PsychoShinigami - DOMICILE [corbeille - 2020]

16/07/20

→ objectif : l'une de vos connaissances organise la "soirée de l'été" chez lui ( 5 )

Tenant fermement la laisse de son malinois, Tedrick descendit de sa Lamborghini. Un ami l'avait invité à une soirée qui devait avoir lieu chez lui et le voilà. Il avait laissé la maison entre les pattes de son berger allemand qui monterait la garde sagement. C'était un chien d'un naturel instinct protecteur, qu'il s'agisse de son maître ou de sa maison. Le jeune homme avait une ferme confiance en lui pour ne laisser entrer, ou sortir, personne. Et puis, Grizzly, le jeune berger australien, était avec lui après tout. La personne derrière cette soirée il ne la connaissait que trop bien, et pas toujours dans le bon sens du terme. L'homme était un client fréquent, mais il avait de l'argent. Lorsque ses yeux balayèrent la propriété ils furent éblouis. L'endroit était immense. Si tout le monde ne cessait de lui répéter qu'il avait une maison imposante et luxueuse, elle paressait minuscule à côté de ce titan architectural. Un peu impressionné il caressa son chien qui tirait sur son harnais avec détermination avant de prendre le pas. L'homme qui accueillait le nombre incroyable d'invités se tenait près de la porte, saluant chaque visage qu'il voyait. Lorsque Tedrick fit son apparition devant lui il sembla content de le voir et lui serra la main avant de demander si le chien à son côté était dangereux. Un simple haussement d'épaules comme réponse et il le laissa entrer.

Pénétrant dans la cour où se trouvait une piscine sans doute bien plus grande que la sienne, un mélange de bruit inqualifiables, de rires, de discussions prononcées à hautes voix lui arrivèrent aux oreilles. Ne tardant pas à reconnaître quelques amis il se dirigea vers eux. Évidemment le premier remarqué fut le malinois, recevant une tonne de caresses qu'il ne pouvait refuser. Par sécurité le jeune homme avait tout de même enfilé à Yankee sa muserolle pour éviter les accidents, sachant très bien les conséquences possibles d'une erreur d'inattention ou de jugement de la part d'un humain comme du chien. Caressant fréquemment son cou et la base de sa tête le toutou était néanmoins le plus heureux. Il n'était pas habituel pour lui de suivre son humain lors de fêtes, mais tant que Tedrick était là le chien était heureux d’être là où il était. Ainsi, la discussion s'enflamma, les gens riaient, parlaient fort, buvez. Tedrick avait dû se calmer sur la drogue oui, mais l'alcool n'était pas interdit. Il avait une bonne descente, les verres de vodka s'enchaînaient comme si de rien n'était.

La soirée battait son plein, tout le monde discutait, l'alcool était versé à flot, la drogue circulait librement si bien qu'il fut délicat pour Tedrick de se contenir. La soirée se prolongea tout au long de la nuit. Des baignades dans la piscine, des rigolades, des disputes parfois. Tout le monde était alcoolisé mais Tedrick semblait d'étrange bonne humeur. Après tout, la soirée battait son plein et dans les meilleures conditions. Le maître de soirée faisait le tour des tablées pour s'assurer que tous ses invités s'amusaient et passaient du bon temps. Finalement, le jeune homme ne vit pas le temps passer. C'était si agréable d'être hors de chez soi, dans un endroit luxueux, avec des bons amis qu'il connaissait de plus ou moins longues dates.

Finalement, il ne savait pas trop comment cela s'était produit, mais il était 11 heures lorsqu'il ouvrit enfin les yeux. Il était chez lui, dans son lit, seul. Sa Lamborghini se trouvait dans son garage, ses chiens dormaient près de lui en toutous fidèles. Seules quelques bribes lui revenaient, mais en tout cas, il avait trouvé cette soirée fantastique. C'était sans doute la meilleure qu'il avait passé depuis le début des grandes vacances.

