Box de Preum's

« Ohhhhhh mais qui est-tu toi ? »



Je vois le petit bout du nez bicolore dépasser difficilement la porte du box. Qui est-tu ? D'où viens-tu ? Et surtout : est-ce que je peux te faire un câlin ? Cette adorable moustache qui tombe du bout du nez fremissant pourrait presque me faire pleurer. J'ai toujours eût un faible pour « les modèles réduits », ces peluches duveteuses particulièrement caractériels, qui savent jouer de leurs charmes et de leurs grands yeux doux pour obtenir tout ce qu'elles veulent, et surtout vous faire tourner en bourrique. Bref, j'ai toujours adoré me faire mener en bateau par les shetlands, et pire encore, j'en redemanderai même après chaque séance, qu'importe combien de litres j'aurais pu en baver.
Je grattouille doucement le bout du nez tout en lisant la plaque accroché au box ; Preum's, hein ? Eh bien, Preum's, t'es adorable. Je pourrai te manger, tu sais. Oh oui je le pourrais, t'es juste trop mignon. Oh non, me revoilà hystérique. Respires un grand coup ma fille, tout va bien se passer.

J'avais couru dans les bureaux me renseigner sur la boule de poils que je venais de rencontrer ; et me revoilà accoudée à la porte de son box, autorisation en poche pour travailler le lutin que voici. Était-ce le meilleur jour de ma vie ? Je ne me répéterai pas : chaque nouvelle rencontre avec un tout petit poney devient automatiquement le plus beau jour de ma vie.
Je sors monsieur Preum's de son box avec son tout minuscule licol tellement adorable, et je commence à le brosser. D'entrée de jeu, je remarque que le poney est un comique. Effectivement, il n'a pas du clown que la robe bariolée, mais également l'esprit taquin bouillonnant de bêtises. Ma boîte de pansage à peine ouverte, le petit étalon avait déjà le bouchon en bouche, et secouait la tête dans tous les sens. Je caresse le poney en gloussant comme une dinde ; je sais que je ne suis pas censée encourager un tel comportement, mais soyez francs, vous l'auriez réprimandé ? Non. Voilà, inutile de me répondre, je le sais. Autant de mignonnerie est immunisée contre la colère et les réprimandes, c'est bien connu.
Je récupère tant bien que mal mon bouchon de la bouche du voleur et continue mon pansage. Pour le coup, le poney n'est pas bien sale, et bien que sa robe soit partiellement blanche, je suis surprise de pouvoir admirer une blancheur presque éclatante tant elle est immaculée. J'ai connu peu de chevaux gris, ou même de chevaux pie ; mais une chose est sûre c'est que j'en ai toujours entendu d'affreuses anecdotes sur les tâches presque indélébiles que ces chevaux pouvaient s'infliger. Et pour le coup, voilà un démenti de grande qualité !

Voilà un petit poney tout propre, aux crins soyeux et démêlés. Ses grands yeux pétillants ressemble à deux pierres d'onyx éclatantes, hypnotisantes. Un éclair de génie me foudroie quand je me dis que je devrais prendre des cours de séduction avec ce poney. A coup sûr, je ne serai plus célibataire si je savais manier le regard de biche avec autant d'aisance. Waow, quel maître séducteur.
Je décide de poser sur les petits membres de Preum's des guêtres de protections – et c'est promis je vous épargnerai à quel point ça aussi c'était minuscule et adorable. L'étalon shetland se laisse gentiment faire, plutôt guilleret, pendant que je lui pose les guêtres aux antérieurs et les protège-boulets aux postérieurs. Je détache la longe de son anneau d'attache, et nous partons clopi-clopant vers le manège.

