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Box de Wherever

∞ Haras de Pado. :: Général :: anciens boxs
Invité
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Jeu 20 Juil - 13:43
 Il existe un instant dans les longues vingt-quatre heures d'une journée, un instant durant lequel la nature semble devenir silencieuse. Les animaux se taisent, les hommes ne font pas de bruit, tous dorment ou contemplent cet infime instant, insaisissable, qui fait basculer le monde de la nuit vers le monde du jour. Le ciel, jusqu'alors bleu marine, se teinte de nuances rose pâle, les étoiles laissent peu à peu leur place au soleil. Cet instant, je le perçois depuis que je suis toute petite, et je l'aime. J'aime me lever aux aurores seulement pour admirer le basculement du monde. Bien sûr, je ne le fais pas tous les matins. Juste quand je suis réveillée au bon moment, ce qui m'arrive environ une fois par mois. Il se trouve que c'est le cas aujourd'hui. Assise devant ma maison, j'admire la campagne alentour et je me repais du silence. Dès que la journée est entamée, je rentre et je vais me recoucher à pas de souris. Mes parents dorment encore, tout comme ma petite sœur, et je ne veux pas les réveiller. Allongée dans mon lit, je sais très bien que je ne me rendormirai pas. Alors je pense. Je pense à la beauté du paysage magnifiquement rural qui m'entoure, et je pense avec une pointe de pitié à tous ces gens qui vivent en ville et qui n'ont jamais accès à la majesté de cette nature. Je sais qu'eux aussi nous plaignent. Ils se disent certainement que la vie au milieu de nulle part est plus difficile, plus solitaire. Peut-être, oui, mais j'aime la solitude. D'après certains, je suis même complètement asociale. C'est faux, j'apprécie la compagnie de certaines personnes, avec qui j'aime discuter, échanger. Mais j'ai besoin de mes moments seule. Seule avec moi-même. Je suis ainsi, après tout, chacun est différent. Il est vrai, par contre, que j'ai des difficultés à aller vers les autres. Je préfère attendre que les autres viennent à moi, c'est plus simple. C'est pourquoi la plupart de mes amies, au collège, sont des filles sûres d'elles, un peu grandes gueules. Je les adore, sincèrement, mais parfois c'est un peu gonflant. Je me retourne dans mon lit. Je pense à la journée qui m'attend, et j'ai hâte que le matin arrive. Nous sommes samedi, le jour de mon cours d'équitation. Je monte au haras de Pado depuis que j'ai six ans et j'aime cet endroit, les gens qui y évoluent. Et surtout, je suis une passionnée des chevaux. Ces animaux si fiers, si puissants me fascinent depuis de nombreuses années. Je monte une fois par semaine au haras, et mes parents m'offrent aussi, chaque été, une semaine d'équitation dans un autre endroit. Cela fait huit ans que c'est ainsi, et je n'ai absolument pas l'intention de changer quoi que ce soit. Comme chaque samedi matin, je me demande quel sera le cheval que je monterai. Lennox peut-être ? Je l'ai déjà monté de nombreuses fois, et je l'aime beaucoup. Ou sinon Gracieuse... Ou un cheval avec lequel ils ont des difficultés. Je suis souvent celle qui monte les chevaux compliqués. Il paraît que je m'en sors bien avec eux, qu'ils me comprennent bien. Et c'est souvent moi que les cavaliers de mon groupe appellent lorsqu'ils ont des difficultés avec leur monture. Je n'ai qu'un petit niveau galop 5, et pourtant je suis capable de gérer la plupart des chevaux du haras. Bien sûr, je n'ai aucune envie de tenter une séance de dressage avec Heart Attack...
 
 J'entends soudain sonner le réveil de mes parents. Huit heures moins le quart, déjà. Depuis que je fais de l'équitation, mes parents insistent pour m'emmener, même tôt le matin. Je leur ai dit plusieurs fois que je pouvais prendre le bus, mais ils s'obstinent. Ils en profitent pour faire quelques courses ou une balade à pied selon le temps et leurs envies, et parfois ils restent pour regarder le cours. Je me lève en prenant mon temps et me glisse hors de ma chambre. Je salue mes parents et déjeune avant de prendre une douche bien fraîche pour finir de me réveiller. Je saute ensuite dans ma tenue d'équitation et vais entasser bombe, protège-dos, affaires de pansage et badine dans le coffre. Nous roulons rapidement jusqu'au haras, et je descends d'un bond à peine la voiture garée. Mes parents me souhaitent un bon cours et, mes affaires à la main, je me dirige vers l'aire de pansage, où je dépose tout. Les autres cavaliers de mon groupe sont devant le bureau, où est affiché le montoir. Je les rejoins à grands pas et lance :

-Salut !
-Coucou Aglaë !