20/07/20

→ objectif : votre personnage organise une pool-party chez lui ( 4 pts concours )

Tout en sirotant un planteur dans un transat au bord de sa piscine, Tedrick regarda l'heure sur son téléphone. Il était quatorze heures, ses invitées ne devraient plus tarder à arriver. Il avait invité ses amies du domaine à une petite pool party. Il n'y avait rien à fêter, seulement se rafraîchir dans la piscine à une heure de la journée plutôt chaude. Si Tyson dormait près de son maître, les deux plus jeunes chiens s'amusaient à se bagarrer affectueusement. Alors qu'ils se pourchassaient Yankee s'immobilisa et se précipita vers la porte en aboyant à tue tête,  bientôt accompagnée par la voix de Grizzly, formant une bruyante cacophonie. Il n'en avait pas fallu plus pour que Tedrick se lève et vienne ouvrir la porte. Kristen était là avec Sunday, sa femelle pitbull, et Sunday, le berger blanc suisse. Cela n'avait posé aucun problème à Tedrick, au contraire,  leurs chiens étaient très copains et puisque les siens étaient déjà là, pourquoi empêcher ses amis de ramener les leurs? Ils se saluèrent d'une poignée de main ferme avant de l'emmener jusqu'à la piscine où quelques bouées exotiques flottaient. Il lui indiqua le mini bar extérieur. Dans ce dernier se trouvait un petit frigo et plusieurs bouteilles d'eau et bières attendaient au frais au bon vouloir des gens. Elle le remercia et s'en alla dans une des chambres pour se mettre en maillot. Tedrick lui portait déjà son short de bain de toute façon. Peu après Sally et Harley arrivèrent à leurs tours. Comme avec Kristen  il leur fit faire le tour du propriétaire, du moins des pièces qui les intéressaient, puis elles se dirigèrent vers la piscine, portant déjà leurs maillots sur elles. la dernière à faire son apparition fut Aspen, qui comme les autres eut droit à sa visite guidée. Après quelques minutes tout le monde était en maillot et autour de la piscine, prêts à profiter de la journée.

Bientôt les chiens se mirent à  jouer bruyamment, tandis que l'aîné, Tyson, paressait au soleil comme à son habitude. C'était un chien très calme malgré sa race de berger et même s'il n'était âgé que de 5 ans, c'était tout de même un grand calme. Bientôt les gens sautèrent dans la piscine ou rentrait plus en douceur. L'eau était chauffée à 33 degrés, autrement dit elle était plus que bonne. Harley commença à lancer les hostilités, arrosant Sally. Cette dernière répliqua et peu à peu Kristen, Aspen et Tedrick se lancèrent dans la partie. Nageant, plongeant, faisant des saltos et toutes sortes d’acrobaties, on ne pouvait pas dire qu'ils ne s'amusaient pas. Voyant leurs maîtres s'amusaient le malinois et la pitbull se jetèrent à l'eau également, battant des pattes pour rejoindre leurs propriétaires. Ils nagèrent un peu, bientôt rejoins par Grizzly, puis sortirent de l'eau pour s'ébrouer, non sans éclabousser Tyson qui grogna de mécontentement, dérangé par les agitateurs. Amusés par la situation, les jeunes gens se mirent à rire avant de reprendre leurs activités. Après une petite heure à barboter dans l'eau, ils sortirent un à un pour rejoindre les différents transats. Après avoir pris commande  Tedrick apporta une bière à Kristen et Aspen et deux sirops  à la fraise pour Sally et Harley. Il se servit également d'une bière pour ensuite rejoindre son transat, profitant du soleil haut dans le ciel pour faire bronzette, manquant presque de s'endormir sur place. C'est le berger australien qui le ramena à lui, posant sa tête sur sa jambe en couinant pour obtenir un peu d'attention. Machinalement Tedrick lui caressa la tête tout en discutant avec les filles, de cheval mais aussi de leur vie à côté des écuries. Certes il ne racontait pas tout, seulement ce qu'il voulait bien dire, mais l'ambiance était chaleureuse et les jeunes gens semblaient profiter de la pool party.  

