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Sam 28 Mar - 23:08

T H E    C R E W


“ T O I ”
If you don't fight for what you want, don't cry for what you lose.

Δ La petite robe noire.
“ a u t r e ”
ft a u t r e
blabla.

“ a u t r e ”
ft autre
blabla.
“ a u t r e ”
ft autre
blabla.
GASMASK

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Sam 28 Mar - 23:24
LA PETITE ROBE NOIRE
#1 Toi
Ce soir, t’as encore mal au crâne. T’es même pas remise de ta soirée de la veille pourtant, te voilà de nouveau prête pour sortir. Tu as passé presque une heure dans la salle de bain de l’immense maison dans laquelle tu vis, désespérément seule depuis qu’il est parti. Tu te mords les lèvres et tu retiens une fois encore tes larmes. Mais qu’est-ce que t’as ? Pourquoi t’es si émotive soudain ? On dirait que les êtres humains te manquent, que t’as besoin de tendresse. Mais quoi ? Tu te moquais pas d’eux, le jour d’hier ? T’es devenue pathétique. Tu joues avec les autres et tu laisses entendre aux tiens que t’es forte et indépendante, que t’as pas besoin d’eux et que, surtout, tu veux pas de leur pitié. Mais regarde-toi, gamine : t’avais un avenir brillant mais t’as tout foutu en l’air et, plutôt que de rebondir, tu t’enfonces dans tes délires. T’es immonde gamine. Tu traînes de bar en bar et t’excites les passions. Tu passes et tu fais comme si de rien mais en vrai, tu crèves en silence. Derrière ce regard assassin et cette attitude butée, t’es en train de crever. Parce qu’au fond, t’as juste envie de retrouver les tiens. De retrouver ceux qui te savent sur le bout des doigts et qui te connaissent suffisamment pour savoir que ça, c’est pas vraiment toi.

Mais t’es pas prête. Parce que si tu reviens, tu sais que tu vas devoir faire face à la réalité des choses et compter les pots cassés. Mais toi, t’as peur. T’es pas sûre de pouvoir survivre à cette épreuve supplémentaire alors tu fuis. Et plus ça va et plus tu prends de la vitesse. Méfie-toi gamine : un jour, tu pourras plus faire machine arrière. Et faudra pas se réveiller quand il sera trop tard, hein. Les tiens arrêtent pas de te prévenir mais tu leur échappes. Tu penses qu’ils peuvent tout endurer puisqu’ils tiennent à toi et qu’ils t’aiment. Mais ceux ne sont que des hommes eux aussi et, comme toi, ils ont leur propre limite. Alors, prends-garde à ne pas trop leur en demander gamine. Parce qu’après, il faudra recoller les morceaux sauf que chez toi, tout est déjà en miettes. Tu sais même plus par où commencer ni comment. Tu sais plus remettre ta vie sur des rails alors tu dérives. Et quoi ? Qui va te pleurer ? Tu serres les dents. Pas ce soir. T’en as marre de penser, de plus pouvoir dormir. Tu veux sortir, faire la fête, danser et oublier.

Tu traverses le couloir et tu prends les escaliers. T’arrives dans un salon immense mais désespérément vide. Tu chausses tes talons et la baraque entière résonne du son de tes pas. Tu marches comme une guerrière et on dirait que tu veux en découdre avec l’univers tout entier. Prends-garde gamine. T’es pas Atlas, t’as pas les épaules pour ça. Dans l’entrée, tu croises une glace de plein-pied. Elle est ébréchée : t’as cogné dedans plus d’une fois mais juste pas assez fort pour la faire éclater en morceaux on dirait. Rouge à lèvres rouge, petite robe noire et talons fins. Tu sais pas trop pourquoi tu vérifies une dernière fois. T’espères rien des autres. C’est du moins ce que t’affirmes ou ce que tu répètes à qui veut bien l’entendre. Mais tu sais, en faisant ça, on dirait que c’est toi que tu tentes de convaincre. Mais qui s’en soucie ? T’es seule. Et finalement, tu te rends compte que c’est pas nouveau. T’ouvres la porte d’entrée et tu te retournes sur ce salon baigné de lumières. Ton regard court sur l’ensemble de la pièce, comme si c’était la dernière fois. T’es bizarre, gamine, et tu ferais mieux d’arrêter de provoquer le sort. Tu vas finir par t’attirer le mauvais oeil.

