Espace de soin - Irin

Odile n’avait pas pu dormir de la nuit. La chaleur et son inquiétude croissante pour la santé de Blue l’avaient empêchée de rencontrer Morphée. Elle était la première arrivée aux écuries. Depuis que le vétérinaire avait conseillé à la jeune femme de laisser son cheval au repos, l’étalon vivait dehors. La jolie brune avait — une fois de plus — cassé sa tirelire pour lui offrir un abri digne de ce nom afin qu’il puisse s’abriter du soleil. Tôt le matin, il n’était pas rare d’y voir Blue s’y prélasser comme il le faisait actuellement. D’un coup d’œil, les craintes d’Odile se confirmèrent. L’entier était prostré dans son abri et ses membres étaient visiblement très ankylosés. Elle l’attrapa rapidement et l’emmena hors de son pré. Après un rapide examen du problème à la douche, elle fit le choix de le doucher à l’eau froide avec un jet à pression moyenne. Elle prit soin de passer le jet de haut en bas afin de faire diminuer l’inflammation. L’eau restait bien froide malgré les températures caniculaires qui s’abattaient sur la région depuis quelques jours, c’était le contraste idéal pour que les membres de Blue dégonflent. Odile s’appliqua à mouiller de manière égale les quatre membres de sa monture. Malheureusement, à la fin de cette petite séance de trempage, rien n’avait changé et les membres de Blue étaient toujours aussi chauds. Elle lui appliqua du gel refroidissant sans grande conviction. En attendant que le gel fasse effet, elle décida de faire marcher l’étalon dans l’enceinte de l’écurie. Pas question qu’il fugue de nouveau à cause d’un engin motorisé. Blue peinait à suivre sa cavalière qui tentait de pourtant de varier le type de sol. Tantôt elle l’emmenait sur l’herbe, tantôt il devait marcher sur le bitume. Peu sereine et franchement peu convaincue par ses soins, elle préféra appeler en urgence une amie masseuse équin. L’amie en question était diplômée et avait de l’expérience. La cavalière espérait qu’elle lui fasse une ristourne pour éviter d’augmenter encore ses frais. Fort heureusement, la masseuse n’avait rien de prévu cet après-midi et se faisait une joie de rencontrer la nouvelle monture d’Odile.

Depuis qu’elle avait été remerciée, la brune n’avait donné aucune nouvelle à ses « copines d’écuries ». Elle avait préféré tirer un trait sur son passé pour se concentrer sur Blue qui, il fallait bien l’avouer, lui prenait beaucoup de temps et d’énergie. De fait, aucune de ses anciennes camarades ne connaissait l’existence de l’étalon. Odile avait, pour ainsi dire, complètement disparu de la circulation. De fait, lorsque la masseuse descendit de sa voiture, elle s’extasia devant la beauté du jeune cheval à la musculature déjà si sportive. Blue avait eu beau marcher pendant presque une heure, ses membres n’avaient pas dégonflé le moins du monde. C’est donc plutôt inquiète qu’elle l’attacha de nouveau dans l’espace de soin. La professionnelle était formelle : ce n’était rien de grave. Elle expliqua brièvement à Odile sa façon de procéder : elle masserait essentiellement les membres, mais prendrait également soin de décontracter la ligne de dos. Même si ses gestes étaient doux et relaxaient probablement Blue, l’étalon ne parvenait pas à tenir en place et ne cessait de bouger et de bousculer la masseuse. Il avait pris un an de plus, mais sa patience conservait des limites. Sa cavalière a dû ruser et lui emmener une friandise à lécher pour qu’il accepte de se poser et de faciliter le travail de la professionnelle. Après quelques minutes d’immobilité, Blue ne s’occupait plus de sa friandise, mais fermait les yeux, il semblait enfin apaisé. La masseuse conseilla à Odile de doucher une nouvelle fois l’étalon, mais avec un jet très diffus et une pression très faible, simplement pour lui rafraîchir les membres. L’inflammation était minime et elle ne s’inquiétait pas pour la guérison. La brune était soulagée. Les soins prodigués par son amie avaient l’air d’être plutôt efficaces et elle espérait pouvoir dormir sereine. Elle ramena Blue jusqu’à son paddock. Elle craignait qu’il ne marche pas assez et qu’il se contente de somnoler sous son abri. Pour prévenir le problème, elle prit soin de lui disperser des fruits coupés dans tout le pré, et plus particulièrement là où les arbres étaient susceptibles de lui offrir de l’ombre. Lorsqu’elle referma le paddock, elle était sereine. 

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