Pandora Hills - Prairies

Lumi & Silven

Lumi se sentait bien. Elle venait de s'engager dans cette histoire avec Soledane, et voir qu'elle était capable de s'en sortir l'avait motivée à se donner à fond avec Silven aussi. Elle avait écouté les conseils d'Owen et l'étalon passait maintenant la plupart de son temps au pré, où il pouvait se dépenser autant qu'il le souhaitait. Emmitouflée dans son manteau, Lumi se dirigeait là-bas pour lui rendre une petite visite. Elle repéra directement le paint avant même d'atteindre le lieu. Il galopait à toute allure, jetait les postérieurs et tentait d'entraîner les autres chevaux présents dans sa fougue. Tenant son sachet de pain sec à la main, la jeune femme se demanda si elle parviendrait ne serait-ce qu'à attirer son attention. Elle se faufila sous la barrière et pénétra dans la prairie. Puis, même si elle était presque sûre du résultat, elle tenta d'appeler l'étalon.
«SILVEEEEN !, lança-t-elle d'une voix forte.
Tous les chevaux présents tournèrent la tête vers elle. Tous sauf Silven. Il s'arrêta une seconde, ses oreilles pivotèrent en tous sens, puis il bondit de nouveau en avant. Lumi soupira. Elle songea à secouer le sachet, pensant que la nourriture serait peut-être plus intéressante, mais se ravisa. Si elle faisait cela, elle aurait tout le pré autour d'elle en quelques secondes. Alors elle s'avança le long de la barrière, suivant de loin l'étalon hyperactif. Lorsqu'il sembla enfin remarquer sa présence, elle leva le sachet en l'air pour qu'il ait une bonne vue sur celui-ci. Silven la fixa un moment, hésita, puis il s'élança vers elle au galop. Lumi se recula jusqu'à la barrière, prête à se jeter dessous si l'étalon glissait et ne parvenait pas à s'arrêter à temps. Mais le paint ralentit à quelques mètres d'elle. Il s'arrêta et tendit la tête en avant, retroussant les lèvres pour tenter de sentir ce qui se trouvait dans le sachet. Lorsque Lumi fit un pas en avant, il se raidit et trépigna, prêt à repartir dans son jeu. Alors la jeune femme resta où elle était. Elle ouvrit le sachet et prit une poignée de son contenu, qu'elle tendit à son cheval.
-Tu en veux ?, proposa-t-elle.
Il secoua la tête et s'avança. Curieux, il s'approcha pour renifler la main de sa propriétaire, puis s'empara du pain sec. Il le mâcha longuement, faisant craquer la nourriture sous ses dents. Lorsqu'il eut terminé, il essaya d'attraper le sachet, mais Lumi le recula. L'étalon renâcla et commença à lui donner des petits coups de tête dans l'épaule, avant de la bousculer franchement. Ne se laissant pas faire, la cavalière le repoussa.
-Doucement, sinon tu n'en as plus !, gronda-t-elle l'étalon.
Les oreilles de Silven se couchèrent sur son crâne pendant une seconde, puis il sembla se résigner et attendit calmement qu'on lui donne une autre poignée de pain. Tentant sa chance, Lumi avança la main et elle parvint enfin à déposer une caresse sur l'encolure du paint.
-Très bien !», le félicita-t-elle.
Puis elle le récompensa avec ce qu'il voulait. Cette fois l'étalon ne se fit pas prier pour manger le pain sec. Voyant qu'il semblait être calme et voulant profiter de cette occasion, Lumi répéta le processus plusieurs fois. Elle corrigeait le cheval dès qu'il se montrait trop brute ou impatient, le caressait ou le manipulait à divers endroits dès qu'il se calmait, puis le félicitait et le récompensait d'une poignée de pain. Petit à petit, le sachet se vida et bientôt elle tendit à Silven les dernières miettes. L'étalon renifla le contenant et comprit qu'il était vide. Alors, sans plus attendre, il fit volte-face et partit avec une grande impulsion au galop. Sa propriétaire l'observa tandis qu'il faisait le tour complet de la prairie. Cela allait prendre du temps, mais elle savait qu'elle pourrait se lier au paint, petit pas par petit pas.