Quelques heures plus tard, après un bon début d'après-midi passé en leurs compagnies, le petit groupe décida de se séparer. Après tout, Tedrick s'était offert cette pause mais avait encore du travail, tout comme Kristen et Aspen. Sally et Harley elles aussi quittèrent les lieux après avoir remercié Tedrick pour l'invitation, l'invitant à refaire ce genre de chose durant l'été. Les chiens furent un peu malheureux de quitter leurs copains, mais ne tardèrent pas à reprendre leurs petites vies sans plus tarder. Une caresse sur la tête de chacun et il alla enfiler une tenue d'équitation. Il avait encore des chevaux à sortir après tout, et ils ne travailleraient pas tout seuls

19/10/20

Tedrick se sentait comme un petit vieux en ce moment précis. Il faisait vraiment froid dehors, et il n'était pas vraiment motivé à travailler. Il avait offert une journée de repos aux chevaux, et à lui aussi par la même occasion. Allongé dans son canapé, sous un plaid et avec une bouillotte bien chaude, il regardait des dessins animés à la télévision. Il n'avait pas envie de réfléchir, et puis il aimait bien les dessins animés. Il regardait souvent des choses "trash", mais les séries pour enfants lui offraient aussi un bon divertissement, surtout en ce moment où il n'avait plus envie de réfléchir à rien. Couinant, Tyson attira son attention. Le berger allemand s'était couché près de son maître dans le canapé d'angle et se plaignait que ce dernier avait cessé les papouilles sur sa tête. Obéissant le jeune homme reprit ses caresses en étant perdu dans ses pensées. Il avait fini par le revoir, ce fameux docteur, plusieurs fois d'ailleurs. Il avait fini par baisser sa garde et ils avaient parlé de tout, et de ses ressentiments. Ce n'était pas souvent que le jeune homme s'exprimait ouvertement sur ce qu'il ressentait au fond de lui. Et puis cette phrase, une simple petite phrase qui avait donné du sens à tout ce qui n'en avait pas, ou du moins qui n'en avait plus.

Tedrick, je pense que vous êtes bipolaire. Tout un tas d'entretiens cliniques s'en étaient suivis, des tests, des questions pour que le diagnostique soit confirmé. C'était la raison pour laquelle il se sentait si bien pendant des mois, comme s'il était invincible, incapable de trouver le sommeil car infatigable, et d'autres fois au fond du trou, à replonger dans la drogue, la dépression et l'éloignement social. Il avait désormais des médicaments à prendre, et il continuerait de discuter avec ce fameux psychologue, de temps en temps. Si cette annonce était un soulagement, elle était aussi un poids à porter pour lui. Qu'allait-il dire aux gens? Allait-il le dire au moins? Il n'en savait rien. Ici-bas, seuls ses chiens et ses chevaux ne le jugeaient pas, et encore! Il aurait juré que Crypt of Necrodancer l'avait regardé d'un air inquisiteur quand il l'avait lâché au paddock. Essayant de ne pas y penser il se leva un peu mollement et se dirigea vers sa cuisine où il se fit un thé chaud avec du lait et du sucre. Une version à l'anglaise améliorée en somme.

Il retourna ensuite bien au chaud, avec sa bouillotte et son plaid avant de finalement se faire déloger par Yankee et Grizzly. Les deux toutous l'avaient harcelés pour aller jouer dehors, alors il leur avait finalement ouvert. Cela faisait environ une heure déjà qu'ils étaient partis en vadrouilles, et les voilà enfin de retour. Puisque sa propriétaire était presque accolée au domaine, pour ne pas dire qu'il suffisait de trois ou quatre minutes de marche pour arriver sur place, les chiens avaient dû bien s'éloigner pour ne revenir que maintenant. Il leur ouvrit par la porte vitrée et les caressas avant de se réinstaller. Le jeune malinois était encore plein d'entrain et poussa de bruyants aboiements pour attirer l'attention sur lui, en échange de quoi il n'eut droit qu'à se faire indiquer son panier. Vexé, le jeune chien se roula en boule sur son couffin avant de finalement s'endormir pour une longue sieste. Prenant une grande inspiration Tedrick gonfla d'air ses poumons avant de souffler un bon coup. Qu'allait-être sa vie maintenant?

31/10/20

J'arrête tout. Je te dépose ce qu'il me reste demain.

