Box de Dandy

Je suis dans mon lit et je n'arrive pas à dormir. Je suis seule à la maison ce soir car mes parents sont chez des amis. Il fait très clair dehors et soudain, j'ai une idée. Je vais aller au haras ! Bon, c'est vrai que ce n'est pas vraiment la bonne heure mais peu importe ! Je m'habille rapidement et emmène avec moi une lampe de poche et un sac rempli de friandises. Sur le pas de la porte, je me ravise et prends un bonnet que j'enfile tout de suite. J'enfourche mon vélo et pédale jusqu'au haras. Quand je suis arrivée, j'ai réfléchi et je sais où je vais aller. Un peu plus loin du haras, j'ai repéré des parcs, avec des chevaux dedans. Je suis curieuse de savoir pourquoi ils sont tous seuls et n'ont pas de boxe. Je me balade entre les enclos et tombe nez à nez avec un très joli cheval qui me fixe avec intérêt, les oreilles en avant. À le regarder comme ça, il est tout à fait normal. Je cherche sa plaque sur la barrière à l'aide de ma lampe de poche. Dandy, Oldenbourg de cinq ans. Je rentre dans le parc, en faisant attention à ne pas le toucher, au cas où il serait comme What Else. Mais il me regarde toujours fixement. Ça devient un peu gênant mais je n'y fais rien. J'examine son corps et me rends compte qu'il est plein de plaies, dont certaines infectées. Mais... Comment se fait-il qu'il soit dans un état pareil...? Et enfin, je comprends. On m'a déjà parlé d'un endroit où les chevaux maltraités logeaient. Le Rescue Me. Ça doit être ça, alors. Je sors du paddock et murmure :
- Je reviendrais te voir, Dandy. C'est promis.
Je reprends mon vélo et rentre à la maison. Dans mon départ précipité je n'avais pas fermé la porte à clef. Je me mets en pyjama et saute dans mon lit, bien décidée à dormir cette fois...

Ce matin, je sais ce que je vais faire. Je vais d'abord aller voir Dandy puis j'irais avec What Else. Je me prépare en hâte et dépose un bisou sur la joue de ma mère.
- J'y vais maman !
- Reviens pour le déjeuner, ma puce !
Mon sac aux friandises sur le dos, je pédale jusqu'au haras. Une fois arrivée, je descends de mon vélo et marche vers les paddocks de Rescue Me. Je suis obligée de regarder les plaques de tout les chevaux bais, car hier soir, je n'ai pas vraiment pu le différencier par quelconque marque. Ah ! Le voilà !
- Dandy !
Il lève la tête vers moi, à l'appel de son prénom. Je rentre dans le paddock, sûre de moi, et, avant que je ne sois complètement rentrée, il me charge. Je recule précipitamment, ne sachant pourquoi il agit comme ça. Il était si gentil avec moi hier soir ! Il lance un hennissement puissant, comme pour dire : Ne t'approche pas de moi !
Je m'assieds donc derrière la barrière et le regarde bouger dans tous les sens, me montrant régulièrement des signes d'agressivité. Je remarque qu'il est gêné par certaines de ses plaies et qu'elles lui font mal car il se les frotte contre les planches. Cela va ne faire qu'empirer si je ne m'occupe pas de lui... Je fouille dans mon sac et, par miracle, trouve un tube de désinfectant accompagné de compresses. Ma mère... Toujours aussi prévoyante au cas où je me ferais mal ! Bon, dans mon cas, j'aimerais la bénir x). Je tends une pomme à Dandy en l'appelant par des claquements de langue. Il vient tranquillement vers moi, comme si il n'était plus énervé. Je souris, mais quand même un peu méfiante. Ce cheval à l'air un peu bizarre. Il mange la pomme et me laisse même le caresser. Je lui enfile un licol et l'attache. Je sors le désinfectant de mon sac et les compresse pour les plaies infectées. Il me regarde m'affairer autour de lui mais je dois avouer que je redoute le moment de le soigner. Je ne sais pas du tout comment il va réagir. Je le caresse délicatement et j'applique le spray sur une plaie pleine de pus. Il hennit doucement.
- Oui, je sais ça pique mon beau. Tu es courageux.
Je désinfecte encore une ou deux fois et pose la compresse dessus pour absorber le pus qui s'écoule lentement.
Une fois que j'ai terminé de soigner toutes ses blessures, je le panse et le fait tout beau. Je reviendrai le voir demain pour m'en occuper une deuxième fois. Quand je le remets dans son parc, il part dans un galop fou, s'autorisant à ruer plusieurs fois. Je reste un peu et quand il revient vers moi, je tends la main pour le caresser mais il fait mine de me mordre. Je suis un peu décontenancée par son attitude mais je m'en vais.

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Aujourd'hui, je vais voir Dandy. J'espère que tout va bien depuis lundi. Je ne peux pas le prendre en demi-pension mais je m'occupe de lui le plus possible. J'arrive et l'appelle d'un claquement de langue. Il vient vers moi, les oreilles en avant. Je me méfie de lui, son caractère est changeant. Je lui caresse l'encolure et prends un licol. Je rentre prudemment et le lui enfile. J'ai repris avec moi mes brosses et mon désinfectant pour m'en occuper. Une fois qu'il est accroché, je commence par examiner ses plaies. Leur état est mieux que la dernière fois mais j'en vois une avec une croûte de pus sur la joue. Comment cela se fait il que je ne l'ai pas remarquée la dernière fois ? J'enlève la croûte, un peu dégoutée par la chose brun et verdâtre qui me reste dans les mains. Je la jette un peu plus loin et regarde la chair à vif. Il ne bouge pas mais je sais qu'il a mal. Quand je croise son regard, j'y perçois une lueur d'agressivité. Il essaie de me mordre quand je me penche pour prendre mon désinfectant et il ne manque pas son coup. Je sens quelque chose me pincer violamment les fesses.
- AÏE !!!
Je me relève brusquement et recule, me frottant à l'endroit où il m'a mordu. Je n'ai vraiment pas de chance avec les chevaux en ce moment ! Il se met à piaffer en me voyant toujours dans le paddock. Je ne bouge pas et le regarde droit dans les yeux, lui faisant de même. Au bout de quelques minutes, il se calme et baisse la tête. Je me rapproche de lui et lui caresse le chanfrein. Maintenant, je désinfecte sa vilaine plaie à la joue et repasse un coup pour chacune des autres, histoire que cela ne se réinfecte pas. Je lui cure les sabots. Ils sont eux aussi très abîmés.
Sa belle robe baie est maintenant resplendissante et arbore de beaux reflets bronzés. Je lui démêle la queue et en fait une tresse en épi, pour ne pas qu'elle ne redevienne un paquet de nœuds. Je lui graisse les sabots avec de la graisse noire, pour renforcer la corne qui est très abîmée. Je lui nettoie les naseaux et le contour des yeux avec une éponge. Le voilà aussi beau qu'un cheval de compétition. C'est mon petit champion. Je lui donne quelques friandises et le remets dans son parc. Aussitôt, il part en galopant et en ruant. Je le regarde quelques instants et m'en vais, nostalgique. Comment peut-on faire pour maltraiter un cheval comme ça...?

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