Tu traverses la petite cour intérieure puis tu franchis les lourdes portes qui gardent cette maison à l’abri du monde, de son intensité et, finalement, de sa folie. L’air frais de la nuit te transperce le corps. Tu as l’impression d’être jetée en pâture chaque fois que tu passes ces portes. Elles sont un peu comme une frontière. D’un côté, tu es à l’abri, dans la tanière. De l’autre, tu es la proie des monstres qui rôdent. Mais toi, tu n’es plus une proie, justement. Toi, ce que tu veux, c’est apprendre à devenir comme eux. Tu souhaites devenir un monstre. Et les dévorer. Tous autant qu’ils sont. Parce que tu n’attends rien d’eux, parce qu’ils sont décevants et parce qu’ils ne sont pas dignes de ta confiance. Ils veulent te dévorer ? La meilleure défense est l’attaque et toi, tu t’es promis que tu ne reculerais plus. Plus jamais. Tu as fait suffisamment de sacrifices. Tu as déjà trop renoncé. Alors, tu n’as plus peur. Tu n’en as pas le droit.

Tu respires profondément et tes paupières se ferment sur tes grands yeux bleus. C’est encore une fois l’heure des choix. Et comme les soirs précédents, tu décides d’avancer et d’errer dans ces rues que tu connais par coeur. Tes pas s’éloignent dans la nuit et bientôt, c’est le bitume tout entier qui résonne de ta marche martiale. La louve est de sortie et la ville lumière peut frémir. Tout le monde n’en sortira pas indemne. Mais méfie-toi : un soir, ce sera toi qui ne rentrera pas. Tu remontes les avenues et tu souris de façon carnassière. Ce soir, tu n’as plus peur de rien. Tes démons t’accompagnent mais tu ne luttes pas contre eux, bien au contraire. Ils vont te nourrir la nuit durant, te donnant l’illusion du contrôle comme de la puissance. Tu te tiens prête à broyer des âmes. La tienne est déjà en morceaux alors, tu ne crains plus grand-chose.

Tu rentres dans un premier bar que tu connais. Rapidement, tu te mêles à d’autres groupes. Les discussions vont bon train et la foule ne cesse de grossir. Tu as l’embarras du choix. Mais tu ne tiens pas en place et toutes ces âmes te donnent le tournis. Soudain, tu n’en peux plus de les entendre rire pour des conneries. Les verres s’enchaînent. T’as l’impression d’y voir la mer qui se balance mais toi, t’as le coeur bien accroché. Et tu continues. Tu ris aux avances de tes prétendants puis tu t’éclipses, ta chevelure dansant sur ton cou comme un ultime au revoir. Ils tentent souvent de te retenir mais ils comprennent alors, en croisant ton regard assassin, que la discussion est vaine. Et ils relâchent immédiatement leur prise. T’as l’impression, parfois, que tu leur inspires de la crainte. Et ça te fait du bien. Parce que tu sais qu’ils t’aimeront pas, jamais. Mais au moins, ils pourraient te haïr. Et cette idée alimente ton orgueil. Tu te redresses alors, le menton vers le haut. T’es un guerrier bouffi de fierté. Mais fais gaffe : tu vas finir par les exciter à force de les provoquer comme ça. Et si les coups commencent à pleuvoir, on donne pas cher de ta peau, gamine.