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Séance à pieds
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Nous arrivons main dans la longe, dirais-je. Je fais entrer Mister Preum's dans le manège, et nous nous plaçons au centre de celui-ci. Le poney semble revigoré d'apercevoir le manège, et entrer dedans lui procure une certaine excitation. Je détache le licol du petit diable, et le laisse marcher tranquillement sur la piste. L'étalon marche tranquillement, mais de manière énergique, les naseaux au sol pour emmagasiner toutes les odeurs que peut lui offrir le sol du manège. Il marche un moment, et je m'assure qu'il le fasse aux deux mains, avant de le lancer au trot. Je remarque que le poney connaît les ordres à la voix, et n'en est pas à ses premières années d'expérience. Il trottine sans grand entrain, traînant plutôt les pieds dans le sable. Lorsque je lui demande d'accélérer un petit peu pour mieux engager ses postérieurs, monsieur fait la sourde tête. Bon, après tout, c'est un shetland. Quelques agitations de chambrières et voilà le petit pie relancé.Pour autant il semble faire un peu la tête, me regardant de travers et s'ébrouant vivement. Dommage mon cher poney, je trouve seulement ça adorable.
Le galop de Preum's est typique des shetlands : petites foulées rebondies mais irrégulières. Il est également un peu moins à l'écoute, plus attiré par le galop effréné et de jolies sauts de moutons que par la perspective d'un réel travail. Pour gagner en concentration, j'essaie de le faire transitionner à la voix.

Après un échauffement sur les barres au sol, il est temps de voir bondir la petite mascotte. Je n'ai absolument aucune idée de l'expérience du poney en ce qui concerne le saut en liberté, alors je commence petit, en sur-élevant simplement les barres à l'aide de cavaletti. S'il sait lever un minimum les papattes, ce sera déjà pas mal. Premier passage, et le poney me gratifie d'un bond joyeux. Il semble même apprécier l'exercice, et plutôt doué dans son genre. Je le fais revenir, et nous changeons de main. Une chose est sûre, c'est que Preum's a non seulement un bon coup de saut, mais qu'il prend également beaucoup de plaisir à être le centre de l'attention dirait-on. Le shetland fait le beau, se secoue dans tous les sens, et semble chercher à capter tous les regards. Une véritable petite star ! Il faut dire qu'avec son physique de peluche et son charisme, l'étalon pie a dû en faire craquer plus d'un. Un vrai petit clown ambulant.
Preum's sautera encore quelques obstacles, allant jusqu'à 50 centimètres, avant que je ne décide d'arrêter la séance là-dessus. Le problème avec le saut en liberté, c'est qu'il est, à mon sens, plus dur de décider quand arrêter, le plaisir des yeux nous poussant toujours à vouloir en voir plus. Malgré tout, j'essaie de prendre en compte la fatigue potentielle du poney également, et l'effort demandé pour sauter des barres, bien que pas d'une hauteur faramineuse – et encore pour une si petite taille... – est tout de même conséquent. Pour ce qui est de l'allure, je donnerait un franc dix au joli petit pie ; en ce qui concerne les bêtise, je maintiens la même note. Après avoir décidé d'arrêter la séance, je me retrouve à presque courir après l'animal pour réussir à l'attraper. Et il n'est pas bête, cet animal : plus j'avance et plus il fuit, mais si je l'ignore ou tente de l'appâter avec des bonbons, il me nargue en trottant fièrement, en ma direction avant d'effectuer le plus beau demi-tour que j'ai eût vu effectué jusqu'à ce jour. Tout ça dans le but de jouer au chat et à la souris. Voilà qui est, certes, très drôle, mais à la sortie j'en cracherai presque mes poumons – moi, Maorie, athlète de haut niveau.

Une fois le calme retrouvé et le poney licolé – ouiiiiiiiii enfin ! – nous remontons tranquillement jusqu'à ses quartiers. Je lui retire ses guêtres minuscules, un nouveau pansage et quelques bisous plus tard, je peine à me décoller de Prum's. Le poney est tellement attachant qu'il me donnerait presque envie de le charger dans le coffre de mon SUV et d'entamer une nouvelle vie de colocataire avec lui dans mon petit 45m2. Mais restons lucides. Je couvre la petite boule de poils d'amour avant de devoir m'arracher à ses « bras », acte qui me laissera un léger goût amer en bouche. C'était différent, et c'était simpliste – mais c'était définitivement très fun.