Lumi & Silven

Si trouver un cadeau de Noël pour Soledane n'avait pas été évident pour Lumi, puisqu'elle la connaissait depuis peu, elle n'avait cependant pas hésité une seconde pour Silven. L'objet étant trop gros pour être contenu dans un carton sans qu'il soit pénible à porter, la jeune femme l'apportait par la poignée, sous le regard curieux des autres chevaux devant lesquels elle passait. Il s'agissait d'une grosse balle de jeu pour chevaux. La propriétaire du paint était curieuse de voir la réaction de ce dernier face à ce cadeau XXL, mais elle savait que beaucoup de chevaux adoraient se défouler avec ce genre de ballon, alors elle espérait qu'il aurait un effet bénéfique sur Silven.
Parvenant au pré, elle chercha son cheval du regard et le vit bientôt. Comme à son habitude, il galopait et embêtait les autres chevaux qui se détournaient de lui, visiblement ennuyés par cette boule d'énergie qui ne leur laissait aucun répit. Sa cavalière ne l'appela pas. Elle savait que c'était inutile. Elle se contenta de rester près de la barrière et d'attendre. Lorsqu'il ralentit pour reprendre un peu son souffle, elle siffla pour attirer son attention. L'étalon tourna la tête vers elle, puis apercevant immédiatement son cadeau -qui était compliqué à dissimuler- il accourut vers Lumi. Il s'arrêta brutalement à sa hauteur, sans aucune grâce, et faillit même trébucher. Lumi dût le repousser de l'épaule lorsqu'il essaya d'atteindre le ballon presque en lui marchant dessus, et c'est uniquement lorsqu'il capitula et resta en place qu'elle le félicita d'une caresse.
Elle fit rouler le ballon jusqu'à lui, lentement pour en pas l'effrayer. Silven l'observa sur toutes les coutures, le renifla, le poussa légèrement du nez. Puis il donna un coup plus fort, le faisant rouler à son tour. Lumi l'observait à distance respectable, ne voulant pas se prendre un mauvais coup si il venait à se lancer dans le jeu soudainement.
Pendant quelques minutes encore, l'étalon examina son cadeau. Puis son envie de jouer et bouger remonta à la surface et il commença à comprendre l'intérêt de la balle. D'abord de manière incertaine, puis plus franchement, il commença à envoyer le ballon rouler de plus en plus loin, galopant derrière lui et jetant tous ses membres de manière complètement désordonnée en effectuant des sauts de mouton et autres cabrioles. Lumi éclata de rire et le paint se stoppa net. Il la fixa un moment, comme si elle l'avait dérangé et qu'il était vexé qu'elle se moque de lui. Puis il repartit dans sa folie. Bientôt il comprit l'usage de la poignée et s'en saisit à pleines dents pour envoyer la balle en l'air d'un grand coup de tête.
Il passa un bon quart d'heure à jouer de la sorte, extériorisant toute son énergie sur l'objet, sous le regard amusé de sa propriétaire. Puis, il finit par se fatiguer et ralentit son jeu, avant de délaisser la balle pour se rendre à l'abreuvoir, juste à côté de Lumi. Celle-ci profita du calme de Silven pour lui passer un licol qu'elle avait amenée. Maintenant qu'il s'était défoulé, elle souhaitait l'emmener en promenade et tenter de le monter à nouveau. De plus, elle avait fait appel à un entraîneur qui avait su gérer l'étalon pour l'aider à se calmer à la monte et elle souhaitait voir si Silven avait retenu cette leçon.
Une fois abreuvé, elle emmena l'étalon à l'extérieur du pré et l'attacha près de l'écurie. Puis elle se dépêcha d'aller récupérer le ballon, qu'elle rangea dans le coffre de sa voiture, ne pouvant le laisser au milieu de la prairie, avant d'aller se préparer pour sa balade.

De l'amour dans l'air

Les chaudes températures étaient des plus agréables ces derniers temps. Le soleil ne tapait pas trop fort et une légère brise soufflait continuellement sur le domaine. Aujourd'hui, c'était repos pour les équidés et les propriétaires. Cela n'empêchait pas Lumi de veiller toutefois sur ses chevaux, et la jeune femme se retrouvait à longer les prairies en ce bel après-midi. Les juments et poulains d'un côté, les étalons les plus calmes de l'autre, tout ce petit monde semblait profiter de cette semi-liberté pour brouter calmement dans un coin ou galoper pour les plus courageux. Les poulains, eux, faisaient la sieste. Lumi avança encore un peu, jusqu'à se retrouver à l'endroit où une clôture séparait les deux prairies. Elle s'accouda à celle-ci et posa la tête sur ses bras, observant les occupants dans ce moment de vie.
Tandis qu'elle admirait Naughty Boy qui trottait avec élégance au loin, son regard fut attiré par un autre évènement. Orléans s'était approché de la clôture des juments et tendait le cou dans leur direction. Bientôt, il retroussa les lèvres sur un grand sourire et Lumi dut se retenir de pouffer devant le ridicule de l'alezan. Son charme sembla cependant fonctionner puisque, quelques secondes après, une jument se décrocha du groupe pour aller le voir. Sex Appeal avançait d'un pas déterminé vers son prétendant, et bientôt les deux furent face à face. Orléans, d'habitude calme et posé, piaffa sur place, tentant de se faire remarquer davantage par la baie qui avait pourtant déjà les yeux rivés sur cet étrange phénomène. L'étalon continua son cirque pendant quelques minutes, s'agitant et poussant des petits hennissements. Après un moment d'immobilité, Sex Appeal fit les derniers pas qui la séparaient de la clôture et l'alezan se calma aussitôt pour aller la renifler. Avec des gestes prudents et les muscles tendus, prêts l'un comme l'autre à fuir, les deux équidés se humèrent longuement. Leur propriétaire continuait de les observer en silence, n'osant pas bouger le moindre muscle de peur de les déranger ou de mettre fin à l'interaction. Après ce qui lui sembla être une éternité, Orléans passa à l'étape suivant et commença à épouiller la jument, lui mordillant la nuque. Après une courte hésitation, Sex Appeal lui rendit son geste et tout deux se retrouvèrent à se toiletter mutuellement par-dessus la barrière.
Lumi sourit face à cette scène. Elle avait pour objectif dans son élevage d'être la plus respectueuse possible du bien-être de ses chevaux, y compris dans le cadre de la reproduction. Et en voyant ces deux amoureux se faire des bisous sous ses yeux, elle songea qu'elle avait peut-être trouvé son prochain couple. Elle avait pour l'instant bien assez de travail avec les trois jeunes du domaine, mais peut-être organiserait-elle une rencontre entre Orléans et Sex Appeal au printemps prochain ? En attendant, les deux devraient se contenter de ce genre de relation. Mais vu les démonstrations de tendresse auxquelles elle assistait actuellement, nul doute que leur relation ne ferait que s'améliorer d'ici la saillie, ce qui ne pourrait qu'augmenter grandement les chances de réussite et de bon déroulement de cette dernière.
La jeune femme se redressa finalement, laissant les tourtereaux en paix. Elle se recula de la barrière et reprit sa marche, réfléchissant au prochain poulain de l'élevage.

