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Ven 13 Mai - 11:53

introduction; Odile est à la recherche d'une dp, en visitant une écurie de propriétaire proche de chez elle, elle rencontre Blue.
Odile & Blue
N°1

Odile inspire un grand coup. L’air est chargé d’odeur, le foin, la poussière, le crottin, elle pourrait toutes les identifier. Elle regarde sa montre avec une certaine angoisse, le type censé lui faire visiter les infrastructures à déjà plus de dix minutes de retard. L’endroit est plutôt vétuste, les écuries de propriétaires pullulent en Bretagne et celle-ci n’est certainement pas la plus prestigieuse. L’écurie n’est composée que d’une seule allée en terre, la petite dizaine de chevaux présents est silencieuse. Leurs box se font face et la lumière qui émane des ouvertures permet d’apercevoir la poussière danser. De vieilles plaques de concours complets trônent sur l’un des murs de ce qui semble être la sellerie.

Le crachotement faiblard d’un vieux tracteur résonne entre les chênes qui bordent l’allée de l’écurie. Un grand monsieur dégingandé saute de l’engin à peine arrêté. L’homme s’approche d’Odile en boitillant, visiblement très usé par la vie, il en est presque effrayant. «C’est vous pour la visite ? » Il ne l’avait même pas salué. « Oui, c’est moi. Odile Denigot, enchantée. Je cherche une demi-pension et on m’a dit que vous aviez quelques bons chevaux ici. » L’homme la toisa. Pendant un instant, elle songea à repartir, ce type était beaucoup trop intimidant, il ne lui inspirait aucune confiance.

« Ah ouais, et tu fais quoi ? T’as quel niveau ? C’est pas toi qui débourrais les chevaux de l’autre gros niais de Felmont ? » Si, c’était elle, mais elle n’avait pas envie d’en parler. Ce tutoiement brusque l’avait encore davantage refroidie. Pendant plus de cinq ans, elle avait débourré les poneys et les chevaux destinés au centre équestre de Nicolas Felmont, et après toutes ces années de service gratuit il l’avait remplacé sans même lui dire merci. Elle était arrivée un matin, et elle avait vu cette jeune femme (qu’elle supposait être la copine de Nicolas) s’accrocher à la bouche d’un cheval avec qui Odile avait à peine entamé le débourrage. « J’ai un petit galop 7 et beaucoup d’expérience avec les jeunes. J’ai fait quelques cycles libres, mais rien de très concret. »

Sans lui répondre, l’homme se dirigea vers un premier cheval. Un alezan avec une grande liste, calme, il dormait la tête à demi appuyée sur la porte de son box. « Bon, lui il est assez sympa, sa propriétaire cherche une dp pour le rendre plus pratique et le revendre à un club, c’est un six ans, pas de concours possible avec lui, pas de fers et surtout pas de mors ». Odile fut séduite d’emblée par ce grand bonhomme aux airs de gentil. « Mais toi, tu vas prendre celui-là, il a trois ans, il tient pas franchement en place, mais il devrait pas être mauvais. Concrètement y a tout à refaire dessus. Il est à moi, tu viens autant de fois que tu le souhaites dans la semaine et tu fais ce que tu veux avec. J’ai plus envie de me faire chier avec des chevaux compliqués, j’ai soixante ans, je veux me faire plaisir sans risquer de me casser une jambe. Je vais chercher le contrat de pension, je reviens. » Odile resta coite. Il ne lui avait même pas demandé son avis. Le cheval qu’il venait de lui imposer était un grand bai déjà bien avancé dans sa morphologie malgré son jeune âge. Sa musculature était plutôt équilibrée et il était vrai que son physique était taillé pour le sport.

L’homme revint avec ce qui devait être le contrat. Les feuilles étaient tachées par le gras et une écriture illisible avait noté en haut de la page « dp Blue des Vauses ». Odile signa sans grande conviction, le tarif était très cher pour une demi-pension. Dans le pire des cas, elle prétexterait une grossesse ou une jambe cassée pour rompre le contrat et elle chercherait un autre cheval. « Tu fais quoi comme métier ? Parce que si la pension est pas payée le cinq du mois, je te fou dehors. » Charmant. « Je suis illustratrice freelance, ce sera payé, pas de soucis. » Elle mangerait probablement un peu plus de pâte et moins de viande. « Blue a besoin d’un gros pansage, avec lui ça se passe dans le box, j’ai pas envie qu’il démolisse l’air de pansage. Essaye de pas te faire écraser, j’suis pas assuré. » Parfait. Sans attendre une quelconque réponse, il plia les feuilles en quatre et les fourra dans sa poche avant de remonter dans son tracteur.

