Box de Joy

16/10/20

Calista avait l'impression de mourir à l'intérieur tant elle était impatiente. Elle n'avait jamais été aussi heureuse de toute sa vie, en tout cas, c'est l'impression qu'elle avait à ce moment précis. Elle venait d'arriver aux États unis et elle se sentait seule loin de son pays. Elle avait toujours rêvé de posséder son propre cheval, elle faisait des compétitions depuis quelques années mais montait à cheval depuis son plus jeune âge. Dans sa dernière écurie, elle avait souvent croisée le regard d'une petite jument akhal téké en cours de débourrage. Dans son dos, son père et l'éleveur avaient fait affaire et la petite perle lui appartenait désormais. De là où elle venait, c'est-à-dire la Turquie, elle côtoyait chaque jour des akhals téké, mais elle n'avait jamais pu posséder le sien. Elle avait toujours mis un point d'honneur à obtenir les choses par elle-même, mais ce cadeau, elle ne pouvait pas le refuser. Elle avait passé une semaine à chercher intensément une écurie près de chez elle, et le domaine du Valhalla avait la meilleure réputation et ne se trouvait qu'à une quinzaine de minutes en voiture de chez elle. Sa main tenait fermement la laisse de Sergei tandis qu'elle faisait les cent pas dans l'écurie. Elle croisa la route d'une jeune femme avec un jeune entier lusitanien avec qui elle parla un petit peu. Le courant semblait passer même si son interlocutrice restait distante. En tout cas, elle ne remarqua rien. Le jeune husky trépignait sur place, sentant probablement l'enthousiasme de sa propriétaire sans pourtant comprendre d'où il provenait. Enfin elle entendit du bruit dans l'allée. C'était la troisième fois qu'elle entendait une voiture et qu'elle se précipitait dehors, mais comme les deux fois précédentes, c'était sans doute un employé ou un propriétaire. C'est là que son coeur ne fit qu'un bond. Elle était là. Elle était arrivée!

Elle échangea quelques mots avec le conducteur qui lui apprit que le voyage en avion et le trajet jusqu'au haras c'était bien passé. Elle lui donna une vingtaine de dollar en guise de pourboire et attacha son chien à un poteau avant de se mettre à trépigner lorsqu'il descendit la rampe. Elle découvrit alors sa nouvelle partenaire de vie. Elle la connaissait, certes, mais de loin seulement. La petite fenêtre dans le van ne permettait pas assez de lumière pour que Joy soit bien visible, elle monta donc précautionneusement et détacha la longe pour lui indiquer de descendre. On sentait que la grande pouliche n'était pas habituée à voyager ainsi, elle était frêle au moment de descendre et tâtonnait maladroitement. Lorsque ses sabots eurent enfin atteint la terre ferme, elle poussa un puissant hennissement en faisant vibrer ses naseaux. La détaillant du regard, elle était encore plus belle que dans ses souvenirs. Elle avait une robe brune et or tout simplement magnifique, et son oeil bleu rajoutait une touche unique à cette gravure de mode. Totalement sous le charme, elle laissa glisser ses doigts le long de sa fine encolure, de son dos aussi. Elle frissonna à son contact et observa cette nouvelle tête avec un mélange d'intérêt et de crainte. Elle n'avait pas dû être travaillée par beaucoup de monde hormis pendant son débourrage et celui-ci devait être encore frais, il venait de s'achever quand elle avait quitté la Turquie. Bien vite, la jument se fit trépignante, elle tapait le sol et couchait les oreilles, l'attente ne lui plaisait pas. Le prenant un peu comme un ordre, Calista se rendit tout de suite à l'air de pansage qu'elle avait repéré à son arrivée. Elle récupéra la laisse de Sergei et lui indiqua de rester sage avant de guider les deux animaux jusqu'à la destination qu'elle s'était fixée.

Elle attacha la jument à la ficelle de l'anneau et lui retira les protections de transport qu'on lui avait mis durant le trajet. Elle ne savait pas si elle pouvait faire confiance à Joy en ce qui concernait rester seule à l'attache, mais elle allait bientôt le découvrir. Elle détacha la laisse de Sergei et la rangea dans son sac à main. Elle se tourna vers le husky blanc et roux, lui caressa la tête et lui ordonna de marcher au pied. Le canidé s'exécuta et suivit sa maîtresse jusqu'au parking où elle rendit les protections et remercia le conducteur qui s'éloigna ensuite. En retournant vers sa jument, sa toute nouvelle jument, elle découvrit que la demoiselle était fâchée. Oreille en arrière, elle tapait le sol avec son antérieur, tête basse, comme si elle boudait. Elle n'aimait donc pas être laissée seule, même si il n'avait s'agit que de quelques minutes. Au moins elle n'avait pas arrachée le mur, c'était un bon point.