Plus de barrière

Si le beau temps avait plein de côtés agréables, il avait aussi des inconvénients. Depuis le début du printemps déjà, Silven était surexcité. Le paint horse, souvent seul dans sa prairie à cause de son comportement explosif, passait la majeure partie de ses journées à galoper à toute allure, ruer et se cabrer tel un véritable cheval de rodéo. Bien sûr, sa propriétaire tâchait de lui apporter le plus d'activité possible, mais Silven était loin d'être le seul cheval en demande d'exercice du domaine. Cependant, en cette journée trop chaude pour faire travailler les chevaux, Lumi avait décidé d'accorder un peu de temps au pie. Comme à son habitude, l'étalon avait de l'énergie à revendre, qu'il dépensait en nombreuses cabrioles dans son pré. La jeune femme se dirigea donc vers la barrière, puis s'y accouda. Elle ne l'appela pas tout de suite. De toute façon, il y avait de grandes chances pour que le paint ne daigne même pas regarder dans sa direction et l'ignore royalement pour continuer son petit spectacle. Lumi se contenta donc de se hisser sur la barrière de bois et de s'assoir pour l'observer. Tout en s'installant, elle remarqua que le pan de barrière juste à sa droite semblait abîmé. Une fissure traversait le bois. Sans doute l'étalon avait-il eut du mal à s'arrêter durant l'un de ses sprint et était-il rentré dans la barrière. Lumi songea qu'elle devrait vérifier que le cheval ne s'était pas fait mal en le rentrant au box ce soir.
Suivant l'étalon du regard, sa propriétaire le trouve plus énervé que d'habitude. Il s'arrêtait pour taper du pied et gardait les oreilles en arrière, comme si quelque chose l'agaçait profondément. Des nuages de terre et de poussière s'élevaient sur le passage du paint, qui semblait se rapprocher par étapes de la clôture sur laquelle se trouvait sa propriétaire. Lumi fronça les sourcils, ne pouvant déterminer ce qu'il se produisait actuellement dans la tête de l'équidé. C'était la première fois qu'elle le voyait si agité. Alors qu'il se trouvait désormais à une dizaine de mètre d'elle, Lumi pouvait entendre Silven renâcler. Soudain, il s'arrêta et tourna la tête dans sa direction, comme si il la voyait pour la première fois. Puis, ses oreilles qui s'étaient momentanément redressées se plaquèrent de nouveau sur son crâne, et Lumi sut qu'il préparait quelque chose. A peine avait-elle formulé cette pensée que l'étalon bondit en avant. La jeune femme lâcha un juron avant de se laisser tomber derrière la barrière dans la précipitation avant que l'étalon ne la fasse descendre à sa façon. Elle faillit perdre l'équilibre en se réceptionnant mais n'eut pas le temps d'y penser lorsqu'un gros craquement résonna dans son dos. Lumi fit volte-face juste à temps pour voir la barrière déjà fragilisée se briser sous le poids de l'étalon, qui avait dérapé en la chargeant. Silven roula au sol et se retrouva hors du pré. Lorsqu'il se redressa, il observa ses environs, l'air un peu surpris de se trouver là.
«Silven ... Viens mon beau, allez ..., souffla Lumi, tentant de raisonner le paint.
Elle fit un pas en avant. Ce fut l'élément déclencheur. L'étalon partit dans un galop furieux en direction du bois, ne laissant aucune chance à la jeune femme de le rattraper.
-Et merde ..., grommela Lumi tout en fouillant dans sa poche.
Elle en sortit son téléphone et composa le numéro d'Owen le plus rapidement possible, les mains tremblantes à cause du stress et de l'adrénaline du moment. Lorsqu'elle y parvint enfin, son compagnon décrocha aussitôt.
-Ferme le portail principal. Silven s'est sauvé et il ne faut pas qu'il puisse sortir du domaine., lâcha-t-elle.
-D'accord.», répondit simplement Owen.
Une minute après, Lumi entendait le moteur du véhicule tandis que le brun remontait l'allée principale pour se diriger vers le portail. La jeune femme, quand à elle, courait vers l'écurie. Avec des gestes experts, elle sella Orléans et se mit en selle, avant de le mener au galop vers le bois pour rattraper Silven.
Il fallut deux heures à la jeune femme pour retrouver le paint et une heure supplémentaire pour le bloquer et réussir à lui passer un licol. Elle ramena Silven et Orléans à l'écurie, sans la moindre caresse pour le premier, qui n'en méritait pas aujourd'hui. Puis, elle rentra à la maison et indiqua à Owen l'emplacement du trou dans la clôture afin qu'il aille voir de quoi il aurait besoin pour réparer cela. En attendant, le paint horse serait privé de prairie et devrait se contenter de son box et de son petit paddock.

