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Sam 2 Juil - 19:39
Poséidon & Roxanne
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Lun 11 Juil - 17:38
le 11.07.2022
Roxanne & Poséidon

Course dans le verger. Les enfants s’agrippent aux branches basses, leurs corps souples se hissent plus haut, sans crainte. Les cigales crissent, les oiseaux pépient, les voix aiguës s’envolent. Chaque ombre est un être surgi d’un monde imaginaire. Rêves d’enfant dans le verger.


Derrière la pommeraie s’étendait un champ, bordé au Sud par une rivière et les frênes qui y plongeaient leurs racines. Roxanne avait enfoncé des piquets sur tout son pourtour sous le soleil brûlant, certaine d’être plus humide encore que la terre léchée par l’eau bruissante. Lorsque la clôture avait été entièrement installée, elle avait ôté un à un ses vêtements et s’était glissée dans l’eau fraîche. L’écart de température lui avait presque coupé la respiration. Elle avait souri. Le cours d’eau était peu profond, il atteignait à peine ses cuisses en son milieu, mais elle s’y était assise pour profiter du froid mordant. Elle n'en était sortie que grelottante.

Assise sur le muret dans l’ombre d’un chêne, elle attendait. Poséidon ferait bientôt son entrée dans son nouveau foyer. Deux jours après le premier essai, Roxanne était revenue accompagnée d’un vétérinaire pour la visite d’achat. Tout s’était déroulé à la perfection, le percheron respirait la santé, et le contrat de vente avait été signé. Trois jours plus tard, le temps de prendre toutes les dispositions nécessaires, Frank Aribont emmenait pour la dernière fois son cheval en voyage. Il avait tenu à l’amener lui-même, pour l’accompagner dans sa nouvelle vie et s’assurer qu’il y serait bien.

Dès qu’elle entendit le son grandissant d’un moteur, Roxanne se leva d’un bond. Elle se sentait en effervescence, comme un de ces cachets que l’on plonge dans un verre d’eau pour les voir s’y dissoudre en une myriade de bulles blanches minuscules. Hors du lit depuis sept heures trente, elle s’était habillée en vitesse, avait pris un petit-déjeuner sans parvenir à le savourer, avait couru vérifier sa clôture, s’assurer une énième fois que rien ne traînait dans le pré, que l’accès à la rivière était bien assuré sans risque, qu’il y aurait vraiment de l’ombre à toute heure du jour, qu’elle avait bien installé le foin dans son râtelier artisanal… puis, pour s’occuper l’esprit, elle avait tenté de se mettre à travailler. Elle s’était assise à l’ombre du grand tilleul, un article critique sur Juste la Fin du Monde de Lagarce dans les mains, avant de réaliser que les mots dansaient devant ses yeux en un ballet incompréhensible. Elle avait soupiré, posé l’article et pris le temps de ressentir consciemment. Impatience, excitation, exaltation, crainte de ne pas être à la hauteur se mêlaient en elle. Poséidon serait son premier cheval. Elle voulait ne faire aucune erreur avec lui, tout en sachant que c’était hautement improbable. Elle s’était rassurée : Fanny n’était pas loin, elle lui avait promis de l’aider dans cette grande aventure tout en lui assurant qu’elle s’en sortirait très bien. Il n’y avait pas de raison d’angoisser. De toute manière, il était neuf heures onze et le rendez-vous était fixé à trente. La jeune femme était rentrée ranger son article et s’était assise pour attendre.

Un van blanc attelé à une vieille voiture grise fit son entrée sur les graviers de la cour. Il s’immobilisa dans un crissement de pneus. Roxanne s’avança vers le conducteur pour le saluer d’une poignée de main chaleureuse. Ils discutèrent un moment. Le voyage s’était bien passé, aucun problème, Poséidon avait été très tranquille, il était en pleine forme, prêt pour sa nouvelle vie. Son nouveau pré était prêt à l’accueillir.

- Alors, dit Frank, si tout est bon, je vais vous laisser le sortir. Le pauvre n’a pas l’habitude d’être enfermé bien longtemps.