« Ok Blue. Bon, on va essayer hein ? » Odile avance sa main pour empoigner une brosse abandonnée devant le box de l’étalon. Elle se ravise lorsqu’elle découvre une substance collante à la surface de l’étrille. La jeune femme s’éclipse quelques instants avant de revenir avec une boite de pansage toute neuve remplie de brosse jamais utilisée. Elle avait fait cet achat pour célébrer sa première vraie demi-pension, elle n’avait pas imaginé que la rencontre se passerait de la sorte. Sans plus attendre, elle fait coulisser la porte du box, Blue cherche à en sortir presque immédiatement, il bouscule légèrement Odile, mais l’espace est trop étroit, il ne pourra pas sortir. Il est jeune, ça arrive, pas d’inquiétude, tu sais gérer ça. Elle tente de faire reculer l’étalon en le poussant d’un doigt sur le poitrail, il résiste. Elle insiste plus franchement avec une main et finit par le pousser de tout son poids pour initier ne serait-ce qu’un pas de reculer. Blue finit par céder à sa demande, mais ne semble pas vraiment avoir compris pourquoi cette humaine voulait le faire bouger de la sorte. Une fois que l’entier lui a laissé la place nécessaire pour qu’elle puisse rentrer dans le box, Odile s’y glisse et commence à décoller la terre du corps de l’animal. Blue gigote, la bouscule. C’est un bébé, il semble ne pas associer l’homme à un ennemi, mais plus à un congénère avec lequel il peut jouer.

Lorsqu’elle entame le brossage de l’encolure, Odile découvre ce qui semble être l’un des points faibles de Blue : la base de la crinière. Il commence d’abord par tendre la lèvre, montrant ainsi un certain plaisir, mais rapidement ce geste anodin dérape et ses dents viennent agripper la nuque de la jeune femme. Dans un geste qui relève du réflexe, Odile lève la main pour qu’il la lâche. Elle ne le touche pas, mais le simple fait de faire un geste brusque effraye le jeune cheval qui se retourne dans son box et montre son désaccord en présentant ses fesses à l’humaine. Ce n’était qu’une expression de plaisir, il a tenté d’initier une séance de grooming, mais les humains ont la peau bien plus fine que les chevaux et c’est une expérience plutôt douloureuse. Puisque l’entier ne semble pas opérer une quelconque différence entre les bipèdes et ces congénères, Odile choisit de réagir comme lui en lui tournant le dos. Geste plutôt risqué, mais elle lui montre à son tour qu’elle l’ignore. Rapidement, intrigué par cette humaine qui se désintéresse de lui, Blue vient chatouiller l’épaule de la jeune femme avec ses lèvres. Elle cesse alors de lui tourner le dos avant qu’il ne s’agace de la situation. Elle continue de dépoussiérer l’animal avec le plus grand soin. Un pansage était en effet plus que nécessaire, sa queue s’emmêle et forme des nœuds qui semblent impossibles à démêler. Lorsqu’elle entreprend d’appliquer du démêlant sur ses crins abîmés, Blue prend peur et se heurte à la porte dans un mouvement de panique. Le bruit du flacon l’a paniqué. Mais ce cheval a-t-il déjà été pansé dans sa vie pour avoir de telles réactions ? Pour le calmer, la jeune femme lui fait sentir le produit, ni une ni deux, l’étalon attrape le vaporisateur et secoue la tête avant d’envoyer valser le produit contre un mur. Évidemment, il l’a cassé.

Le pansage touche à sa fin et Odile décide — non sans une certaine appréhension — de curer les sabots de Blue. Le cheval est ferré des quatre pieds, la jeune femme suppose donc à raison qu’il sait les donner. Rapidement déséquilibré, l’étalon ne parvient pas à rester longtemps en équilibre sur trois membres lorsque la jeune femme lui cure les antérieurs. Beaucoup de jeunes avec une proprioception douteuse ont ce genre de problème. Mais lorsqu’elle passe aux postérieurs, Blue refuse de les donner et tente même de la taper lorsqu’Odile insiste. Il n’y a ni méchanceté ni violence dans son geste, il montre simplement qu’il est gêné et qu’il ne comprend pas ce qu’elle lui veut. Odile insiste encore, tentant d’attraper son pied au vol. Lorsqu’elle y parvient enfin, Blue se laisse manipuler sans problèmes, mais elle est obligée d’utiliser la même technique pour l’autre postérieur. Ça passera, ça passe toujours ce genre de chose, c’est l’âge. Afin de le récompenser pour la patience dont il a fait preuve, Odile offre un bonbon au jeune cheval. Malgré sa main bien tendue, il essaye tout de même de lui attraper les doigts. Blue n’est pas méchant, mais il ne voit pas l’humain comme un leader, pour lui, les bipèdes sont des congénères qui ont la même résistance que des équidés. Odile mise sur un apprentissage en douceur, pas de sanction, de l’apprentissage avec les codes équins seulement. Se placer en leader et jamais en dominant, collaborer sans jamais imposer. Ce n’est pas de cette façon qu’Odile imaginait leur première rencontre, mais elle n’est finalement pas déçue.
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Dim 15 Mai - 15:26
Bon, outre l'attitude du propriétaire des lieux, rien qu'au sol, il vas falloir beaucoup de boulot avec Blue, mais je suis sur que le jeu en vaut la chandelle!

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