Derniers brins d'herbe

Pour cette journée de fin septembre, le temps était incroyablement clément. Un grand soleil régnait sur un ciel bleu, diffusant une chaleur agréable en ce début d'automne. Pourtant, selon la météo, les températures seraient beaucoup plus froide le lendemain. En cet après-midi de beau temps, Lumi était allée chercher Soledane dans son box. Elle lui avait passé un simple licol avant de la mener hors de l'écurie, suivie de près par son poulain. Higher than Hope grandissait à une vitesse folle. Âgé de 6 mois désormais, il commençait petit à petit à se détaché de sa mère, bien qu'il la suive actuellement collé contre son flanc. Soledane était toujours aussi douce avec son petit, et nul doute que ses compétences en tant que mère faciliteraient le débourrage du jeune bai.
Lumi traversa la cour, sa jument marchant d'un pas tranquille derrière elle. Elle mena les deux équidés vers les prairies pour un petit moment de détente. Une fois devant la barrière restée ouverte, la jeune femme fit passer les selles français à l'intérieur mais ne ferma pas. Elle ne comptait pas lâcher Soledane et Higher than Hope n'avait aucun risque de s'échapper. L'herbe du pré était d'un vert pâle, qui commençait presque à tirer vers le jaune, indiquant la venue très prochaine des couleurs d'automne. Cependant, elle était encore haute et Soledane semblait lancer un regard envieux à l'étendue végétale. Sa propriétaire lui laissa un peu plus de longe et la jument n'attendit pas un instant pour baisser la tête et commencer à brouter. La jeune femme s'assit en tailleur à côté de la baie, ses cheveux châtain ondulant sous la brise légère qui la fit frissonner. Elle observa Higher than Hope, qui s'avançait un peu plus dans la prairie, se figeait pour écouter tous les bruits alentours, puis revenait vers sa mère en réalisant un petit bond et en galopant. Le poulain recommença son exploration tout en gardant un œil attentif sur la jument, dans le cas où elle disparaîtrait soudainement. Lumi sourit et arracha un brin d'herbe, qu'elle fit tourner entre ses doigts, le regard perdu sur l'horizon. Elle appréciait ce genre de moment, quand le monde semblait s'arrêter de tourner et qu'elle pouvait respirer et juste profiter de ses chevaux. Bien sûr, elle aimait sa vie et tout ce qu'elle avait accompli, mais rien ne valait ces petites pauses paisibles, assise dans l'herbe, Soledane broutant à ses côtés et Higher than Hope jouant avec des ombres imaginaires. Et elle avait hâte de pouvoir partager ce genre d'instant avec sa fille.
Quelques mètre plus loin, le poulain s'emmêla les jambes et trébucha, faisant une roulade dans l'herbe. La chute fit pouffer Lumi et Soledane redressa la tête pour regarder sa progéniture maladroite qui se redressait déjà. Le petit bai revint vers elles d'un pas pressé, les oreilles couchées sur le crâne, et Lumi tendit la main pour lui grattouiller le front.
«Alors, on ne tient plus sur ses jambes ?, lança-t-elle d'un ton moqueur au poulain.
Soledane tendit la tête vers son petit et lui mordilla l'encolure en signe d'affection. Puis, considérant avoir fait son travail de mère en rassurant le poulain, elle retourna à son occupation précédent, arrachant de grandes touffes d'herbe et les mâchant bruyamment. Lumi resta là pendant une bonne demi-heure, profitant purement et simplement du soleil. Puis, lorsqu'elle sentit que ses jambes commençaient à s'engourdir et que Soledane avait mangé plus d'herbe que de raison, la jeune femme se releva et s'étira.
-Allez, on rentre à l'écurie.», annonça-t-elle.
Puis, faisant le chemin dans le sens inverse, elle ramena la jument et son petit dans leur box.

