Chevaux de Nighty

Lorsque tout le groupe est prêt, nous détachons les chevaux et quittons le centre à pied. Les rires fusent, la brise printanière porte un souffle de bonne humeur contagieuse. Hystéria, menée par Hélène en tête, semble montée sur ressorts. Et malheureusement, cela donne des idées à mon jeune étalon que je dois placer en fin de file pour qu'il se calme. Il trottine, balance la tête de droite et de gauche et s'arrête sans prévenir pour sentir un objet qui l'intrigue. Attendrie par son attitude joueuse, j'ai bien du mal à le réprimander. Surtout en voyant qu'il prend toujours garde à ne pas me marcher dessus ni s'éloigner de moi. Son apprentissage du respect au sol est plus que solide et, après tout, c'est l'essentiel. Il est encore jeune, un peu fou, c'est bien normal qu'il s'amuse.

Nous nous arrêtons auprès d'une fontaine pour abreuver les chevaux et nous mettre en selle. Arlequin boit à grandes goulées, le nez plongé dans l'eau comme font peu de chevaux. Dès qu'il a fini, je l'écarte pour laisser la place aux autres et commence à ressangler et abaisser les étriers. Je m'aide ensuite d'un rocher pour me mettre à cheval. A peine suis-je assise sur ma selle que le pie se met à marcher vivement. Je redresse mon dos, ajuste rapidement mes rênes et ferme mes doigts en montant légèrement les mains.

- Woooooo-la, je lance sur une intonation descendante.

Docile, le jeune paint s'arrête aussitôt, me laissant le temps de régler mes étriers et de m'installer correctement. Je le félicite pour son immobilité d'une caresse sur l'encolure puis me redresse pour voir où en sont les autres. Hélène est en selle sur sa pouliche et elle semble avoir suivi de près mon installation sur Arlequin puisqu'elle me gratifie d'un sourire et d'un hochement de tête. Quand tout le monde est prêt, nous prenons le pas pour sortir du village, en file indienne derrière la monitrice. Tranquillement, nous montons dans la montagne par un chemin coupant à travers champs. Mon joli pie, enthousiaste, ne cesse de regarder autour de lui, ses petites oreilles mobiles s'agitant en tout sens. Je ne peux que sourire de le sentir si plein d'entrain. De plus, son pas est actif et long, très confortable. On ne peut qu'être sûr qu'il est le descendant de chevaux de travail d'Amérique qui couvraient de longues distances tous les jours et qui devaient avoir le pas le plus qualiteux possible. Je me doute que ce facteur a joué dans l'achat d'Hélène : elle dont l'activité est tournée en grande partie vers l'équitation d'extérieur ne cesse de nous répéter que l'on reconnaît un bon cheval de randonnée à son sang-froid, mais surtout à la qualité de son pas.

Alors que je commence à me laisser porter, rênes mi-longues et complètement détendue, la voix d'Hélène me sort de ma torpeur naissante.

- Petit trot !

Je remonte sur mes rênes et redresse mon dos un peu avachi. Arlequin semble se redresser lui aussi, sentant que quelque chose va se passer. En voyant la file s'ébranler, je n'ai qu'à ouvrir légèrement mes doigts et venir poser mes mollets au contact de ses flancs clairs que l'entier s'élance. Son trot est vif et je le sens tenter de me prendre la main. Solide dans mon assiette, je pianote sur les rênes. Conciliant, le jeune pie palomino conserve un train raisonnable et ne tire plus sur le mors. Nous trottons ainsi durant quelques minutes, alternant régulièrement de diagonal, puis nous repassons au pas. La monitrice se retourne vers nous et lance :

- Vous vous rappelez de ce qu'on a fait la dernière fois, sur les transitions montantes ? Maintenant que les chevaux sont échauffés, je veux vous voir mobiliser la même énergie que la semaine dernière. On ne les laisse pas s'avachir, c'est pas parce qu'on est en balade que le cheval ne travaille pas.

Avec Arlequin, je n'ai pas vraiment besoin de faire beaucoup. Il se porte de lui-même en avant, engage ses postérieurs et se tient sans effort de ma part, si ce n'est celui de conserver un contact constant avec sa bouche. Pour un cheval de 5 ans, il a une grande autonomie sur les bases comme cela. Nous empruntons un sentier forestier très ombragé et nombreux sont les oiseaux qui s'envolent sur notre passage. Hystéria pique d'ailleurs une petite crise à ce propos mais mon paint reste tranquille, quoique curieux et aux aguets de tout mouvement. Nous reprenons le trot, plus vif cette fois. C'est sans trop d'étonnement que je vois la monitrice passer au galop. J'ai à peine le temps d'agir qu'Arlequin suit déjà le groupe, bondissant en avant avec énergie. Je suis surprise par le côté sautillant de son allure et mets quelques temps à m'adapter. Je ne m'y suis pas encore faite lorsque Hélène bifurque brutalement, quittant le sentier pour aller serpenter entre les arbres. Nous la suivons, tant bien que mal, en évitant troncs et racines. Pris au jeu, mon petit étalon se met à tourner avec une vivacité accrue, manquant me déséquilibrer à plusieurs reprises. Je reste malgré tout en selle et continue, sans grande difficulté, de contrôler la vitesse de ma monture. Un large sourire se dessine sur mon visage tandis qu'en équilibre sur mes étriers, je laisse le jeune paint monter la côte à la suite des autres. Il a une telle énergie, une telle agilité, j'en suis bluffée.

