Chemin de balade - Touns

Toujours dans l'optique de travailler le dos de ta jument, tu cherches sans arrêt de nouvelles idées. Maintenant que tu la comprends un peu mieux, c'est votre dernier point noir avant de pouvoir enchainer les hauteurs que tu envisageais en la prenant en confiage. Une autre cavalière des écuries t'a justement parlé d'un chemin de balade qui offre de grosses montées. Puisqu'il est inenvisageable pour Désirée de sortir seule en extérieur, vous quittez les écuries en compagnie de ce second couple. Sur l'oeil, la baie est montée sur ressort, la queue sur le dos, elle ronfle et tu ne parviens pas à la garder au pas. Heureusement, le second équidé ne bouge pas une oreille, alors tu te dis qu'elle finira par se calmer. Tu as appris à tes dépends qu'il ne servait à rien de se braquer contre elle, que dans tous les cas elle aurait toujours le dernier mot, alors tant qu'elle ne met personne en danger, tu préfères laisser couler.

Cette balade nécessite de traverser une route, par chance il n'y a aucun automobiliste lorsque vous passez, toutefois l'endroit n'en reste pas moins bruyant après le calme de la forêt. Vous coupez à travers des vignes et sans crier gare, Désirée bondit en avant, ton premier réflexe est de tirer sur tes rênes, ce qui la coupe net dans son élan. Elle t'a quand même bien secoué, ton coeur tambourine contre ta poitrine, tu fais comme ta jument et regarde de gauche à droite et lorsque tu comprends l'origine de cette frayeur, tu ne peux t'empêcher de te moquer d'elle: un tracteur.  Amusé, tu caresses son encolure déjà humide. Elle reste plantée là, ronflant comme un dragon et faisant son énième crottin. D'une légère pression de talons, tu la remets en avant, reprenant ta conversation avec Chloé, la cavalière qui vous accompagne.

De nouveau abrité par l'ombre des arbres, tu te rends compte que cette journée est particulièrement ensoleillée. Vous contournez les ruines d'un château, vous enfonçant un peu plus dans la colline. Désirée avance à son rythme, un moment elle marche sur des oeufs, dans le doute que quelque chose lui saute dessus  d'un coup, puis l'instant d'après elle trottine, afin de rejoindre au plus vite son copain. Dix ans? Vraiment? Parfois, tu as l'impression d'avoir affaire à une pouliche à peine sortie de débourrage. Plus loin, une pile de pneus sont laissés à l'abandon, tu sais avant même d'y être que la jument ne passera pas avec facilité. En effet, lorsqu'elle réalise ce qui l'attend, elle se met debout et fait demi-tour. Ne te laissant pas démonter pour autant, tu insistes, elle répète sa mascarade plusieurs fois, tes coups de talons deviennent de plus en plus forts. Elle finit par capituler, en marchant le plus loin possible tu tas, en te mettant au passage dans des branches de pins sans ménagement.

Vous atterrissez dans un quartier résidentiel, face à vous se dresse une immense montée en bitume et tu comprends sans même demander qu'il faut passer par là pour retrouver les sentiers de balade. En équilibre sur tes étriers, tu entames la côte, tes mains en avant, tu t'agrippes à la crinière de la baie et tu la laisses se débrouiller. Cela lui coûte, elle est rapidement essoufflée, alors tu l'encourages, ne pouvant rien faire de plus. Pour s'aider, elle a tenté de prendre le trot, mais étant ferrée elle glisse beaucoup trop. Heureusement, pour une fois, elle prend sur elle et ne laisse pas place à la panique. Tes talons commencent à tirer, tes abdos à te faire mal, tu n'oses même pas imaginer ce qu'elle ressent en dessous. Arrivé au sommet, tu laisses courir tes rênes, afin qu'elle puisse étendre son encolure, puis tu la caresses longuement, particulièrement fier d'elle.  

L'un comme l'autre, vous n'êtes pas habitués, c'était peut-être ambitieux comme première balade. Remarque, si elle est faite souvent, tu veux bien croire que cela travaille le dos des chevaux. Cela a littéralement séché la jument, alors quand Chloé te propose une seconde montée encore plus abrupte, mais en terre ce coup-ci, tu déclines l'invitation. Vous contournez par un chemin de cailloux, dans une grande inspiration tu profites du moment, le paysage est remarquable. Toujours rênes longues, Désirée avance sans se poser de question, même lorsqu'un oiseau vous passe sous le nez et que tu sursautes. L'hongre de Chloé étant pieds nus, vous restez à cette allure, ce qui convient visiblement à tout le monde.