Choses étranges

Le mois d'octobre touchait à sa fin et bientôt les chevaux seraient tous rentrés dans l'écurie pour être bien à l'abri du froid et du vent glacial. Seuls les plus téméraires occupaient encore les prairies, ou ceux assez actifs pour ne pas avoir le temps d'attraper froid, comme la jeune Edemah Ruh. La pouliche d'un an galopait dans la vaste étendue d'herbe, tandis que la lueur du soleil couchant donnait un éclat de feu à sa robe alezane. Lorsque Lumi arriva, la petite Ellie en écharpe sur son torse, la pouliche cessa cependant ses activités pour se rapprocher de sa propriétaire. La jeune femme caressa le chanfrein de la selle français, qui apprécia le contact avant de s'intéresser à l'étrange bipède miniature attaché devant elle. Ellie tendit une main hasardeuse vers les naseaux d'Edemah Ruh, qui sursauta, puis se laissa toucher par la petite. Lumi observa cet échange avec attendrissement. Nul doute que sa fille serait passionnée par les chevaux plus tard. En attendant, elle était plutôt déterminée à attraper le nez de l'alezane, et sa mère lui reprit la main avant qu'elle ne fasse involontairement mal à la pouliche. Le bambin babilla quelque chose d'incompréhensible, ce qui ne fit que la rendre encore plus adorable aux yeux de sa mère. Pour rester dans la thématique de l'automne, Lumi lui avait trouvé un gilet dont la capuche était équipée d'oreilles de renard, donnant un air terriblement craquant à Ellie. Quand à Edemah Ruh, cet attrait semblait plus la perturber qu'autre chose. Ce devait être la première fois qu'elle voyait d'aussi près un humain si petit et avec des oreilles rousses. Décidant que la chose était trop étrange à son goût et malgré Lumi qui flattait son encolure depuis un moment, la pouliche finit par reculer de la barrière, puis s'éloigna dans la prairie.
C'est alors que, d'un coup, Edemah Ruh fit un bond de côté, les oreilles en arrière. Puis, elle se tourna vers la droite et sembla fixer quelque chose dans l'herbe, ne sachant comment réagir. Intriguée par la réaction de la pouliche, Lumi décida d'aller voir cela de plus près, craignant qu'un objet dangereux se soit retrouvé, par un quelconque mystère, au milieu du pré. Passant par-dessus la barrière avec prudence, Ellie toujours avec elle, la jeune femme se laissa tomber doucement de l'autre côté et s'avança vers ce qui avait effrayé l'alezane. C'est alors qu'elle le vit, au milieu des hautes herbes. Un hérisson roulé en boule, qui devait probablement se promener lorsque la pouliche avait tapé dedans. Lumi se pencha et, maintenant Ellie d'une main, elle ramassa le hérisson de l'autre, avec des gestes lents et prudents pour ne pas se piquer les mains. Lorsqu'elle le tendit à Edemah Ruh pour qu'elle le renifle prudemment, la pouliche décida de contraire et retourna à son précédent jeu, loin de cet animal bizarre. Au moins elle ne semblait pas s'être blessée.
La jeune femme passa de nouveau la barrière dans le sens inverse, puis elle alla vers le bois et posa le petit animal au sol, dans un amas de feuilles mortes. Ellie observait le hérisson avec curiosité depuis sa découverte, visiblement intriguée. Sa mère resta là un moment, jusqu'à ce que l'animal décide de quitter sa posture défensive et de montrer son nez. Il semblait aller bien lui aussi, au grand soulagement de Lumi. En le voyant bouger et marcher, Ellie sembla prise d'une soudaine envie de s'emparer du hérisson et commença à s'agiter dans l'écharpe qui l'empêchait d'être libre de ses mouvements. Sa mère sourit et déposa un baiser sur son front. Cet automne, sa fille fêterait déjà son premier anniversaire. Le temps passait incroyablement vite et Lumi savait qu'Ellie grandirait avant qu'elle n'ait le temps d'y réfléchir. Cependant, elle avait hâte de savourer ce genre de petits moments avec elle, et était fière de pouvoir la voir évoluer dans un cadre comme celui du domaine.
Laissant le hérisson se mettre à l'abri, Lumi se redressa et reprit le chemin de la maison. Oui, elle était heureuse de voir ce qu'était devenue sa vie et de transmettre tout cela à sa fille. Mais pour l'instant, le bambin risquait d'attraper froid avec le vent qui se levait. Il lui faudrait encore attendre pour vivre des aventures plus palpitantes.