Tu te greffes à un groupe. Le leader est charismatique. Vif mais drôle, il capte l’auditoire. Vous vous plaisez et vous jouez, un temps. Il donne alors le signal du départ aux siens. Il pose sa main sur ta taille et plonge ses yeux dans les tiens. Ce n’est pas une question : il veut que tu l’accompagnes. Tu feintes d’hésiter, de résister. Il ne comprend pas et soudain, tout ce qu’il a de certitude et d’aplomb s’évanouit. Tu souris à la seconde où il défaille. Il rit. Il rit parce qu’il pense que tu l’as bien eu. Mais au fond, lui et toi, vous savez que c’est bien plus que ça. Le rapport de force s’est inversé. C’est toi qui mène la danse, gamine. Et lui, il t’est soumis. Vous errez dans les rues trop bien pavées, vous quittez les artères lumières de la ville pour mieux rôder dans les ruelles dégueulasses qui empestent la boisson. Mais ces endroits, ils sont vôtres. Et lorsque vous entrez, on vous accueille comme des rois.

Pourtant, il ne te regarde déjà plus comme au début. Désormais, il se méfie de toi. Parce que tu mènes les jeux et c’est sans doute la première fois que ça lui arrive. Tu l’as déstabilisé, tu as remis en question l’image qu’il s’était donnée et ça, il a du mal à l’accepter. Mais tu t’en fous. Tu sais que tu le reverras jamais et demain, au réveil, tu te souviendras déjà plus de sa gueule. Alors tu profites seulement. La musique est forte et les basses font vibrer ton corps : tu te laisses emmener par le son et ton propre corps t’échappe. Il fonctionne à l’instant et invente sur la piste des pas improbables. Mais tu n’es plus vraiment en phase avec la réalité. Rien de tout cela n’est réel pour toi : c’est un peu comme si t’avais quitté ton corps et que tu le voyais s’agiter tout seul. Mais c’est bien toi gamine, c’est bien toi qui mets le feu à cette boîte sordide. Et comme ça, tu changes de groupe. T’es comme un aimant, comme la flamme sur laquelle certains voudraient se brûler le bout des doigts. Et t’en joues. T’attends rien d’eux mais t’aimes l’idée que, ce soir, ils te sont acquis. Alors t’en profites. Ton rire se fait glacial et tu en éconduis plus d’un. Mais tu t’en moques. Tu restes là plusieurs heures et la foule se transforme. Tu devines aux costumes de certains qu’ils sortent de longues réunions et qu’ils veulent seulement se changer les idées. Déconnecter et profiter avant de replonger le lendemain sous des tonnes de responsabilités et d’emmerdes.

Un d’entre eux s’approche de toi. Tu sais plus comment il s’appelle. Henri ? Peut-être Patrick ? T’en sais rien et tu t’en moques. Il te parle longuement, te suit chaque fois que tu retournes sur la piste de danse. Il insiste pour te payer tes verres mais tu tiens bon. T’as pas besoin d’un gars pour t’entretenir. Tu le laisses parfois s’approcher mais, cruelle, tu le repousses l’instant suivant, sans réelle justification. Il sait plus très bien où il en est mais la boisson et les pilules font effet. Alors, il profite au mieux de sa folle nuit. Et la fête continue d’aller bon train. Tous ensemble, vous êtes une bande joyeuse mais, lorsque l’on vous prend individuellement, vous n’êtes en réalité que d’immondes épaves qui peinez à vous maintenir la tête hors de l’eau. Les heures défilent encore et de nouveau, on t’invite à te mettre en route pour changer de refuge. Cette fois, vous optez pour des services de chauffeurs privés. C’est à peine si vous seriez capables de rentrer chez vous seuls. Vous faites pitié. Mais le pire, c’est que vous continuez dans votre course folle.

