Alors que je passe les rênes au-dessus de la tête de ma jument noire après l’entraînement, un klaxon retentissant me fait sursauter. Je me tourne dans la direction du bruit, frustrée. Cependant, ce mauvais sentiment laisse place à un bonheur indescriptible quand je reconnais le conducteur du véhicule. Chase. Mes yeux se posent sur la remorque arrimée à son camion lettré aux couleurs de son entreprise. Je plisse les yeux en demande d’explication et le haussement des épaules de mon ami me confirme qu’il n’est pas ici pour la compétition. Je lui fais un signe de la main, l’invitant à me suivre jusqu’à une place de stationnement juste devant moi. Pendant qu’il place son attelage et en fait descendre sa pouliche paint horse, je m’occupe de retirer l’équipement de ma belle XTC. La noiraude se laisse faire sans bouger, et en deux temps trois mouvements je suis enfin disponible pour le beau brun qui s’active à rendre sa monture confortable. Ses muscles roulent sous son chandail pendant qu’il accroche un filet à foin et je remercie le ciel d’avoir des verres fumés parce que j’aurais l’air d’une harceleuse. Je glousse à cette pensée qui me traverse l’esprit, attirant l’attention de l’homme dont les yeux perçants semblent voir derrière mon masque. Je lui fais un sourire espiègle, sachant pertinemment que je ne me sortirai pas de cette situation.

En trois grandes enjambées, Chase est devant moi et enroule ses bras autour de ma taille, me soulevant dans les airs. Je couine comme une gamine excitée jusqu’à ce qu’il me repose enfin sur mes pieds. Je lève les yeux vers son visage radieux et je lui offre un baiser sur la joue en guise de salutation officielle. Je sens le rouge me monter aux joues, bien que ce soit moi qui ait initié le contact, et je crois voir une lueur admirative dans les yeux bleus de l’homme. Je me racle la gorge, ce qui semble nous ramener tous les deux sur terre puisque nous prenons chacun un pas de recul. Alors… Tu m'expliques en détail ce que tu fais ici, accompagné de surcroît? Devant mon air inquisiteur, je vois le grand gaillard se recroqueviller un peu. Il passe la main dans ses cheveux avant de fixer son regard dans le mien pour enfin me répondre. Eh bien, tu vois il n’y a pas que toi dans ma vie. Un rire profond sort de sa bouche, auquel mon corps répond en frissonnant subtilement. Non sérieusement, j’avais envie de sortir la pouliche de son environnement confortable un peu et comme je sais qu’il y a une pratique ce soir bien, je te l’ai amenée. Son sourire coupable me fait rouler des yeux, mais la lueur taquine au fond ne ment pas..

Je comprends donc que c’est moi qui sera sa cavalière attitrée ce soir? Chase lève les mains au ciel en guise de reddition et j’éclate de rire. Bien sûr que je serai sa cavalière, j’adore découvrir de nouveaux chevaux. De plus, cette pouliche - pour ce que j’en sais - est une vraie merveille. Tu me connais. Loin de moi l’idée de t’imposer quelque chose, mais cette petite chose là-bas, est d’une agilité déconcertante. Et tu sais… La course de barils et moi… Il n’a pas besoin de finir sa phrase que j’éclate de rire. J’imagine tout juste mon ami sur un cheval, alors de penser à le voir faire des barils. Je réfrène une seconde vague de rire quand je vois les yeux plissés de l’homme devant moi et j’hoche la tête, excitée. Je détale vers la sellerie de ma remorque où je récupère ma selle pendant que mon ami retourne auprès de la paint horse pour lui retirer ses protections de transport. En quelques minutes, Bubble Tea de son petit nom, est entièrement prête à l’entraînement prévu pour elle aujourd’hui. Chase me tend les rênes, confiant et y va d’un dernier conseil ; N’oublie pas, elle n’a jamais fait de course de barils de sa vie. Je hoche la tête, tout sourire et j’arrache presque des mains les rênes de la pouliche, prête à l’aventure.