Poulain en vue

Lumi était terriblement lente, tellement lente en fait qu'elle songea un instant qu'elle arriverait aux prairies d'ici l'automne minimum. Mais cette fois, son ventre s'arrondissant progressivement n'était pas l'unique cause de sa vitesse de marche. De sa main droite, elle soutenait Ellie, qui parvenait à bien marcher désormais et qui avait voulu l'accompagner pour voir les «'vaux» comme ils étaient appelés dans son dialecte de bambin. Cependant, si la petite avait hâte de voir les fameux chevaux, elle ne pouvait s'empêcher de s'arrêter tous les cinq mètres pour regarder quelque chose qui avait attiré son attention ou poser son éternelle question du moment: «quoi ça ?». Lumi lui répondait avec la patience dont seule une mère était équipée, avant de tenter de progresser un peu plus vers leur objectif final. C'est finalement avec un record plutôt remarquable de seulement dix minutes qu'elles finirent par traverser les cinquante mètres qui séparaient la maison des prairies. Une fois arrivées à la barrière, elles rejoignirent Owen, qui était accoudé à la clôture de bois, le regard fixé sur les deux chevaux occupant le pré face à lui. Il se retourna vers sa famille et prit Ellie dans les bras pour l'assoir sur la barrière. Lumi se plaça à leurs côtés.
«Alors, comment ça se passe ?, s'enquit-elle immédiatement.
Owen désigna les équidés du menton avec un petit sourire.
-Ils s'entendent bien, comme on l'avait pressenti. Ils font encore connaissance, c'est la première fois qu'ils sont dans la même prairie sans séparation, mais j'ai bon espoir., lui exposa-t-il.
Lumi suivit son regard et observa la scène à son tour. Orléans et Sex Appeal broutaient paisiblement côte à côte. L'alezan, toujours aussi calme et doux, lui lançait parfois quelques regards intéressés mais n'allait jamais la voir. Il était respectueux et la jument semblait l'apprécier. Pendant quelques secondes, les deux tendirent le cou l'un vers l'autre et se touchèrent le nez timidement, puis Sex Appeal s'éloigna de l'étalon. Tout se passait pour le mieux. Ils avaient encore le temps de devenir plus proches et Lumi ne doutait pas une seule seconde du succès de cette étape. Quand au reste, ce serait à la nature de faire son travail. Mais même si ils n'en verraient pas le bout du nez avant au moins un an, la jeune femme était déjà impatiente de rencontrer le poulain issu de cette saillie. Ou la pouliche. Elle n'avait pas vraiment de préférence. Sur sa barrière, Ellie pointa les chevaux du doigt alors que Sex Appeal s'ébrouait.
-Ooooooh !, s'exclama la petite.
Ses parents ne purent s'empêcher de rire à cette réaction à un simple ébrouement. Lumi pouvait déjà imaginer la tête de sa fille lorsqu'elle lui montrerait une séance de saut. Elle n'allait pas en revenir. Pour l'instant, elle se contenta de siffler Sex Appeal, et la baie se retourna vers eux, sembla hésiter entre son nouveau compagnon de pré et ses propriétaires, puis finit par choisir ces derniers. Elle s'approcha de la barrière au trot. Une fois à leur hauteur, elle tendit la tête vers Lumi, qui lui caressa le chanfrein. La petite Ellie s'agita et Owen la rapprocha pour qu'elle tapote de ses petites mains la tête de la jument. Sex Appeal appréciait toute l'attention qu'elle pouvait recevoir, alors même les "caresses" maladroites de l'enfant semblèrent lui convenir. Lumi grattouilla la baie entre les oreilles avant de lui déposer un baiser sur le nez.
-Alors ma belle, prête à être maman l'année prochaine ?, chuchota-t-elle.
Les oreilles de Sex Appeal pivotèrent dans sa direction mais elle ne bougea pas, appréciant le contact de toutes ces mains qui la flattaient. Plus loin dans la prairie, Orléans fixait la scène avec un air presque désolé, mais lorsqu'Owen l'appela à son tour, le selle français renâcla et se détourna. Il n'avait probablement pas envie de perdre des point auprès de la baie en venant interrompre sa séance de câlins. La jument récupéra donc toute l'attention de ses propriétaires, à son plus grand plaisir. Puis, lorsqu'elle en eut assez, elle se recula doucement, fit volte-face, puis retourna auprès de l'étalon, qui sembla soulagé de la voir enfin lui accorder de nouveau un peu de temps. Lumi sourit.
-Tu vas les surveiller toute la journée ?, demanda-t-elle à Owen, moqueuse.
Il lui lança un regard faussement offensé et secoua la tête.
-Non, je voulais juste m'assurer que le premier contact se passait bien, mais ils ont l'air de s'entendre à merveille alors je vais les laisser en paix maintenant.
Il se redressa, posa Ellie par terre et s'étira longuement. Cela faisait bien une heure au moins qu'il avait quitté la maison et se trouvait ici. Lumi lui frictionna l'épaule avec affection.
-Si tu veux, je peux préparer à manger si tu t'occupes du petit démon ici présent., lança-t-elle en désignant Ellie.
Owen s'accroupit et chatouilla le bambin, qui se mit à rire aussitôt.
-Marché conclu ! J'embarque le petit démon !», dit-il.
Puis il s'empara de la petite et la mit sur ses épaules, avant de commencer à avancer vers la maison en zigzagant, pour le plus grand amusement d'Ellie. Lumi les suivit à son rythme, lançant un dernier regard aux chevaux. Ils observaient la scène, intrigués. Puis, ils retournèrent à leurs brins d'herbe.

