Box de Mango

résumé #01

Athéna avait longtemps cru que son couple résisterait à tout, mais elle s’était véritablement trompée. Il avait suffi qu’une petite garce lui fasse les yeux doux que Jason ne se détourne pas d’elle. Mais ça ne lui avait pas fait de peine, elle s’amusait avec lui, comme elle s’était amusée avec ses précédents amants. Depuis leur séparation, elle passait le plus clair de son temps aux écuries. Encore plus depuis qu'elle s'était séparée de son ancien cheval pour un nouveau : Mango. Elle était passée d’un jouet à un autre quelque part, une nouvelle occupation ou lubie, au choix. Et puis, elle qui avait toujours eu un réel attrait pour les courses d'endurance, son achat était une occasion en or pour se lancer. Il y avait bien eu quelques ragots à son sujet, mais elle n’en avait cure. Athéna avait conscience de sa supériorité, tant financière que sociale. Elle était aimée, toujours entourée de groupies prête à se jeter sur chaque miette d’attention qu'elle pouvait leur accorder. Brosser le cheval d’Athéna était une faveur, mais obtenir un de ses vieux tapis était tout un honneur. Elle en jouait beaucoup. Un battement de cils et tout lui tombait tout cuit dans la bouche. Elle n'était donc pas surprise de voir le petit peuple l’envier, encore plus lorsqu'on regardait Mango de près.

Il était un cheval magnifique, fin mais athlétique, avec du sang, mais beaucoup de bonne volonté. Elle appréciait d'ailleurs énormément l’admirer et envahir ses réseaux sociaux avec des photos du bai le mettant toujours plus à son avantage. Mais savoir que les filles qu'elle détestait la jalousaient était plus jouissif encore. Elle ne manquait d'ailleurs pas d’attiser leur haine avec une gentillesse feinte. Elle attisait les braises de leurs colères et prenait ça pour un jeu dont elle était toujours sortie vainqueur jusqu'ici. Ce début d’après-midi-là, après avoir déposé son sac à main dans son casier, elle avait offert son sourire le plus radieux à celles qui la détestait le plus au monde, gagnant ensuite le box de l’étalon qui était désormais le sien. Bien que Mango ne supportât pas très bien l’enfermement, elle préférait le garder à l’abri, là où il ne risquait pas trop de se salir ou se blesser. Il tournoyait dans le box à son approche, laissant présager qu’il n’attendait que d’une chose : sortir de sa boîte. Égoïste ou sourde aux intérêts de son cheval, appelez ça comme vous le voulez, ce n’était pas ce qu’elle voyait de la situation. Devant ses yeux, s’activait un cheval fougueux, prêt à dévoiler tout son potentiel, et c’était bien plus inspirant pour elle.

Elle se glissa dans le box, et bien qu’agacé, il n’en restait pas moins poli et se décala pour lui faire la place nécessaire. Elle flatta son épaule, attrapant le licol en cuir plaqué tout neuf afin de le passer autour de sa tête. Si l’étalon avait paru au bord de la crise de nerf quelques instants plus tôt, il ne se laissait pas moins manipuler sans broncher, s’extrayant de son box avec un plaisir non feint. Il trottinait presque sur place, laissant presque croire qu’il se pavanait alors qu’elle l’emmenait en direction de l’aire de pansage où elle allait pouvoir le préparer à sa séance. Athéna était de ce genre-là. Elle ne rendait visite à son cheval que pour le monter, ou du moins le travailler. Elle ne perdait pas son temps à des sottises comme l’emmener brouter ou le lâcher dans son paddock en sable. Elle payait des gens pour ça, et il était bien normal qu’ils fassent la basse besogne. Elle attacha l’étalon à la ficelle de l’anneau, n’étant pas inconsciente quant aux risques qu’il pouvait y avoir s’il tirait au renard, puis regarda autour d’elle. Personne en vue, elle allait donc le préparer elle-même. Dans un soupir, elle alla donc chercher son sac de pansage rose pâle et en tira la brosse douce qu’elle commença à passer sur son corps élancé et musclé.

Ayant été tondu récemment, comme n’importe quel cheval travaillait quasiment tous les jours, il n’avait pas besoin du plus gros de l’attirail de pansage. Ainsi se contentais-t’elle de dépoussiérer et de lustrer le corps de l’étalon bai avant de poursuivre ses soins avec un démêlage minutieux de ses crins. Mango ne semblait pas particulièrement apprécier qu’on lui tire sur la crinière, pour autant, il ne venait pas à l’esprit de se débattre ou de s’opposer à la brosse. C’était, pour Athéna, une qualité chez ce cheval un peu trop gentil. Elle rangea l’objet de torture au fond du sac et termina par curer ses sabots un à un, s’assurant qu’il ne restait plus aucune saleté dessus avant d’entreprendre de le seller. Le tapis était rouge vif, rapidement garni avec une selle d’endurance en cuir noir ainsi qu’un filet à mors à olive de même couleur. Des protections rouges vinrent finalement se poser sur les membres noircis et voilà que l’animal était fin prêt. Elle s’assit alors sur le muret, ôtant ses chaussures au profit de bottes en cuir noires cirées. Elle n’eut plus qu’à enfiler ses gants et enfoncer sa bombe sur sa tête pour être prête. Il était temps pour eux d’aller travailler, et l’idée n’était pas pour déplaire à Mango, lui qui n’attendait que de sortir pour se dégourdir enfin les membres.