Durant le trajet, tu restes muette. Votre chauffeur vous juge : tu l’observes à travers le rétroviseur central de l’automobile. En même temps, tu peux pas lui en vouloir. Toi, à sa place, t’aurais fait pareil. Tu sais que vous faites pitié. Mais tant pis, une fois encore. T’es une cause perdue et personne viendra jamais te sauver. Alors quitte à crever, autant faire le trajet en première, non ? Le front appuyé contre la vitre, tu regardes cette ville que t’as dans le sang. Elle est si belle en plein coeur de la nuit ! Elle est si belle lorsque ses immenses boulevards sont déserts et que les réverbères jettent de l’or partout où ils s’étirent vers les cieux … Ton coeur se serre et tu colles tes doigts sur la portière dans un geste désespéré : tu sais que tu pourras jamais la garder comme ça. Que rien de ce que tu vois ne t’appartient et que la nuit finira par cesser, comme tous les autres soirs. Tu ne peux pas retenir le temps, gamine. Il serait bon que tu commences à le comprendre et à l’accepter.

Vous traversez ainsi la moitié de la ville et finalement, vous arrivez face à un établissement cossu. Une immense file d’attente débute à son entrée et se termine si loin que vous n’arrivez à en distinguer le bout. Tu fronces les sourcils : il est hors de question que tu perdes autant de temps. Le garçon dont le prénom t’échappe toujours sourit, sûr de lui. Il t’attrape par le bras et te tire derrière lui. Le videur est sceptique au début mais il semble finalement le reconnaître et votre joli groupe de onze entre au nez et à la barbe de tous les autres qui protestent, mécontents et vexés. Qu’importe : ce n’est déjà plus de votre ressort. L’ambiance, ici, est nettement différente. Ce n’est plus une petite boîte sordide. Si rien n’est plus noble, tout est fait pour que le vernis de la société ne soit pas mis à mal. Tu devines que les âmes égarées sont sélectionnées au regard de leur tenue mais aussi du soin qu’elles apportent à leur personne. Tu grimaces, prédatrice une fois encore. Le monde est si risible ! Mais qu’est-ce que tu crois ? Que tu vaux mieux, peut-être ? Et quoi, t’as pas l’impression de prendre part à la mascarade toi aussi, là ? Tu critiques mais tu fais rien pour changer les choses. Et tu vaux pas mieux que tous ceux que tu dis détester. T’es pathétique, gamine.

Mais l’endroit est immense. Et tes yeux clairs commencent à accuser le coup de toutes ces lumières qui viennent les agresser et qui, finalement, t’aveuglent. Tu es comme dans un état second et si ton corps bouge encore au rythme des musiques qui s’enchaînent, il échappe déjà à l’emprise de ton esprit qui se perd dans les brumes de tes souvenirs. Tout devient confus et le passé embrasse le présent dans une valse morbide. Tu te sépares malgré toi de ceux avec lesquels tu es arrivée. Mais cela ne t’inquiète pas : tu sais veiller sur toi et tu as affronté bien des combats. Tu n’es plus une enfant et même la nuit la plus noire ne t’effraie plus. Tu te retrouves de nouveau au bar. Le serveur semble étonné : tu es plus jeune que la moyenne. Il discute un peu avec toi, cherche à sympathiser. Et étonnamment, il te désarme. Tu ne te fais pas cynique face à lui. Tu le questionnes, douce et réellement intéressée par ce qu’il semble avoir à dire. Il est un des rares à entendre ton véritable rire, celui qui plait tant à Phantom. Ton coeur rate un battement mais tu le verrouilles immédiatement : ce soir, tes sentiments sont restés sur le seuil de la maison dans laquelle tu vis. Tu reprends le dessus et de nouveau, tu te fais charmante.

Au début, tu ne le remarques pas. Tu parles, innocemment. Et la discussion va bon train. Vous évoquez toute sorte de choses, c’est plaisant. Mais il est sollicité, dragué aussi. Il te regarde de façon complice et, d’un hochement de tête, tu l’encourages à tenter sa chance. Les nuits doivent être bien longues pour lui aussi. Tu te redresses et alors que tu t’apprêtes à tourner pour mieux regarder la piste de danse, tu l’aperçois enfin. Il est en diagonal de toi, à l’autre bout du bar rectangulaire qui semble soudain immensément long. Il porte un costume mais il a pris soin de retirer sa cravate et de déboutonner les premiers boutons de sa chemise blanche. Tu devines que ses yeux sont clairs et tu sens son regard sévère. L’espace d’un instant, tu as le sentiment d’être une biche prise dans les phares d’une automobile. Tu te détestes d’avoir une telle impression. Toi, tu n’es plus une proie. C’est bien toi qui chasses. Tu fronces les sourcils et tes dents se serrent douloureusement. Enervée, tu fais volte-face, décidant de camper l’ignorance vis-à-vis de lui. Tu penses t’en être débarrassée. La musique change et tu reconnais enfin l’air. Tu te redresses, prête à retourner danser.

