♪ Une rencontre inattendu
Vendredi 19 juin
- Driiiiiiinnnnnnnggggggggggggg !!!
Je m'éveillais en sursaut, les cheveux ébouriffés, les yeux soulignés de cernes bleus, et d'une main, éteignait le réveil... ou du moins, tentais de l'éteindre, car ce fichu bouton refusait de marcher. J'avais beau appuyer dessus de toutes mes forces, il continuait à émettre ce bip interminable. Rageuse, j'attrapais la machine et la lançais à l'autre bout de la pièce. Elle vint se fracasser contre le mur dans un grand bruit, sans pour autant s'arrêter de sonner.
- C'est pas vraiiiiii...Je m'extirpais de sous les couverture et attrapais le réveil -ou du moins, ce qu'il en restait- dans le but de le lancer par la fenêtre. J'ouvris donc rapidement les rideau avant de lancer la machine au loin dehors. Là, au moins, elle me laisserait tranquille.
Je refermais brusquement la fenêtre et m'apprêtais à retourner dans mon lit quand j'apperçu mon reflet dans le miroir. C'était peut-être la lumière du soleil entrant à flot par la fenêtre qui me faisait prendre compte des choses, ou alors le fait que ce réveil m'ai réveillé depuis la première fois depuis des mois, mais j'eu soudain conscience de quelque chose.
Je ne connaissais pas cette fille qui me regardais dans le miroir. Elle me regardait d'un air étonnée, comme si elle aussi se rendait compte pour la première fois que je n'étais pas elle. Je la regardait plus attentivement, essayant de distinguer un détail qui aurait pu me rappeler mon ancien moi.
La fille du miroir devait avoir aux alentours de 15 ans. Elle possédait de longs cheveux bruns interminables, monstrueusement emmêlés et secs. Elle était très pâle et légèrement enveloppé, et de grosses poches cernaient ses yeux fatigués, dans lesquels ne brillait aucun éclat.
Elle portait un haut large, qui cachait ses formes. Aucune lumière ne venait l'entourer, et même les rayons du soleil semblait l'esquiver, pour ne pas avoir à subir son malheur, car en effet, cette fille semblait triste et morne, sans aucun goût pour la vie.
Je regardais donc cette fille dans ce miroir, un matin comme les autres. Et cet image, pour la première fois de ma vie, me choqua. Où étais passé cette fille aux cheveux blonds soyeux, aux yeux verts pétillants, cette fille musclée et fine que j'étais auparavant ? Ou étais passé la fille qui avait gagné de l'assurance ? Qui étais heureuse grâce à...
Grâce à... C'est de la que tout était parti.
J'avais étais heureuse auparavant, oui. Heureuse plus que n'importe qui, car j'avais trouvé quelque chose qui me rendait heureuse. L'équitation, ou plus précisément le travail à pied. Et j'avais rencontré cette petite ponette... Anoushka. Une magnifique petite shetland pie bai, qui m'avait été confié car elle étais inaprochable, immontable, et avait peur de beaucoup de choses. La directrice du club ne savait pas quoi en faire et refusait de la laisser le restant de sa vie au fond de son pré. Alors elle me l'avait confié, avec une autre ponette, à moi et une amie. Les débuts avaient été très difficiles, mais au final, nous avions beaucoup progressé. D'une ponette inaprochable et peureuse, nous sommes passés à une ponette qui connaissait nombre de tours de cirque, qui s'allongeait à mes côtés et avec qui je faisais de nombreuses séances en liberté. Et puis, un soir de décembre, quand je suis allé la voir, le jour de nos 2 ans, elle n'était plus là. Je m'en souviens parfaitement. J'avais couru jusqu'au bureau de la directrice et lui avait demandé où était Anoushka. Elle m'avait répondu d'une voix calme qu'elle était dans le pré, comme toujours. Mais bien sûr, elle n'y était pas.
De longues heures de recherche plus tard, nous avons finit par trouver la shetland. Elle s'était enfui par un trou dans la clôture, et avait trébuché dans un trou sur un chemin. Elle ne marchait plus, et il lui était impossible de poser sa jambe antérieur droite. Le diagnostic du vétérinaire était simple. Soit elle souffrirait toute sa vie, soit... Soit nous devrions l'aider à partir. La directrice à choisi le meilleur choix pour elle. Pendant la nuit de nos deux ans, Anoushka est parti.
Depuis ce jour là, j'ai abandonné l'équitation et je n'ai plus jamais été la même. C'était le trou noir. J'ai recommencé à manger de la viande alors que j'étais végétarienne depuis mes 10 ans. J'ai arrêter le sport et me suis mise en échec scolaire. J'ai commencé à passer mes journée sur mon téléphone à ressasser le passé et les idée noires. Je me suis teint les cheveux pour être quelqu'un d'autre. Je me suis créer une carapace.
