Chevaux d'Amberday

DÉBOURRAGE

Avec Exile

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La belle écurie où j’avais rendez-vous se profilait devant moi. Le bouche à oreille m’avait permit d’avoir de nouveaux contrats et aujourd’hui j’avais rendez-vous avec un très joli mâle de sport, du nom d’Exile. Nous avions déjà fait connaissance la semaine dernière et je voyais bien que cet entier n’allait pas être une mince affaire. Impatient, le mâle semble facilement prendre la colère et le mécontentement. Tous les points de son caractère m’indiquent un cheval qui n’est pas en paix, qui aurait besoin d’un travail de psychologie. Tous les chevaux ont leurs particularités bien sûr, mais s’il n’est jamais heureux ou content, même avec ses congénères, ça suggère un travail de fond.

Cependant, je ne suis pas ici pour ça. Ma conscience personnelle s’est permise d’en toucher deux mots, pendant que ma professionnelle assurerait ce pourquoi on m’avait engagé. En somme, je vais donc débourrer cet entier, tout en notifiant sur ses comportements qui relèvent d’une alerte à mes yeux.

Lorsque j’arrivais, Exile était déjà préparé et dans le rond de longe, les oreilles en arrière et la queue bougeant dans tous les sens. Il n’avait pas envie d’être là et dans beaucoup de sens, je le comprends. Après avoir enjambé les barrières, je m’approchais de lui avec une position sereine mais douce, sans pour autant lui laisser la possibilité de prendre du terrain. L’entier ne fit pas attention à moi jusqu’à ce que je le salue, attendant qu’il accepte ma main. Il n’a peut-être pas envie que je le touche. Comme surprit, il se laissa aller au contact et reçu un joli morceau de pomme en cadeau. Exile devenait alors tout de suite beaucoup plus intéressé et ses oreilles allaient de temps en temps vers l’avant. Il s’ouvrait avec parcimonie.

Nous prenions un peu plus le temps de nous découvrir dans les minutes qui suivaient et je n’abusais pas de ma position lorsqu’Exile me montrait clairement qu’il n’avait pas envie que je franchisse cette barrière. Respectant donc ses limites, le cheval se sentait un peu plus à l’aise, forcément pas à un point de confiance extrême, ce n’est que la seconde fois que nous nous voyions.

Passons aux choses plus sérieuses et désagréables : Le tapis de selle. D’abord reniflé, puis passé sur le corps. Je l’agite doucement mais le seul réflexe du bai c’est de mordiller le tissu. Ceci dit, il ne tire pas des mains et ne l’attaque pas. Il cherche juste à le mordiller un peu, comme s’il s’ennuyait. Je le pose alors sur son dos, qui frétille un peu au garrot. Lorsque je passe à la selle, je me dis qu’il est peu probable que l’entier nous laisse autant de tranquillité. Dès qu’il l’a senti, il était calme, mais ce genre de calme qui présage un beau départ en folie.

Pourtant, l’entier reste calme au contact de la selle sur son dos. Je lui ai posé dessus délicatement, afin de ne pas le surprendre. Passant rapidement à la sangle avant que la selle ne tourne et tombe, je constate qu’Exile ne bouge pas vraiment. Tout en me questionnant, je sangle très légèrement, le morceau de tissu vient au contact de la peau douce du bai et se serre gentiment. Lorsqu’il fut entièrement sanglé, je le félicite énormément et lui donne un joli quart de pomme. Exile a les oreilles qui pivotent un peu dans tous les sens, mais il semble réfléchir à tout ce qui lui arrive là. Finalement, après avoir resserré la sangle sans le blesser (j’aimerai qu’il évite de prendre l’habitude de mordre au sanglage, je prends donc mes précautions), il semble comprendre quelque chose et bouge un peu. Il rue sur la droite et se secoue comme s’il sortait de la douche.

Une fois que c’était passé, il n’avait plus vraiment que faire de la selle. Il avait compris que ça ne tombait pas, alors il se laissait aller et bouger. Les étrivières l’embêtent un peu et il bouge énormément au bruit qu’elles font. Lorsqu’il s’arrête enfin, je le félicite une nouvelle fois chaleureusement et lui donne un morceau de pomme.

Le filet fait du bruit et Exile n’aime pas vraiment le bruit. Il plaque ses oreilles en arrière et souffle fort, se montrant imposant pour nous impressionner. Avec plusieurs minutes et paroles douces, alternant le bruit et le calme ainsi que l’intensité de celui-ci, Exile fini par se calme, avec seulement les oreilles en arrière. J’approche alors le filet pour briser la glace et le mettre en contact avec : Il comprend vite que le filet n’est rien de menaçant et ses oreilles remontent un peu, sans pour autant aller vers l’avant. Plus dans une position blasée. Je le caresse quand même beaucoup, afin de le féliciter de sa compréhension rapide et de son adaptation. C’est malgré tout un cheval bourré de courage derrière ses insécurités.