Confiante, la jeune femme entreprit donc de refaire une beauté à l'akhal téké. Celle-ci regarda sa nouvelle propriétaire tandis qu'elle approchait l'étrille  en caoutchouc de son corps. Sa peau frissonna au contact de la brosse, mais elle ne tenta pas d'empêcher Calista de faire son devoir sur son corps. Pour tout dire, elle avait beau être tombée amoureuse de Joy de loin, elle ne connaissait rien d'elle. Elle ne savait pas qui étaient ses parents, ni comment elle avait été éduqué, encore moins son caractère au quotidien et en selle. Elles avaient tout à découvrir l'une de l'autre, et ensemble. Après tout, elle n'avait que 3 ans et n'avait pas vraiment d'expérience derrière elle. Pensant à son avenir à ses côtés, les années qui allaient défiler ensemble, elle la dépoussiérer. Finalement, le massage que procurait le pansage sembla apaiser un peu la jument isabelle qui redescendait doucement en pression. Sergei aussi était très sage, il s'était couché à l'ombre en observant sa propriétaire, jusqu'à ce qu'un malinois vienne à sa rencontre pour jouer. C'était l'un des animaux du propriétaire et elle était contente de voir que son husky s'était déjà fait un copain. Malgré quelques coups d'oeils pour s'assurer qu'ils ne se battaient pas, connaissait son chien comme assez lourd avec les autres parfois, elle n'oubliait pas pour autant Joy qu'elle prenait plaisir à brosser. Les brosses se succédèrent, jusqu'à ce qu'elle soit impeccable. À ce moment-là Calista prit son cure-pied et demanda à la jeune jument de lui céder. Joy ne semblait pas à l'aise avec le principe, elle connaissait l'ordre, mais se débattit plusieurs fois une fois le pied en main. Sa propriétaire se montra donc ferme avec elle, jusqu'à pouvoir curer ses pieds en paix. Elle termina alors avec les crins. Au niveau de la crinière, on ne pouvait pas dire qu'elle était vraiment présente. L'akhal s'était visiblement fait tondre avant l'achat, voir le transport, et elle était quasi inexistante. Un minuscule début de crinière en brosse se profilait, rien de plus. Elle se contenta donc de démêler la queue. Pour se faciliter la tâche elle décida d'utiliser un spray démêlant. Ayant vu ses réactions inquiètes précédemment, elle décida d'utiliser le spray à distance pour commencer, aspergeant le vide. Joy prit peur et sursauta. En chuchotant d'une voix douce, Calista se fit réconfortante avant de retenter à deux reprises. Lorsque la jument se fit moins craintive, bien que pas vraiment convaincue, elle en aspergea la queue et la caressa le temps que le produit pose. Même si elle semblait assez émotive, elle n'avait pas l'air de refuser les caresses et se laissait faire. Tout en lui parlant elle démêla sa belle queue noire aux crins brillants.

La jeune jument était encore plus resplendissante une fois brossée. Complètement amoureuse Calista décida de prendre quelques clichés de sa nouvelle propriété avant de fouiller dans sa boîte de pansage à la recherche d'une friandise à lui offrir. Elle trouva finalement ce qu'elle cherchait et la proposa à l'akhal téké qui prit un petit moment à la sentir avant d'accepter de la manger. Au vu du mouvement de ses oreilles cela avait semblé lui plaire. Ne voulant pas laisser la jument patienter plus longtemps, elle détacha la longe et la conduisit jusqu'au paddock. Pour le moment on lui avait indiqué un enclos vide où la perle rare pourrait être lâchée, elle ne rejoindrait d'autres juments que dans quelques jours. Ouvrant la barrière, elle délicola la jument pour la laisser explorer. Très vite Joy fut dépaysée. Elle ne retrouvait pas son grand pré ni ses congénères. Pour ainsi dire, elle avait perdu tout repères. Droite comme un I elle appela à deux reprises. Des chevaux lui répondirent aux loin mais elle ne parvenait pas à les voir. Les muscles tendus, elle prit le grand galop. Elle cavalait, pilait, écoutait un bruit lointain et repartait de plus belles. En observant sa course Calista était convaincue qu'elle ne manquait pas de sang et qu'elle ferait des malheurs sous la selle. Elle resta là à l'observer un moment avant de se décider à s'en aller. Elle avait touché le gros lot, elle n'avait aucun doute à ce sujet.