Affalé dans son canapé devant un film d'horreur, après tout c'était Halloween, Tedrick déposa son téléphone sur la table. L'écran s'alluma, trahissant un message qui venait d'arriver, sûrement une réponse de F, mais il n'y prêta pas attention. Allongé sur le canapé à côté de lui, Grizzly posait sa tête sur sa cuisse en somnolant sous les papouilles sur la tête qu'il obtenait. Le jeune chien sursauta lorsqu'un cri lugubre sortit des haut-parleurs de la télé, mais s'assoupit de nouveau assez vite. Il avait beau avoir un couffin par chien, ceux-ci tenaient visiblement absolument à être collé à lui. N'ayant pas le courage de se lever pour aller chercher un thé au lait, il se contenta de s'enfoncer un peu plus dans les épais coussins confortables. En ce moment il réfléchissait beaucoup, du moins il avait beaucoup réfléchi ces derniers jours. Aujourd'hui il était seulement arrivé à la conclusion finale. Il allait tout lâcher, sans exception.

Son banquier avait été très clair avec lui, le revenu de son élevage cumulé aux pensions et aux gains sur les compétitions, même en prenant en compte les difficultés liées au coronavirus démontrait que son affaire était rentable, très rentable. Et il allait bientôt fêter ses 25 ans, alors il avait décidé de cesser ses activités plus ou moins légales. Il allait cesser de revendre des stupéfiants, cesser la prostitution, tout. Il avait envoyé des messages aux gens de ce milieu qu'il côtoyait plus ou moins depuis des années. Il voulait couper les ponts. Grâce au psychologue notamment, il c'était rendu compte de tout l'aspect négatif sur sa personne, qu'il s'agisse de moralement, de physiquement mais aussi au point de vue de sa maladie. L'alcool comme la drogue n'améliorait en rien sa bipolarité, et force de discuter, il avait commencé à le comprendre à quel point ça lui été néfaste. Et à dire vrai, ce n'était pas du tout facile pour lui, de retourner à une vie normale, ou les choses n'étaient pas aussi simples que du côté obscure.

Le bruit des griffes sur le carrelage se mit à résonner, se rapprochant un peu plus à chaque seconde. Yankee dérapa presque sur le sol en faisant de vifs allés retours vers la porte. Se tournant vers lui, il lui demanda s'il avait envie de partir en balade. Ce mot là résonna aux oreilles des quatre autres canidés qui se dirigèrent vers la porte, prêts à partir. Comprenant que l'heure était venue, il se leva mollement. Grizzly était déjà à la porte, ayant bondi sur le tapis dès l'annonce du mot "balade". Regardant l'heure, il se rendit compte qu'il était 19 heures, et puisque les jours raccourcissaient, la nuit était déjà tombée. Il enfila des colliers fluorescents aux cous des chiens, histoire de pouvoir les voir même dans le noir. Il enfila une veste, prit sa lampe torche, son téléphone et ferma la porte à clef derrière lui. Sa décision était prise, et ça ne lui serait que bénéfique, c'était certain.

01/11/20

→ défi résumé n°3 : Durant le nettoyage de votre sellerie, vous n'êtes pas à l'aise. Quelque chose ne tourne pas rond et vous préoccupe...Jusqu'à ce que vous tombiez nez à nez avec. Alors, de quoi s'agissait-il ?

La nuit était tombée sur le domaine, la distribution de la ration du soir avait été faite, a priori, Tedrick était tranquille. La journée avait été aussi longue qu'éreintante, entre les tâches quotidiennes, l'entretien physique des chevaux et pour finir le plus difficile pour lui : mettre fin à ses emplois plus ou moins légaux. Il avait tenu sa parole, il avait plaqué tout, fait comprendre à tout le monde qu'il ne reviendrait pas, et les numéros de téléphone avaient tous été supprimés. Bref, il ne pouvait plus revenir en arrière, et dans un sens c'était sans doute mieux ainsi. Histoire de se vider la tête il s'était dit que nettoyer la sellerie ne serait pas une mauvaise idée et il s'était donc mis à la tâche. La lumière de l'allée était allumé, on entendait que le bruit des chevaux terminant leurs granulés. Pour une fois aucun de ses cinq chiens ne s'était présenté pour le coller. Depuis qu'il avait installé une trappe pour que les chiens puissent rentrer et sortir plus ou moins à leurs guises, il fallait dire qu'ils alternaient entre se promener et dormir dans leur couffin confortable, ou sur le canapé quand il n'y était pas affalé. Attrapant un chiffon, c'est le coeur gros qu'il commença à dépoussiérer le coin où il entreposait les affaires de ses chevaux décédés. Une partie était au grenier, mais les selles gravées au nom des destriers étaient restées sur place. Il n'avait pas le coeur de les enlever, mais elles avaient prit la poussière depuis le temps, et il fallait bien s'y attaquer à un moment.

