Rencontre fortuite [PSYCHO & PRYAM]

« Salon du cheval de Paris »
Plusieurs semaines auparavant, Kayce avait été approché par son entraîneur européen pour participer à une épreuve d’obstacle au Salon du cheval de Paris. Le cavalier avait accepté, à la seule condition qu’il puisse amener un de ses chevaux. Il avait choisi Vincenzo, le colosse prenant un plaisir indescriptible à l’obstacle. Le duo était donc arrivé en France une semaine avant l’épreuve pour pouvoir s’adapter au décalage horaire et s'entraîner correctement. Somme toute, le jour de l’épreuve, les deux complices avaient bien performé et le cavalier était fier. Kayce était en train de marcher sa monture en direction de l’écurie quand il croisa son entraîneur. Ils discutèrent de longues minutes, laissant le temps à Vincenzo de reprendre son souffle. Ce dernier manifesta son impatience d’un coup de nez sur l’épaule de son propriétaire, et ils reprirent leur chemin. Alors que le jeune homme était en train de retirer tout l’harnachement de son étalon, des pas se firent entendre dans l’allée bétonnée.

Kayce jeta un oeil par-dessus l’encolure du KWPN qui mangeait avidement, sans rien voir. La porte du box voisin grinça et signala l’arrivée de quelqu’un. Le jeune homme termina de s’occuper de son cheval rapidement, lui passant également un coup de brosse avant de lui mettre une couverture pour l’après-midi. Comme la journée ne faisait que commencer, l’homme avait encore de longues heures devant lui avant leur vol de retour le lendemain. Il sortit du box de l’étalon sans bruit, ramassa son équipement et fonça le mettre dans son véhicule. Il n’avait toujours pas croisé son voisin de box, c’était curieux comme il avait bien entendu le loquet de la porte du box. Une fois ses mains vides et son veston laissé dans la voiture, il revint au box de l’alezan brûlé, marchant d’un pas incertain. Il ne cessait de penser au bruit qu’il avait entendu, il était convaincu que quelqu’un était passé, mais alors c’était étrange qu’il n’avait rien vu. Alors qu’il était perdu dans ses pensées, il s’arrêta devant le box d’un magnifique bai foncé.

Alors qu’il observait attentivement le cheval, ses yeux furent attirés par un morceau de vêtement gris qui bougeait. Au moment où il réalisait que c’était les caleçons d’un autre garçon, ce dernier lança une flèche à Kayce. Eh, je sais que je suis sexy mais en théorie si tu veux regarder il faut payer. Le jeune homme éclata de rire au ton de voix sans appel de son interlocuteur. Il passa une main dans sa chevelure rebelle tout en continuant son chemin jusqu’au box voisin. Il donna une portion de foin à son étalon et alors qu’il se retournait, il sentit une main sur son épaule. Le sourire en coin de son concurrent démontrait qu’il avait le dessus sur la situation. Je m'appelle Tedrick, et tu es? D’un sourire égal à celui de l'homme, Kayce lui tendit une main ferme en guise de présentation.

- Je suis Kayce.

Son ton se voulait tranchant, le rancunier en lui avait avalé de travers le ton de voix et l'air supérieur de Tedrick.
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« Salon du cheval de Paris »
Alors que son comparse époussetait ses vêtements plein de poussière, Kayce jeta un oeil rapide sur l’homme qui se trouvait devant lui. Il était bien plus petit et menu que lui-même, mais ne s’en laissait pas du tout imposer. Les mains sur ses hanches, Tedrick lui sourit sournoisement et lui demanda si c’était lui qui montait Vincenzo. Il lui répondit par l’affirmative et apprit donc par la bande que le colosse était né chez lui. Le jeune homme passa une main dans sa chevelure rebelle avant de regarder Carlton, un autre produit du Domaine du Valhalla. Tedrick avait de quoi être fier, ses chevaux étaient magnifiques et d’excellents produits. L’homme aux cheveux roses sortit un paquet de cigarette d’une poche de son pantalon et lui offrit une, que l’américain accepta avant de suivre Tedrick à l’extérieur.

Alors qu’il allumait la dite cigarette et qu’il prit la première bouffée, son interlocuteur prit la parole. Il l’écouta attentivement, avant d’éclater de rire dès que Tedrick eut terminé sa dernière phrase.

- Je viens effectivement des États-Unis aussi, je suis situé à Forth Worth au Texas. Je dois t’avouer que j’ai également très hâte de reprendre l’avion en direction de chez moi, histoire de reprendre ma vie normale. Kayce prit une grande inspiration avant de réfléchir posément à sa réponse, qu’il débita d’un trait.Oh, et tu sais, j’ai beau avoir vu ton cul et t’as beau avoir le cul d’une femme, clairement, y’a rien de comparable aux courbes d’une belle blonde aux yeux azurs.

Un sourire plaqué au visage, Kayce eut une petite pensée pour Ambre, qu’il avait eu la chance de rencontrer juste avant de partir pour l’Europe. Décidément, ce drôle de personnage l’intriguait, le jeune homme pensait définitivement qu’ils pourraient être potes. Son sens de l’humour n’était pas piqué des vers et l’américain appréciait ce genre d’humour un peu pervers. Il termina rapidement sa cigarette, avant de reprendre la parole.

- Alors j’ai compris que t’as un mec, ça fait longtemps? T’as l’air d’avoir eu une vie rock and roll un peu, je ne t’imaginais pas avec quelqu’un de régulier.