La chaleur a ramené avec elle les insectes indésirables, la queue de ta jument fouette les airs avec violence. Parfois, elle s'arrête sans prévenir, puis jette son antérieur en avant, afin de se gratter avec force. Pas de demi-mesure avec Désirée. Tu apprécies sincèrement les séances d'ostéopathie gratuites qu'elle t'offre avec ce genre d'action. La descente de la colline se faisant beaucoup plus progressivement, tu arrêtes parfois la baie, puis la fait reculer sur trois-quatre pas. Puisqu'elle a récupéré de son ascension, tu préfères l'occuper un maximum, afin d'éviter qu'elle replonge dans son état de panique du début. Sur le bas côté, vous laissez brouter les chevaux, en attendant que le trafic se calme sur la route principale. La visibilité est particulièrement mauvaise pour les automobilistes, alors inutile de provoquer un accident. Les camions et motos font sursauter la belle, mais malgré tout, elle prend sur elle. "Je suis si fier de toi."

Ta femme est partie pour le week-end, elle a un jeune à coacher en concours. Si elle apprenait ce que tu es en train de faire, elle te tuerait sans doute, alors tu attends que le dernier employé soit parti pour rejoindre ton protégé aux yeux bleus dans son box. Katarina prétend qu'elle n'éprouve rien pour l'entier, il n'empêche qu'elle le travaille tout le temps, à tel point que tu ne peux pas en profiter, alors que de base tu l'as acheté pour toi. Tu laisses son habituel selle de dressage au placard et optes plutôt pour la tienne, une de western. Le poids de cette dernière fait légèrement réagir Black Moon, il se trémousse, gêné. "Ce n'est rien mon beau, juste une balade, tu vas t'y faire." Tu le caresses, il ronfle au contact de ta main et tu reprends la préparation.

Tu n'as certainement pas le même physique que sa cavalière habituelle, mais en même temps, tu ne comptes pas en demander autant au jeune cheval. Son pas est plus lent, mais c'est sans rechigner pour autant, qu'il se laisse guider vers la forêt qui entoure le domaine. Complètement gaga, tu vas au contact de son encolure au moindre de ces faits et gestes. Ceci dit, ce n'est pas quelque chose qui semble le déranger. Verbalement, tu n'échanges pas beaucoup avec tes montures, alors les quinze premières minutes de la balade se font en silence. Les oreilles dressées, Black Moon reste attentif aux sons qui l'entourent, sans pour autant sursauter au moindre craquement de branches. Confiant, tu le laisses rênes longues, ce qui fait que l'entier a rapidement compris qu'il n'avait pas besoin de se mettre en mode travail et ainsi replonger dans ses vieux travers.

Vous quittez la fraîcheur des arbres pour une vaste prairie où se trouve une partie de ton troupeau de bovins. Le noiraud s'immobilise et bloque son regard sur les vaches, peut-être en a t-il jamais vu? Tu sens son coeur battre sous toi, tu te penches légèrement sur lui. "Ca aussi tu vas finir par t'y habituer, je suis même certain que ça te plaira finalement." D'un bref mouvement de talons, tu le fais repartir en avant. N'ayant peur de rien, tu décides de le faire trotter. Le troupeau s'agite, l'entier hésite, mais la pression contre ses flancs lui fait prendre le galop. D'abord dans la retenue, Black Moon semble s'animer en entendant le beuglement des veaux. Ses foulées s'agrandissent, ton sourire s'élargit et tu lâches un cri pour l'encourager. Le Lusitanien garde une certaine distance avec ces bêtes inconnues au bataillon, toutefois, en laissant guider par toi, vous parvenez à en regrouper une bonne partie.

Amusé par cette première approche assez concluante, tu félicites longuement ton binôme. Ce dernier a du mal à redescendre en pression, les naseaux gonflés, il souffle bruyamment, trottinant sur place. Finalement, le contact de ta main contre son épaule semble l'apaiser. Vous repartez au pas, continuant le tour de la propriété qui s'étend sur plusieurs hectares. Tu le mènes jusqu'à un étang, les températures sont rudes, peut-être aura t-il besoin de s'hydrater. Intéressé par l'eau, Black Moon s'avance dedans sans se faire prier. Un peu plus loin, il s'arrête, il gratte la surface de son antérieur, éclaboussant tout sur son passage. Son attitude t'amuse, l'entier à cette capacité de prendre ses repères hyper facilement. Franchement, tu ne vois pas ce que Katarina lui reproche, il est tellement facile au quotidien... D'ailleurs, plus le temps file, plus tu te dis qu'elle ne le sait pas elle-même.  