« Ne me dite pas que je vous fais fuir, mademoiselle.

Tu es surprise mais tu le caches. Il est hors de question de le laisser penser qu’il est ici en position de force. Tu sais que ton regard se fait de glace lorsque tu es énervée. Ni une, ni deux, tu braques tes yeux dans les siens. Ils sont étonnants de clarté. Tu frémis mais, impliquée dans la mission que tu t’es donnée, tu arrives une fois encore à le cacher. Tu le dévisages et le sourire qui passe sur tes lèvres et carnassier. Cela n’échappe pas à l’attention de ton protagoniste.

« Vous pensez qu’un tel regard suffira à me faire déguerpir ?

« Pourquoi pensez-vous tant que je veux vous voir partir ?

« … vous êtes très sûre de vous, pour quelqu’un de si jeune.

« Pourquoi la jeunesse devrait-elle trembler chaque fois qu’elle fait face à ses aînés ?

« Nous donnons dans le conflit générationnel ?

« C’est vous qui avez fait le choix de mettre mon âge en avant. Seriez-vous en train de vous en mordre les doigts, Monsieur ?

« … vous êtes cruelle. Vous l’êtes mais vous le savez, n’est-ce pas ? Je suis même certain que vous vous amusez de tous ces pauvres hommes qui n’arrêtent pas de venir vous parler depuis le début.

« Je n’en sais rien. Pourquoi dites-vous cela ? C’est ce que vous feriez, si vous étiez à ma place ? Ou est-ce parce que vous trouvez qu’ils sont risibles ?

« Je dois reconnaître que vous êtes très habile. Mais que diriez-vous d’un verre pour en discuter ?


Tu le détestes déjà. Tu le détestes mais tu ne veux pas lui donner l’impression que tu te défiles ou que tu cilles. Alors, tu relèves le défi qu’il te lance. Vous vous installez un peu en retrait, dans l’ombre de l’établissement de nuit. Il s’en va quelques minutes. Tu sais que tu pourrais partir. Ton instinct te souffle même que tu as tout intérêt à t’en aller maintenant, avant que les choses n’aillent trop loin ou ne dérapent. Mais tu restes assise à ta place, le regard brillant et l’esprit en ébullition. Tu n’as qu’une hâte : lui faire ravaler chacun de ses mots. Il revient. Il sourit, plus sincèrement que toi. Il te regarde sans une once de gêne, comme s’il avait le droit de laisser ses yeux glisser sur chacun des traits de ton visage. Tu ne cilles pas. Il le voit et en prend note. Il sourit de plus belle. Et, étonnamment, il entame une discussion franche et intéressante. Il ne te traite pas comme une gamine écervelée qui serait venue ici juste pour passer une soirée mémorable de débauche. Il t’intrigue. Tu te montres méfiante et tu te fais cassante dans tes réponses. Tu n’as pas peur de lui ni des années d’avance qu’il a. Toi aussi, tu penses et tu réfléchis. Toi aussi, tu as ton avis sur les grands sujets qui agitent les passions de notre société. Alors ce soir, tu ne te tairas pas. Tu parleras, puisque tu as des choses à dire, puisque tu as tous ces mots qui te déchirent le coeur à force de ne pas pouvoir sortir.

Et lui, il sera ton défouloir. Qu’il le veuille ou non. Il le sera parce que tu le veux et parce que, ce soir, il vient de tomber dans tes filets.
   
(c) AMIANTE

   
Rouxine
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