Les rênes passent facilement au-dessus de sa tête et la bouche ne s’ouvre pas. Exile n’essaye même pas d’être malpoli, il ne comprend juste pas ce que j’attends de lui. Et lorsqu’il ne comprend pas, il s’agace facilement. Même si c’est un point commun entre les chevaux, son terrain propice aux colères ne l’aide pas, son impatience non plus. Je le rassure d’une fois calme et sereine et lui demande d’ouvrir la bouche en le chatouillant. Ni une ni deux, le voilà avec un filet sur la tête, entrain d’ouvrir la bouche pour tenter de comprendre ce qu’il a dedans. Les yeux ronds, il rue un peu et secoue la tête, comme prit au piège. Lorsqu’il bouge moins, la bouche toujours grande ouverte, je règle un peu le filet pour lui permettre de trouver quelque chose de plus adapté pour lui. Exile fini par fermer la bouche. Dans les minutes qui suivent, je lui indique la droite et la gauche avec les rênes, afin qu’il comprenne un peu mieux à quoi peut bien servir cette chose.

L’entier fini par prendre ses marques et s’ébroue même un peu. Il faudra surtout le refaire dans la semaine, afin qu’il comprenne que ça va devenir son quotidien. Même si je ne pense pas qu’il sera d’accord avec ça. En lui retirant son filet, je lui donne deux gros morceaux de pomme et le caresse sur le front.

(c) oxymort

DÉBOURRAGE

Avec Exile

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Exile était maintenant complètement habitué à ses divers harnachements, depuis les différentes semaines afin de l’amener au travail à la longe. J’étais repassé le voir plusieurs fois afin de ne pas toujours être le visage du travail et des choses peu agréables. Lui laissant carte blanche à certains endroits afin qu’il se défoule un bon coup et d’autres choses plus calmes et agréables.

Dans le rond de longe, Exile était en licol de travail, avec des protections sur les membres pour éviter qu’il ne se blesse. Il a parfois du mal à bien se coordonner et j’aimerai éviter tout risque. N’étant pas d’un naturel très pot de colle, l’entier ne me suit pas lorsque je le quitte de la piste pour aller me placer au centre du cercle. Lorsque je me positionne correctement afin de lui demander un pas, Exile baisse les oreilles. Il comprend bien ma demande mais ne souhaite pas vraiment l’exécuter. Lorsqu’enfin il l’accepte, il part dans un pas désordonné.

Sa tête à l’extérieure, bougeant très rapidement avec ses pas, les oreilles plaquées, tout montre qu’il n’a pas vraiment envie. Je le félicite cependant pour avoir quand même fait ma demande. J’attends qu’il se calme un peu, au bout de plusieurs tours, il fini par se lasser et je lui demande un arrêt. Rapidement fait car peu envie de marcher aujourd’hui, Exile ne perd pas de temps pour s’arrêter. Je lui redemande alors un pas, il part d’une lenteur abominable. Ma voix l’encourage alors et je retrouve cette attitude contre-productive qu’il avait. Les tours s’enchaînent pour qu’il se lasse et une fois que c’est le cas, je lui demande un trot en le poussant un petit peu. Exile fini par le faire, les oreilles toujours plaquées vers l’arrière. Au bout du second tour, alors que j’allais lui demander de repasser au pas, Exile pique une ruade et prend le galop, rabattant son cercle et essayant de me tirer un peu. Le rond de long n’étant pas bien grand, je marche avec lui plutôt que de brutalement fermer ma main sur l’unique rêne finalement.

Les tours sont rapides mais le temps me semble long lorsque je lui demande de s’arrêter. Il n’écoute pas, même s’il est revenu au trot, c’est un trot qui fait tomber dans le galop, beaucoup trop rapide et rien n’est structuré. Exile souffle fort et essaye de partir d’un autre point pour tenter une nouvelle fuite. Je le suis sans l’arrêter et le laisse s’essouffler. Lorsqu’il repasse au trot, je me baisse un peu et continue de lui demander un retour au pas.

Une fois au pas, il s’arrête et me fait face. Je n’accepte pas et lui redemande le pas afin de l’arrêter en ligne. Maintenant qu’il se sent dégourdit, je lui demande les trois allures une par une, afin de finir sur une note positive. L’entier galope un peu rapidement, mais repasse aussi rapidement aux allures inférieures lorsque je lui demande et c’est ce qui compte pour moi. Qu’il ne dépasse pas et qu’il écoute attentivement ce que je lui demande. Bref, qu’il ne s’enferme pas dans sa bulle.

Pour finir, je lui redemande la même chose à l’autre main, qui sonne tout de suite mieux. Exile préfère largement cette main, je le vois plus souple et également plus à l’aise. Ne voulant pas abuser du bon moment et l’ennuyer, je le félicite énormément à l’oral et lui redemande de passer au trot, puis au pas. Il met un peu de temps, mais m’écoute correctement et ne prend pas ses décisions seul. Une fois à l’arrêt il tourne sa tête vers moi et s’apprête à marcher. J’accélère alors le pas pour éviter qu’il ne puisse faire l’erreur d’avancer vers moi et le félicite beaucoup pour cette séance, toujours en lui donnant deux beaux morceaux afin qu’il se sente récompensé et qu’il n’ait pas la sensation de travailler pour rien.

(c) oxymort

DÉBOURRAGE

Avec Exile

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Depuis le dernier gros travail pour Exile, ça faisait maintenant quelques semaines, nous avions continué au fil de l’eau. Prenant le temps de bien accompagner l’entier dans ses changements de vie quotidienne pour lui. Il s’était bien habitué à son équipement, même si ce n’était pas sa grande tasse de thé préférée. Il savait maintenant le porter correctement et le bouger, notamment en longe. Pour continuer sur notre lancée et ne pas brusquer le joli bai, il avait été convenu de mettre progressivement du poids et de le longer avec.