Nous repassons au pas en haut de la montée, dans un concert de félicitations et de cris enthousiastes. Je me penche pour caresser l'encolure d'Arlequin, qui tourne ses petites oreilles vers moi en guise de réponse. Hélène, comme à son habitude, ne nous laisse pas beaucoup de répit. Quelques minutes plus tard à peine, nous arrivons devant un petit champ plat bordé, sur un côté, d'un muret d'une quarantaine de centimètres de haut. Avec un grand sourire, notre monitrice nous annonce que nous allons le franchir au trot, passer au galop à la réception et effectuer une volte en essayant de rassembler nos chevaux tout en maintenant du moteur. Nous acquiesçons toutes avec joie et la regardons passer en premier. Hystéria aborde l'obstacle dans un trot enjoué mais ne semble réaliser qu'elle va devoir sauter que quelques secondes avant de le faire. La détermination d'Hélène, dont les jambes se resserrent pour mieux encadrer la pouliche, l'empêche de douter et elle franchit le muret avec quelques difficultés. Sa cavalière lui laisse le temps de se rétablir puis la remet en avant. Elles bouclent leur volte dans un galop très énergique mais pas assez rassemblé aux yeux de la monitrice, qui félicite pourtant chaleureusement sa monture. La jeunette s'en est bien sortie.

Clotilde passe aisément, puis c'est mon tour. D'une pression énergique des mollets, je fais partir Arlequin au trot. Plein d'enthousiasme, il s'élance à grandes foulées. Je le reprends un peu, ne souhaitant pas qu'il s'étale sur l'obstacle, et j'exécute pour cela une grande volte pour prendre mon temps. Enfin prêts, nous abordons le muret dans un calme relatif. Je suis donc encore plus surprise par le bond du paint qui, à mon ressenti, aurait aussi bien pu sauter 90 centimètres. Je perds un étrier dans l'histoire, ce qui ne m'empêche pas de me rétablir et de gérer le galop de l'étalon sur la volte. Je viens m'arrêter près des autres en flattant généreusement le col du pie.

- C'était quoi ce saut ? Il m'a envoyée dans le ciel !
- Il n'a pas sauté si haut, me répond Hélène, enfin peut-être bien 20 centimètres au-dessus du mur, mais c'est surtout que sa technique n'est pas excellente et du coup… le cavalier prend tout ! Mais c'est pas grave, je savais que le saut n'était pas son point fort en l'achetant, on va le faire travailler un peu. Bon, vous repassez toutes, avec un peu plus de maîtrise sur l'abord mais aussi la réception, et un vrai galop qui avance sur cette volte.

Alors nous repassons, une par une, corrigeant nos erreurs. Le saut d'Arlequin est toujours aussi destabilisant mais, prévenue, je garde ma place. A la réception, je me rassieds et en usant de mon dos et de mes doigts fermés sur les rênes, je rassemble tranquillement l'étalon tout en continuant de solliciter ses postérieurs dès que je le sens faiblir. Nous finissons avec fierté ce petit parcours et je viens caresser fort l'encolure colorée du jeune entier. Quand tout le monde est passé une seconde fois, nous prenons le chemin du retour dans les rires et le claquement des sabots sur le sol.

+1 en cross
+3 en balade

+7

le 29.03.2020
Gabrielle & Arlequin


Objectif : incurver un cheval sur un cercle (5 pts en cross et 5 en endurance pour Arlequin)


... début en carrière

En file indienne, la troupe de poneys quitte le centre équestre. Hélène mène le groupe, en selle sur sa jument. Viennent ensuite, dans l'ordre, Toony, Rebel, Popcorn, Nassib et Pompon, chacun avec son petit cavalier sur le dos. Je ferme la marche, juchée sur mon bel Arlequin à qui la compagnie de ses congénères couplée à la perspective d'une balade donne une humeur des plus joyeuses. Nous traversons le village dans l'agréable son du tintement des sabots, puis nous bifurquons vers la forêt. Les enfants discutent, rient, et je ne peux m'empêcher d'agrémenter leurs discussions de petites plaisanteries qui leur plaisent visiblement beaucoup. Touché par cette bonne humeur générale, mon paint se permet à quelques reprises de jouer les poulains en se mettant à trottiner ou à agiter la tête. Je le reprends avec douceur mais fermeté, bien décidée à ne pas semer la pagaille dans notre troupe.

