Je mène ma jument à l'aveuglette en la tenant par la bride. Où est la carrière, déjà ? Si Aphrodite est sage, elle semble vite se lasser d'être ainsi promenée. Je m'arrête près d'un banc, appuyé contre les murs de l'écurie, et m'en sers comme montoir afin de me mettre en selle. De là, je vois déjà d'un peu plus haut; je règle rapidement la sangle et mes étriers avant d'ajuster mes rênes et de presser les flancs de ma monture. C'est partit pour un petit tour du haras; cela va me permettre de découvrir un peu les lieux. Le domaine semble grand mais, à cheval, j'en ai rapidement fait le tour. Comme la carrière est monopolisée pour un cours et que je ne sais pas non plus si le manège est libre, je décide d'emmener Aphrodite faire un petit tour des pâturages. « Rien que toi et moi, sans personne pour nous dire quoi faire », je murmure. C'était uniquement cet aspect de l'équitation qui m'avait manqué; le fait d'être seul avec un cheval et la possibilité de faire ce que l'on voulait avec. Je fais donc longer la clôture d'un pré à Aphrodite; comme l'herbe est grasse par ici, je prends les rênes à la couture afin qu'elle puisse atteindre les touffes vertes. La jument étend sa longue encolure brune et arrache quelques touffes avant de relever aussitôt la tête, prête à repartir. Je lui donne un léger coup de talon afin qu'elle reprenne sa marche. Je regarde tranquillement autour de moi, me laissant bercer par le rythme paisible de ma monture. Je découvre peu à peu le domaine. Il faut avouer que le paysage est beau; les prairies s'étendent sur quelques hectares et le sol est vallonné. Le ciel azur rend notre promenade d'autant plus agréable.
Bientôt, les clôtures des prés sont derrière nous et nous nous retrouvons dans une prairie bordée d'arbres. J'en profite pour presser fermement les flancs de ma monture afin qu'elle parte au petit trot. L'alezane ne se fait pas prier et accélère, restant cependant totalement sous mon contrôle. Sage, elle ne tente pas de m'embarquer ou d'aller plus vite. Je donne à nouveau un coup de jambes afin qu'Aphrodite parte au galop. Je l'encourage même à accélérer en pressant puis relâchant par intervalles la pression de mes jambes contre ses flancs. Les arbres défilent à toute allure autour de nous. Bientôt, je fais ralentir ma monture et lui fais faire demi-tour. Je ne connais pas encore très bien les environs, il ne s'agirait pas de me perdre dès ma première balade... Nous revenons sur nos pas au petit trot et, bientôt, les toits des bâtiments de Pado sont en vue. Je demande à l'alezane de reprendre le pas et flatte son encolure chauffée par le soleil. La balade semble lui avoir fait du bien; ses oreilles sont droites et elle avance tranquillement, l'encolure arquée vers le bas. « T'inquiète, ma grande, la prochaine fois on bosse. » J'entre dans les écuries, toujours à cheval, et attends d'être à la hauteur de son box pour m'arrêter et mettre pied à terre.