C’était maintenant mon dernier gros travail avec Exile. J’étais venu tôt ce matin pour passer un peu de temps avec lui. Pas que nous n’allions pas nous revoir, j’allais encore avoir à faire avec lui dans les semaines à venir ! Mais je sentais que la fin de mon travail était proche et j’avais envie de lui rendre un peu l’appareil, j’ai peur qu’on ne s’attache pas à ce cheval à cause de son caractère. Pourtant je sais qu’il est bourré de belles intentions, avec une peur bleue qu’on ne le lâche, se traduisant par une colère vindicative et féroce.

C’est donc après un joli moment passé à deux qu’il fallait se mettre au boulot. Après l’avoir un peu échauffé sur la piste à la longe, histoire d’aussi tâter le terrain avec son attention aujourd’hui, je m’approche de lui pour lui montrer à pieds les différentes choses qui vont lui arriver sur son dos. D’abord les rênes, à droite, puis à gauche et enfin l’arrêt. Exile ne s’excite pas, il n’a pas oublié depuis et ma main se fait très douce afin de ne pas le brusquer. Nous passons aux étriers et de suite, il secoue l’endroit que je chatouille et avance. Je le félicite et l’arrête.

Mettant tout mon poids sur l’étrier avec mon haut du corps, je sens l’entier bouger un peu car déséquilibré, mais il reste poli et je le félicite. Pour éviter qu’il ne cherche autre chose à faire je grimpe dessus immédiatement et le félicite avant même qu’il n’ait pu faire quoique ce soit. Ainsi, il est récompensé de ne pas avoir mal agi, et même de ne pas avoir bougé. Exile semble réfléchir et s’ébroue un peu. Je ris et le caresse sur le long de sa belle encolure avant qu’il ne démarre tout seul au pas. Mes mains se ferment alors gentiment sur les rênes, lui demandant de s’arrêter. Il souffle mais s’exécute.

Nous partons au pas sur la piste, de la main qu’il préfère afin de lui faciliter la tâche. Exile est assez souple naturellement et c’est très agréable de l’avoir dans les mains. Je ne lui fais pas faire les coins et ne l’embête pas trop avec le tracé pour le moment. De temps en temps je lui demande un arrêt et un redémarrage au pas et il le fait très bien. Parfois je vois que sa tête se jette un peu en l’air, mais plus par un réflexe de défense afin de se laisser le temps de comprendre. Exile a trop peur d’être mordu, alors il mord en premier.

Lorsque je le sens prêt et détendu, je lui demande un trot, avec ma voix également, qu’il comprenne plus aisément. Exile démarre gentiment, je le sens plutôt confiant et observateur qu’autre chose aujourd’hui. Nous faisons un tour avant de repasser au pas et de changer de main pour refaire la même chose. Finalement, c’est au galop que le jeune entier se montrera un peu moins calme, mais rien d’incroyable, c’est plutôt une habitude finalement ! Je ne l’ai jamais vu partir dans son premier galop sans lancer un petit coup de cul, comme pour se sentir un peu libre ou se décoincer le dos. C’est donc sans faute qu’il me donne un petit coup de rebond lorsqu’il part au galop, sous ma demande. Exile tentent d’accélérer mais je le rappelle à l’ordre gentiment avec mon poids du corps et mes épaules pour qu’il ne prenne pas trop de large dans l’immédiat.

Lorsque nous retournons au pas, l’entier souffle fort mais ses oreilles se font plutôt droites. Elles retrouvent rapidement leur place habituelle sur le côté ou derrière. Je ne pense pas que de se faire grimper dessus lui plaise, franchement. Mais je pense que l’idée d’accomplir quelque chose de nouveau lui a fait un peu de bien, Exile s’ennuie souvent je crois bien. Mais pour aujourd’hui, comme pour les derniers jours, il a eu beaucoup de choses a assimiler. Je descends rapidement tout en le félicitant chaleureusement. Les prochains jours seront les derniers et étrangement, cette bête que l’on décrivait comme féroce va beaucoup me manquer. Il est sûr que je prendrais de ses nouvelles et que je m’inquièterai pour lui, de loin.

(c) oxymort

JILANO

Débourrage Adulte

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Le gris du ciel t’avait donné des pensées maussades toute la matinée et tu avais fini par te demander où est-ce que cette journée allait finir. Debout, accolé au box, tu tritures le bout de tes doigts avant de les fourrer à nouveau dans tes poches chaudes. Le froid vous laissait un peu de répit et ce n’était pas pour te déplaire.

Tes yeux fixent l’écran, comme si ton regard persécuteur et intrusif pouvait faire arriver un message plus vite qu’il n’en faut pour le taper. Les minutes te paraissaient longues, tout ça pour un petit « J’arrive ! » planté au milieu de cette attente interminable.

« - Hey ! »

Simple et sobre, joyeux. Le petit mot était lancé sans une once de gêne ou de semblant d’excuse. Clairement, le jeune homme en face de toi ne saisissait pas qu’attendre dans le froid quelqu’un d’en retard pour rien n’était pas une partie de plaisir. La politesse aurait dû s’imposer à tes yeux.

Les longues minutes de marche, ponctuée par la voix énergique du garçon te faisaient maintenant passer le temps.