Prenant la selle western de Moonlight, il la déposa sur le porte-selle portatif, assez semblable à ceux utilisés pour présenter les selles dans les magasins, et commença donc à passer doucement le chiffon pour retirer la saleté. Et puis, à force de frotter il commença à se sentir assez mal à l'aise. Il avait la nette impression d'être observé, mais il était seul dans la sellerie. Il essaya de ne pas y prêter attention, gardant ses yeux rivés sur la selle. Et puis après quelques minutes il se retourna pour voir si ce n'était pas un des chevaux qui le regardaient depuis tout à l'heure, même si en général il n'y prêtait jamais attention, c'était plutôt habituel. Et malheureusement pour lui, dans le seul box qui donnait droit sur la porte de la sellerie, l'équidé mâchait son foin en tournant le dos à sa porte. En somme, personne ne le regardait. Il pensa tout de même que c'était bizarre, mais n'en fit pas toute une montagne. Et alors qu'il commençait à se conforter dans l'idée que ce n'était rien de plus que son imagination, un bruit sourd retentit dans l'allée, le bruit de quelque chose qui tombe.

Tedrick sursauta, puis un frisson parcourut son corps des pieds à la tête. Il passa timidement la tête par la porte. En théorie il était courageux, mais en pleine nuit, seul dans son écurie et sans ses chiens, il se sentait particulièrement fragile. Une masse noire se tenait au fond de l'allée, près de la porte côté parking qui était bien fermée, non loin de la réserve dans laquelle étaient entreposés des denrées alimentaires pour les chevaux. Il chercha une lampe-torche dans l'un des tiroirs du bureau de la sellerie, mais rien pour l'éclairer. II se contenta donc de la petite lampe de son téléphone pour éclairer la zone ombrageuse. Quelque chose bougea soudain et se réfugia dans la réserve qui était restée ouverte. Il y avait un tas de foin présent là-dedans, en somme si quelqu'un voulait s'y cacher, c'était la meilleure option. Allumant la lumière de la réserve il appela

• Il y a quelqu'un?

Mais pas de réponses. Perplexe il s'approcha de quelques brins de foins qu'il avait vu bouger et reposa sa question. Personne ne lui répondit, pourtant, lorsqu'il commença à remuer le foin, il entendit couiner fébrilement, comme un animal qui pleurait en somme. Si c'était un animal, alors il allait pouvoir l'appâter. Il retourna à la sellerie, remplit la gamelle d'eau et prit une friandise dans un sachet qu'il laissait toujours ici. Il retourna alors dans la réserve pour poser la gamelle d'eau et présenter une friandise devant le tas de foin qui commença à remuer. Un chien en sortit finalement. Craintif, il avait la queue collée entre les pattes arrières et avançait timidement vers la friandise en couinant. Il semblait complètement soumis et affamé. Tedrick essaya de le toucher, l'animal ne broncha mais pas restait tout de même sur ses gardes. En cherchant un collier, se demandant à qui était ce chien, il se rendit compte que, premièrement il n'en avait pas, mais aussi qu'il n'avait que la peau sur les os. Ses poils assez longs et denses camouflés son corps squelettique et il eut de la peine pour ce toutou finalement.  À sa manière de boire à toute vitesse, il comprit que l'animal n'avait pas été abreuvé depuis un bon moment. Il ne trouva pas de tatouage sur le chien, ni même de puce électronique au toucher. Finalement il décida d'envoyer un message à son vétérinaire pour aller voir s'il appartenait à quelqu'un. En attendant il fallait le ramener à la maison, il avait faim et avait bien besoin d'un bain. Sa sellerie attendrait!

04/11/20

→ défi résumé n°5 : Un soir d'orage, une personne toque à votre porte. Vous n'attendez personne. Qui est derrière la porte ? Que vous veut-elle ?