Ils abaissèrent la rampe et Roxanne se faufila à l’intérieur du van, le long du flanc du percheron. Il tourna dans sa direction sa tête fine quand elle le salua d’une voix douce, puis elle posa sur son épaule grise une main légère. Elle lui murmura qu’il était arrivé chez lui, qu’il pourrait dans quelques instants trotter dans un parc herbeux et s’abreuver à l’eau limpide de la rivière. Comme lors de leur première rencontre, elle ne put s’empêcher de sourire en sa présence, rassérénée par la douceur qui émanait de son corps massif et amusée par son regard sombre et pétillant de chaton. Dès qu’elle se tenait à ses côtés, elle se sentait certaine de son choix de partager avec lui sa vie dans la pommeraie. Il lui semblait soudain évident que Poséidon était pour elle le cheval idéal.

Elle défit la longe qui le retenait puis le guida doucement en reculer, pas à pas. Le gris ne parut pas perturbé par cette manœuvre, bien qu’il hésitât quelquefois devant la pression du licol, incertain quant à ce qui lui était demandé. Mais à force d’encouragements et de caresses, il posa bientôt ses quatre sabots parés de neuf sur les graviers de la cour, clignant de ses grands yeux pour en chasser le soleil trop brillant. La jeune femme prit le temps de faire un tour du grand étalon pour vérifier qu’il n’avait aucune blessure due au transport puis, satisfaite, elle invita Frank à la suivre jusqu’au pré. Ils traversèrent tous les trois le verger, le percheron aux aguets, curieux de tout dans ces lieux inconnus, attrapant au vol une petite branche feuillue d’un pommier. Il ne semblait pas déphasé par ce changement de paysage, seulement un peu étonné. Après tout, c’était la même herbe, les mêmes oiseaux, le même ciel. Rien n’était bouleversé dans sa vie.

Avant de détacher le licol, Roxanne s’écarta un moment pour laisser le temps à Frank de dire au revoir à l’étalon qui avait partagé près de huit ans de sa vie. L’homme était ému. Il ne pleura pas, mais son sourire était un peu affaissé, et ses gestes tremblants. Ce fut lui qui détacha la boucle du licol après une dernière étreinte à la large encolure, puis qui sortit du pré pour en refermer la porte. Côte à côte, la jeune femme et l’homme qui semblait avoir vieilli d’un coup observèrent le percheron tandis qu’il découvrait sa nouvelle maison. Il fit quelques pas puis, tranquille, se mit à arracher de sa mâchoire puissante l’herbe encore verte. Frank souffla :

- Il sait qu’il sera bien ici, mon Poséidon. Je lui fais confiance. Il aura de l’espace, un accès à la rivière, et vous. Vous en prendrez soin, n’est-ce pas ? Vous en prendrez soin pendant que je serai enfermé à Marseille dans ce stupide hôpital ?
- J’en prendrai soin, répondit Roxanne gravement, touchée par l’attachement de l’homme à son cheval. Il ne manquera de rien, et vous pourrez passer le voir n’importe quand, dès que vous serez remis. J’ai votre numéro et vous avez le mien : je vous enverrai régulièrement des photos et des nouvelles, et vous pouvez m’en demander. Reposez votre corps et votre esprit, ce n’est pas un traitement facile que vous allez subir, il faut que vous y consacriez toute votre énergie. Je m’occupe de votre Poséidon pendant ce temps.

En prononçant ces mots, la jeune femme se sentait beaucoup plus proche de Frank qu’elle ne l’était en réalité. Comme si, parce qu’il lui avait parlé de sa maladie trois jours plus tôt et parce qu’elle avait connu la maladie de trop près, bien que celle qui avait emporté Papi fût différente, ils étaient soudain liés, leurs âges échangés, la plus jeune prenant soin du plus vieux. C’était aussi Poséidon qui les rapprochait, l’étalon auquel tous deux voulaient offrir la plus belle vie qui soit. Frank eut un sourire où se mêlaient surprise, gratitude et chagrin.

- Vous savez, Mademoiselle Lebrun, je suis heureux d’être tombé sur vous.

Elle sourit, elle aussi, et laissa le silence répondre.
Kyare
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Mar 12 Juil - 14:46
Oh c'est un si beau résumé... plein d'émotions cuteness

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ANAPHORE

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Ven 15 Juil - 15:15
le 15.07.2022
Roxanne & Poséidon

Musique fluette de la rivière amincie. La chaleur est écrasante et fait se rétracter chaque goutte d’eau. Papi peste contre les étés caniculaires qui assèchent sa pommeraie et son potager. Elle lui touche le bras, murmure quelques mots qui le font rire. Il ébouriffe ses cheveux d’une main rude. Ce n’est pas une canicule qui fragilisera sa famille.