« - Tu vas voir, il aime les câlins, il aime bien faire. C’est vraiment un cheval qu’on pourrait mettre entre toutes les mains ! T’as de la chance ! »

Tu avais tenu à être présent pour le ramener aux écuries depuis le pré. D’habitude, tu n’acceptes pas les chevaux que tu n’as pas débourré depuis la naissance. Déjà parce que la partie adulte n’est pas ta tasse de thé, mais aussi parce que c’est d’une complexité incroyable à tes yeux de ne pas avoir tout le vécu et les codes reçus. Tu en avais vu des vertes et des pas mures, même lorsque tu le faisais en entier, ce foutu débourrage, alors prendre un déjà formé… Sans parler du plus évident, à savoir un poulain avec lequel on aurait agi tout sauf correctement et gentiment, il y a aussi la négligence du code fourni. Établir un code demande de s’y tenir, et combien de fois est-ce qu’on t’a servi le « Oh mais il a comprit ». Beaucoup trop pour constater à quel point c’était à bannir.

Mais cette fois, c’était différent. Un ami emplâtré jusqu’au cou, un débourreur attitré qui est parti brutalement et qui ne pourra jamais revenir, une bonne dizaine de chevaux sur les plâtres dont il faut absolument s’occuper. Certains sont vendus, d’autres sont sous contrats, d’autres encore ont un programme chargé devant eux et ce petit décalage pourrait tout remettre en cause. L’idée te donne un haut-le-cœur puissant, que seul une jolie couleur dorée arrête.

Tu ne t’attendais pas du tout à une telle prestance de la part de ce Jilano. Malgré son caractère décrit comme tel, tu le sens… plus noble dans le regard. Un brin serein et un brin curieux, un petit mix qui te met tout de suite à l’aise et te donne la concentration nécessaire de ne plus penser au reste.

Tes pas sereins rassurent un peu l’entier qui t’avait vu traverser la barrière de chez lui sans réelle cérémonie. Jilano n’est pas un entier peureux, mais il a été habitué à une certaine routine. Tu es là pour lui montrer que la bousculer n’est pas synonyme de changement de codes ou de bases. Une fois bien à ses côtés, tu le laisses sentir tes paumes avant de les lui poser sur le corps et l’encolure. Vérifiant les bases de manipulation qu’il est censé avoir reçu, Jilano se montre attentif et très réactif, ce qui te détend énormément. Dès que tu lui passes le licol, tu peux le sentir un peu plus à l’écoute, mais aucune raideur sous les poils dorés.

Une fois arrivé aux écuries, tu pouvais constater deux faits, du moins avec Jilano : Il était suffisamment bien pré-débourré pour que tu n’ais pas besoin de t’y remettre et surtout, il était chamboulé de ce changement sans pour autant en finir paniqué.

« - Il connait déjà le harnachement et un peu la longe. »

Le gamin te lâche ça comme ça et tu n’apprécies pas. Ce n’est pas les informations que tu as reçu de ton contrat ici, mais en même temps, est-ce que ton ami était au courant ?

« - Il réagissait comment au travail ? »

« - Pas mauvais, tu sais… Il… Il avait de bonnes méthodes, un peu calquées sur toi on dirait… Mais il manquait d’expérience je pense ? Enfin, ça ne le remarque maintenant que t’es là. »

Un petit goût acide te rattrapait dans la gorge et te la brûlait. En effet, tu avais déjà dispensé tes enseignements. C’était des moments heureux, de bons souvenirs. Tu le sais, ça restera de bons souvenirs, le temps que la douleur passe et que le temps fasse son effet bénéfique.

« - Jilano, on va continuer alors. »



Dans le rond de longe, tout est calme. L’entier, serein, inspire pleinement le temps que tu le laisses sur la piste, pour rejoindre le centre. Voilà un point qui te plaît. Rapidement, tu fais claquer ta langue sur ton palais pour l’inciter à prendre le pas. Tes mouvements sûrs et concis aident le doux Jilano à se laisser aller dans tes mains et à seulement s’occuper de tes demandes. Les minutes passent et les demandes entre le pas et l’arrêt sont répétés. Tu t’assures que le grand doré ait bien saisi l’association de tes demandes avant de lui introduire le trot.

Son regard n’est pas perdu, Jilano prend le trot après quelques encouragements en plus. Un peu mou, tu le ravives en le félicitant dans le même temps. Encore une fois, tu t’assures que les bases de chaque allure soient bien comprises avant de passer au galop et aux deux mains. Dès que tu es satisfait de ce que te donne avec beaucoup de volonté le gentil entier, tu n’en demandes pas plus. Rien de parfait, seulement des bases et des félicitations.



Les journées suivantes, tu assoies les bases de Jilano avant de vouloir passer une petite étape. Tu as vu noté dans le carnet de son débourrage qu’il fallait lui faire passer quelques barres. L’entier semble connaître les barres, puisque dès que lui demandes de les franchir au sol, toujours dans le rond de long, il n’oppose aucune résistance. Tu as le feu vert pour passer sur des hauteurs et réellement parler d’obstacles.

Là, Jilano s’arrête net. Il n’était pourtant pas regardant sur l’obstacle, il n’avait pas prévu de s’y arrêter dans son attitude. Mais pourtant, il n’avait pas franchi l’obstacle et n’avait pas dérobé. Il avait juste ralenti progressivement avant de tranquillement attendre. Cette fois prévenu de son attitude, tu l’avais repris et l’avais relancé sur la piste avec plus d’énergie. Le cheval était un peu surpris à l’abord de l’obstacle et avait cherché à ralentir, mais tu l’avais encouragé et poussé gentiment avec l’espace. L’entier avait alors daigné se soulever au-dessus de l’obstacle et finir au trot.