L'orage grondait dehors, le vent poussait les gouttelettes d'eau qui s'écrasaient bruyamment contre les nombreuses baies vitrées. Pour diminuer le bruit Tedrick avait baissé la plupart des volets mais rien n'y faisait. Comme souvent le soir, maintenant qu'il était revenue à une vie "saine", il était couché dans son canapé. La télévision éclairait tout le salon et les chiens somnolaient ici et là. Cette fois-ci c'était Tyson qui s'était offert la place du canapé, et qui appréciait les caresses qu'on lui offrait. Regardant sa série Tedrick commença à somnoler, manquant de s'endormir dans son canapé. Le tonnerre gronda, le réveillant sur-le-champ. Sur le coup il ouvrit les yeux, se rendit compte que ce n'était que le tonnerre et referma les yeux. En quelques secondes, il s'était endormi.

Il entendit un aboiement et referma les yeux. Les chiens s'étaient mis à aboyer de plus en plus forts, menaçants. Il y avait quelqu'un à la porte. Il rouvrit les yeux et se leva finalement. Seul Grizzly s'était mis dans un coin en aboyant avec moins de conviction que ses congénères, quant à Yakuza, il était silencieux comme une tombe. En général les beaucerons étaient silencieux, prenant les intrus par surprise. Il regarda son téléphone, il était 23h30, et à cette heure-ci il n'attendait personne, encore moins par ce temps désastreux. Mal alaise avec la situation, il s'approcha lentement de la porte, attacha la petite chaînette et entrouvrit la porte. Aussitôt Luxure passa sa tête dans l'embrasure. Le doberman ne disait rien, mais pesait un regard insistant et hostile envers l'inconnu. Sur le coup, Tedrick ne le reconnut pas, et puis finalement, il fit un pas en arrière.

• Papa?  

Après une hésitation Tedrick referma la porte. Il décrocha la chaînette et ouvra en grand. Voyant que l'homme n'était pas hostile, les chiens se détendirent et retournèrent vaquer à leurs occupations.  Pas spécialement très habitué à cette situation le jeune homme proposa maladroitement à son père d'entrer. Celui-ci voulait visiblement discuter, et il était venu avec une bouteille de vin. Après avoir sorti deux verres Tedrick l'invita à s'asseoir sur le canapé. Remplissant les deux verres à vin, il regarda son géniteur dans les yeux pour la première fois depuis des années. Il était prêt à l'écouter.

09/11/20

Assise contre le mur de sa salle de bain, Kristen attendait. Les secondes paressaient des minutes, les minutes des heures. Elle n'osait pas regarder le résultat. Son coeur se serrait à chaque fois qu'elle repensait à la grossesse, à la maternité. Toutes ces choses la ramenaient à un point précis : Lizzie. Alors elle se rappelait à quel point elle avait été une mauvaise mère pour son enfant. Elle était morte. Mais elle ne s'en remettait pas. Comment une mère pourrait-elle se remettre du chagrin de la perte d'un enfant? Elle n'avait que 2 ans, elle ne méritait pas de mourir, mais pleurer ne la ramènerait pas. Elle avait beau tenter de se raisonner, Kristen avait du mal à le digérer. La perte de sa fille avait déclenché une cascade de problèmes qu'elle commençait à peine à régler. Après presque deux ans, elle commençait enfin à remettre de l'ordre dans sa vie.

Après le décès de sa fille les choses avaient commencé avec Pouchkine. Elle ne l'avait pas vendu, mais elle avait préféré s'éloigner de lui quelque temps, alors elle lui avait trouvé deux demi-pensions dans une écurie voisine. C'était quelques mois plus tard qu'elle avait fait la connaissance de Runaway qui lui permettait par la même occasion d'ouvrir une nouvelle page, de réécrire une nouvelle histoire. Et puis voilà qu'une semaine auparavant elle avait décidé de rapatrier son entier au domaine, ce dernier devant arriver dans quelques jours. Les choses s'étaient aussi mal finies avec son compagnon de l'époque et père de sa fille. Les deux parents étaient accablés par la culpabilité. Ils n'avaient pas à l'être, car une tumeur au cerveau n'était rarement sans conséquence, mais malgré tout le soutien psychologique de l'hôpital à ce moment si dur de leur vie, leur amour n'avait pas surmonté la peine et c'était dans les cris et les larmes qu'ils avaient rompues.