Roxanne songeait à Papi en traversant le verger dans la lueur pâle du matin. Il se serait arrêté auprès de ce pommier pour en tâter le fruit et aurait soufflé dans un sourire : « celle-ci sera bientôt mûre ! ». Elle aurait écarquillé de grands yeux pleins d’attente. La cueillette des pommes en famille était toujours un grand événement. Elle eut un petit sourire un peu triste en frôlant du bout des doigts la peau lisse de la pomme. Ces souvenirs remontaient à quelques années en arrière déjà. La fin du lycée, probablement. Parce qu’après, elle avait cessé de venir autant. Elle avait pris son indépendance, son « envol », disait Papi, et il l’appelait « ma petite alouette ». Elle était partie étudier en ville, dans une petite chambre étudiante, les lettres et la philosophie. Elle avait découvert un monde de connaissances dans lequel elle s’était plongée corps et âme. Et elle en avait oublié la Vie, la Vraie Vie, celle de Rimbaud, celle qu’elle s’évertuait à chercher dans les poèmes sans songer qu’elle était peut-être simplement sur terre. Dans le regard fier d’un parent, dans le rire d’un enfant, dans le sourire d’un passant, dans un galop à travers champs. Elle s’était isolée, imperceptiblement, prenant à peine des nouvelles de ses parents et de sa sœur en dehors des vacances. Elle n’avait pas vraiment eu d’amis à cette période. Des connaissances, oui, des gens avec qui échanger entre deux cours. Mais aucune relation dans laquelle elle aurait dû s’impliquer.

Désormais, elle souhaitait se rattraper. Saisir tout ce que la vie avait à lui offrir. Rédiger sa thèse, certes, et même la mener au mieux, mais surtout entretenir son amitié avec Fanny, se rapprocher de Lucie, sa petite sœur qu’elle avait trop délaissée ces dernières années, construire son histoire avec Poséidon. Entre autres. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle elle marchait entre les pommiers à une heure si matinale, un licol sur l’épaule. L’étalon percheron était arrivé la veille au matin, il avait eu toute une journée et une nuit pour s’adapter à son nouveau logis. L’étape suivante était de s’habituer à sa nouvelle propriétaire. Celle-ci sourit en le voyant paître paisiblement au bord de la rivière, sa robe grise poussiéreuse et ses crins clairs emmêlés de brindilles. Il s’était roulé, à n’en pas douter. En ouvrant la porte, Roxanne s’exclama :

- Bonjour Poséidon ! On dirait que tu as passé une bonne nuit, et que tu as bien profité de l’herbe. Tu penses à moi qui vais devoir te brosser ?

Il redressa la tête au son de sa voix et la regarda sereinement s’avancer vers lui. Lorsqu’elle fut proche, il vint fourrager de ses naseaux dans son T-shirt, ce qui fit rire aux éclats la jeune femme. Elle lui offrit une grattouille sur le chanfrein, flatta sa large encolure et passa au-dessus la longe bleue et brune. Le percheron la laissa lui passer le licol sans tenter de relever la tête pour lui échapper. Et quand elle se mit en marche et lui intima de la suivre, il le fit de bonne grâce, de son pas lent et pourtant presque léger. Roxanne songea à quel point il pourrait se montrer léger, élégant et agréable à travailler, si seulement il s’efforçait plus souvent d’engager ses postérieurs et de tendre son dos. Ce serait l’affaire d’un travail de fond long et intense, mais elle se promit qu’elle y parviendrait.