Cette fois, tu le félicites, pour qu’il comprenne. Mais tu le relances une nouvelle fois, tu voudrais qu’il y aille franchement. Tu le démarres dans un bon trot énergique et un bon départ au galop que tu pousses, le laissant même s’amuser dans son tour et prendre de la vitesse. Dès que l’obstacle arrive, il manque de reprendre ses mauvaises et déjà habitudes. Tes mains l’encadrent sans l’oppresser, ta voix l’encourage et cette fois, Jilano saute réellement. Un bon coup de saut, une jolie fluidité, un mouvement agréable. Un peu lourd sur l’atterrissage, rien qui ne se travaille pas à tes yeux. Tout est parfaitement corrigeable à ce stade. Tu le félicites et lui change d’exercice pour qu’il ne se lasse pas. Mais tu décides de le refaire sauter avant la fin, pour qu’il se pose et trouve sa place dans ses sauts, d’abord seul sans rien sur le dos. Dès que tu es satisfait du peu qu’il te donne mais qui t’enchante comme s’il t’avait donné tout ce qui était possible, tu l’arrêtes et le fais repasser au pas. Tu comptes rapidement les sauts qu’il a effectué aujourd’hui, un petit nombre pair qui te fait sourire. Lui aussi, il préférait les nombres pairs.

Mot Event Valentin 2022 : Pair

(c) oxymort

JILANO

Débourrage Adulte

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Les semaines défilent, les entraînements s’intensifient. Jilano est devenu un bien bel entier de corps et son mental s’est bien formé. Tu le vois maintenant plus avenant, moins hésitant, ce qui lui permet de laissait toute sa volonté s’exprimer.

Le soleil est présent pour l’occasion, le grand bain comme on dit. L’entier harnaché te regarde avancer vers lui, il connait le rituel depuis quelques temps maintenant. Même si c’est la première réelle monte, Jilano a eu le droit aux sacs de poids pour l’habituer et éviter de mauvaises réactions. C’est dans le rond de longe le plus grand que vous êtes et ce n’est pas pour te déplaire, même si ce n’est pas par choix. Le doux doré connait déjà toutes les infrastructures et autant l’extérieur que l’intérieur, tu ne laisses jamais un cheval en débourrage sans passer par l’extérieur dans ta routine. Monter est presque une formalité bruyante à tes yeux, un débourrage, c’est tellement plus que ça, c’est tout ce qu’il y autour qui formera la monte et qui démontrera si l’on a bien fait son travail mental ou non, avec lui.

Sage au montoir, pas sur l’œil, Jilano reste attentif. Tu te dis alors que c’est le moment et étape par étape, tu finis sur son dos en le caressant doucement. Avec une grande douceur, tu l’invites à marcher avec ton bassin et ta voix. L’entier reste comme un bloc. Tu as peut-être pris trop les devants, mit les brancards avant le Jilano.

Pourtant, après quelques hésitations, le brave donne un petit pas hésitant. Rapidement félicité, il recommence avec moins d’appréhension et tu recommences à l’encourager. Bientôt, Jilano est au pas, un peu regardant cependant. Tu décides de le laisser découvrir quelques minutes avant de toucher à quoique ce soit. Jilano s’arrête, reprend. Plusieurs fois même. Il tourne tout seul, tu laisses parfois en lui intimant le geste du poids de ton corps. Tu caresses longtemps avant de prendre les rênes et de lui rappeler les gestes et ce qu’ils veulent dire.

Vous avez eu l’occasion de déjà mettre les bases à pied, gauche, droite, arrêter, avancer. Mais passer sans les revoir n’est pas ton mode de travail. Immédiatement, Jilano se crispe en sentant ton contact sur le mors. Tu ne cherches pas à le détendre de suite, tu sais qu’il a besoin de temps pour analyser. Au bout de quelques secondes, l’entier redevient mou et tu laisses retomber le contact tout en caressant.

Au fil des minutes, Jilano se montre de plus en plus à l’aise et tu passes alors à le mettre sur la piste ainsi qu’à lui demander de plus en plus de faire les coins. Lorsque tu le sens bien, tu le mets au trot. Tu n’es pas sûr qu’il sera prêt pour un petit galop aujourd’hui par contre. Dès que Jilano trotte, il se montre plus à l’écoute et surtout, plus à l’aise, comme s’il venait de se rappeler des dernières semaines et qu’il se disait « Ah ! C’est juste ça ! ». Rassuré également, tu lui demandes plusieurs transitions avant de le passer au galop.

Son galop n’est pas très bon au départ, un peu à faux, un peu désordonné. Jilano n’arrive pas vraiment à savoir comment se placer avec la masse que tu représentes en plus. Tu le caresses néanmoins car il a fait un véritable bon départ pour un débourrage et tu retentes en mettant le moins de poids possible, dans une position ridicule. Mais elle est agréable plus lui, qui étend un peu plus son encolure et galope plus librement. Tu repasses au pas progressivement et le félicite une nouvelle fois. Fier de son évolution et de ses progrès. Il ne restera que quelques temps encore, pour finir d’encrer la monte réellement, lui apprendre les coins et les figures de manège, le sortir en extérieur. Mais les bases sont faîtes, le reste, ce n’est que toi et puis, tu es encore ici pour quelques mois avec les différents débourrages à finir…


Mot Event Valentin 2022 : Brancards

(c) oxymort

SOLSTICE SUMMER

Débourrage Adulte

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« - Call Me nous en a pas légué un doux cette fois. »

Comme si c’était le cas d’habitude. Solstice Summer donc, tu relis attentivement la fiche donnée. Une fiche un peu brouillonne, raturée à plusieurs endroits et pleine de contradictions. Pas difficile à comprendre, l’entier semble avoir un caractère des plus changeants, reste à trouver le pourquoi.

