Box de Carlton

→ événement n°31 mot bonus : vétérinaire

Appuyé sur la barrière en bois du paddock au Domaine du Valhalla, j’attends que Tedrick daigne me rejoindre. Nous avons récemment discuté par téléphone et avons conclu qu’une visite s’imposait. Mon ami cherchait à se défaire de quelques chevaux, et selon ses dires, un - ou plusieurs - du lot pourrait m’intéresser. C’est comme ça que je me retrouve aujourd’hui à New York avec le camion et la remorque, ne sait-on jamais. Une tape affectueuse sur l’épaule me sort de mes pensées et je me retourne d’un bloc vers un couple souriant. Je serre la main des deux hommes avec bonheur et nous discutons quelques minutes, rattrapant le temps perdu. L’homme aux cheveux roses a teint sa tignasse d’une couleur neutre lui donnant un air un peu plus sérieux, alors qu’Adrian a toujours le même sourire chaleureux. Ce dernier fait un bisou sur la joue de son copain qui roule des yeux, me faisant éclater de rire. Ted me fusille du regard et ouvre sa main, m’invitant à lui emboîter le pas vers les paddocks. J’hausse un sourcil, mais ne pose pas de question quant à notre destination, me contentant d’obéir aux ordres. Au bout d’une petite minute de marche, mon compagnon s’arrête devant un paddock occupé par un équidé bai foncé.

Près d’un mètre soixante-dix, une musculature développée et un œil vif. La voix de l’homme à mes côtés me sort de ma contemplation et je me retourne vers lui alors qu’il me détaille ce que j’ai déjà remarqué. Le cheval est un sportif, prêt à se faire valoir sur les terrains de concours. Dès l’année prochaine il quittera le circuit jeunes chevaux et pourra enfin prouver aux yeux de tous ses capacités innées. Le vent fait craquer une branche dans l’arbre sous lequel se tient l’animal, ce qui le fait partir dans une courte galopade. Je profite de l’occasion pour regarder sa foulée ample et la puissance qu’il déploie avec si peu d’effort. Impressionné, je siffle doucement pour montrer mon appréciation. Alors que je me retourne vers Tedrick, celui-ci me regarde avec un sourire suffisant. Je plisse les yeux et hausse les épaules, pour terminer en levant les yeux au ciel. Évidemment, il savait que ce cheval me plairait, et ce n’est pas pour rien que je suis venu jusqu’ici, comme d’habitude. Le grand garçon me tend un licol et une longe en cuir avec une plaque dorée gravée du nom de Carlton. J’attrape le tout et j’entre dans le paddock en me glissant entre deux planches de bois.

Alors que je déplie mon corps vers le haut, l’étalon cesse de vagabonder dans son paddock et m’observe attentivement. J’avance progressivement vers lui, jusqu’à ce que je sois à portée de nez. Je tends une main, paume ouverte, vers son museau foncé, qu’il plante sur ma peau. Je franchis les derniers pas qui me séparent de lui et, de ma main libre, je lui caresse l’encolure, le chanfrein et les oreilles. Sans pour autant me démontrer autant d’attention en retour, il semble par contre apprécier l’attention qui lui est offerte sur un plateau d’argent. Après quelques minutes pour faire connaissance, je lui passe habilement le licol sur la tête et règle le mousqueton reliant la sous-gorge à la têtière. Je me place à sa gauche et je marche jusqu’à la porte, que le propriétaire tient ouverte pour nous. Lorsque nous nous mettons en route sur l’allée principale, quelques hennissements excitent un peu le cheval qui plaquent les oreilles vers l’arrière et trotte à mes côtés. D’un petit coup sec sur la longe, je le ramène à l’ordre. Bien qu’il reprenne le pas à une distance respectueuse, ses oreilles demeurent collées sur sa nuque jusqu’à ce que nous atteignons l’aire de préparation dans le luxueux bâtiment principal.

Une courte discussion avec Tedrick m’apprend que ce n’est pas un cheval patient, et pourtant, il devra prendre son mal en patience aujourd’hui puisque le vétérinaire doit passer dans la prochaine heure pour faire les tests de santé pré-achat. Malgré la confiance que j’ai en mon ami, c’est un aspect que je ne néglige jamais lors de l’acquisition d’un nouveau partenaire de compétition. Au moment où je termine d’attacher l’étalon bai sécuritairement, le brun me tend une boîte de pansage et vérifie mon nœud avec un sourire. Encore une fois, je plisse des yeux, mais il se retourne sans explication, ce qui me fait hausser les épaules. J’entame un pansage expéditif de l’équidé - qui a probablement déjà été brossé dans la matinée vu comment il brille - en n’utilisant qu’une brosse douce, un peigne et un cure-pied. Lorsque ma tâche est terminée, je fonce à la sellerie porter le matériel, et à ma grande surprise, lorsque je reviens auprès du cheval, ce dernier n’est plus dans l’aire de préparation. Je jette un coup d'œil circulaire et je le trouve en train de grignoter le foin près d’un box vide. Voilà la raison pour laquelle mon ami s’empêchait de rire quelques minutes plus tôt… J’attrape le fugitif et retourne à notre place initiale, où m’attend un Tedrick hilare avec sa vétérinaire.

La visite se termine en trente minutes chrono et la professionnelle quitte vers un autre équidé qui attend patiemment son rendez-vous. Satisfait du résultat - l’étalon ayant une bonne santé des oreilles à la queue - je le mets dans un box avec une portion de foin, le temps d’aller dans le bureau avec mon ami pour signer les papiers de transfert. Nous discutons une petite heure de tout et de rien, de Carlton et des chevaux partis du Valhalla pour venir chez moi, avant que je ne me résigne à laisser mon compagnon afin de prendre la route de la maison. Nous prenons le temps d’installer le KWPN à son aise dans ma spacieuse remorque et lorsque tout est prêt, les portes fermées, je prends place derrière le volant de mon pick-up. Après une dernière poignée de main amicale, je quitte New York pour le Texas.

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