Elle attacha l’étalon à une ficelle à foin qu’elle avait passée autour d’une branche basse d’un frêne et ouvrit le sac de brosses qu’elle avait apporté pour en sortir une étrille de métal, un bouchon, une brosse douce et un cure-pieds. Puis, prenant une grande inspiration, elle s’attela à étriller vigoureusement la robe poussiéreuse de Poséidon. Puisqu’elle comptait travailler à pied, elle aurait tout aussi bien pu le laisser sale, mais elle comptait sur le pansage pour observer son nouveau cheval, vérifier qu’il était toujours en bonne santé, commencer à étudier son comportement, et lui montrer qu’elle n’était pas seulement là pour le travailler, mais aussi pour lui offrir des moments de confort. Ainsi, elle prit tout son temps pour le panser méthodiquement, frottant chaque partie de son corps jusqu’à ce que le poil y redevienne d’un joli gris d’argent pommelé. Pour finir, elle souleva un à un les larges sabots nus pour en ôter la terre et les cailloux.

Satisfaite de la propreté de son percheron, la jeune femme enfonça une casquette bleu sombre sur ses cheveux auburn, récupéra le licol de corde et le stick qu’elle avait laissés dans un coin et troqua le licol plat de Poséidon pour celui à nœuds, qu’elle prit soin d’ajuster très précisément pour être sûre de ne pas le blesser avec. Puis, pliant méthodiquement la grande longe pour ne pas marcher dessus, elle se mit en marche vers le rond de clôture qu’elle avait installé sur un terrain plat qui jouxtait le parc de l’étalon. Ce rond de longe artisanal serait largement suffisant pour la petite séance de reprise des bases au sol qu’elle avait en tête.
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Lun 18 Juil - 16:52
Roxanne semble s'ouvrir de plus en plus au monde extérieur amour

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Jeu 11 Aoû - 0:26
le 11.08.2022
Roxanne, Lucie & Candy

Une mince couche de poussière recouvre les malles et les cartons. Poussière de fée sur des coffres au trésor. Les enfants marchent lentement, sur la pointe des pieds, comme pour ne pas interrompre le temps du monde merveilleux. Ils ont deux mois pour ouvrir chaque boîte, s’extasier devant chaque objet, essayer chaque déguisement. Deux mois d’été pour être tour à tour princesse et chevalier, corsaire et docteur. Deux mois pour essayer les vies qu’ils se rêvent.


Lucie était descendue du train dans sa robe à fleurs verte, un sourire éclatant sur les lèvres et un sac de voyage à la main. Elle avait serré sa sœur dans ses bras, son parfum frais à peine altéré par le long voyage. Lucie. Roxanne l’avait parfois jalousée. Petite sœur suscitant l’émerveillement, jolie, polie, gentille, sérieuse mais aussi décontractée et drôle, tout le monde l’aimait. Elle avait réussi cet exploit d’être à la fois première de la classe et invitée aux soirées « cools ». Elle mettait tout le monde dans sa poche avec son grand sourire et ses yeux joyeux. Alors Roxanne avait été forcée, par l’humilité sincère et la tendresse naturelle de sa petite sœur, de l’adorer comme les autres. Maintenant qu’elles avaient respectivement vingt-quatre et dix-neuf ans, toute jalousie était effacée, et ne restait qu’une profonde affection sororale.

Les deux sœurs avaient quitté la gare dans la petite Citroën de Roxanne en échangeant des nouvelles de la famille, de chacune d’elles, des amis et des lieux. Bientôt, Lucie en arriva au sujet qui lui tenait véritablement à cœur. « Alors, ton cheval ?
- Qu’est-ce que tu veux savoir sur mon cheval ?
- Tout ! Comment il va, ce que tu fais avec lui, comment vous vous entendez… Tu ne m’en as pas dit grand-chose au téléphone !
- Parce que tu verras par toi-même d’ici un quart d’heure, impatiente que tu es ! Mais si tu veux quelques phrases pour patienter, sache que Poséidon est un amour, qu’il adore avoir de la compagnie, être caressé, brossé, et même travaillé. Il ne connaît d’ailleurs pas grand-chose au travail, alors je reprends les bases avec l’aide de Fanny. Par contre, il est très à l’aise en extérieur, il ne bouge pas une oreille, un vrai vétéran ! Et il se plaît bien dans son pré au bord de la rivière. Tout ce qui pourrait lui manquer, en fait, c’est un copain… mais ça va s’améliorer dès ce soir !
- Dès ce soir ? Cachottière, tu ne m’avais rien dit ! Tu accueilles un nouveau cheval ?
- Une ponette, pour être précise. Candy, la petite shetland de Fanny, qui se sent seule depuis que son copain de pré est parti en retraite et qu’il n’y a plus d’enfants pour la monter. Et elle est adorable, une bouille à croquer, je l’aime déjà !
- Donc tu vas avoir une shetland ici, en plus de ton percheron ? Et on va la chercher ce soir ?
- On ne peut pas la laisser se morfondre plus longtemps, si ?
- Roxanne, je t’aime !
- Je sais, je sais… »

