PsychoShinigami - RESTAURANT [corbeille - 2020]

21/11/19

Bien assis à table, Tedrick regardait par la fenêtre. Perdu dans ses pensées il observait les feuilles des arbres bouger, poussées par le vent. Il n'était pas là depuis longtemps mais il sentait déjà une espèce de boule grandir dans son estomac. Depuis peu il commençait à ressentir de la joie. Depuis qu'il avait presque éradiqué l'alcool et ne prenant plus de drogues dures, il semblait un peu plus clair jour après jour. Avec la clarté d'esprit venait les questionnements. Son cerveau carburait à cent à l'heure, comme il n'avait pas pu carburer depuis longtemps. Il redevenait quelqu'un de stable, et ça lui faisait un peu peur à vrai dire. Il ne connaissait que le chaos et n'était pas habitué à la vie "classique". C'était vrai que le sevrage avait été extrêmement dur à vivre, mais il y avait survécu. À présent ne lui manquait plus qu'à tracer sa petite route. Du moins c'est ce qu'il essayait de faire du mieux qu'il pouvait. Il avait même réussi à oublier totalement Isaac. Il n'y pensait plus, c'était une partie du passé, de cette vie qu'il tentait d'oublier. Mieux valait laisser tout ça derrière lui. Les portes du restaurant s'ouvrirent finalement, dévoilant son rendez-vous du soir. A peine eut-il posé son regard dans ceux de son date que ses yeux se mirent à pétiller et un sourire se dessiner au creux de ses lèvres. Il ne le remarqua pas, mais ce sourire lui était rendu tout aussi timidement. Chacun jeaugait l'autre, mais avec beaucoup d'amour, un jugement admiratif.

Maladroitement Tedrick se leva, manquant de renverser sa chaise qu'il rattrapa de justesse. Un rire éclata et  ils firent finalement un pas l'un vers l'autre. Le temps de reprendre ses esprits et Tedrick s'avança comme machinalement avant de le serrer dans ses bras. Adrian leva les yeux, souris et attrapa la nuque de son aîné pour déposer un baiser fougueux sur ses lèvres. Ne cherchant même pas à s'y opposer, Tedrick ferma les yeux et ne le lâcha pas. Il lui retournait tout bonnement le cerveau, et le désir affectif -et plus si affinités- ne l'aidait pas à y voir clair. Les regards étaient tournés vers ces deux hommes, mais aucun des deux n'y prêta attention. Après des années et des années tout le monde finissaient par ne plus remarquer les regards curieux de ceux qui ne voyaient pas deux hommes s'embrasser très souvent. Rapidement ils commandèrent, mais les papillons qu'ils avaient dans le ventre leur coupaient l'appétit. Sans jamais se lâcher du regard, ils parlèrent. Enfin, Adrian était bien plus bavard que son compagnon, mais la conversation n'avait aucun mal à s'alimenter. Et pour dire, Tedrick avait rarement été aussi à l'aise avec quelqu'un. Ils ne se connaissaient que depuis un mois, mais ça avait été le gros coup de foudre entre eux, et depuis il était difficile pour eux de se quitter.

Le repas fut animé par des éclats de rire et des conversations profondes. Pour Tedrick le sentiment d'être compris et écouté n'avait pas de prix. Et puis, s'il aimait se tapir dans le silence en règle générale, pour la première fois il avait l'impression d'avoir toujours quelque chose à dire, une histoire à raconter. Et Adrian était admiratif lorsqu'il lui parlait de ses compétitions, de ses chevaux aussi et des bêtises qu'il faisait avec eux. Il avait même promis de lui apprendre à monter à l'occasion. Adrian était quelqu'un de positif en règle général, alors il n'avait aucun mal à s'enthousiasmer à cette idée. Le repas était terminé depuis un moment lorsque le jeune couple paya l'addition, enfin Tedrick, avant de rejoindre la belle Lamborghini garée dans l'allée.  Le petit couple y grimpa. Alors qu'il conduisait jusqu'au domaine, la main que posait Adrian sur l'intérieur de sa cuisse ne le laissait pas indifférent. C'est en serrant les dents qu'il rejoignit son garage. Descendant du véhicule, ils furent accueillis par une meute de chiens excités, battant l'air de la queue. À peine une caresse sur la tête. Comme obnubilé, Tedrick plongea ses yeux dans ceux de son compagnon et l'embrassa férocement. Même s'il était mince il cachait bien sa force, et le souleva du sol en le serrant contre lui. Parcourant son cou de baisé, un petit sourire en coin se dessinait à la perspective d'une nuit loin d'être fini.