Sortie détente

Sasha menait l'unique, la terrible, la sombrement réputée Break of Dawn. Et elle devait l'avouer, la baie était ... tout ce à quoi elle ne s'attendait pas. Calme lorsqu'elle était allée la chercher dans son box, la jeune jument n'avait pas bronché quand la brune lui avait enfilé un licol ni quand elle l'avait menée hors de l'écurie. Sasha avait même commencé à croire qu'elle était complètement folle et s'était trompée de cheval. Mais la plaque sur la porte indiquait le bon nom. Haussant les épaules, la jeune femme avait repris ce qu'elle entreprenait, se disant que la baie devait être dans un très bon jour. Fraichement débourrée, la selle français aurait pu être montée, mais Sasha ne la connaissait pas assez pour cela. Si Break of Dawn avait une telle réputation, elle devait actuellement bien cacher son jeu et la jeune femme ne tenait pas à être sur son dos lorsqu'elle révèlerait son vrai caractère. C'est pour cela qu'elle l'emmena pour une petite sortie en main. Elle ne comptait pas trop s'éloigner du domaine, mais au moins emmener la jument faire une courte balade pour se dégourdir les membres et faire plus ample connaissance avec elle.
Le duo traversa la cour du domaine, qu'entouraient toutes les installations, puis s'engagea sur le sentier longeant la clôture et les champs voisins. Break of Dawn suivait toujours sans la moindre contrainte, observant régulièrement son environnement, attentive à tout ce qui l'entourait. Il lui arrivait de renâcler lorsqu'elle entendait un bruit qu'elle n'aimait pas ou que Sasha lui demandait d'avancer après une trop longue pause pour observer quelque chose, mais à part ça, elle avait un comportement exemplaire. La journée avait en plus l'avantage d'être agréable, le soleil de juin brillait haut dans le ciel mais de nombreux nuages venaient l'empêcher de trop chauffer, apportant un air frais qui était le bienvenu. Les oiseaux gazouillaient dans les arbres et les vaches d'une prairie adjacente se prélassaient dans l'herbe haute. Break of Dawn s'arrêta un instant pour observer le troupeau, puis secoua la tête et reprit sa marche derrière Sasha. Tandis qu'elles avançaient, la jeune femme voyait les coups d’œil envieux que lançaient la baie à la zone d'herbe qui délimitait le sentier. Owen n'avait pas encore eu le temps de débroussailler le long des clôtures et l'herbe y était donc haute et bien verte, le rêve de tout herbivore. Après une hésitation, Sasha relâcha un peu la longe et laissa la jument s'en approcher. Break of Dawn huma les brins appétissants à peine deux secondes avant de s'en saisir à pleines dents et d'en arracher une touffe. Elle redressa la tête et mâchouilla bruyamment son herbe, visiblement satisfaite de ce petit ravitaillement. Sasha décida de s'assoir sur le sentier, tenant toujours la longe mais la laissant traîner au sol. Elle posa ses coudes sur ses genoux et observa la baie tandis qu'elle savourait son goûter. Toujours aucun signe de la jument capricieuse qu'on lui avait décrite. Mais après tout, Sasha ne demandait pas mieux. Si Break of Dawn l'appréciait et avait décidé d'être aimable avec elle, alors elle prendrait ce cadeau avec grand plaisir et ne chercherait aucunement à changer quoi que ce soit. Elle avait toujours eu une appréhension du jour où elle devrait s'occuper de la jument, mais tout se passait à merveille et toute crainte s'était envolée. Elle était détendue, et Break of Dawn aussi.
Après une dizaine de minutes à brouter, la jument sembla ralentir un peu la cadence et Sasha prit cela pour un signe qu'il était temps de bouger. Elle ne tenait pas non plus à ce que la baie se gave d'herbe. Elle se redressa sous le regard de la jument et reprit correctement la longe en main.
«On rentre ?, lança-t-elle à Dawn.
Les oreilles de la selle français pivotèrent dans sa direction, attentives. Sasha commença à prendre le chemin inverse, incitant la baie à la suivre. La jument résista un court instant, peu encline à lâcher son carré d'herbe, puis après un énième renâclement, elle fit un premier pas, puis se mit à marcher à la suite de la brune. Et l'enfer commença. Coups de tête dans l'épaule, tentatives d'arrachage de longe, mastication de t-shirt ... Break of Dawn les enchaîna tous. Sasha devait être constamment sur ses gardes pour éviter de se faire mordre ou taper. Elle se sentit extrêmement soulagée en constatant qu'elles n'avaient pas eu le loisir de trop s'éloigner de l'écurie et qu'elles y seraient rapidement en pressant le pas, ce que la brune fit sans plus attendre. La baie pourtant si agréable il y a à peine quelques minutes s'était transformée en petit monstre qui avait décidé de rendre la balade pénible. Sasha ne détectait pourtant aucune agressivité chez la selle français. Juste une sorte d'envie de jouer couplé à la frustration de ne pas avoir de réponse à ses emportements. Comme si elle était encore un tout jeune poulain provocateur.
Lorsque la jeune femme parvint enfin à remettre la jument dans son box, elle lâcha un long soupir et se laissa glisser le long de la porte, s'asseyant par terre. Elle transpirait à force d'avoir bataillé sous le soleil. La baie passa la tête au-dessus de la porte et se pencha vers elle, tentant une dernière fois de lui mordiller l'épaule. Sasha l'esquiva aisément et se redressa pour lui faire face.
-Tu es vraiment une petite peste, je t'ai laissé brouter !», s'exclama-t-elle.
Voyant que ses paroles n'avaient aucun effet sur la jument aux oreilles désormais couchées en arrière, la brune soupira de nouveau puis s'éloigna pour vaquer à ses occupations, frustrée. Elle avait pourtant pensé que Break of Dawn serait différente de ce qu'on lui avait dit, mais s'était visiblement trompée. Pourtant, elle sentait que la jument avait un bon fond. Restait à le dénicher et à le ramener en surface.