« - Tu vois, d’habitude ça va, je trouve des excuses à tout le monde. Mais là, je pense qu’ils ont merdés avec. »

L’air vaguement surprit, tu hausses un sourcil et lance ton menton, forcément tu veux en savoir plus maintenant.

« - Je pense qu’ils se sont loupés avec parce qu’il a jamais apprit le non, la frustration, pas être le centre du monde. Et au-delà de son comportement casse-pieds, je trouve que ça fait pas un cheval équilibré, c’tout. Une fois, j’ai bien cru qu’il était féral, j’t’assure ! »

Oh, il n’avait pas besoin de mettre beaucoup de sa parole en jeu, tu le croyais déjà rien qu’à voir le bai s’agacer dans son pré ou à l’attache. Mais tu avais de la bouteille et Solstice Summer n’était pas ton premier cheval avec son petit lot de caractère, bon ou mauvais. Et sûrement pas le dernier, du moins tu l’espérais, en ne te prenant pas un sabot furieusement lancé.

Quelle plaie. Tu avais demandé de le voir se faire panser, pour juger un peu de ses comportements. Ce cheval était absolument insupportable lorsqu’il s’y mettait. Pas dangereux, mais furieusement puissant lorsqu’il ressent un besoin d’attention. Tu décides de sortir de là le pauvre garçon d’écurie collé à la tâche et presque tremblant. Des remerciements plus tard, tu t’imposes à sa place.

La réaction ne se fait pas attendre, l’entier te teste immédiatement. Savoir à qui il a faire. Savoir ce que tu vaux à ses yeux. La réception de ta réponse ne se fait pas attendre non plus, ce qui fait lever haut la tête du bai et les antérieurs, autant qu’il le peut sans tirer sur sa longue longe, qu’il a déjà rallongé par ses coups de têtes incessants avec le garçon. Son ton ronfle, se montre déstabilisé.

« - Et alors garçon ! Tiens-toi ! » Que tu avais tonné, ferme, utilisant toute ta voix grave et puissante. Ton assurance, fermement encrée dans le sol et sûre d’elle ne laissait pas de place au doute.

Le petit bai restait alors presque sage, presque trop jeune à nouveau, comme s’il se découvrait. Dès que tu pouvais le féliciter pour son bon comportement, tu n’hésitais pas une seule seconde et Solstice avait l’air de trouver ça encore plus valorisant qu’à son habitude. Ce qui ne t’étonnait pas, si tu avais obtenu une quelconque valeur à ses yeux, être valorisé devenait décuplé.



Dans le rond de longe, tu avais laissé son licol ainsi qu’une toute petite longe pour qu’il ne marche pas dessus. Un peu inquiet, Solstice avait alors hennit en frémissant, vers les écuries. Tu t’empressais de le rassurer, tout en lui faisant tenir sa place sans aucune faille. Plus tu allais être clair et régulier avec lui et plus il allait trouver du repos. Ce cheval avait clairement besoin de quelques séances pour s’apaiser et tu avais déjà noté le numéro à appeler dès votre séance finie.

La selle au sol, une nouvelle fois, ne manqua pas de te faire soupirer. Le filet, pourtant si ardu à faire passer aux chevaux difficiles, s’était enfilé en seulement deux essais et n’avait pas bougé de sa tête depuis. Il ne semblait ni le gêner, ni être de trop. Le tapis l’avait fait regarder au début, mais dès que tu avais prit le temps de l’habituer partout sur le corps, il avait saisi. La selle en revanche, le poids le gênait terriblement. Il n’en avait pas peur sur son corps, mais il ne supportait pas le poids. Tu as essayé plusieurs selles, seule la plus légère avait tenu quelques secondes de plus avant qu’il ne marche. Pourtant, lorsque tu grimperas dessus, tu devras bien mettre plus de poids, peu importe la selle. Pour cette fois, tu décides de remettre à plus tard, l’ostéopathe passant le lendemain pour d’autres chevaux, tu en profiteras pour demander de vérifier le dos de Summer.



« - Rien de sauvage, il était juste tellement tendu qu’il fallait le remettre en place. Oui. Oui là ça fait une bonne semaine avec juste des bases à pied et deux jours complets de repos. Oui. Oui je te tiens au courant après, pas de soucis. À toute alors ! »

Dès que tu avais raccroché, tes yeux francs se fixaient dans les siens, prêts. Vous en étiez revenu au même point, le moment fatidique de la selle sur le dos, tu agissais de manière sûre et doucement mais sans sourciller, tu poses la selle sur le dos de Solstice avant de la lui sangler comme s’il s’agissait d’un mouvement habituel et quotidien. Rien, aucune raideur, aucun mouvement, aucune douleur ou animosité. Solstice avait retourné sa tête vers toi et tu l’avais caressé en souriant.