Les larmes me montèrent aux yeux. J'avais changé, j'étais devenue différente, j'avais perdue une longue année de ma vie à ressasser du noir. Et je voulais continuer. Je ne voulais pas remonter cette pente, car elle était trop haute et trop escarpé. Il y avait trop d'obstacles dans la vie, et je ne voulais pas les affronter.
Avec tristesse, je m'apprêtais donc à regagner enfin mon lit pour me rendormir, quand la porte s'ouvrit à la volée.
- Debout Emma! Aujourd'hui est un grand jour!
Ah, c'est donc pour ça que mon réveil avait sonnée. Ma mère avait du le régler pour que je me réveille, en sachant pertinemment qu'il continuait de sonner. C'était hors de question que j'aille avec elle. Je savais ce qu'elle voulait. Me changer les idées. M'emmener faire les boutiques ou pire, dans un centre équestre.
- C'est hors de question, grommelais-je. Tu ne m'y emmèneras pas.
- Chérie, ce n'est pas ce que tu crois.
- Tu parles. Tu dis ça à chaque fois. C'est toujours pareil.Ma mère soupira, exaspérer. A coup sûr, elle allait encore inventer quelque chose, une punition si je ne venais pas, ou quelque chose comme ça. Tant pis. Je ne céderais pas.
- Bon, très bien, nous n'irons nulle part.
Surprise, j'ouvrais de grand yeux étonnés tandis qu'elle fermait la porte. J'enfilais rapidement un jean et un autre t-shirt large, avant de prendre un petit déjeuner et de retourner dans ma chambre pour me rendormir.
Quand je me réveillais, j'étais dans la voiture. Celle-ci roulait sur un route sinueuse bordés de cailloux, et finit par regagner un chemin à peu près stable.
Ma mère conduisait, tout en fredonnant une vieille chanson. C'était donc ça son plan ? Me faire croire que nous n'allions nulle part pour ensuite profiter de mon sommeil pour m’emmener dans la voiture et partir dans un autre centre équestre ? Et bien non, je n'y resterais pas.
La voiture fini par s'arrêter devant un énième chemin de terre. Là, ma mère s'arrêta et dit :
- Voilà, nous sommes arrivés. Elle fit mine d'ouvrir la portière, et sachant que je n'avais pas le choix, j'ouvrais la mienne moi aussi. Au moment où je sortais de la voiture, ma mère redémarra et fit demi-tour avant de s'éloigner. En passant devant moi, elle ouvrit la fenêtre et me dit :
- Je reviens de chercher ici à 18h.
Dix huit heures ? DIX-HUIT HEURES ? Mais c'était dans une éternité ! Il était seulement onze heures ! Furieuse, je faisais demi-tour et commencer à marcher en espérant retrouver le chemin vers chez moi. Impossible, j'étais complètement perdue.
Je prenais un énième chemin de terre, marchant et tapant dans les cailloux, quand j'entendis un hennissement. Non, plusieurs hennissements. Je levais la tête. Un panneau indiquait "HARAS DE PADO".
- Oh non... Pas encore un haras...J'avançais malgré tout. Le domaine était immense. Je prenais un chemin au hasard, et finissait par arrivé devant une grande écurie. Des filles papillonnaient à l'intérieur, discutant et préparant leurs chevaux en même temps.
Quand elles m’aperçurent, elles pouffèrent puis, enfin, partir avec leurs chevaux. C'est vrai que je devais être étrange. Cheveux pleins de nœuds, yeux cernés, jean et t-shirt large et chaussettes verts fushia sans chaussures, cela devait être original.
Pfff, si toutes les filles ici était des gosses de riches, je ne tiendrais pas deux heures.
J'étendis soudain des pas. Vite, un endroit où se cacher ! Paniquée, j'ouvrais un box qui m'avait l'air vide, pénétrait à l'intérieur et refermai le verrou.
Je m'assis dans la paille, visage tourné vers la porte, quand je sentis un souffle chaud dans mon coup. Je tournais rapidement la tête. Un poney -ou une ponette- toute petite m'observais. Elle devait être de race shetland, étant donné ses crins long et fournis et sa petite taille, et elle semblait adorable.
- Salut toi... Comment tu t'apelles ?Il -ou elle- souffla bruyamment, et je sorti du box. Pollypocket, lus-je sur la porte.
- Alors comme ça, tu t'appelles Poly' ? Je rentrais à nouveau dans le box et commencais à caresser la ponette et à lui dêmeler les crins avec les doigts. Elle ne bougeait pas, continuant tranquillement à manger, et je finis par m'adoseer à une paroi du box et fermer les yeux.
Je dus m'assoupir, car quand j'ouvris les yeux, il faisait plus sombre. Poly' me regardait, comme si j'étais un spécimen étrange, et tendis la tête vers moi. Je la caressai doucement, et les larmes me montèrent au yeux. Elle me faisait penser à Anoushka.
Nous restâmes ainsi pendant un long moment, puis mon téléphone vibra. Ma mère était là. Je sortis rapidement du box, et allait la rejoindre tout en essuyant mes yeux rouges. Poly'. Pollypocket. Et si ce nom changeais ma vie à jamais ?