Escapade

Lorsqu'il se réveilla ce matin, Owen était le plus heureux des hommes. Il était père pour la deuxième fois, et la petite Claire dormait paisiblement dans son berceau tandis que Lumi se remettait tranquillement de son accouchement. Cela faisait une semaine déjà que le brun était dans cet état d'esprit, et il lui semblait que le temps filait déjà à toute allure. Mais après avoir passé ces derniers jours à regarder avec amour sa petite famille, il était plus que temps qu'il se remette au travail avant que Not My Fault ne devienne fou d'ennui. C'est donc à huit heures du matin qu'il sortit de la maison et se dirigea vers la prairie où le bai avait passé la nuit. Rose suivait son maître, heureuse de l'accompagner. Cependant, à peine à la moitié de la cour, la chienne se stoppa net et fixa un point sur la gauche d'Owen. Le brun suivit son regard, s'attendant à apercevoir un lapin ou autre bestiole réveillant l'instinct de chasse de la golden retriever. Mais ce qu'il vit était beaucoup plus gros qu'un lapin. Not My Fault broutait tranquillement devant la carrière, comme si tout était normal. Owen soupira. Il allait certainement pouvoir rajouter la réparation de la clôture du pré à sa liste de choses à faire aujourd'hui.
Il fonça aux écuries, prit le premier licol qui se présenta et alla chercher le bai. Not My Fault se laissa attraper sans faire d'histoire, au grand soulagement d'Owen qui n'avait nullement envie de lui courir après de si bon matin. Il ramena l'étalon dans son box, non sans vérifier rapidement qu'il ne s'était pas blessé en s'échappant, puis se dirigea vers la scène du crime pour voir l'état de la barrière. Mais lorsqu'il arriva sur place, tout était intact à première vue. Prenant son courage à deux mains, le brun décida de faire le tour complet de la prairie, et il partit donc d'un pas décidé le long de la clôture, Rose sur les talons. Lorsqu'il revint à son point de départ, il n'avait trouvé aucune faille. C'était comme si Not My Fault s'était téléporté hors du pré. Owen était confus. Mais il lui restait un dernier moyen de savoir comment le selle français s'était échappé. Le brun retourna aux écuries et entra dans son bureau. Toutes les installations du domaine étaient équipées de caméras de surveillance, y compris les prairies. Installer ce système avait été couteux mais le couple avait entendu parler de plusieurs vols de chevaux dans une région voisine et ne tenaient pas à faire partie des victimes. Owen alluma l'ordinateur tandis que Rose s'installait dans le panier qui lui était destiné dans la pièce. Lorsque la machine fut en route, le brun alla sur le réseau des caméras et chercha celles du pré, qui étaient au nombre de quatre. Il prit la vidéo qui filmait la section où se trouvait Not My Fault cette nuit et commença à observer. Pendant vingt bonnes minutes il regarda le déroulement de la nuit, avançant chaque fois la vidéo jusqu'à apercevoir le bai dans le cadre. Il avait été agité, ruant et courant pendant plusieurs heures. Mais pas d'explication à sa fugue pour le moment. Jusqu'à ce qu'Owen s'arrête de nouveau sur une autre section de la vidéo où le cheval longeait la barrière, exprimant son envie de sortir du pré. Il tourna ainsi quelques minutes, puis s'éloigna de nouveau et Owen allait avancer encore la vidéo lorsqu'il aperçut sur l'écran quelque chose d'incroyable. Not My Fault arriva au grand galop vers la barrière, puis il bondit avec une impulsion incroyable et passa par-dessus. Owen n'en croyait pas ses yeux. Le bai avait sauté la barrière d'un mètre cinquante sans faire le moindre effort. Il dut repasser le moment plusieurs fois pour y croire. Il savait que le bai concourrait à haut niveau en saut d'obstacle, mais il ne s'attendait pas à cela. Le brun secoua la tête, puis se mit à rire. Si le bai lui en faisait voir de toutes les couleurs, il devait avouer qu'il était unique en son genre et présentait un beau challenge. En tout cas, il avait pris une décision. Cet après-midi, il emmènerait l'étalon pour une séance de saut et testerait toute sa puissance.