Box de Winter

Après cette étonnante visite à la belle Scarlet j’avais voulu découvrir plus en profondeur le haras. J’avais flâné dans la partie école d’équitation et n’avait pas osé me rendre dans l’aile réservé aux propriétaire, certains préférait le calme et la tranquillité. Par contre j’avais entendu certains cavaliers parler d’une écurie ouverte à tous pour peu qu’on veuille aider.

Ça m’avait interpellé et je m’y était rendue. Sur place j’avais découvert des chevaux de tous âge et races. Je m’étais renseignée, ici tous les chevaux étaient en fait plus ou moins à vendre et contre de l’aide il était possible de les essayer une ou plusieurs fois. Je me promenais donc dans l’allée, passant d’un box à l’autre en observant les chevaux et ce qui pouvait être précisé sur les portes.

Je m’arrêtais devant l’un des rares chevaux orienté dans le domaine que je pratiquai : la monte western. J’étais cavalière passionnée d’extérieure, le trail était ma discipline de prédilection mais le barrel ou les autres discipline d’intérieur pouvaient aussi attiser mon intérêt. Le cheval en question était un bel étalon pie bai overo du nom de Winter.

Me voyant à l’entrée de son box l’étalon fini par venir me voir. Je caressais doucement ses naseaux puis son chanfrein. Il semblait profiter de l’attention que je lui portais. Je me décidais finalement. Je le flattais une dernière fois avant d’aller chercher quelqu’un qui pourrait m’indiquer où trouver de quoi m’occuper et sortir le Criollo.

Je pus donc récupérer de quoi panser et harnacher le pie. Je ramenais le tout près du box dont j’ouvrais la porte. Pour le principe je lui enfilais un licol mais il semblait calme, je ne l’attachais donc pas, posant la longe sur son encolure musclée. J’attrapais l’étrille et commençait donc à la passer en cercle énergique sur son dos.

Je continuais avec le bouchon que je passais d’abord sur son corps puis sur ses membres. Ils étaient solides et sains, typique d’un bon cheval de travail. Je passais ensuite à la brosse douce pour lustrer l’entièreté de sa robe baie. Je continuais par le cure pied. Winter me donnait sagement ses sabots, les tenant en l’air sans s’appuyer sur moi ce qui était agréable. Je terminais par ses longs crins, il n’était pas très emmêlés et il ne me fallut pas longtemps pour terminer cette tâche.

Je ne comptais pas monter, je n’étais tout d’abord pas dans la tenue idéale et puis monter un cheval que je ne connaissais pas dans une structure que je ne connaissais pas et où l’on ne me connaissais pas non plus me semblait plutôt indélicat.

Je comptais donc aujourd’hui essayer de découvrir l’étalon à pied. J’avais vu le rond de longe précédemment en visitant un peu. Je rangeais donc les brosses dans leurs boite puis attrapais la longe qui n’avais pas bougée de l’encolure.

Je sortais l’étalon de son box, il était d’un calme olympien pour l’instant. Je le menais dans l’allée puis sur la piste goudronnée menant au rond de longe. Je le fit entrer à l’intérieur de ce dernier, lui demandais d’effectuer un pivot pour pouvoir refermer la porte. Ceci fait je lui retirais le licol. Je voulais le voir évoluer. Il était superbe en statique mais en mouvement il aurait pu en être tout autre.

Mais ce ne fut pas une mauvaise surprise. Winter resta d’abord immobile semblant attendre une consigne. Je ne lui en donnais pas le temps pour moi d’aller me placer au centre de l’aire de travail. Un fois là où je le souhaitais j’interpellais l’étalon d’un appel de langue et il se rapprocha presque naturellement. Je le félicitais, flattant son chanfrein.

Je poussais ensuite doucement sa tête de la main droite, agitant la gauche vers son arrière main. Le pie sembla hésiter un instant avant de s’éloigner de moi à main droite que je l’avais souhaité. Je le félicitais oralement et le laissais marcher à cette allure. Bien ; Je me déportais légèrement en avant de lui et il réagit immédiatement en se stoppant.

Il était donc éduqué et semblait lire les attitudes. Je me replaçais au centre. Il attendit que je me décale vers pour reprendre le pas. Plusieurs fois je répétais mon petit manège le stoppant sans le moindre mot. Je décidais de pousser l’idée plus loin. Je fit stopper l’étalon puis insistais sur ma demande. Il eut un moment de réflexion puis lentement, un peu incertain il fit demi tour et reprit le pas.