Prenant son courage à deux mains, Kristen retourna lentement le test afin d'en voir le résultat. Se forçant à déplacer son regard, elle découvrit avec horreur qu'elle était enceinte. Horreur car elle avait peur. Peur de ne pas mener à terme cette grossesse, peur que la vie de son enfant à naître soit aussi brève que celle de sa fille, peur aussi de ne pas être une bonne mère. Ne pouvant pas contrôler ses larmes, elle se contenta de sangloter dans la salle de bain. Son compagnon, celui avec qui elle était depuis un an et qui avait toujours été très compréhensif envers elle, se demanda bien ce qui pouvait lui arriver. Il toqua à la porte, et elle se précipita dans ses bras en lui montrant le test. Caressant ses cheveux roses avec bienveillance il prit soin de la réconforter. Connaissant son histoire, et sa difficulté à y faire face, il serait là pour elle, et elle le savait. Après tout, il était le père de cet enfant lui aussi.

20/11/20

On ne pouvait pas dire que Tedrick s'était attendu à une telle visite. Voir arriver son père comme ça chez lui, après six ans de silence radio de la part de l'un comme de l'autre, ça l'avait plus que surpris. Il l'avait finalement laissé entrer et lui avait préparé un chocolat chaud. Tous deux assis, tenant leur mug chaud entre leurs mains pour se réchauffer, les deux hommes étaient restés muets quelques instants. Ils ne s'étaient pas vus depuis si longtemps. Les chiens avaient déjà repris leurs activités habituelles, ils étaient seuls. La télé allumée était le seul son qui leur parvenait. Lorsqu'il en avait trouvé le courage, son père s'était confondu en excuses quant à la manière dont les choses s'étaient déroulé entre eux. Tedrick ne put échapper une grimace. Se faire jeter dehors sans personne à l'âge de 18 ans c'était vrai que ce n'était pas un excellent départ dans la vie. Départ qui lui avait tant coûté d'ailleurs. Pendant longtemps le jeune homme ne prononça pas un mot. Il était prêt à écouter ce qu'on avait à lui dire, et il se contentait donc de garder l'oreille attentive.

Son père commença par lui expliquer qu'avec sa mère les choses s'étaient dégradés quand il devait avoir 5 ou 6 ans. Il c'était alors mit à fréquenter une autre femme. Sa mère n'avait jamais été dupe, et elle était tombée en dépression. Elle prenait des anti-dépresseurs et faisait toujours comme si tout allait parfaitement bien. Ca n'avait pas été le cas. Quelques années plus tards, après des tentatives de réconciliations et des thérapies de couples, son père avait mis en ceinte sa maîtresse. Tedrick devait avoir 10 ans à l'époque, et son amante n'avait jamais accepté d'avorter tout en ayant connaissance de la vraie femme et du fils de son compagnon. Sa fille avait 14 ans aujourd'hui et n'avait encore aucune idée de la double vie que son père avait mené. En tout cas, son père avait tout fait pour le cacher à sa femme, qui l'avait découvert malgré tout. À Tedrick on n'avait jamais rien dit, mais à l'époque il était encore petit. Peut-être étais-ce le silence et l'évidence d'un problème qui avait entraîné ses problèmes de comportements. Tedrick était devenu apathique, il ne cherchait jamais l'affection de ses parents, était un enfant isolé. Voir son fils s'éloigner d'elle avait été encore plus insupportable pour sa mère qui avait tenté de le forcer plus ou moins à se rapprocher d'elle. C'était à partir de ce moment-là que les disputes avaient éclaté, que le jeune homme avait commencé à avoir un comportement auto-destructeur qui s'était ensuivi de son expulsion pure et dure de la maison.

