Perfect Illusion - quarter horse (j)

La nuit avait été courte, l’excitation d’avoir enfin trouvé une monture parfaite pour me remettre en selle avait gagné sur la fatigue que j’aurais dû ressentir. Lorsque mon cadran retentit enfin, je ne me fis pas prier pour sauter hors de mon lit, m’habillant en cinquième vitesse. J’attrapai mon portable que je glissai dans la poche arrière droite de mon jean, me fit un bon café pour emporter, et en deux temps trois mouvements, je me retrouvai enfin dans la voiture, en direction du haras. J’étais impatiente de retrouver Pie, mais avant, je me devais d’aller satisfaire ma curiosité au sujet du poulain que j’avais aperçu hier. Quinze minutes de route plus tard, je garais enfin ma voiture dans le stationnement du haras, avant de m’engager, d’un pas rapide, sur l’allée menant à la prairie du poulain crème.

Je scrutais attentivement l’enclos dans lequel j’avais vu l’équidé la veille, sa couleur le rendant repérable rapidement. Il était en compagnie de deux autres poulains, broutant tranquillement l’herbe tout en profitant du soleil matinal. D’un doux claquement de langue, j’invitai les poulains à venir me voir. Deux d’entre eux vinrent me rejoindre rapidement, mon petit intéressé en faisant partie. Concentrée à faire des papouilles, je ne vit pas l’homme qui s’approchait de moi et sursauta lorsqu’il me demanda gentiment lequel des deux m'intéressait. Je laissai échapper un lui timide en pointant le poulain aux yeux bleus.

L’homme me reprit rapidement : Tu devrais plutôt dire elle. Elle se prénomme Perfect Illusion, et c’est une pouliche Quarter Horse venue de l'élevage de Mountain Oak Ridge.  

Merci d’éclairer ma lanterne, lui répondis-je en lui décochant un léger sourire. Je l’ai vu rapidement hier en venant voir les chevaux de demi-pension, et je me devais de venir la voir de plus près aujourd’hui avant de rejoindre ma protégée, Pie.

Pendant que je discutais avec mon interlocuteur, la pouliche approcha doucement ses naseaux de ma main, et fit mine de vouloir en prendre une pincée. L’homme éclata de rire, et s’empressa de m’expliquer que sa mère était une jument vraiment caractérielle, que le claquage de dents, c’était monnaie courante avec elle, du moins, du temps qu’elle était encore aux écuries de Pado.

Où sont ses parents aujourd’hui?, lui demandai-je avec intérêt.

American Psycho, sa mère, repose maintenant au domaine d’Hidden Cove, Illusion étant sa dernière pouliche connue. Et puis son père, Smoke N Mirror de son petit nom, quant à lui, est de retour ici aux écuries suite à la vente complète du domaine de Mountain Oak Ridge. Fait moi signe si tu souhaites le rencontrer un de ces quatre, j’irai te montrer où est son box, me dit-il, tout sourire, avant de retourner vaquer à ses occupations.

Je lui rendis son sourire, hochant la tête en guise de remerciement, puis redirigea mon attention vers la pouliche crème. La petite Illusion était restée là, jouant avec les cordons de mon kangourou. La petite semblait solide sur ses pattes et avait des yeux extrêmement lumineux, reflétant un esprit joueur et taquin. Je passai ma main droite sur son encolure, gratouillant doucement la base de celle-ci. La petite Quarter Horse s’étira au maximum de sa capacité et se coucha la tête légèrement sur le côté tout en se tordant les lèvres de plaisir. Je ne pouvais m’empêcher de sourire devant autant de souplesse, continuant ma descente le long de sa colonne. Apparemment, elle appréciait grandement les gratouilles. Mes doigts terminèrent leur lente course sur la croupe de la pouliche, effectuant toujours leur mouvement circulaire. Dans un élan de joie, Illusion donna un petit coup de derrière dans les airs, puis partit rejoindre ses deux copains un peu plus loin. Je restai accoudée encore de longue minutes à la clôture, observant les trois poulains agir entre eux, avant de reprendre ma route vers ma nouvelle protégée.

Survoltée, la précieuse danse littéralement au bout de la longe, me mettant dans une incompréhension totale puisque ce n’est clairement pas dans ses habitudes d’être aussi désagréable. J’attache la Quarter Horse tant bien que mal dans l’aire de pansage, me demandant ce qui peut bien se passer avec elle. Je pose une main sur son encolure pour essayer de la calmer du mieux que je peux tout en lui chuchotant des petits mots doux. Mes actions semblent calmer la Quarter Horse légèrement, quoique toujours inconfortable. J’attrape en vitesse une étrille en caoutchouc, et entreprends de retirer la boue de sa belle robe habituellement crème. Je dépose doucement l’outil sur l’attache de son encolure, puis entreprends, en petit mouvement circulaire, le pansage de ma précieuse. Le massage que procure l’objet à l’aire de satisfaire la bête qui se calme presque immédiatement. Du coin de l'œil, j’observe ses réactions à la recherche d’indice qui pourrait me dévoiler ce qui se passe avec la belle Quarter Horse en ce matin printanier. Quand j’arrive au niveau de son poitrail, la jument s’étire le cou le plus loin qu’elle le peut tout en tentant de gratter un ami imaginaire avec ses babines pincées. Rarement démonstrative à ce point, son attitude continue de me sonner une cloche. Je dépose l’étrille sur son dos, près de ses reins, puis passe délicatement ma main droite sur son poitrail, et immédiatement, je sais ce que la pauvre Quarter Horse à de travers dans le toupet.

Ma pauvre, tu as goûté aux premiers insectes piqueurs dis-donc ! Le poitrail de la précieuse est plein de petites boursouflures, signe d’inflammation, probablement dû à un grattage excessif suite à des démangeaisons sur le coup des piqûres. Afin de ne pas envenimer la réaction, et éviter toute infection si la peau venait qu’à être abîmée, je vais rapidement à ma micro-pharmacie chercher un petit pot de pommade antiseptique avec un effet contrant les démangeaisons en même temps, toujours pratique en ces temps printanier pour contrer les bébittes - synonyme québécois pour tous les insectes de cette planète sans distinction - assoiffées de sang. Réfléchissant à voix haute sur le chemin du retour vers la pouliche, j’en viens à la conclusion qu’au final le bris de la clotûre n’était peut-être pas intentionnel, qu’elle cherchait probablement juste à se gratter. J’applique donc une bonne quantité de pommade sur le poitrail de la pauvre victime, puis reprends mon pansage ou je l’avais arrêté, portant une attention particulière à la peau de la précieuse afin de m’assurer qu’elle n’a pas été piqué ailleurs. Tout me semble beau, je termine donc son pansage en prenant mon temps afin de m’assurer qu’elle ne fera pas une nouvelle crise d’urticaire, puis la ramène au box pour la journée le temps que je répare ses bêtises involontaire.


Évènement 32 : Durant une sortie, votre cheval décide de prendre part à une bataille contre un insecte, et se fait piquer (réaction cutanée au choix). Il va falloir soigner cette blessure de guerre. [5 pts à miser]