Lucie semblait aux anges. Deux chevaux chez sa sœur, avec lesquels elle allait pouvoir s’amuser pendant les semaines à venir : c’était une bien belle façon de clôturer ses vacances de mi-prépa !

~~~
A peine arrivées à la bâtisse de pierre et les bagages de Lucie posés dans sa chambre à la hâte, les deux sœurs repartirent à pied vers chez Fanny. Elles firent un petit crochet par le pré de Poséidon, où la plus jeune s’extasia devant la rondeur et la douceur apparente du percheron, puis prirent le chemin de terre qui serpentait à travers champs. Quinze minutes leur suffirent pour entrer dans la cour du centre équestre. Fanny était occupée à en nettoyer le sol après une journée de cours et de balades. Elle cessa aussitôt son ouvrage pour venir étreindre Lucie. Les trois femmes prirent le temps de se retrouver autour d’un verre de sirop de menthe, échangeant quelques nouvelles, jusqu’à ce que s’impose le sujet de Candy. C’est Roxanne qui, impatiente, l’amena : « Est-ce que Candy va bien ? Elle est prête pour son déménagement ?
- Elle se porte comme un charme, mais elle commence à me mener la vie dure… Je ne peux pas lui en vouloir : elle s’ennuie, la pauvre.
- On va remédier à ça, ne t’inquiète pas, s’exclama Lucie. On va l’occuper, ta ponette, et elle va retrouver tout son calme et sa joie de vivre !
- Je n’en doute pas une seconde, avec les deux grandes amoureuses de poneys que vous êtes ! Elle en a de la chance, ma petite Candy ! »

Sur ces mots, elles se levèrent toutes trois et se dirigèrent vers le paddock de la petite alezane. Elle y croquait une à une les feuilles d’un buisson vert, ses épais crins blonds emmêlés de boules de bardane. Dès qu’elle vit les trois amies, elle laissa de côté son occupation et rejoignit la porte en de nombreux petits pas. Roxanne se sentit fondre devant la mignonne petite ponette. Elle entra dans le pré et lui présenta ses mains, que Candy inspecta de ses naseaux, avant de caresser son chanfrein et son encolure. L’alezane n’était pas farouche, au contraire. Elle fourrageait déjà dans les poches du short de la jeune femme et se laissait grattouiller avec un air de pur délice. Roxanne ne put retenir un éclat de rire lorsque la ponette, après avoir fouillé chaque repli de vêtements, lui jeta un regard contrarié, l’air de dire : « Tu ne m’as rien apporté, pas de cadeau pour moi ? » Elle lui gratta une dernière fois le chanfrein et se tourna vers sa sœur, qui entrait à son tour dans le parc pour saluer la petite flaxen. « Alors, elle ne te déplaît pas trop ? Tu acceptes de vivre trois semaines dans la même propriété qu’elle ?
- Avec plaisir, s’exclama la plus jeune, elle est adorable ! Je ne vais pas la lâcher d’une semelle !
- Pauvre Candy, souffla Fanny d’un air faussement dépité, qu’est-ce que vous allez m’en faire… »

Mais la shetland ne semblait pas le moins du monde attristée de l’attention qu’elle recevait. Elle présentait tour à tour son chanfrein, son garrot et son encolure, comme un chat qui expose tour à tour les parties de son corps à des caresses. Après cette longue prise de connaissance, Fanny tendit à Roxanne le petit licol noir de Candy. Cette dernière se laissa attraper sans faire de difficultés, visiblement satisfaite d’être au centre de l’attention et de pouvoir sortir un peu de son parc. Elle suivit d’un pas vif sa nouvelle propriétaire jusque dans la cour, où une petite selle, un tapis et un filet attendaient les deux sœurs. C’était les équipements de l’alezane, dont Fanny n’aurait plus l’utilité, et qu’elle leur laissait donc de bon cœur, « pour vos futurs enfants, neveux et nièces ». Roxanne faillit refuser, certaine de son côté qu’elle se voyait bien mal fonder une famille, mais elle se ravisa. Marie, sa cousine, essayait actuellement de tomber enceinte, et rien ne disait que les autres cousins et cousines, ou même Lucie d’ici quelques années, ne voudraient pas eux aussi avoir des enfants. Elle remercia donc son amie et prit sur son épaule le filet, tandis que sa sœur portait sur son bras la selle légère et le tapis.