Attentif, il écouta son père poursuivre son récit. Après son départ, une énorme engueulade avait éclaté entre son père et sa mère. Il la jugeait inconscience de mettre un adolescent sans emploi ni argent à la rue, mais c'était trop tard. Et puis au fond, il croyait qu'il reviendrait à la maison. Sa mère à finit par reprendre raison, et tous les deux l'ont attendus pendant plusieurs semaines. Il n'était jamais rentré. Et pour preuve, aujourd'hui six ans s'étaient écoulés depuis ce jour-là. Son père et sa mère avaient fini par divorcer et il s'était marié avec son amante. Tedrick se risqua à poser une question en plongeant son regard dans celui de son père. "Où est maman aujourd'hui?". Baissant les yeux l'homme regarda ses chaussures et bafouilla "Elle est morte, je t'emmènerais sur sa tombe, enfin si tu le voulais.". Pendant de très longues minutes qui paressaient des heures le silence regagna le salon. Tedrick avait du mal à digérer cette information. Sa mère avait été la source des conflits, mais il ne l'avait jamais su si en souffrance que ça. Elle était une bonne actrice après tout. Mais, même s'il était resté fâché toutes ces années, il ressentait...de la peine? Oui, de la peine. Son père lui expliqua le regard dans le vide que peu après le divorce, ne supportant pas d'avoir perdu son mari et son fils qui ne s'était jamais représenté, elle s'était défenestrée. Même s'il détestait ça, si fort qu'il se haïssait en cet instant, il ne put retenir quelques larmes. Le temps de les sécher froidement d'un revers de manche.

• Ça te dérange si je fume une cigarette?

Après un non d'un signe de tête, Tedrick ouvrit son paquet, porta la cigarette à sa bouche et l'alluma, bientôt imité par son père. Il haussa les sourcils, ne se doutant pas qu'il fumait, mais pourquoi pas. Le temps de redescendre un peu en pression, et tout en fumant et terminant leur mug. Vient alors la fameuse question "Qu'es-tu devenu toute ces années?". Alors là. Tedrick passa outre la prostitution et les drogues dures qu'il avait sortie de sa vie à tout jamais, l'alcool parfois encore un peu présent et les drogues douces dont il avait encore un peu de mal à décrocher. Mais de toute façon, il n'avait pas vraiment l'intention de cesser de fumer du cannabis. Il parla surtout du fait qu'il était propriétaire de sa propre maison, qu'il possédait également le domaine équestre en contrebas, avec une trentaine de chevaux à lui tout seul. Il raconta également son succès dans le haut niveau équestre et qu'il accueillait quelques cavaliers  propriétaires en pension. Cela amusa son père qui l'informa que sa fille était aussi une cavalière passionnée. Pour Tedrick ça lui faisait une belle jambe, mais bon. De toute façon il ne connaissait pas beaucoup de cavaliers capables de l'égaler. Il évita également de parler du fait qu'il avait été fiancé. Il n'avait jamais fait son coming-out à vrai dire, et ce n'était peut-être pas le moment idéal.

Des heures après son arrivée, son père lui annonça qu'il partait, ne voulant pas le retenir plus longtemps. Vu l'heure il lui proposa de rester, juste pour la nuit, mais il affirma qu'il vivait à une petite quinzaine de minutes de là tout au plus. Il refusa pourtant de lui dire comment il l'avait retrouvé. Se levant pour lui ouvrir la porte, Tedrick s'apprêtait à lui faire un signe de la main quand son père tendit un bout de papier sur lequel était inscrit son numéro de téléphone. Le rangeant dans sa poche Tedrick remonta ses yeux sur lui lorsqu'il tenta de lui dire un peu gêné. "Tu sais...je n'habite pas très loin. Si tu veux passer un de ces quatre boire un café, tu n'as qu'à m'appeler. Ça...Ça me ferait plaisir de te présenter à ma femme et ta demi-soeur. Et puis...je pourrais t'accompagner voir ta mère, au moins tu sauras où elle est...". Hochant simplement la tête, n'ayant pas la force de répondre, il finit par lui faire un signe de la main avant de refermer la porte derrière lui. Pendant quelques minutes il resta muet, adossé à sa porte d'entrée. Le temps de respirer un coup et il alla rouler un joint qu'il fuma silencieusement près de la piscine. Quelle visite surprenante quand même. Soudain, son téléphone vibra. Il regarda le destinataire et décrocha.

• Adrian?