Je le félicitais et travaillais maintenant ce nouvel exercice, passant de main gauche à main droite et inversement régulièrement. Après une petite dizaine de minutes de ce travail au pas je l’estimais suffisamment échauffé musculairement pour lui demander le trot, le demande était la même que pour repartir au pas de l’arrêt. Je modifiais mon positionnement pour « insuffler » de l’énergie dans l’arrière main.

Winter s’élança donc gaiement au trot. Il l’avait élastique et efficace, sans trop de rebond comme de nombreux chevaux destinés à l’équitation western, il devait être confortable sous la selle. De nouveau le travail se fit sur les transitions, sur la réactivité du pie et la finesse  dont il avait besoin pour répondre à mes sollicitations. En un quart d’heure de temps depuis le début de notre séance je ne me déplaçais presque plus, me contentant de changer l’attitude du haut de mon corps pour qu’il fasse exactement ce que j’attendais de lui.

Essayant d’affiner encore la demande je m’essayais à faire quelques transitions intra-allure. Il nous fallut quelques essai avant de nous comprendre. Il avait des réactions tellement fortes à des demandes tellement fines. On sentait là tout l’excellent travail d’éducation qu’il avait eut. Je continuais avec le galop. Winter me montra alors sa joie en bondissant et effectuant quelques belles ruades. Je rigolais doucement.

Je vérifiai ensuite qu’il s’était de nouveau concentré avec un demi-tour. L’étalon effctua une esquisse de sliding stop et se servit de l’engagement de ses postérieurs pour effectuer plus aisément le demi-tour et s’élancer toujours plein d’énergie au galop dans l’autre sens. Je l’encourageais. Encore quelques minutes je jouais ainsi avec le pie. Il semblait vraiment intéressé et intéressant.

Dernier exercice pour clôturer cette séance : le rappel. Bien au centre je me penchais légèrement vers l’avant en sifflant doucement. Surpris Winter eut tôt fait de s’immobiliser. Il resta dans l’incompréhension une petite minute avant d’esquisser un pas vers moi. Je l’encourageais a continuer et il finit par poser son nez dans ma paume tendue.

Je le caresais fort, il avait vraiment bien travaillé. Le tenant par la crinière je l’amenais vers la porte du rond de longe, où j’avais laissé son licol. Je le lui enfilais puis ouvrais la barrière. Tout aussi calment qu’avant la séance nous fîmes le chemin inverse pour revenir à l’écurie. Je le rentrais dans son box. Je lui retirais le licol, il semblait parfaitement sage et je ne pensais pas en avoir besoin pour le pansage post-séance à venir.

Il ne serait pas très long. Je commençais par curer les pieds, ils n’étaient couverts que d’un fine couche de sable. Je passais ensuite la brosse douce sur son corps, la séance avait été plus intensive mentalement que physiquement et il n’avait pas transpiré le moins du monde. Sa robe lustré je lui offrais quelques caresses supplémentaires avant de sortir du box que je refermais derrière moi. Je ramassais les affaires avant d’aller les ranger là où je les avais trouvées. Je quittais ensuite l’écurie j’avais encore tellement de choses à faire chez moi.

Bien. Aujourd’hui j’avais décidé de me rendre une nouvelle fois au Haras de Pado. Je voulais aller voir le beau Winter. L’étalon criollo m’avait vraiment tapé dans l’œil. La météo de ce jour était plutôt maussade. N’aimant guère monter en manège je me décidais comme lors de mon précédent passage pour une séance de travail à pied, au contact cette fois.

J’avais fouillé dans mon matériel d’équitation rapporté de mon pays natal et y avais dégotté un licol de corde dit « éthologique » en simple corde noire et sa longe assortie de 5 mètres. Il irait bien pour ce que j’avais prévu, me permettant des demandes plus fines et précises qu’un licol plat classique. Le trajet pour le haras ne fut pas long et je m’engageais d’un pas rapide dans l’écurie pour ne pas finir plus trempée que je ne l’était déjà, car bien évidemment il avait suffit que je sorte de chez moi pour que la pluie se décide à tomber.

J’allais à la sellerie et y récupérais le matériel de pansage avant d’aller rejoindre l’étalon pie. Celui-ci mangeait tranquillement sa ration de foin. Quand je posais mes avant-bras sur sa porte il releva la tête pour m’observer. Maintenant qu’il m’avait vu je pouvais ouvrir la porte et entrer dans le box avec lui. Je commençais par flatter sa puissante encolure d’un main douce ensuite je lui présentais le licol éthologique. Je ne comptais pas l’attacher donc je pouvais lui mettre dès à présent. Un nœud plus tard je posais la longe sur son dos et m’attelais au pansage.