Nous empruntons un étroit sentier serpentant dans les bois, dans une montée plutôt raide. Pour l'avoir emprunté plusieurs fois, je sais qu'il mène à un petit plateau boisé sur lequel un chemin plus large permet trot et galop. Et en effet, à la fin de la côte, Hélène nous lance :

- Ajustez vos rênes, on va trotter !

La file s'ébranle tranquillement au petit trot. Arlequin semble tout heureux de trotter et j'ai bien du mal à l'empêcher de foncer dans le shetland devant nous. Je mobilise pour cela toute la force de mon dos et je ferme avec fermeté mes doigts sur mes rênes. Finalement, docile, l'étalon cède et se restreint à un petit trot. Nous repassons bientôt au pas pour quelques minutes, puis la monitrice se tourne vers moi et me propose de passer en tête pour galoper un peu. J'accepte avec joie, et les enfants semblent tout aussi ravis. Je pourrai galoper un peu plus longtemps et plus vite qu'eux si je le souhaite, il faudra juste que je les attende à la clairière ou que je fasse demi-tour. Flattée d'une telle liberté, je guide mon paint vers la tête de la file. Quand je suis en place, je me retourne.

- Prêts ?
- Ouiii, me répond un chœur enthousiaste.

J'ajuste mes rênes et, pressant les mollets, demande le trot. Profitant de ce qu'il n'y a personne devant lui, Arlequin part plein gaz et il me faut une bonne dose de persuasion pour le remettre dans un train raisonnable. Je me retourne et, comme tout semble aller pour le mieux derrière, je demande le galop. Aussitôt le pie palomino s'élance, plein d'entrain. Cette fois, je n'essaie pas de le retenir, profitant de la liberté que m'a laissée Hélène pour avancer à mon goût. Je souris largement, m'enivrant du choc rapide des sabots sur la terre durcie et du vent qui fouette mes joues. Devant moi, rien que la piste, personne pour réguler mon allure. Cette liberté me grise. A tel point que je manque dépasser la clairière sans la voir. Je me rassieds dans ma selle et viens tendre mes rênes. L'étalon ne cherche pas à éviter le contact et reprend un petit galop tranquille. Je négocie mon demi-tour dans la clairière et nous revenons dans le calme vers le groupe. Nous repassons au trot, puis au pas à leur approche et je flatte l'encolure du paint avec un grand sourire. Hélène me lance :

- Eh bien, tu en as profité ! Il galope bien ce petit gars !
- C'est sûr ! C'était extra !

Nous marchons jusqu'à la clairière tandis que je reprends ma position de voiture-balai. Arrivés dans la zone découverte, Hélène nous installe sur un grand cercle et nous prenons le trot. Aussitôt, je reprends les bonnes habitudes et attire le bout du nez d'Arlequin vers le centre du cercle tout en essayant de mobiliser aussi ses épaules. J'ai encore un peu de mal à gérer la balance entre rêne interne et jambe interne pour ne pas emmener ma monture à l'intérieur du cercle, mais je progresse. Et il faut admettre que l'entier y met de la bonne volonté. Nous parvenons donc à un pli plutôt satisfaisant que je m'efforce de conserver. Pendant ce temps, la monitrice s'amuse à demander aux petits des positions plus ou moins confortables. Ainsi, Marie doit trotter enlevé sans étriers, Julia avec un seul, Léo a les jambes pliées et les pieds posés derrière lui, Fanny est en amazone et Elisa a les genoux sur les quartiers de la selle. Tous rient de bon cœur, avec des difficultés d'équilibre visibles.

Après deux petites minutes de tels amusements, minutes durant lesquelles je parviens avec fierté à conserver mon incurvation, nous repassons au pas et reprenons le chemin. Nous quittons le plateau forestier par un sentier en descente et rejoignons bientôt un chemin plat au milieu des champs. Là, nous prenons notre dernier trot avant de rentrer aux écuries. Cette petite escapade était incroyablement rafraîchissante et m'a remplie de gaieté. En ramenant Arlequin au pré, je me sens légère et joyeuse. Je quitte le joli pie palomino sur une dernière caresse, puis je vais embrasser Hélène et les petits pour leur dire au revoir. Je promets de revenir les accompagner lors d'une séance, à leur plus grand bonheur.

objectif validé
+3 en balade
+1 en dressage
5