19/10/20

Cela faisait déjà deux jours que Joy avait rejoint sa nouvelle maison, et elle semblait bien s'y acclimater. Elle avait bon appétit et se montrait aussi vive qu'à son arrivée. Pour le moment, il était vrai que Calista ne la connaissait pas beaucoup, mais elle l'appréciait déjà énormément. Dans sa dernière visite, elle s'était contentée de faire un pansage à l'isabelle qui avait montré une certaine impatience. Cette fois-ci, elle allait la découvrir un peu plus lors d'une séance de longe. Avant de poser ses fesses sur son dos, elle voulait déjà voir à qui elle avait affaire. Il était vrai qu'elle n'avait aucune idée de ce qu'elle allait découvrir. Elle n'avait pour seules informations que du haut de ses 3 ans elle était verte dans le travail, et que visiblement elle était du genre fougueuse, tout le reste restait encore en suspens. Se garant sur le parking, elle commença par installer les dernières affaires dans la sellerie, puis récupéra le licol de l'akhal. Elle prit également de quoi la préparer et laissa le tout dans l'air de pansage extérieur, le temps du trajet, afin de se mettre directement en marche vers le paddock de la grande pouliche. Près de la clôture de son paddock, la jument semblait faire connaissance avec sa voisine, une jument bai à peine plus âgée qu'elle. Elle observa l'isabelle tendre le cou et effleurer les naseaux de sa camarade, une oreille tendue et l'autre sur le côté. Ne voulant pas l'interrompre, la turc s'accouda à la clôture et observa sa perle d'or sympathiser. Justement, la propriétaire de la jument bai fit son apparition avec un licol, et dès qu'elle appela la jument "COCONUT!", celle-ci se détourna et se mit en route vers la clôture. Remarquant Calista, Harley se retourna et la questionna sur la nouvelle jument. Elles discutèrent toutes les deux à la porte des paddocks pendant quelques minutes, le temps de faire connaissance. Le courant passait bien, et qui sait pourraient-elles devenir amies? En tout cas sa nouvelle rencontre s'éloignait, et désormais Joy se tenait droite comme un I, observant sa nouvelle propriétaire avec intrigue.

Tout en l'appelant par son prénom, Calista entra dans l'enclos et se mit en route en direction de la jeune jument. Comme la dernière fois Joy se fit un malin plaisir de partir au trot à l'opposé pour faire un peu courir la cavalière. Pendant quelques minutes une course poursuite s'engagea. À la manière dont elle bougeait, sa propriétaire avait bien compris qu'elle jouait et que ce n'était pas tourné contre elle. Alors, elle se prêta au jeu. Joy pivotait, pilait, repartait en trombe en lançant quelques ruades dans sa galopade. Au bout d'un moment, la jeune femme n'avait plus de souffle et se remit à marcher. Surprise, la jument recula les oreilles puis les avança avant de s'approcher. La laissant venir à elle sa propriétaire resta immobile. Lorsque la pouliche fut à sa hauteur, elle tendit sa main pour lui caresser le chanfrein. Joy prit un temps de réflexion avant de s'approcher d'un pas de plus. À sa portée, Calista put balader ses doigts le long du chanfrein fin de la belle akhal-téké. L'observant en détail, comme toujours, elle ne trouvait rien à lui reprocher. Elle était à ses yeux la plus belle jument qui lui est été donné de voir, mais peut-être que c'était dû à la fascination qu'elle lui portait. Tout en la caressant la cavalière se rendit compte qu'elle allait enfin pouvoir la licoler comme elle l'avait prévu en arrivant. Elle enfila donc l'objet autour de la tête de l'isabelle qui ne broncha pas particulièrement. De bonne foi Calista lui tendit tout de même une friandise, pour la coopération. À présent, elle allait donc pouvoir la préparer. Rejoignant la clôture, suivie par Joy, elle ouvrit la barrière et se glissa dans l'allée, précédée par la jument couleur or. Côte à côte, bien que la demoiselle avançait d'un pas soutenu qui obligeait sa propriétaire à la reprendre, elles atteignirent la fameuse air de pansage où elle pourrait la préparer.