Voilà quelques jours que vous êtes arrivés au domaine de ta coach Katarina. Nocturnal Roméo a déjà pris ses marques, la vie en paddock semble lui réussir, tu ne le retrouves plus engorgé à chacune de tes visites, comme c'était le cas lorsqu'il vivait en box. L'isabelle hennit en te voyant approcher, ça ne fait pourtant pas si longtemps qu'il partage ton quotidien, mais tu dois admettre que cela a tout de suite bien accroché entre vous deux. Le creux de ta main vient accueillir le chanfrein de l'animal, tu déposes un baiser sur son nez et lui caresses son épaisse encolure. Tout comme toi, l'entier a tout pour lui; il est beau et talentueux. D'ailleurs, c'est peut-être pour ça que vous vous assemblez aussi bien. Lorsque vous passez dans la propriété, les regards se tournent vers vous, tu te contentes de les ignorer, mais l'entier lui, se gonfle encore plus d'orgueil.

Vivre dehors a aussi ses désavantages, l'équidé est plein de poussière. Tu passes un temps fou à faire des cercles dans sa robe avec une étrille, mais le sable continue de voler dans tous les sens. Quant à la crinière, tu y laisses presque la moitié d'une bouteille de démêlant. "Roro, tu abuses sérieux !" Le mâle redresse les oreilles, sensible à ce surnom. N'obtenant pas le résultat escompté, tu lui fais finalement une tresse, ce qui fait ressortir davantage ses courbes généreuses. Ses pieds sont secs, tu lui appliques de l'onguent blond, en te battant un peu avec lui au moment de tenir les postérieurs. Tu ne te montres toutefois pas trop sévère, car tu sais qu'il y a parfois des combats inutiles à mener avec les entiers. Compte tenu de la chaleur du jour, tu te dis qu'une balade à l'ombre des arbres sera plus que bienvenue. Tu ne prends même pas la peine de lui mettre une selle sur le dos, son filet suffira.

Tu es à pied, Nocturnal Roméo te suit sans problème. Parfois, lorsqu'un élément pourrait le surprendre, tu reprends les rênes dans ta main. Ainsi, l'isabelle reste connecté à toi. L'ambiance de la forêt ne semble pas le rassurer, l'équidé a les yeux grands ouverts, au moindre bruit ou mouvement, il se met à ronfler. C'est le problème avec les ibériques, ils peuvent être froids sur beaucoup de points, mais à côté de ça, ils aiment bien s'inventer une vie là où il n'y a pas lieu... Dans un soupire, tu fais arrêter ton partenaire, puis tu te penches au niveau de ses membres, en prenant ses boulets entre tes mains. Pas de chaleur anormale, il a marché suffisamment longtemps pour que tu puisses lui monter dessus sans craindre de répercutions. Tu t'agrippes à la natte de sa crinière, tu prends ton élan sur une seule jambe et puis tu te hisses sur son dos dans un saut léger.

Être monté à cru ne semble pas gêner l'entier, de ton côté, tu le trouves assez confortable, mais tu ne sais pas ce que ça donnerait aux autres allures et en fait, tu n'as pas vraiment envie de le savoir. Sans vraiment savoir où vous allez, tu te contentes de suivre le chemin qui semble être le plus emprunté. Comme tu l'avais espéré, être protégé du soleil par l'ombre des feuilles est plus que bienvenue, tu as rarement vu des températures similaires aussi tôt dans l'année. Rênes longues, tu laisses ton partenaire explorer les environs, de toute façon il n'y trouvera rien à manger. Tu caresses sa robe doré, quelque peu distrait, le retour à la réalité risque d'être brutal pour vous deux. "Tu sais Roro, c'est terminé les vacances, je crois que Katarina nous attend au tournant demain matin." Tu as de grosses ambitions pour vous deux, mais pour les réaliser il va falloir arrêter de te cacher derrière des excuses bidons.

En tendant l'oreille, tu perçois des bruits d'eau, te laissant guider par les clapotements, tu arrives jusqu'à un petit ruisseau. Tu laisses Roméo marcher dedans, te disant que cela ne peut faire que du bien à ses sabots. Parfois, il s'enfonce un peu, puis il marque un temps d'arrêt, profitant du courant frais contre ses membres. S'il aime se baigner ainsi, tu n'hésiteras pas à l'emmener à la plage dans le futur, mais pour l'heure, il faut que tu rentres aux écuries. Tu as déjà séché un cours aujourd'hui pour passer ce moment privilégié avec le pure race espagnole. Tu t'agrippes à la crinière et sers tes talons contre ses flancs, afin de le faire sortir de là au trot. Comme tu l'avais prévu, sa colonne vertébrale te malmène, tu fais une grimace et essaye de te redresser, pour éviter un maximum le contact. De retour sur le chemin en terre battue, tu demandes le galop, tu cales tes mouvements de bassin au siens, appréciant ainsi un peu plus cette allure.