutshell. Il avait récolté quelques informations sur la concernée, il savait donc qu'elle était alezane avec des crins lavés, mais aussi qu'elle ne poserait sans doute pas de problème ni aux soins ni au travail. On l'avait dépeinte comme une jument pas vraiment patiente mais pas méchante pour autant. C'est bien ce qu'il allait voir. On l'avait contacté pour une séance de travail et un trotting en extérieur, c'est donc ce qu'ils allaient faire ensemble aujourd'hui, mais avant tout, il fallait déjà la préparer. À bord de son 4x4, il avait donc rejoint l'adresse indiquée. Il se gara alors sur le parking et rejoignit l'écurie où il se mettait en quête de la jument indiquée. Tout à fait perdu, c'est un palefrenier qui l'accueillait. Le temps de se présenter, l'homme s'empressait de guider le visiteur à Nutshell. Son équipement avait déjà été déposé sur place, il n'aurait donc plus qu'à la préparer.

Pénétrant à l'intérieur du box, l'allemand commençait par saluer sa partenaire du jour. C'était une jolie KWPN, pas très grande mais très élégante. Un peu froide, elle ne semblait pas accorder beaucoup d'attention à cet inconnu, mais pas de quoi être irrespectueuse. Lui caressant l'épaule, Tedrick décidait donc d'attaquer gentiment avec un bon pansage. Rapprochant sa boîte de pansage, il commençait par attraper son étrille en caoutchouc pour retirer un maximum de poils mort et de poussières. L'alezane n'étant pas tondue, c'était des nuages de poussière qui volaient dans le box. On l'avait prévenu, Nutshell n'était pas patiente, et commençait d’ores et déjà à s'agiter par ennui. Comprenant qu'il n'aurait pas le temps de prendre son temps, il s'activait sur son poil avant de poursuivre son pansage avec la brosse dure. Concentré toujours sur les parties charnues, il tâchait d'être aussi rapide et efficace que possible afin de ne pas la frustrer et commencer leur journée ensemble sur une mauvaise base. C'est donc assez rapidement qu'il terminait le pansage de son corps avec la brosse douce qu'il passait sur la totalité de son corps, y compris les membres et le ventre qu'il tâchait de dépoussiérer correctement. Finalement, le corps de la demoiselle était propre, permettant à Tedrick de démêler ses crins et de curer ses pieds. Sur demande du propriétaire de la KWPN, il graissait les pieds avant de décider qu'il était temps de la seller.

Partant pour une séance de plat, Tedrick commençait par attraper le tapis qu'on lui avait fourni pour l'alezane et le déposait sur son dos, accompagné d'une caresse sur l'encolure. Il enchaînait alors avec son amortisseur et finalement la selle. Le temps d'ajuster l'ensemble sur son dos et de dégarotter, le jeune homme sanglait finalement de quelques trous. Il aurait le temps de réajuster la sangle une fois qu'elle aurait eu l'occasion de se déplacer un peu. N'ayant pas bronché, il la remerciait d'une nouvelle caresse avant d'attraper son filet. Machinalement il commençait par passer les rênes par-dessus son encolure avant de lui présenter le mors. Pas très décidé, il lui chatouillait la commissure des lèvres pour la convaincre. Dès que la bouche fut ouverte, il en profitait pour glisser le mors et mettre en place son filet sur sa tête. Attachant sous-gorge, muserolle et noseband, ce n'est que tout ajusté qu'il prenait le temps de mettre sa bombe et ses gants. Enfilant ses chaps, il ramassait finalement sa cravache, sait-on jamais, avant de la guider vers la carrière. Il était temps de la découvrir un peu plus au travail. En tout cas, il avait hâte de voir ce qu'elle pourrait donner sous la selle.