Après avoir attaché sa perle rare à la ficelle de l'anneau, Calista entreprit donc de la rendre propre. Après avoir empoigné son étrille en caoutchouc, elle commença donc à brosser son poil court. Faisant de grands cercles énergiques, elle faisait voler la poussière. Pour le moment cela ne semblait pas déranger l'isabelle qui restait assez sage. Elle se dandinait parfois de gauche à droite, mais ce n'était rien de bien méchant aux yeux de sa propriétaire. Concentrée, la jeune femme cherchait tout de même à ne pas trop traîner pour éviter d'agacer sa jument. Pour autant, elle ne bâclait pas le travail et s'appliquait autant sur un côté que sur l'autre. Lorsqu'elle fut satisfaite, elle poursuivit alors avec la brosse dure. Toujours concentrée sur les parties charnues, elle s'activait autour de la jument aux reflets or qui ne prêtait pas une grande attention à ce que trafiquait l'humaine. En revanche, la boîte de pansage l'attirait beaucoup plus. Elle avait senti une odeur de friandise à l'intérieur et cherchait à l'atteindre du bout du nez. Le bruit de la boîte de pansage en train de se renverser tilta à Calista qui dût tout remettre en place. Par précaution elle la poussa un peu plus loin afin d'empêcher la belle de la renverser à nouveau. Frustrée, la jument aux yeux verrons recula les oreilles et se mit à bouder en grattant son antérieur. Sentant qu'elle n'allait pas tarder à la perdre, Calista accéléra la cadence pour terminer le corps avec la brosse douce qu'elle passait sur tout son corps. L'isabelle continuait de s'impatienter et allait finir par se fâcher, mais elle ne pouvait rien y faire, elle n'avait pas encore terminé. N'ayant pas de crinière, elle s'occupa de démêler sa queue. Comme la dernière fois, elle décida de s'aider avec un spray démêlant. Puisque Joy avait été surprise la dernière fois, sûrement parce qu'elle n'y était pas habituée, elle pulvérisa le liquide à distance. Oubliant sa colère la jument sursauta et se redressa, les muscles tendus. Le temps de la calmer et elle recommença avant d'appliquer directement le produit sur les crins. Le temps qu'il agisse, elle cura ses sabots, non sans résistance, puis put enfin démêler sa queue.

Bon, Joy était propre c'était un bon début, il ne manquait plus qu'à Calista de la préparer. En vue de la séance de longe qui allait suivre, elle commença par empoigner ses guêtres noires qu'elle posa sur les antérieurs de l'isabelle. Joy chercha à enquiquiner sa  cavalière en bougeant, mais elle ne réussit pas pour autant à l'empêcher d'agir. Lorsque les guêtres furent posées et en place, elle prit alors les protèges boulets qu'elle plaça sur les antérieurs. Elle vérifia que le scratch était correctement serré avant de caresser l'encolure de la pouliche qui n'avait pas l'air convaincue. Veillant à ce qu'elle ne puisse pas prendre ses jambes à son cou, Calista détacha le licol et le rattacha autour de son encolure rapidement. Elle ne la connaissait pas encore assez et n'était pas sûre de pouvoir lui faire confiance, d'autant plus vu son irritabilité du jour. Elle prit ensuite le filet qu'elle avait acheté pour elle et lui présenta le mors à aiguille. La dorée releva la tête et fit tout un cinéma avant de finalement capituler et accepter le mors. Dès lors sa propriétaire passa les oreilles entre le frontal et la têtière, puis attacha sous-gorge et muserolle. Elle attacha également le noseband qu'elle laissait lâche, l'attachant uniquement pour que les lanières ne pendouillent pas, ces dernières étant intégrées au filet et ne pouvant donc pas être retirées. Rapidement elle mit la longe de travail en place, puis ramassa sa chambrière. Au cas où, afin d'éviter les brûlures du frottement de la corde sur la peau, elle enfila tout de même ses gants avant de prendre la direction du rond de longe qu'elle avait repérée la veille.


En retournant sur place Calista se contenta d'attacher la longe classique à un anneau du mors du filet et retira la longe de travail. Pour ne pas faire patienter pour rien l'isabelle elle retira les guêtres et les protèges boulets avant de passer un coup de brosse furtif sur son corps. Elle s'était roulée, c'était le minimum à faire. De toute façon, Joy allait retourner au paddock et se roulerait de nouveau, elle le savait pertinemment. Elle prit tout de même soin de curer les pieds de la demoiselle avant de détacher la longe de la ficelle, et de ramener ainsi Joy au paddock. Reconnaissant le chemin de son enclos la grande pouliche allongea sa foulée et hennit à pleine gorgée. Peu de chevaux lui répondirent, mais cela suffit à l'exciter un peu plus. La jeune femme ouvrit alors la porte, détacha la sous-gorge, la muserolle et le noseband, puis débrida la jument. Elle lâcha le mors et s'élança au grand galop jusqu'au fond du pré, lâchant des ruades et des sauts de moutons, la queue en panache. Elle fit la course contre son ombre encore un moment avant de piler, lever la tête et se mettre à brouter. Amusée Calista l'observa encore un peu avant de s'éloigner. Les journées promettaient d'être agitées avec elle.