Kayce haussa les épaules en signe de reddition. Il s’excusait d’avance de cette question, mais c’était légitime, son comparse dégageant cette espèce d’aura brisée, puis reconstruite derrière une façade de dur à cuir.
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« Salon du cheval de Paris »
Les yeux bleus de Tedrick étaient plissés et les traits de son visage démontrent la concentration alors qu’il écoutait ce que le brun avant à dire. Kayce se passa une main dans les cheveux alors que son interlocuteur mentionnait qu’il était de New York et qu’une place serait toujours disponible s’il avait concours dans la région.

- J’apprécie, c’est très généreux de ta part de l’offrir. Je suis également propriétaire d’un autre cheval signé Domaine du Valhalla, peut-être te souviens-tu de Kingsland?

Un sourire franc se dessina sur les traits rigides du cowboy, alors que l’homme devant lui adoptait une moue vexée et un sourcil arqué. L’américain s’appuya contre le mur, un genou relevé et croisa les bras devant lui. Ses yeux passaient de Tedrick à un groom qui travaillait derrière son interlocuteur. Le garçon qui se tenait devant lui débita une tirade de makeup et de changement d’orientation sexuelle. Un sourire railleur au coin des lèvres, Kayce hocha la tête en signe d’acceptation, les deux bras levés.

- J’ai hâte d’être à ce niveau avec les deux étalons, ils n’ont que cinq ans, j’ai encore du temps. J’avais eu l’occasion d’en faire quand j’étais encore ici avec mon entraîneur.

Alors que Tedrick écrase sa cigarette terminée sous son pied, il se lance dans un monologue concernant sa vie amoureuse. Le brun l’écouta attentivement, allant même jusqu’à se passer une main nerveuse dans les cheveux à l’écouter parler de sa vie rocambolesque. Kayce comprenait tout à fait son besoin de solitude et ces élans d’attitude pour tester son partenaire. Il avait bien vieilli, mais adolescent, son tempérament impulsif avait causé bien des soucis dans ses relations passées. Il hocha la tête et sourit à l’évocation d’Ambre, cette belle blonde qu’il avait eu la chance de croiser sur son chemin.

- J’ai bien vieilli tu sais, mais je comprends. J’ai eu mon lot de soucis familiaux, ma mère étant décédée très jeune et maintenant mon père qui ne voulait pas que j’hérite du ranch familial, préférant le donner à ma soeur aînée. Maintenant j’ai mon propre endroit où vivre, et j’ai coupé les ponts avec la majorité de ma famille.

Il prit une grande inspiration, il était rare qu’il donne autant de détails privés sur lui lorsqu’il rencontrait un inconnu. Tedrick lui inspirait du bon, malgré sa carapace fière et hautaine, il dégageait une force tranquille.

- Eh oui, une jolie blonde. Elle s’appelle Ambre, je l’ai rencontrée quelques jours avant de venir en Europe. Cette femme est… sublime. Sa personnalité, son sourire, tout me donne envie d’aller plus loin et de mieux la connaître. Mais tu sais, mon côté cliché macho rancher américain me retient de me dévoiler un peu trop, alors bon.

Kayce passa sa main sur son menton en guise de questionnement. Il ne comprenait qu’à demi ce qu’il lui arrivait depuis quelques semaines, il se sentait bien mieux depuis que ses histoires familiales étaient derrière lui, et tranquillement, il laissait la lumière jaillir dans sa vie à nouveau.
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« Salon du cheval de Paris »
Tedrick prit la parole et tous les mots qui sortirent de sa bouche touchèrent l'américain en plein coeur. Son enfance n'avait pas été heureuse, et son début de vie dans le monde adulte avait été si difficile que c'était lourd de sens qu'il ait cette carapace. Kayce hochait de la tête gentiment à mesure que son interlocuteur lui parlait. Il fronça les sourcils quand l'homme aux cheveux colorés lui annonça que son père avait essayé de reprendre contact. S'il avait été expulsé de sa maison à dix-sept ans et que plusieurs années s'étaient écoulées, il devait avoir environ le même âge que lui, donc environ sept années avaient passées depuis son dernier contact paternel. Il esquissa un sourire à la mention de l'argent facile, il ne pouvait pas comprendre par où Tedrick était passé, mais il essayait.

- Rome ne s'est pas bâtie en un jour. Nous avons tous eu besoin d'aide et d'argent quelque part. J'ai hérité de ma mère mon ardeur au travail et ma ténacité, alors que de mon père je n'ai hérité de rien, encore moins du ranch. J'ai travaillé fort pour ce que je possède maintenant, si j'avais eu la chance d'avoir un peu d'argent facile, crois-moi j'y aurais pensé.

Il lança un clin d'oeil complice à Tedrick, bien sûr que non il ne se serait pas prostitué, encore moins pour des hommes, mais si une autre option s'était ouverte à lui, pourquoi pas au fond? La dernière phrase de son interlocuteur le piqua droit au coeur et il éclata d'un rire franc et honnête.

- J'ai travaillé fort pour ce stéréotype, mais je suis loin d'un connard. Il faut croire que ça marche mon coco, elles craquent toutes pour moi.

Kayce lança un sourire à la fois mystérieux et séducteur à l'homme qui se trouvait juste devant lui, avant de reprendre son air sérieux, caché sous une casquette. Il la retira avant de passer une main dans sa chevelure rebelle, pour ensuite la remettre, bien enfoncée sur sa tête jusqu'au milieu de son front. C'était une belle question malgré tout, avait-il vraiment l'air d'un connard inaccessible? Peut-être, mais au moins il s'évitait une tonne de questions de la plupart des gens, et surtout, il évitait d'avoir le coeur brisé. La perte de sa mère lui avait fait assez de mal comme ça.
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