Box de Ultime

Il est 5h lorsque le réveil sonne, c’est aujourd’hui que je vais intégrer ce nouveau centre équestre. Le Haras du Pado. Selon l’annonce que j’avais consulté il y a quelques jours, c’est une immense propriété s’étendant sur plusieurs hectares. Des débutants aux cavaliers les plus aguerris prodiguant soins, conseils et écoute. Il fallait se remettre en selle.
Je me lève, me sert un chocolat chaud comme tous les matins. Je m’habille en tenue d’équitation, un pantalon assez souple pour être à l’aise, un t-shirt simple, je finis de mettre le reste de mes affaires dans un vieux sacs, il a du vécu ce sac, usé, il est troué par endroit, mais peu importe, ce n’est pas le plus important. Je m’arrête un instant dans la cuisine pour découper deux carottes en plusieurs morceaux que je glisse dans un sachet, ainsi qu’une pomme pour mon goûter. Je prends les clés de la maison, je mets un tour de clé dans la serrure puis un second. Je monte en voiture et me dirige vers le centre équestre.
Je sais que j’arrive lorsque je commence à longer de grandes clôtures de bois. Je gare ma voiture sur le parking. J’ai déjà visité les lieux à deux reprises afin d’être certaine que c’est l’endroit qui me convient. Je suis d’ailleurs tombée sous le charme d’un jeune espagnol de 6 ans. Il se nomme Ultime, il a un regard très doux et en même temps on y voit une lueur d’espièglerie. Je descends de la voiture et me dirige vers les écuries.
Je longe un grand bâtiment avec des boxes possédant une fenêtre extérieure donnant sur la cour. Celui de ma demi-pension est un peu plus loin, dans un autre bâtiment, le fameux numéro 1. Je finis par l’atteindre après quelques minutes, j’ouvre la grande porte en bois et pénètre dans l’écurie. Plusieurs boxes sont vides, a vrai dire il n’y a que deux chevaux dans ce couloir. Une jument noire et Ultime, le magnifique Ultime. Si la jument reste dans son box, le bel espagnol regarde qui s’avance dans le couloir. Il ne hennit pas, il regarde simplement les oreilles en avant, curieux de voir qui s’approche. Après tout, nous n’avons fait que deux essais afin de savoir s’il convenait. C’était un cheval de dressage, mais il avait également un peu de talent pour l’endurance. La discipline qui me fascinait le plus, car il fallait y travailler sur plusieurs facteurs, le dressage pour avoir un bon cheval bien dans ses sabots, les balades pour apprendre l’extérieur, mais également le cardio pour tenir sur de longues distances. Evidemment Ultime n’était pas de taille à affronter les monstres de la discipline, tel qu’un Pur-Sang Arabe, il était trop lourd mais il avait de quoi se faire plaisir, tout en espérant que cela lui plairait également.
En m’approchant, j’esquissa un petit sourire, je lui parlais doucement afin de lier un premier contact. Ultime était loin d’être farouche, il tendit l’encolure pour renifler mes vêtements. Lentement j’approche ma main tout en continuant de lui parler avec douceur. Ma main touche la peau douce de l’entier qui tourne la tête pour glisser ma main derrière ses oreilles. Je le sens se détendre à chaque geste de mes doigts.
- « Alors voici ton point faible. »
Je continue de le gratouiller avec douceur, puis je descends dans l’encolure pour lui donner une caresse. Je prends ensuite le licol accroché à côté de la porte du box, j’ouvre la porte en bois en indiquant à Ultime de reculer de quelques pas. J’entre dans le box et me place sur le côté, malgré qu’il soit gentil, on ne sait jamais, après tout on ne se connaît pas plus que ça et méfiance est mère de sureté. Je m’approche de l’isabelle en me plaçant à côté de son épaule, place le licol face à son nez. Ultime entre les naseaux de lui-même dans la muserolle, avec précaution je remonte le licol et passe la têtière derrière les oreilles et le glisse dans la boucle. Je lui caresse l’encolure en le gratifiant d’un :
- « C’est bien mon grand. »
J’ouvre la porte en grand afin de pouvoir sortir la bête dans le couloir. Ultime suit sans difficultés, on sent bien qu’il a été manipulé et débourré avec soin. Il donne un coup de tête, gentil, dans mon dos, je le recadre car il doit tout de même respecter ma bulle.
Je l’attache dans le couloir, je sors les brosses, je le sens déjà farfouiller dans le sac de pansage. Je passe d’abord l’étrille sur le corps musclé de l’entier, je sens chaque muscle sous ma main qui passe sur sa peau douce, afin de vérifier qu’il ne reste pas de terre ou crottin séché. Je sens Ultime se détendre sous l’effet du pansage, il a cessé de jouer avec les brosses et profite du moment. Je poursuis avec le bouchon puis la brosse douce. Avec une petite éponge je lui nettoie le contour des yeux ainsi que les naseaux. Il bouge légèrement la tête mais se laisse faire. Je lui cure les pieds, il laisse reposer son poids sur moi alors je l’amène à se porter seul. L’entier tourne la tête vers moi et joue avec mon t-shirt qu’il tente d’attraper du bout des lèvres, le remontant par moment. Je le repousse doucement de la main.
- « Hep petit coquin, arrête de me déshabiller. »
Je reprends ma tâche avec délicatesse, efficacité et rapidité. Je décide de m’atteler à la crinière, elle est en désordre, la couleur est originale on y retrouve le noir charbon de l’isabelle, mais également des reflets cendrés presque silver. Je passe un premier coup de brosse grossier afin de démêler en partie la crinière abondante et longue de l’espagnol. Il secoue la tête et ne semble pas apprécier la démarche. Je m’arrête pour lui caresser l’encolure et lui faire renifler la brosse. Je me remets ensuite à l’œuvre. J’arrive à démêler une partie, je profite alors pour la nouer avec un élastique. Et je continue avec le reste de la crinière, étape par étape. La queue semble beaucoup plus simple, j’enlève les brins de pailles et démêle sans trop de soucis. Je reviens alors sur la crinière et cette fois je passe un coup de peigne. Ne voulant pas l’embêter plus que cela pour cette première rencontre, je décide de m’arrêter là.
- « La prochaine fois je tresse ta jolie crinière. » dis-je avec un sourire.
Pour toute réponse, Ultime secoue la tête envoyant sa crinière dans tous les sens, la laissant retomber devant ses yeux sombres, éblouissant de douceur.
Je sors de ma poche le sachet avec les carottes et en sort quelques rondelles, ultime s’empresse d’allonger son nez et gratte le sol avec intérêt. J’attends qu’il se calme pour lui donner un morceau, puis un second. Je range le sachet, puis détache la longe afin de remettre l’entier au box. J’enlève le licol et lui donne à nouveau quelques morceaux de carottes. Une dernière caresse et je sors du box, je ferme délicatement la porte. Alors que je commence à ranger mes affaires, Ultime passe la tête par la porte de son box, il tend à nouveau sa puissante encolure pour essayer d’attraper quelques affaires à porter de lèvres. Mais rien n’y fait, il est trop loin. Alors il entreprend de s’amuser avec le verrou de la porte. Cela me fait sourire, je vérifie qu’il y est bien la sécurité afin d’éviter une évasion du beau gosse.
Je récupère mon sac, une caresse au beau Ultime.
- « La prochaine fois, on va continuer à se découvrir. A plus tard mon beau. »
Ultime secoue la tête de haute en bas, faisant voltiger sa longue crinière dans ses yeux. Sur ses mots, je quitte l’écurie tranquillement.