 Chloé et Alice, deux filles inséparables super sympas, me font la bise et Chloé s'exclame :

-Tu montes Wherever ! La chance, elle est trop belle...
-Ah bon ? Cool ! Et vous ?
-Chloé a Marquise, comme d'hab,
répond Alice. Et moi... J'ai Ariel...
-Bah ça va, on fait cross aujourd'hui. Ariel devrait être un peu motivée.
-Mouais... Si Anne n'a pas changé d'idée...


 Notre monitrice adore nous dire au dernier moment qu'on change de discipline. Je quitte mes amies pour aller prendre mon licol et me rend à l'écurie. Je suis la première du groupe à monter Wherever, ce qui fait que je ne la connais absolument pas. Son nom me dit bien quelque chose, mais sans plus. Je longe les boxes, m'arrête de temps à autre pour caresser un chanfrein, et j'arrive enfin devant le box sur la porte duquel est accroché une plaque. On y lit : "Wherever" en jolies lettres d'or. La jument n'a pas sorti la tête, elle reste immobile au milieu. C'est une grande baie, à l'air racé. J'ouvre doucement le loquet, ne sachant pas trop à quoi m'attendre, et me glisse dans le box. Une fois la porte refermée, je m'avance lentement vers la jument en lui parlant calmement :

-Coucou Wherever ! Tu es une jolie fille tu sais ? Aujourd'hui, c'est moi qui vais te monter. On va bien s'entendre, j'en suis sûre.

 Avec tendresse, je passe une main sur son encolure. La baie ne bouge pas, elle se laisse faire. Je lui passe le licol sans problème et la conduit à l'aire de pansage. J'attache sa longe à la barre et commence à la brosser. Son manque de réactions m'étonne. Elle paraît pourtant en forme, ses oreilles et ses yeux suivant les activités extérieures, et sa queue chassant les mouches. Peut-être est-elle simplement docile et tranquille. Mais si c'était le cas, pourquoi garderait-t-elle la tête ainsi baissée ? Je me sens intriguée par cette belle jument, et j'ai hâte de voir ce qu'elle donne sous la selle. Cependant, je prends mon temps pour panser correctement sa robe et nettoyer ses sabots. Une fois qu'elle est propre, je regarde ma montre : 9:05. Il me reste dix minutes. Après une caresse sur la belle encolure rousse, je vais à la sellerie prendre tapis, amortisseur, selle et filet. J'installe le tout avec tant de concentration que je n'entends pas Anne arriver, et je sursaute quand elle me lance :

-Salut Aglaë ! Pour aujourd'hui je t'ai donné Wherever parce que j'espère que tu auras une idée... Cette jument a été poussée plus qu'elle ne pouvait le supporter sur des entraînements en dressage et saut, et maintenant elle n'a plus goût à rien et elle perd même confiance en elle. Il faut que tu la laisses un peu faire ses choix, tout en restant bien derrière elle, en l'approuvant, d'accord ?
-O.K. J'espère que je ne vais pas la dégoûter encore plus, la pauvre... Mais du coup on fait du cross, c'est ça ?
-Oui, pour une fois je garde la même discipline que ce qui était prévu. Je veux voir si la demoiselle se plaît mieux en extérieur. Et puis ça fait longtemps qu'on est pas allés sur le cross, vous avez sûrement tout oublié...


 Je souris de la mine dépitée d'Anne et vais chercher des protections j'installe rapidement guêtres, protège-boulets et cloches, enfile mon gilet de protection, puis je détache ma jument et suis les autres cavaliers en direction de la carrière. Je marche quelques temps à côté de Wherever avant de la mener au montoir et de me mettre en selle. Elle est haute ! J'ai l'impression d'avoir sous moi 1m70 d'épaisseur de muscles. Malheureusement, ces muscles n'ont pas l'air d'avoir envie de fonctionner. Je ressangle et règle mes étriers, puis je demande à la baie de partir au pas d'une légère pression de mollets. Elle obéit, mais son pas est lent et sans aucune impulsion. Wherever marche par automatisme. Je me sens triste pour cette magnifique jument qui méritait tellement mieux que d'être brisée. De la voix, je tente de la pousser un peu. Elle accélère mais, rien à faire, l'envie n'y est pas. J'essaie de la divertir en alternant arrêts, transitions dans l'allure et figures de manège, sans grand succès. Quand nos chevaux sont bien échauffés au pas, Anne nous demande d'aller dans le cross pour finir la détente. Je relâche un peu mes rênes déjà peu tendues le temps d'arriver sur le terrain. La monitrice me rejoint.

-Alors ? Tu la trouves comment ?
-C'est bizarre, elle répond parfaitement à chaque aide mais... elle n'a aucune impulsion, aucune envie en fait.
-Oui, je vois. Elle est toujours ainsi.