Après quelques jours, tu t’étais même allé à lui essayer les protèges membres, que Summer n’avait pas particulièrement apprécié au départ, car excessivement sales. Tu avais bien remarqué que le petit bai ne se laissait pas mettre un tapis sale ou un filet graisseux à son goût. Mais tu avais décidé de lui concéder ce petit décalage avec ses pairs. Après tout, tu n’aimerais pas particulièrement remettre un sweat trempé de sueur, encore moins si ce n’était pas la tienne. La seule idée te fait tirer une grimace dégoûtée et définitivement, si Solstice ne garde de son ancien caractère que cette petite excentricité, ce ne sera pas grand-chose. Ton regard se perd sur ce gentil garçon déboussolé qu’est l’entier. Comment personne ne s’est rendu compte que le poulain se sentait si perdu ? Heureusement, mieux vaut tard que jamais après tout, tu relis la fiche de Solstice Summer, un petit point d’interrogation pour son avenir. Pas encore décidé alors ? Pourtant il a les origines, le potentiel, de quoi ravir sous la selle si l’on ne se doute pas de sa faille de confiance. Il espérait régler la situation alors. Il espérait sûrement pouvoir faire quelque chose et en attendant, le garder ici, être sûr qu’il ne tombe pas mal. Pas là où le manque de temps et de patience se fini par de la violence crue et te tombe dessus sans prévenir. Tu lèves ton nez de tes fiches et regarde au loin, dans les prés. Tu y vois Jilano broutant avec passion le foin tombé, il n’en perd pas une miette. Un petit soupir accompagne tes pas vers la prochaine tâche à effectuer, prendre soin de Solstice après cette jolie séance.



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SOLSTICE SUMMER

Débourrage Adulte

◊ ◊ ◊

Solstice Summer se révèle être un fabuleux compagnon dès lors qu’il se sent rassuré. La redondance des jours l’avait également beaucoup détendu, sans qu’il ne s’y accroche. Dès qu’il te voyait arriver près de lui, un licol à la main ou bien une pomme, Solstice s’approchait en dansant. Oh ! Certains jours, il avait ses humeurs comme tout le monde. Il lançait les dents ou restait bien loin, parfois tu le laissais, parfois tu le bougeais. Un caractère comme lui ne doit pas être trop habitué à être laissé dès qu’il en a envie.

« - Il serait capable de se mettre à l’isolement ! »

« - Et ça serait parfois pas plus mal ! Hier, il m’a lancé un de ses coups de dents, regarde-moi ça ! »

Sous le regard outré et dramatique du garçon, tu avais daigné jeter un coup d’œil sur l’avant-bras. Rien. Parce que le rouge était parti depuis longtemps, bien sûr. Et qu’il ne l’avait pas entaillé jusqu’à faire une once de plaie. Tu tapotes l’endroit vivement avant de te reconcentrer sur l’entier.



Maintenant qu’il avait bien accepté et compris les différents harnachements, il était question de faire un semblant de longe. Jusqu’ici, Solstice s’était contenté de raser la frontière du rond de longe, sans ordre précis, en exprimant toute sa fougue. Tu l’avais laissé faire, essayant parfois d’introduire une demande de transition. Parfois ça marchait et parfois non, tout simplement. Ta voix l’aidait à s’apaiser lorsqu’elle devenait grave et il repassait souvent à l’allure inférieure.

Mais aujourd’hui, c’était pour de vrai. Tu lui avais montré par de petites choses différentes, Solstice s’était fait remettre en place et était maintenant sage et droit. Une main sur l’encolure, tu te recules avec la longe comme lien visible entre vous deux. L’entier reste à sa place en te regardant et tu l’envoies au pas sur la piste. Il ne lui avait pas fallu plus de deux demandes, le ton enjoué aidait pour beaucoup.

Rapidement, les premières difficultés étaient apparues, celles que tu avais imaginé sans mal avec son caractère. Solstice prenait le trot sans demande de ta part et tu devais le reprendre d’une main ferme pour éviter qu’il ne questionne ton changement de position à son propos. Par tes gestes, tu l’amenais à comprendre tes demandes, un pas calme et attentif, un trot propre dès que tu en fais la demande et pas avant. Tu avais cœur à le féliciter lorsqu’il montrait sa volonté de bien faire.

Dès que tu avais voulu le pousser au galop, Solstice s’était fâché, comme si tu avais voulu le pousser à la faute. Immédiatement le bai avait lancé ses dents et l’avait immédiatement regretté alors que tu n’avais pas encore bougé. Tu l’avais remis à sa place verbalement et en prenant plus d’espace, tout en le rassurant pour éviter qu’il ne se fasse des films dans sa tête qui rame trop vite.

Avec les tours, les minutes et la patience, Solstice avait fini par prendre un bon départ au galop. Il était un peu tombé dedans, mais tu ne lui en demandais pas plus pour cette séance. Tu voulais simplement qu’il comprenne tes demandes et ait une bonne attitude de travail, rien de plus, rien de moins. Dès qu’il t’avait donné toutes les transitions dans les deux sens de manière satisfaisante, tu avais cessé en lui demandant un arrêt.