Le trio, deux filles et une ponette, quitta le centre équestre sur un dernier au revoir à la monitrice. Elles marchaient d’un bon pas, ce qui semblait convenir à Candy ; la petite flaxen trottinait joyeusement entre deux séquences d’un pas vif, heureuse d’être sur les chemins. Elle s’arrêtait de temps à autre pour brouter quelques herbes, et Roxanne avait bien du mal à la remettre en avant. « On sent qu’elle a fait beaucoup de balades en main avec un gamin sur le dos et des parents dépassés », lança Lucie. Elle avait raison, Roxanne se doutait qu’il lui faudrait reprendre quelques éléments de l’éducation de la demoiselle avant de pouvoir s’amuser en liberté avec elle. Mais à voir l’adorable boule de poils tricoter sur ses jambes si courtes, elle avait très envie de se lancer dans l’aventure. A vingt-quatre ans, elle devenait propriétaire d’une ponette shetland, un rêve de gamine. Fanny avait raison, elle était une amoureuse des poneys ; bien que son grand percheron soit sans conteste son coup de foudre équin, il était l’exception qui confirmait la règle.

Les deux sœurs et Candy entrèrent dans le domaine de Papi d’un pas allègre. Le soleil couchant teintait de rose et de bronze les pommiers et leurs fruits mûrs. Dans son pré, Poséidon avait levé la tête à l’approche de la créature inconnue. La ponette l’avait senti aussi, et elle hennit une salutation. L’étalon répondit d’un son grave et long, causant l’immobilité attentive de l’alezane dont les oreilles étaient désormais droitement dressées. Roxanne lui laissa le temps de sentir, d’observer, de se décider, et ne reprit son pas que lorsque Candy eut repris le sien. Elles pénétrèrent dans le parc réservé à la flaxen, séparé de celui du gris par une simple clôture électrique. Ils pourraient ainsi se toucher sans qu’il y ait de risque que le percheron oublie leur différence de taille et la saillisse. La jeune femme espérait que ce serait suffisant. Elle ne s’inquiétait pas outre mesure, elle avait vu en allant le travailler chez Fanny que son étalon n’était pas du tout intenable en présence de juments. Il devait, par chance, faire partie de ses entiers dont le taux de testostérone est plus bas que la moyenne. Ce qui ne l’empêcha pas, à l’arrivée de sa nouvelle voisine, de prendre son trot le plus léger pour longer la barrière. Roxanne détacha le licol de Candy sur une dernière caresse et se recula pour surveiller la rencontre, prête à intervenir en cas de nécessité.

Les deux équidés s’avancèrent l’un vers l’autre et, entre les deux fils électriques, Poséidon en baissant la tête et l’alezane en la levant, ils s’effleurèrent le nez par à-coups, cherchant à cerner l’autre. Il y eut un cri de la plus petite, qui soudain s’écarta, mais elle revint aussitôt à son inspection. Après cela, plus d’incident, pas la moindre feinte de morsure ou de coup. Par chance, les deux voisins semblèrent tomber d’accord sur leur relation et se séparèrent paisiblement, s’accordant à brouter chacun de son côté de la clôture, côte à côte. Lucie eut un soupir de soulagement. « Heureusement que ça s’est bien passé, on aurait eu l’air bête sinon avec deux chevaux qui ne peuvent pas se voir, obligées de les mettre chacun à un bout du domaine ! » Roxanne rit et acquiesça. Oui, elles avaient de la chance. Et pas seulement parce que les deux chevaux s’entendaient bien.
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Ven 12 Aoû - 16:37
Quelle belle première rencontre entre Candy et tous ses nouveaux amis! J'ai l'impression qu'elle ne sera pas laissée à elle seule avec Lucie et Roxanne ... What a Face

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