Une fois dans le cross, je garde le pas quelques temps pour laisser Wherever s'habituer au sol différent, puis je demande le trot. Elle a un trot souple, mais sans aucun rebondi, sans aucune joie. Je tente de nouveau de l'amuser en enchaînant transitions et figures, sans résultat. Peut-être sera-t-elle plus joyeuse au galop ? Je place mes aides pour un départ au galop à droite et la baie s'élance avec modération, régulière comme un métronome et émotive comme une dalle de marbre... Je la fais changer de pied régulièrement pour alterner des cercles aux deux mains, et nous repassons parfois au trot voire au pas. Après une bonne dizaine de minutes, Anne nous demande de repasser au pas et de laisser les chevaux souffler avant d'attaquer le travail. Elle nous montre une haie basse et deux troncs, et nous demande d'arriver sur la haie au petit galop, de tourner bien large puis d'enchaîner les deux troncs, séparés par trois foulées de galop. Chloé se lance en premier. Elle et Marquise semblent ne faire qu'une. Elles galopent vers le premier obstacle, le franchissent avec légèreté, puis les deux troncs ne sont qu'une formalité. Je sais qu'Anne est en train de demander au directeur pour mettre Marquise en demi-pension à Chloé. Cela fait deux ans qu'elles évoluent ensemble, et le Haras a pour but d'associer un cheval à un cavalier. Pour moi, ils avaient trouvé un poney quand j'étais petite mais mes parents ont refusé que j'aie une DP si jeune. Maintenant, j'aime tous les chevaux sans coup de cœur particulier. C'est à moi de lancer ma jument sur le petit parcours. Rênes ajustées, je la fais partir au petit galop. Nous arrivons bien droit sur la haie, et Wherever saute juste au-dessus, avec une marge minuscule. Les troncs sont à peine enjambés, et je flatte la belle baie avec tristesse. Elle pourrait être tellement agréable à regarder... Mais non, il a fallu que des idiots la brisent, la cassent. Je soupire. Nous effectuons encore deux petits enchaînements très simples, sur lesquels l'anglo-arabe ne se donne pas plus. Ensuite, Anne nous dirige sur la partie de niveau supérieur du cross. Les obstacles sont un peu plus impressionnants et les tracés plus complexes. Cette fois, le parcours à enchaîner est plus difficile : tronc, courbe serrée, directionnel, contre-haut contre-bas, gué, haie. Les obstacles doivent atteindre environ 80 cm, sauf le directionnel qui est à 50 cm. Les cavaliers passent, tous s'en sortent honorablement. C'est à moi. Je me penche sur l'encolure de Wherever et murmure :

-Allez, ma grande, fais-toi plaisir pour une fois !

Nous arrivons au galop sur le tronc, bien en face. Le saut frôle l'obstacle, la jument réceptionne avec légèreté. Certes, elle ne se fatigue pas, mais elle semble déjà faire plus attention à ce qu'elle fait. Le tournant pour arriver sur le directionnel est serré. Mais l'anglo-arabe a vu pire. Elle tourne sans difficulté, saute l'obstacle. Nous nous dirigeons vers le contre-haut. Je sens l'allure de la baie s'allonger un peu, ses oreilles se redressent. Elle franchit le contre-haut, descend d'un bond du contre-bas. Je la sens intéressée. Pas franchement amusée, mais intéressée. C'est déjà un progrès. Je flatte son encolure, et décide de la laisser libre de choisir son entrée dans le gué. Sentant qu'il n'y a aucune indication autre que d'avancer, Wherever hésite. Elle ralentit un peu, part à gauche, à droite.

-Allez, ma belle. Tu sais par où tu dois rentrer pour que ce soit plus simple, tu le sais. Je te fais confiance.

La belle jument hésite encore quelques instants puis, à une allure ralentie, se déporte légèrement à droite sur le chemin qui entre en pente douce dans l'eau. Je ris et la félicite d'une longue caresse sur l'encolure, et l'encourage à accélérer. Son galop se fait ample tandis qu'elle soulève des gerbes d'eau, puis qu'elle remonte la pente. Et, pour finir, nous passons la haie avec une marge de quelques centimètres. Le saut était léger et puissant, un vrai bonheur. Ravie et fière de Wherever, je la flatte et lui demande de repasser au trot, puis au pas. Nous rejoignons les autres cavaliers et Anne nous félicite toutes les deux.

-Elle a un avenir dans le concours complet, cette dame !

J'acquiesce. L'anglo-arabe a une endurance et un coup de saut qui lui serviraient très certainement en complet. Mais pour cela, il faudrait qu'elle travaille en dressage et en saut, disciplines qui n'avaient plus pour elle aucun attrait. À moins qu'un cavalier suffisamment amoureux d'elle lui réapprenne à les aimer.
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J'aime beaucoup ton résumé ! Very Happy

+ 1 point en soins
+ 2 points en confiance

+ 2 points en dressage
+ 3 points en cross

+ 10 trèfle
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