Ça chauffait fort là-dedans, Solstice s’était arrêté et réfléchissait à toute allure. Est-ce qu’il cherchait à en comprendre le sens ? Il allait être vite déçu, tu le sentais. Pour le sortir de ce cercle infernal de la pensée, tu lui tends un beau morceau de pomme et ta main la plus chaleureuse et tendre se pose sur son encolure puis son chanfrein. Tu es fier de lui. Au-delà d’un entier désagréable et brusque, tu as trouvé un petit jeune avec une petite anxiété de séparation et un besoin express d’aller mieux. Et les progrès, que ce soit dans son débourrage ou dans ses séances annexes pour son comportement te donnent espoir. Il n’est pas seulement bon dans son travail, il montre un grand courage pour braver ses peurs enfouies et ça, c’est le plus beau cadeau qu’il puisse se faire et te faire par la même occasion.


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DRIFTWOOD

Débourrage Adulte

◊ ◊ ◊

Encore un bien joli bai, qui avait déjà entamé le port du harnachement et qui t’étais présenté. Sur la petite fiche, tu n’en apprenais pas beaucoup sur son caractère, mais plus sur ses réactions et son potentiel.

« - C’est normal, il commençait à… à pas aller bien. Donc il avait plus de mal à être concentré. »

Tu hoches la tête verticalement, ne souhaitant pas faire de commentaire sur ce sujet délicat. Tu as tes jours avec, tes jours sans. Driftwood alors.

Les délicats naseaux noirs t’approchent et tentent de te manger avec douceur. Tu places une main sur le chanfrein et bouge l’autre avant qu’elle ne se fasse mordre définitivement par inadvertance. Ta paume se balade longtemps sur le front du dénommé Driftwood avant que tu ne te saisisses du licol et commence à faire le check-up de débourrage.

« - Peur de rien, licol ok, mains ok, corps et tête c’est ok. Pansage complet c’est ok. Patient à l’attache et un peu câlin ! C’est un vrai petit craquant lui ! »

Ton compagnon habituel notait sur le carnet de débourrage de l’élevage tout ce qui était à faire ou à accomplir et tout ce qui était bon. Après avoir vérifié le harnachement, le tout avec un franc brio, les trois compères se dirigeaient vers le rond de longe, vide pour l’occasion, heureusement.



Tu le regardais d’un air dubitatif, comme s’il cherchait à te protéger de quelque chose. Le nez un peu replié, tu lançais ton menton avec un petit mot sourd, qui restait dans ta bouche fermée.

« - Mhmh. » Un petit moment de silence gênant s’était installé. « - Et t’es sûr de ça hein ? »

« - Mais oui bon sang ! Ça fait quoi ! Trois fois que je vous dis la même chose ! J’vais pas changer en cours de route ! »

« - D’accord. Mais… »

« - Mais j’avoue que c’est étrange aussi. »

Driftwood était là, à les regarder et à les écouter attentivement, très investi dans sa mission de médiateur visuel. Parfait. Il était comme un poulain sorti fraîchement d’un débourrage. Il connaissait le pas, le trot, le galop. Il partait bien à chaque demande, de manière rapide, précise. Il fait attention aux gestes et aux placements, reste attentif, et fais un véritable départ dans chaque transition. Il ne bouge pas à l’arrêt, ne tourne pas ses fesses vers l’extérieur pour faire face. Bref, un cheval déjà tout fait. Rien à dire, rien à faire, enfin pour un débourrage.

Entre temps, un sms t’étais parvenu, te confirmant que le cheval n’avait, à la connaissance de personne, été entraîné à la longe. Curieux. Tu avais voulu en avoir le cœur net et avait commencé à longer avec des codes différents, des mots différents.

Driftwood restait le même cheval bien éduqué. Comme si le changement de mots du tout au tout, le changement d’attitude basique dans la longe ne l’affectait pas du tout.

« - C’est tout simplement un sensible et fou… très intelligent garçon que nous avons là. »

« - Tu veux dire ? »

« - Il se fit juste à ce qu’il a vu et à ce qu’il ressent ? Il sent de l’apaisement, il passe une transition, il entend un ton, une demande, il change. Je ne sais pas si c’est… oh aller quoi, le ton, les envies, l’aura, les phéromones, qu’est-ce que tu veux ? Les fréquences même ? Dans tous les cas, il comprend et il fait. Mais il n’a pas les bases pour autant. Un cheval éduqué avec des bases aurait été perdu. C’est ma théorie. »

C’était la meilleure que vous aviez, avec l’idée que quelqu’un était venu secrètement entraîner Driftwood le joli. C’est donc après de grosses félicitations que tu recommences à nouveau ce débourrage sur de meilleures bases. Comme si c’était n’importe quel poulain un peu gauche ou un peu lent, tu lui inculques la longe, la voix et les demandes autre que sur son intuition. Il arrivera un jour où elle ne sera pas bonne et où il pourrait paniquer en se retrouvant bloqué.

« - Tu es prêt pour qu’on fasse un récap de la séance ? »

Le garçon approche sa tête du carnet, le stylo bien en main, le bouchon bien en bouche.

« - Praît ! » Le son du bouchon étouffait un peu sa diction.

Tu fais alors une liste des points essentiels basiques qui sont validés à tes yeux, puis des points spécifiques à Driftwood en particulier. Mais également de son état, de comment il a pu être durant tout le long de la séance.

« - Et tu peux rajouter, avec un gène type petit faible pour les câlins. » Ta main était venue se poser délicatement sur la peau de l’animal et une pomme s’était amenée jusqu’à ses lèvres. Fier de ce petit bout de cheval, tu te demandais comment un cerveau pareil allait jouer avec la vie de cheval qu’on lui réservait. Enfin, déjà il faudrait le voir à la monte !


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