L’étrille d’abord en grand cercle énergique puis le bouchon et la brosse douce pour rendre propreté et brillance à la robe. Ensuite les crins à démêler et pour terminer le curage de ses sabots. Le voilà maintenant propre comme un sou neuf. Je remisais les brosses dans un coin du box avant de reprendre la longe pour guider Winter en dehors de son box.

Comme la dernière fois je le menais d’un pas tranquille jusqu’au rond de longe. La porte fermée derrière nous je le lâchais si jamais il pouvait avoir envie de se défouler. Mais non le criollo resta près de moi à me regarder. Je caressais son encolure et replaçais la longe sur les boucles sous le licol.

La dernière fois nous avions travaillé à distance aujourd’hui je voulais l’essayer au contact. Je commençais simplement. Je me déplaçais changeant souvent de direction, m’arrêtant ou repartant. Winter, très attentif ne me doubla ou ne me bouscula jamais, resta toujours à la bonne place, la longe que je tenais plutôt lâche ne se tendant jamais. Un bon point pour lui. Je me plaçais maintenant face à lui. Je me grandissais agitais ma mais libre vers lui. Il sembla ne pas comprendre puis esquissa un pas en arrière. Je stoppais ma demande et félicitais. Quelques répétitions plus tard il reculais franchement au premier signe.

Vraiment l’éducation de ce cheval en faisait un bonheur à travailler. Je le ramenais au centre et vu qu’il était éduqué western je laissais la longe au sol. Nombre de chevaux d’équitation de travail connaissais ce code d’immobilité. Je me rendais donc vers l’appentis visible juste à coté de la porte du rond de longe. Je ne savais pas trop ce que j’allais y trouver mais je voulais meubler un peu la séance.

Oh des plots de chantier orange ! Parfait ! J’en attrapais une pile de 5 et retournais dans l’aire de travail. Comme prévu Winter n’avait pas bougé d’un pouce et me regarda revenir avec ma trouvaille d’un air intéressé. J’allais installer mon petit bazar. L’alignais les cinq objets sur une ligne imaginaire et rejoignais le pie. Je caressais son encolure puis ramassais la la longe.

Je nous remis donc en marche. Je le menais vers mon dispositif, je l’avais prévu pour du slalom. Ce premier passage j’effectuais avec lui le passage en zig-zag. Le but final était qu’il finisse par l’effectuer seul alors que moi je marcherais droit à coté. Un second passage avec lui dans l’autre sens puis je l’y menais en prévoyant de rester sur le coté.

La difficulté de cet exercice était de faire varier la distance entre le cheval et soi-même sans perdre la connexion. Nombre de chevaux quand on les écartait s’en allaient tout simplement. Je le gardais de mon coté pour la première quille puis gentiment agitais ma main au niveau de son épaule. Plutôt intelligent le pie, marqua une hésitation avant de s’écarter. Peu mais suffisamment pour passer de l’autre coté de la ligne de plot. Le rappel à soit était bien plus aisé. Sans stopper ma marche je me penchais un peu vers l’avant et l’appelais doucement. Naturellement cette position plus douce elle invitais clairement le cheval à se rapprocher. Le but donc dans un slalom était d’alterner les demande dans le timing adéquat.

L’intérêt et l’intelligence de Winter en fit rapidement un exercice acquis et facile. Je me décidais donc de compliquer la chose. Pour commencer je retournais sur le bord de piste et redemandais quelques arrêts. Le pie était toujours bien avec moi alors je me décidais à accélérer, courant à petite foulées. Sans se faire prier Winter adopta le trot pour me suivre. J’étais plutôt sportive et endurante alors cette faible allure de course ne m’épuisait pas. Courant un peu à l’intérieur je tentais de lui faire varier sa distance par rapport à moi en préparation à un essai sur le slalom à cette allure plus rapide.

Ça n’allait pas être simple mais je m’y essayais quand même. J’avais de la chance Winter ne cherchait pas à user de sa vitesse pour me déborder. Le passage fut certes plutôt brouillon mais réussi. Je stoppais l’étalon pour le féliciter. Je recommençais par deux fois pour tenter d’améliorer le franchissement. Plutôt satisfaite je décidais d’en rester la. Je rangeais le matériel avant de rejoindre l’écurie avec l’étalon.

Sur place je lui offrais un pansage sommaire, il n’avait pas transpiré normal vu que l’on avait à peine trotté par rapport à la durée de la séance réalisée. Je lui donnais les friandises que j’avais fourrées dans ma poche avant de partir de chez moi. Je lui retirais ensuite le licol. Je le caressais une dernière fois et m’en allais.